Suite des aventures du chenu oncle Gaël au pays des nouveautés. D abord un petit stage en entreprise bien crispant.
Myd :"Muchas"
Tiens un rappeur !
Tyler the creator: "Music inspired by illumination and Dr Seuss, The grinch EP.
Encore Badbadnotgood,cette fois-ci avec Little Dragon. Je conseille à tous d'écouter le "Late night tales" de Badbadnotgood, il est excellent. (La collection entière des "Late night tales" est excellente)
Solo Han feat James McMorrows : "The future". Très lyrique.
Des trucs récents, bons. Enfin, pas trop vieux en tout cas. Et très bons. Il faut savoir que la dernière nouveauté que j'ai écoutée c'est le maxi 45 tours vinyle de "Miss you" des Rolling Stones.... Aurais je perdu la main ?
Les clips des quatre morceaux que je mets sont beaux.
Badbadnotgoog feat Sam Herring : "I don't know". Nager, durement, follement, à contre-courant, survivre à la peine, nager.
Charlotte Day Wilson : "Work".
Un flot de femmes. Simple et puissant.
Céline disait "C'est pas juste chanter, il faut que ça danse." Voyons cela.
James Vincent McMorrow :"Rising water".
Une belle leçon de reprise en main par Bertrand Belin : "Glissé-redressé".
Les gilets jaunes ? C'est la revanche des types à peu près normaux qu'on bassine depuis quarante ans avec la supériorité des différences voire des déviances sur leur pauvre normalité bêtement imposable. C'est l'héritage de mai 68, et pas mai 68, qu'ils refusent désormais de payer. Celui porté par Foucault, Barthes, Sollers, les écolos-traders, Koltes, Deleuze, Guattari, Bourdieu. A ce fatras de conneries, les gilets jaunes répondent un simple "Ben oui, je vaux bien un pédé, un immigré, un fou, un intello, un tueur en serie, un théâtreux abscons, un gaucho-sociologue qui me chie dessus, un grand patron, un bobo. Je veux ma place." Cette place est centrale, sans elle il n'y a rien de possible. Car s il est vrai que la norme est differente d une société à une autre il n en demeure pas moins vrai aussi que partout il y a une norme. De la bonne volonté, de la bonne humeur des gens "normaux" depend l intégration ou le rejet des marges. Macron a cru pouvoir enculer ces gens "normaux" cinq ans de plus, ce qui se serait ajouté à 40 ans d'avanies, mais non, ça ne passe plus. Moi, je souhaite simplement voir sa tête au bout d'une pique et assister à l'avènement d'autre chose. Quoi ? Impossible à déterminer. Le pire ? Le meilleur ? Nous verrons bien. C'est ouvert....pour une fois.
La seule et unique BONNE version de "Revolution" des Beatles, la faussement "live".
Je remets ça avec Pete Shelley et lui rends un hommage paradoxal en mettant ici un morceau de son comparse guitariste au sein des Buzzcocks, Steve Diggle.
Shelley a toujours essayé de se libérer de tous les carcans, avec courage et ténacité, dans la mesure ou c'est possible. Il était de ceux qui font des efforts pour être libre et qui en témoignent aux autres, qui, à sa suite, s'en trouvent mieux et plus libres. Je crois que c'est le maximum qu on puisse faire.
Après je mets un docu anglais passionnant sur les Buzzcocks et Magazine. Car il se trouve qu'Howard Devoto, la leader de Magazine, a été le premier chanteur des Buzzcocks. Je vous parlerai de lui et de Barry Adamson, son bassiste, une autre fois.
Les Buzzcocks : "Running free"
L'excellence Rock, suite. Ecoutez ce live des Stone Roses, vous verrez ce que c'est que l'excellence en matière de Rock. Le morceau est génial et l'interprétation hors-pair. Au début on entend les mots et la voix du prophète-fou et poète William S. Burroughs. Je mets le texte entier en-dessous. C'est aussi de la grande musique.
Vous connaissez le Concerto pour clarinette de Mozart ? Non ? Dommage pour vous, c'est vraiment très beau. Écoutez un peu et vous m'en direz des nouvelles. A vrai dire je doute qu'on puisse faire mieux dans le domaine de la musique. D'accord, c'est de la musique savante, complexe, travaillée mais elle peut faire mouche dès la première écoute. Ce qui est surprenant c'est que la musique populaire puisse s'élever à de tels sommets. Prenez Ella Fitzgerald et Joe Pass reprenant "Nature boy", ça côtoie sans problème Mozart dans les sphères ardues de l'excellence musicale. M'enfin c'est du Jazz et on sait tous depuis quelques temps maintenant que le Jazz peut nous emmener très loin et très haut.
Mais le Rock ? Eh bien c'est pareil pour le Rock, il peut atteindre des degrés d'inventivité de musicalité et d'émotions égaux à ceux du Classique ou du Jazz. Je prends un exemple parmi tant d'autres : " Why can't I touch it ?" des Buzzcocks. C'est un duo de guitares riches sur fond de section rythmique géniale avec voix déchirante déclamant des paroles singulières et émouvantes, comme de la bonne poésie. Pete Shelley, le compositeur-auteur-interprète de la chose est mort il y a quelques jours et ça me rend infiniment triste. Il m'accompagne depuis 40 ans vers l'excellence Rock et m'envoie tutoyer le meilleur de la musique dans un sentiment d'urgence et d'abandon affectifs avec une grâce que seuls les plus grands compositeurs et instrumentistes ont atteints. Je lui rends hommage ici parce que je lui dois une fière chandelle. Il a mis des mots et des chants sur ma peine et l'a enchantée, m'a rendu meilleur et moins con.
Alors, dans l'ordre :
Le Concerto pour clarinette de Mozart,
"Nature boy" par Fitzgerald et Pass,
"Why can't Itouch it ?" des Buzzcocks.
A force de parler de la mort ça finit par arriver. Mais de quoi voulez-vous parler d'autre, à part d'amour, de sexe et d'argent ? La nature ? Certes, mais la nature c'est la mort pour une grande part. Donc Nicolas Roeg et Bernardo Bertolucci sont morts. Je laisse Bertolucci à sa pesanteur et à ses mini-scandales encore plus lourds, sa betise théorisée, ideologisée.
Des deux, le bon c'est Roeg. Deux films de lui à voir : "Performance" d'abord avec James Fox et Mick Jagger, où un gangster poursuivi par des ex-collègues se planque chez une rock-star déchue. Là, dans cette maison/prison, le réalisateur appuie sur les similitudes entre le show-bizz et la pègre et montre les rapports homo-érotiques dominant/dominé qui s'instaurent entre les protagonistes dans une ambiance sordide et baroque arbitrée par la perverse Anita Pallenberg, copine de Keith richard, dont la scène de cul avec Jagger gagna en son temps un prix dans un festival de films pornos. Décadence, déchéance, mort. Nous y voilà.
Ensuite " Ne vous retournez pas." Film d'angoisse pure dans lequel un couple, Julie Christie et Donald Sutherland excellents tous les deux, essaye vainement de se remettre de la mort de leur petite fille, tentant un deuil impossible dans une Venise labyrinthique, hivernale hantée par les vents et les fantômes. Mort, impuissance, frayeur, mort encore. Le tout éclaté comme un kaléidoscope baroque, brillant, virtuose, déboussolant. Atteindre son objectif (faire peur) sans battre la mesure, sans surligner l'effet mais en soutenant l'effort, c'est là la marque d'un bon cinéaste. Plus une mise en scène est visible, avec des tics et des trucs, moins elle est bonne (c'est pour cela que les frères Coen et Tarentino sont des merdes). Chez Roeg elle est voyante (médiumnique), elle affole mais ne fait pas de clin d'oeil, elle est électrique, dérangeante, pleine de baroquismes haletants et finit par emporter le morceau du goût esthétique par sa course échevelée. C'est un moyen de prendre le spectateur dans un tourbillon pour lui faire rendre gorge et l entraîner dans le malaise. Un moyen maîtrisé qui fait mouche plutôt que du plat. Mais attention, on est pas dans le classicisme et très loin de l ascèse ! Nicolas Ray faisait des films comme ceux de Roeg : fiévreux, emportés, chargés d affects et pourtant sans un pet de graisse.
Deux choses à noter : l'importance des couleurs dans le cinéma de Roeg, et de la lumière. Il avait éclairé "Laurence d'Arabie" pour Lean en son temps. On est pas près d oublier le petit anorak vermillon parcourant Venise comme une brise putride ;deuxièmement, la B.O. de "Perfomance" permit à Keith Richard d'apprendre de Ry Cooder l'accordage de guitare en open-tuning en Sol qui offrit à Keith ses plus grands tubes. C'est Ry qu'on entend sur le morceau "Memo from turner", excellent, turpide, visqueux, chanté par un Jagger habité que l'on voit aussi, dans le film, entonner un blues primal et effrayant, encore plus morbide.
Le week-end dernier je suis allé au FRAC Bretagne afin d'y voir certaines des oeuvres présentées dans le cadre de la Biennale d'art contemporain 2018 de Rennes. J'ai été surpris par la qualité générale des oeuves, leur inventivité, leur pertinence et, tout simplement, leur beauté. C'est à dire que la plupart rentrait sans forcer et sans dommage dans mon champs esthétique propre, que je prends soin de développer consciemment maintenant depuis une quarantaine d'années. Il y avait des shamaneries afro-américaines très étonnantes et vibrantes, de l'art de récup' français émouvant et précis, des sédimentations de couches d'une identité indienne d'Amérique à la fois voilée et montrée (n'est-elle pas comme cela, maintenant ?) dans un double mouvement prenant, un film expérimental sur l'Homme la Nature et leurs liens variés d'une sombre et triste poésie, etc, etc, etc...
Bref, pour moi, c'est une réussite à deux ou trois foirages près ce qui est très peu pour de l'art contemporain. Nous avons eu droit à une petite intro faite par un guide sur Edouard Glissant, qui s'attache à penser le monde post-moderne selon des modalités auxquelles je n'adhère que moyennement mais qui a le mérite de n'être ni nihiliste, ni simpliste. Au final, le but qu'il se propose - sortir de l'aliénation- est celui que je poursuis à ma manière avec des compagnons de route un peu moins"créolisés" mais tout aussi ouverts, et tout aussi barrés. Et effectivement, sa pensée peut aider à appréhender certaines oeuvres qui, par ailleurs se défendent très bien sans lui.
Seul "hic", la présentation graphique de l'expo pour l'annoncer au public était parfaitement absconse et brouillonne. Avec de pareils podagres à la com', on est pas près de sortir l'Art contemporain du ghetto ou il languit parfois.
Mais j'ai quand même passé un très bon moment en riche compagnie, qu'il s'agisse de mes amis ou des artistes présents à travers leurs oeuvres, si diverses, si belles.
A la façon "sensible". Car le temps débilitant de l'art conceptuel semble être révolu et c'est tant mieux pour nous tous.
Je mets un teaser des cette expo, étendue à d'autres lieux rennais, que j'irai visiter aussi.
Les Esher demos viennent de sortir officiellement à l'occasion de la parution d'un coffret célébrant le cinquantième anniversaire du "White album" des Beatles, sorti en 1968. Elles tendraient à battre en brèche l'idée que le "Blanc"a été enregistré par des musiciens qui ne se parlaient quasiment plus, tous à couteaux tirés les uns avec les autres. Elles ont été faites à la coule chez George Harrison, à Esher, et les Beatles ont l'air tranquilles, sereins. C'est pareils pour les inédits studio, en particulier les jam-sessions captés à Abbey Road et qui les montrent riants, détendus et géniaux. Le travail de remixage effectués par Gilles Martin, le fils de George Martin qui enregistra l'album à l'époque est tout simplement remarquable et on peut enfin écouter les titres avec une bonne stéréo, qui se rapproche de celle du vinyle. Le mix inédit des deux guitares de "Révolution" et de la batterie primaire de Ringo est formidable, je l'ai écouté les yeux fermés, quasi en transe. Purée! Tout est d'un niveau exceptionnel, et vaut l'achat ou l'abonnement.
Et pourtant alors que tout semble baigner dans l'huile, quelques années plus tard, John Lennon enregistrera ce titre magnifique et acerbe destiné à Paul Mc Cartney où il se demandait comment son ex-complice dormait la nuit. Dans la chanson, il le traite carrément de "con". Harrison est là, Klaus Voorman aussi, fidèle depuis la période allemande, et Nicky Hopkin,s qui assure le clavier avant de se retrouver à Nellcot, en France à enregistrer "Exile on main street" avec les Stones.
Lennon dira plus tard qu'il peut très bien avoir eu cette colère contre Paul et que ça ne signifiait rien de profond.
Quand Lennon fut tué et que Yoko en avertit Mc Cartney, celui-ci lui demanda ce que John disait à son propos. Yoko lui répondit que John ne cessait de dire qu'il était son frère. Rasséréné, Paul raccrocha et alla affronter les caméras. A la télé, il apparut froid. Qu'importaient les médias, il savait ce qu'il voulait savoir.
Moi, je ne sais pas à quel point ces deux-là se sont aimés et haïs. Je sais qu'ils étaient géniaux ensemble (que celui qui reste l'est encore). Alors, je suppute, je m'interroge et mes questions n'auront jamais de réponses, des bribes peut-être, le reste est dans les limbes. Qu'importe au fond, je chicane; la musique est là, intacte, merveilleuse, profonde à l’extrême.
Je vomis tous les jours l'assassin de Lennon et je me demande pourquoi personne ne veut tirer sur Pascal Dusapin ou Philippe Sollers ? Pourquoi ? Le Star-système est bien fait et ils n'en valent tout simplement pas la peine. C'est pas "pas assez connus", ils sont ultra-connus, c'est simplement pas assez bons pour qu'on prenne le temps de délirer sur eux. Pas assez vitaux pour personne.
Du vital, donc : John Lennon ; "How do you sleep ? "
Parfois on attend, on s'ennuie et même on a mal. Parfois c'est moins douloureux. Sur la Fin. Alors on écoute et on est récompensé.
Au moins pas de vidéo pour parasiter ce bijou. "Days" par Ray Davies et une chorale. L'album entier est bon. Même "You really got me";
Ce blog vit au rythme des décès de ceux que l’avènement des mass-médias et du Rock n' Roll comme chant mondial a propulsés en haut de l'affiche du Star-système lui-même planétaire. J'ai déjà expliqué ici que ces disparitions allaient se produire à une cadence désormais soutenue pour la raison principale que les "peoples" sont plus nombreux a accéder à la notoriété du fait de l'omniscience du Star-système depuis 70 ans, de son pouvoir immense, et parce que les premiers à avoir profiter de ce traitement arrivent en nombre à l'âge de quitter cette terre. Ce traitement est un traitement de choc. Il lessive et tue autant qu'il enrichit et isole. C'est une machine à merde en plastoc qui alimente le public sans se soucier des personnes ni d'autre chose que de vendre. Pourtant..
Il n'empêche que Tony Joe White, puisque c'est de lui qu'il s'agit, était un véritable artiste et créateur et que l'écouter m'a procuré des moments de plaisir ineffable. Je vais mettre deux lives d'une simplicité évangélique qui montrent bien le génie, simple lui aussi, de l'homme.
Si on prend Philippe Gildas, qui vient de mourir aussi, tout ce que je peux lui reconnaitre comme talent (comme à Antoine de Caunes d'ailleurs) c'est celui d'emballer la merde de façon alléchante et de la vendre avec un égal entrain que ça soit de la bonne merde ou de la diarrhée. Philippe Gildas vendait de la merde, c'est tout, Tonny Joe White en produisait mais elle avait une certaine texture et un goût de qualité tels que ça devenait autre chose, quelque chose de bon, qui arrivait même à paraitre bon vendu par Gildas et ça ça veut dire que c'est vraiment de la très bonne camelote.
Alors, le haut du panier, le gratin, "some good shit" comme disent les anglo-saxons : Tony Joe White live à Austin en 1980 :"Polk salad annie", d'abord et "I get off on it"ensuite. Pratiquement tout ce qu'il a produit est d'un excellent niveau.
A un moment donné la merde ça doit être bon, sinon on vend plus rien. C'est ça le commerce.
Une petite programmation entièrement française et plus ou moins actuelle. Il y en a qui chantent en anglais. Ca va défriser Jean-Louis Murat qui voudrait "pendre" les artistes française chantant en anglais- "comme des collabos", je cite. Toujours aussi charmant ce crétin savant. Moi aussi ça me gène un peu mais il est très difficile de faire rocker le français, c'est une réalité phonétique indiscutable. (il y a le même problème pour le chant lyrique. Là, c'est l'italien qui fait référence).
Yuksek "Take my hand". La franche Touche c'est irrésistible. Je n'ai pas vu le clip, je le mets, vous me direz. C'est bourré de gimmicks réjouissants.
Perez : "Une autre fois" Transformidable !
Juveniles "We are young". Des petits jeunots rennais qui ont un peu écouté Gary Numan (entre autres).
Un vétéran très doué, Bertrand Burgalat : "Bar Hemingway".
Philippe Sollers appelle ça "La guerre du goût". C'est en effet un sport de combat que l'Esthétique quand on s'y met un peu sérieusement. Gaël Coupé au rapport en cette fin d'après-midi du lundi 15 septembre 2018.
Vu "Avé Cesar" des frères Cohen. Nullissime; Un véritable glaviot sur l'histoire d'Hollywood revue et corrigée façon Cohen. Résultat des courses : "there's no business like show business", les communistes, en plus d'être des traitres, sont des crétins, c'était mieux avant (années 40/50) et Jésus serait la solution à tous nos problèmes si seulement on avait la foi. On dirait que tout est pour le mieux au royaume de Donald Trump.
Vu "A dangerous method" de Davis Cronenberg. Film lumineux et clair sur un sujet scabreux : les relations sado-maso de Jung, alors fougueux disciple de Freud, avec une de ces patientes gravement malade. Il est malin Cronenberg. Pour sortir ce qui devrait être un film d'auteur confidentiel, il met la star hollywoodienne Keira Knightley ,que tout spectateur moyen a envie de voir se faire battre, dans le rôle la malade, Viggo Mortensen, star hollywoodienne aussi, dans le rôle d'un Freud matois et roué plus retors qu'un psychopathe et allons-y pour refourguer "ça" au bon peuple en grandes pompes avec le tampon made in ...Hollywood. Fumant !
Lu "Couleurs de l'incendie" de Pierre Lemaître. Fatiguant et mauvais, m'enfin, j'ai envie de connaitre la fin. Pas étonnant que le mec vienne du polar, genre assommant ou la fin est très importante. (Vengeance, rédemption, mariage etc, etc, etc...)
Lu "Guignol's band" de Louis Ferdinand Céline. Fatiguant et génial. Usant tant l'art et la manière sont déprimants mais pas un mot à jeter. Ca c'est inestimable et ça booste le lecteur qui fonce dans le noir célinien bien connu jusqu'au bout, à bout de souffle et heureux.
Ecouté "Face to face" des Kinks, album miraculeux parmi tant d'autres miracles des Kinks. J'en tire cet extrait qui m'a naturellement conduit à un excellent morceau d'un des disciples les plus intelligents et doués de Ray Davies, je veux parler de Damon Albarn de Blur. "Brit pop" forever.
Mais où se cache le Hard-Rock ? Oh ! il n'est pas bien loin. Tapi dans l'ombre il attend l'heure de ressortir ses griffes et de repartir à l'assaut des mortels consentants pour fissurer les esgourdes et réduire à néant des montagnes de neurones imbéciles à coup de décibels; hurlant, ravageant, semant alentour les orgasmes sonores et la tristesse qui va avec.
Bon, même si on est pas près de me voir au festival de Clisson (Le Hellfest), rassemblement de bisounours cloutés et percés, j'ai toujours eu un faible coupable pour cette musique détonante. Ce qui me sidère, entre autre, dans les groupes de Hard-Rock c'est le savoir-faire musical hallucinant des musiciens, qui, quand il ne tombent pas dans une technicité vaine, sont capables d'envoyer leur sauce piquante avec une maestria plutôt réjouissante et, somme toute, emballante. Je mets ci-dessous trois exemples de ces chatoiements rudes qui titillent l'oreille agréablement et permettre de se perdre dans la musique à fond les gamelles (comme on disait de mon temps) avec un brio qui emporte aussitôt l'adhésion.
Deep Purple : "No, no, no." en répète avec un très bon son. Incroyablement virtuose et swinguant.
Kyuss : "Space cadet". Dans la grande tradition des morceaux lents et acoustiques (ou presque) des groupe de Hard-Rock, Ici, Kyuss à la manoeuvre, le premier groupe de Josh Homme des Queens of the Stone Age, inventeur du Rock stoner
Deux titres du groupe plus récent 1000mods, cryptés, hypnotiques, jouissifs. Ces gars font du travail au noir, souterrain, plein d'humus et de groove salingue : "Vidage" et "Electric carve".
Charles Aznavour est mort. Bon. Comme je le trouvais plutôt casse-couilles qu'autre chose ça ne me chagrine pas vraiment (me peine plus le décès de Geoff Emerick, l ingénieur son des Beatles). Y a un truc que je retiens en pensant au petit charlot arménien c'est la parodie qu'en a fait Jean Yanne (comme quoi il avait quand même un style puisqu'on ne peut parodier que ce qui a un style).
Ca donne ça et c'est assez drôle, pour ne pas dire carrément poilant. Je vous conseille de vous entrainer à imiter Aznavour, c'est plutôt simple et l'effet en société est garanti ( "....les doccccckkkkkssssss...... Les battôôôô ....)" car tout le monde a toujours aimé se foutre de la gueule d'Aznavour. Depuis quelques années qu'il a été canonisé vivant avant que de trépasser en "last action hero" de la chanson française, on l'oublie un peu.
Jean Yanne nous le rappelle : "Pourquoi m'as-tu mordu l'oreille ?"
Non mais Delon, là, ça va plus du tout ! L'autre jour je tombe sur le chapeau de son interview dans le journal "Le Monde". Ca donne ça : "Tout ce que j'ai tourné au cinéma, je l'ai vécu." Oh la la, mais c'est pas bon ça, Alain. Parce qu'acteur à la base c'est pas ça du tout, c'est faire semblant de vivre une chose au cinéma et être quelqu'un d'autre dans la réalité.... Le truc basique, quoi, le travail d'acteur... Mais là c'est proprement délirant, et vu les rôles sordides de frappes qu'il a accumulés, vous imaginez le passif qu'il trimballe ! Ah le melon, Delon ! Remarquez ça expliquerait pourquoi il n'a pas tourné un truc intéressant depuis trente ans. Parce que si en plus il faut qu'il vive le truc, avec son espèce d'égo qui est un catalogue des vices du pervers narcissique en goguette...on s'en sort plus. Il est fatiguant Delon. Il fait pitié, soit, (ça c'est Godard qu'il l'avait relevé, mais bon, lui-même...) mais il devient aussi lassant, à force de vivre des trucs.
Imaginez-vous Boris Karloff disant ça, ou Anthony Hopkins ! Putain !
Remarquez, y'a toujours un moment où les Stars du Star-système finissent par ressembler à leur images caricaturées, c'est inhérent au truc du Star-système. Y'a même des gens qui en vivent (satiristes, humoristes), des parasites de parasites. Et pourtant, y'a des fois, même éculé, le truc fonctionne quand même.
Par exemple, le dernier Billy Gibbons, clown grimaçant s'il en est, est bon. Encore un type inspiré, comme Delon...Non, je plaisante, ce n'est pas du tout la même chose, le Blues et l'actorat. Si Delon faisait du Blues je ne vois pas ce qu'il serait assez humble pour jouer. Chopin à harmonica ?
Billy Gibbons, qui, par son talent intact, ne sombre pas dans l'auto-parodie (enfin presque pas) : "Missin' yo' kissin'.
Delon en 1967, déjà perché, déja "mythique". (Marianne Faithfull est pareille, superbe et déjà ailleurs On imagine sans difficulté ce que Mick Jagger à pu faire de cette victime consentante).
Et un petit plaisir narcissique, pour moi, qui vit des trucs dans la réalité comme tout le monde : "vus à la télé".
Il était temps qu'un artiste majeur s'y colle. C'est Weller qui l'a fait sur son dernier album, très beau, très épuré "True meanings". Faire quoi ? Rendre Hommage à David Bowie Voici la chanson. C'est bien que ça soit Weller et pas Elton John. Elton John il est bon pour Lady Di et George Michael, pas Bowie, même si.... Vous comprenez ? Non ? Alors révisez.
Après, une petite interview du Modfather sur ce qui l'influence et le motive.
Paul Weller : "Bowie"
Ci-après l'hommage d'un artiste moins important mais néanmoins très bon.
Bertrand Burgalat : "Tombeau pour David Bowie". Les Tombeaux....une bien belle tradition.
L'autre jour quelqu'un me parle de Glen Campbell, le créateur du très grand morceau "Wichita line man", composé par Jimmy Web. En France sa mort est passée quasiment inaperçue l'an dernier. Lang en a parlé sur RTL, il y a eu une page dans le numéro récap de l'année des Inrocks et c'est à peu près tout. C'est peu pour un mec qui a travaillé avec Elvis, Johnny Cash, les Beach Boys etc, etc...
Ce n'est pas très grave, un type qui chante ses dernières chansons entouré de ses petits enfants ne doit pas se soucier outre-mesure des hommages, de toute manière il a réussi sa vie. Il est mort des suites de la maladie d'Alzheimer alors, effectivement, il y avait des "fantômes dans le canevas". Qu'importe? Moi, je me souviens aussi de Glen Campbell.
Pour combien de temps ? Pas très grave. L'ami qui m'a parlé de Campbell est jeune, lui.
Un peu dans la lignée de Mariah Carey et Janet Jackson qui déclenchent chez moi des torrents de passion érotique inassouvie dès qu'elles approchent le quintal, je trouve Yukimi Nagano, des Little Dragon, particulièrement gouleyante en ce moment avec ces cinq ou six kilos (sept ?) en trop qu'elle a tous pris sur le cul. Et puis c'est pas demain la veille qu'elle jouera de la flûte traversière, mais moi les prognathes j'aime ça. De toute façon, cette femme, je l'adore. Mais ça restera platonique. Je tiendrai bon.
La voici avec sa bande de potes suédois fous furieux de sons étonnants lors d'un petit concert enregistré à Seattle chez KEXP, une radio qui à pour habitude de capter live une foultitude de bons artistes et de les diffuser sur le net.
J'attends le nouvel album des Little Dragon de pied ferme, le dernier s'étant avéré un peu court jeune homme. A noter ici, une très belle version de "Twice".
Tout ça m'a replongé dans les arcanes du Rock suédois et je reviendrai peut-être sur Nina Persson, autre belle scandinave, pur jus celle-là, aguerrie au devant de la scène dont on entend un peu moins parler cet an-ci. Allez un teaser.
The Cardigans : "Erase and rewind".
Un petit ajout au post précédent où je mets un des morceaux du dernier très bon album de Spiritualized qui utilise une de mes suites d'accord préférées, propice à la mélancolie et la langueur.
Spriritualized : "Let's dance"
Pareil, en ajout au post précédent, je mets cette version brûlante de "Stella was a diver" d'Interpol.
Rien à dire, c'est intense. Un jour je vous parlerai des Chameleons, un groupe injustement mésestimé.
Juste un petit post pour évoquer une tradition et pour rendre un hommage.
D'abord Interpol. Ces gars-là font dans le rétro vintage d'une époque que je chéris pour l'avoir bien connue et surtout ressentie : celle de la New-Wave. Alors ils reprennent depuis maintenant une quinzaine d'années des suites d'accords et un son piqués au Cure, à Joy Division, à U2 et perpétuent dans la discothèque infinie de la post-modernité une tradition de musique angoissée, triste voire sépulcrale. C'est bien fait et assez beau. Les gars ont l'air investis. Ils ont apparemment traversé toutes sortes d'affres qui vont avec cette musique romantique et sombre, s'en sont tirés et viennent de livrer un album complètement audible même si venu directement du passé, et limite de l'obsolète (la musique actuelle, c'est autre chose). Pas étonnant que la décadente Kristen Stewart, se soit invitée dans leur première vidéo extraite de cet album pour donner une présence fantomatique à des pulsions et des visions qu'on croyait, à tort, un peu en perte de vitesse.
Le deuxième titre de l'album est très beau, très triste et dansant. Je le mets ci-dessous en espérant que le chanteur, qui a désormais la voix d' Ozzy Osbourne et ses petits amis survivent au tsunami nostalgique et délétère qu'ils provoquent et produisent d'autres albums du même tonneau.
Interpol : "The rover".
Un petit coucou attendri maintenant à l'honorable Jason Pierce qui vient de sortir un énième album avec son groupe Spiritualized et qui sévit dans le Rock anglais depuis les années 80 (ca a commencé avec les Spacemen 3). Autrement appelé J-Spaceman (John Spaceman) il explore avec constance et résolution tous les stades de la dépression et de ses causes, amoureuses ou sociales et ses différentes et successives rédemptions possibles. L'album qui sort est impeccable. Ca ne bouge pas, un peu moins Space peut-être et c'est très beau.
N B : Je tiens la reprise du "Revolution" des Spacemen 3 par Mudhoney pour un des morceaux les plus radicaux et les plus puissants jamais sortis. Soyons juste il a été écrit par Peter Kember, l'autre petit génie du groupe et piqué au MC5 mais je prouve à tous sa radicalité bienfaisante pour les têtes malades en le mettant après. A écouter fort et jusqu'au bout.
Spiritualized : "I'm your man".
Mudhoney : "Revolution".
Mon tube de l'été à moi : The liminanas (featuring Bertrand Belin) : "Dimanche".
Il y a la peste et le choléra, le vulgaire palu, le Sida, l'ancienne phtisie, toutes sortes de pandémies reconnues par l'O.M.S comme détestables car sévèrement infectieuses et létales. C'est d'accord. On peut ajouter que les catastrophes naturelles courent les rues en costumes de typhon, de tsunami, d'avalanche et autres gamineries de ce genre (qui s'amuse ? On ne sait.). Oui, c'est vrai aussi. Les menaces endémiques à l'espèce humaine : l'atome, le réchauffement planétaire, les famines provoquées par de sombres conflits de voisinage pullulent et nous jettent un oeil plein d'ardeur..... Et puis il y a John Ozila
John Ozila n'a pas encore été catégorisé par l'O.N.U dans l'ordre des Armageddons probables et sa diffusion est resté cantonné à quelques dance-floors surchauffés et à quelques esprits savamment décadents à la des Esseintes. Heureusement. Car si quelque terroriste un peu à la page de l'armement moderne s'avisait de répandre cette musique à grande échelle sur la planète, cela sonnerait le glas de tout forme de civilisation un tant soit peu avancée. Bref, la fin des haricots, du beurre et du muscadet qui se marie si bien avec les deux. Je vous avertis, ce qui suit est à manier avec la plus grande précaution. Éloignez les enfants, gagnez votre panic-room, enfermez vous-y et écoutez. Si vous commencez à taper du pied, vous êtes fait comme un rat. HA HA HA, Hasta la vista, baby !
Rien que la pochette, c'est cuit. Le groove de la Mort, c'est lui.
Pour qu'il y ait un pareil consensus mou, des dithyrambes qui tombent serrés de tous cotés c'est que ça doit être assez merdique pour satisfaire tout le monde, de Francis Marmande à Georges Lang, de Barack Obama à Willie Nelson. Je veux parler d'Aretha Franklin. Pour ma part je la trouve moyenne, assez fade, incolore et inodore. D'ailleurs, qu'elle ait donné à un abruti du calibre de Jean-Jacques Goldman le goût de chanter donne une idée assez précise de sa pointure. Une bonne reprise d'Otis Redding, une bonne reprise de Dionne Warwick, une maestria vocale qui aveugle au lieu d'émouvoir et le tour est joué. Pour ma part je lui ai toujours préféré sa soeur Erma dont je vais mettre deux chansons ci-dessous. Salut Lady Soul et surtout Adieu (ouf, il était temps, son ultime album étant une "pain in the ass" peu commune).
Normalement il ne faudrait pas parler des nanas comme ça, m'enfin comme elles se considèrent pour la plupart elles-mêmes comme des trophées à remporter (aux "meilleurs" celles qui "valent" le plus c'est à dire les plus belles, et si elles ont deux ou trois neurones en sus, on ne dira pas non), donc,
pour parler (encore) des Stones et des Beatles et de la supériorité incroyable des seconds sur les premiers, il suffit de regarder leurs nanas et de les comparer. Comme ça, à vue de nez, les sex-symbols, c'est les Stones avec leur aura méphitique et leurs manières vicieuses, donc ils vont avoir les plus belles et les plus bandantes bandantes.
C'est faux, d'abord les numéro uno des Stars des pisseuses déchainées qui crachent leur poumons pendant les concerts c'est les Beatles. Les autres ont raccroché les wagons et embrayé mais les cris et les hurlements des filles ont cessé pour les Beatles simplement parce qu'ils ont arrêté de donner des concerts. Les Beatles étaient des sex-symbols aussi vifs que les Stones.
Ensuite si on compare leurs gonzesses dans les sixties, période où les deux groupes turbinaient à fond au même moment, et bien les femmes des Beatles sont infiniment plus sexy, plus intelligentes, plus belles, et pour moi plus attirantes que celles des Stones. Pendant que Richards se farcissait la satanique et ennuyeuse Anita Pallenberg, une petite arriviste de la fesse qui sucera à peu près tout le monde dans le business (une salope, quoi), et que Jagger jouait à délater la poupée candide Marianne Faithfull en bon pervers narcissique qu'il est, Paul McCartney passait des années vertes, amères et tumultueuses avec Jane Asher, actrice, modèle et véritable icône britannique sixties (avec Twiggy, Jean Shrimpton et quelques autres dont Patti Boyd) mondialement connue pour être une émanation excitante du Swinging London, et George Harrison sortait avec un des trois ou quatre mannequins les mieux payés d'Angleterre, la délicieuse Patti Boyd; quant à lui John Lennon sortait tout simplement avec une des artistes conceptuelles les plus reconnues du monde, Yoko Ono, qu'il faut réhabiliter tant elle a rendu John heureux et a fait avec lui un boulot important.
Toutes ces femmes ont été des muses pour ces artistes et on pourrait comparer les chansons inspirées à nos rockers au coeur lourd que l'on arriverait à la même conclusion : celles des Beatles sont meilleures que celles des Stones.
Tout ça est subjectif me direz-vous ? Oui, en grande partie. N'empêche, quand on considère l'héritage laissé par ces femmes il y a une sévère différence et les stoniennes ne tiennent pas la route face aux beatlesiennes. Exemples :
Patti Boyd, magnétique et magnifique, qui est devenue plus tard photographe et muse de Clapton (on pourrait écouter "Wonderful tonight"de celui-ci, qui est déchirante). Et bien c'est un rêve sur patte Patti Boyd et elle incite aussi bien au coït qu'à l'amour et à la rêverie délicate. Un petit clip pour s'en convaincre. Je la trouve plus belle et plus inspirante que Pallenberg et Faithfull. Cent fois.
Jane Asher dans un extrait de "Deep end" de l'exilé Jerzy Skolimoswki (C'est lui le bon cinéaste polonais passé à l'ouest et pas Polansky). Elle est juste. C'est pas évident pour une aussi jeune femme.
J'aimerais pouvoir dire que Mars Bonfire a écrit "Born to be wild", qu'il a touché le jackpot avec Steppenwolf et qu'il s'est retiré dans une ferme du Minnesota pour élever des boeufs bio. Rien n'est jamais parfait (à de très rares exceptions près). Mars Bonfire a bien quitté Steppenwolf après "Born to be wild", son premier et unique tube pour le groupe, mais il a continué à jouer de la guitare, avec Kim Fowley notamment. Et, tout compte fait, ça fait encore plus de bien de penser à ça tout en ayant dans un coin de la tête les 25 dernières années de carrière des Stones.
Je ne résiste pas au plaisir de mettre "Born to be wild", hymne rock qui fit l'ouverture de Radio One, la radio jeune de la BBC, ni à celui, plus retord et plus perso de mettre "Magic Carpet Ride", tube avec lequel John Kay, autre force séminale de Steppenwolf capitalisa sur le succès de "Born to be wild".
Vous connaissez la chanson "Quand j'étais chanteur" de Michel Delpech ? Non ? C'est vraiment une très belle chanson, sur un thème rarement abordé : le vieillissement. Moi aussi je vieillis et comme Delpech le dit, sans être à la pointe de la mode et du combat, rapetissant à chaque année qui passe, "J'entends quand même des choses que j'aime et ça distrait ma vie." Je n'ai pas les codes, je ne les ai plus. Mais la Beauté crue se passe des artifices du Temps qui passe et atteint à une actualité brûlante pour l'éternité, à laquelle elle se mesure, sans fard, seule création humaine à pouvoir le faire. Alors, même sans les codes, même sans l'immédiateté que crée la contemporanéité, je sais que ça c'est bon.
Eveything is recorded (feat Sampha), "Close but not quite".
Si on me le demande (ça peut arriver, on ne sait jamais; même si, usuellement j'arpente seul un désert bien sec d'un coeur blessé mais allègre et d'un pas qui me sert de mesure sans que j'ai besoin de personne) je répondrais, comme tout le monde, que la meilleure version que je connaisse de "Hey Joe" est celle de Jimi Hendrix. Attention les petis amis ! Sur Fender Statocaster. Parce que si on passe à la Télécaster ce n'est plus le même tabac, là c'est celle de Roy Buchanan, que je vais mettre ci-dessous, qui éclate tout. On peut même dire que c'est la meilleure tout court. Ouais...Quand on tape pas avec la même cognée les arbres ont tendance à ne pas tomber à la même cadence. Sur cette pensée profonde, here is Roy Buchanan, le roi de la Télécasse-tête. Dire qu'il a été pressenti un moment pour remplacer Mick Taylor dans les Stones. Quel gâchis c'eût été. Y'a une petite nana dans la salle, elle est mesmérisée. C'est ça le pouvoir des guitaristes (cf "Guitar man" de Bread).
En parlant des Stones. Voici un inédit. Une version des années 70 de "Drift away", popularisée par Rod Stewart, entre autres. D'ailleurs, les New-Barbarians, avec Ron Wood, Keith Ridchards et Rod Stewart, qui ont sévi parfois au mitan des seventies, constituaient une alternative crédible aux Rolling Stones comme au Faces. Pour preuve le live encore en-dessous. Les mecs sont si "easy", Richards et Wood tellement contents de jouer ensemble..
Il y a ce qui est bon; il y a ce qui est mauvais; et il y a ce qui est génial. Ces derniers trucs se situent au-delà du goût -du bon ou du mauvais goût- dans ce qui tombe pile-poil, ce qui vient coller serré à toute une société qui n'attendait que ça pour adhérer et qui trouve là l'expression de ce qu'elle est, de ce qu'elle devient, en profondeur et en surface.
Le dernier single (et surement l'album) de Christine and the Queens est de cet ordre, de ce calibre. Il colle à ce début de XXI siècle complètement, totalement, il en montre la nouveauté absolue, quelque chose de l'ordre du changement définitif, d'une évolution sans-retour. Un parfum nouveau qui trainait dans l'air se cristallise en une fragrance forte, là, maintenant, et à jamais. Ce n'est pas pour moi, moi, je suis un homme du XXe siècle. Mais ça ne m'empêche pas de sentir l'effluve de la nouveauté, de l'actualité, les ruptures qui s'opèrent dans l'histoire des hommes et des femmes et d'en être bouleversé. "Chris", ce petit bout de nom, ce petit bout de femme est le tocsin bigrement sonore et puissant d'une (r)évolution, d'un basculement. Tout a changé, tout va changer. Weinstein est un dinosaure. Il y a maintenant la possibilité pour tous d'un épanouissement trans-genre, sexuellement et humainement, d'une multiplicité assumée de postures et de palettes d'émotions, démultipliées par X; d'un hédonisme omni-directionnel qui ne se laissera pas enfermé dans une dégradation spirituelle; le corps libéré et pas repris par une tête coupable; un sentiment de la faute qui s'exercera ailleurs, mais plus là où moi, homme du XXe, je n'allais qu'avec précaution et appréhension.
Voici quelque chose de génial. Et ce n'est pas étonnant que Dam Funk, émanation eighties remixée drogué, porn-junkie, soit de la partie. Le clip étant meilleur (je dis bien le clip, pas la chanson. Mais la clip est meilleur parce que la chanson en anglais est meilleure) je met celui-là.
J'ai vu l'autre jour au supermarché un couple et ses trois garçons. La femme ressemblait à une star du X, tatouages et rouge à lèvres brique, jupe courte et jambes musclée; elle était totalement sexy et avait l'air complètement libérée des questions de "qui encule qui et quoi". Son compagnon, tatoué ras du cou et coiffé racaille semblait absolument zen, pas du tout concerné par la fait que tous les hommes qui croisent sa femme fantasment méchamment sur elle. Elle est avec lui et elle fait ce qu'elle veut de toute façon. Les mômes, dont les âges s'étageaient de 6 à 10 ans éprouvaient leur puissance dans des joutes fraternelles et bruyante en inventant des danses, reprenant les pas qu'ils ont vu dans le clip ci-dessus, dans l'indifférence totale et la confiance absolue de leurs parents. Ils étaient drôlement à la cool et exhibaient un bien-être sans faille. Un couple du XXI siècle bien dans sa peau.
A part ça, je rêve maintenant que j'encule Blanche Gardin et qu'elle me rend la pareille et ça me semble normal ? Non ? Ben si.
Si vous me demandez ce que c'est que le Rock, je vous répondrais que c'est ça. Des psychotiques en pleine crise. Rassurez-vous, les mecs sont tous morts ou séniles.De toute façon, inoffensifs. Enfin, c'est génial, quoi.
Sur le cinéma, que dire ? Que ce qui pourrait être un art majeur, décisif, éclairant, dans le grand panorama des arts, n'est plus qu'un paysage délétère et obscur qui mène infailliblement à la pornographie. Qu'on aurait du se méfier de cette essence pornographique du cinéma et n'en faire qu'avec beaucoup de précaution, se méfier de la pulsion voyeuriste qu'il satisfait. Qu'il a fallu un code aux Etats-Unis (le code Hays) et pas mal de bonne volonté dans d'autres pays (et même l'aide de certaines dictatures) pour que ça ne soit pas immédiatement les hommes et les femmes les pires qui fassent du cinéma. Que ce temps est arrivé, qu'il n'y a pas pire qu'un Dolan ou un Von Trier, pas pire qu'un Vim Diesel ou qu'un Jason Staham et qu'on ne voit plus à l'écran que de la violence ou du sexe, calculés pour nous faire jouir à l'heure exacte et voulue entre deux repas au Mac Do. Fini le cinéma, ratiboisé, à de très rares exceptions près, qui continue d'exprimer quelque chose avec le mouvement enregistré et projeté, ce que Robert Bresson refusait d"appeler "cinéma" et qu'il appelait "cinématographe", toujours. Que les marges elles-mêmes ont disparues, nettes propres, emportées avec la frénésie de tout voir qui se déchaine en particulier sur le net, et dans les séries, qui font encore "plus vrai", qui permettent "d'aller plus loin". Que le cinéma, comme l'opéra du XIX siècle et la tragédie du XVII, est mort de trop de puissance, dépassé par les monstres qu'il a lui-mêmes engendré : la télé et le net. Pleurer ? Peut-être, en regardant de vieilles images muettes. Comme dans "Le rayon vert" de Rohmer, l’héroïne pleure. "Le rayon vert"... quelqu'un se rappelle que c'est tiré d'un bouquin de Jules Verne ? Qui dit qu'on ne voit bien qu'avec le coeur. Le coeur... ce qu'il y a plus facile à berner et à saisir. Aujourd'hui rongé d'images putrides et de sons abrutissants; qu'on calme comme on peut, avec des Xanaxs ou des joints et qui a besoin de nourritures saines alors qu'on le gave de mal-bouffe sentimentale et émotionnelle. Le coeur, ce qu'il faut tuer pour avoir le pouvoir. Et ça marche. Le coeur est mort, avec John Wayne, avec E.T., avec "Apocalypse now", "Heart of darkness" et les sucreries qui se vendent à l'entracte, tout droit sorties de la chambre froide. Pleurer ? Merde alors !
Ci-dessous. La fin des haricots. La mort, tout confort.
Et elle se plaint Asia Argento ? Non, mais de qui se moque-t-on ?
A part ça ? Ben, il y a lui. Il sait parler aux femmes, aux jeunes en particulier. C'est le même en fait, sous deux pseudos différents. Qui ça ? Le Diable bien sûr. Y'a que lui et les anges pour chanter de cette façon.
Les femmes et le Rock....Vaste sujet. Que je ne traiterai pas aujourd'hui (enfin presque pas...). Je vais juste dire en passant que la raison la plus forte pour laquelle les hommes font du ramdam dansant avec des guitares et une batterie c'est de choper des meufs. Les femmes, c'est donc primordial. En tant que muse elles sont pas mal non plus. Généralement les groupies ou les officielles sont des canons intelligents dont on soupçonne une maestria sexuelle exceptionnelle. Qu'aurait pondu George Harrison sans la sublime Patty Boyd ? Anita Pallenberg n'a -t-elle pas été la compagne idéale de toutes les dérives et déviances de Keith Richard ? John Lennon a t-il été heureux un instant sans Yoko Ono ? Les réponses s'imposent d'elle-mêmes.
Et puis il y a les femmes qui font du Rock, qui s'emparent de guitares et se mettent dans la lumière. Objets de tous les fantasmes, désirables et désirantes elles scintillent d'un éclat rare dans la galaxie des rock-stars. Objets sexuels de Pygmalions déchainés (Rick James, Prince, Phil Spector...) ou véritables créatrices elles occupent sans sourciller la place qu'on leur assigne ou s'emparent hardiment de celles qu'elles veulent sans demander l'autorisation à personne, se réclamant juste d'un talent évident. Si vous mélangez la seconde proposition à une grande beauté physique et à une intelligence à la hauteur, cela peut donner de véritables idoles et modèles aussi puissants que leurs homologues masculins.
Prenez Susanna Hoffs par exemple, des Bangles, elle est à la fois une bonne musicienne, une femme de tripes et de tête et un sex-symbol, bref une vraie rock- star, si tant est que cette position soit un tout petit peu viable, enviable et qu'elle aie un sens autre que pathologique... En tout cas je vais mettre deux vidéos qui prouvent ses indiscutables talent et charisme. La première d'un duo avec le talentueux Matthiew Sweet qui est une reprise de "Cinnanon Girl" de l'excellent Neil Young (qui est lui-même, exemple rare, bien en-deça ou au-delà de toute tentative de catégorisation en rock-star ou autre célébration quelconque...) La seconde la montre en train de reprendre "When you walk in the room" de la géniale Jackie DeShannon, qui était une très bonne compositrice et à fait rendre les armes à Jimmy Page lui-même, grand fêlé starifié à mort et consommateur boulimique de groupies (par ailleurs musicien honteusement surestimé).
Bon, les vidéos
En-dessous je vais mettre une vidéo du double satanique de Prince qui montre bien la place qu'ont généralement les femmes dans le monde du rock. La faute à qui ? Harvey Weinstein ? A mon avis les torts et responsabilités, la paresse, les clichés sont équitablement partagés entre les pintades et les kékés; les psychologies, les façons de jouir et d'aimer étant complexes et multiples, voire ouvertement morbides.
Les cinglés débarquent et foutent le bordel !
Pour se rafraichir la mémoire...Elle est super.
Il y a 30 ans je prêchais dans le désert de la cinéphilie mon admiration pour de Funes et on me renvoyait à la gueule les Monty Python et le Saturday Night Live que personne ne voyait, à part quelques rares privilégies. J'étais vilipendé, moqué, honni. J'me marre maintenant en entendant les cinéphiles de toujours nouvellement ralliés au rire de Funesien en faire l'apologie en des termes qui laissent à penser qu'ils ont toujours apprécié le farceur fou d'origine espingouine. Je vous jure que la chronique ci-dessous prend un sacré relief quand on connait les ressorts qui l'animent.
Thierry Jousse ? Un vrai connard des Cahiers du Cinéma (les plus sûrs). C'est à dire, toujours là où on attend qu'il fasse sa crotte. Un bon chienchien à sa mémère culture de gauche bien pensante, quoi. Ce genre de choses a fait que la gauche a oublié de s'occuper de son électorat, les prolos turfistes et racistes, pour s'occuper de financer des artistes imbitables qui chient sur tout le monde avec des "questions" pendant que Marine Le Pen apporte les réponses (aussi connes que les questions).
Rions un peu. Mine de rien on sent au ton compassé qu'il s'en veut d'avoir louper quelque chose. En fait, Jousse, il loupe tout.
Le Rock ? Des dingues j'vous dis. "Insane in the brain", comme dit l'autre rappeux.
Nutrocker. Une joyeuseuté qui rend barjot avec Kim Fowley aux commandes.
Frank Zappa dans ses bonnes oeuvres. L'aurait jamais du exister ce fou. Ou alors on n'écoute plus que lui, au choix.
Je suis comme un des Esseintes rock; fatigué, usé, sursaturé d'émotions lourdes, emphatiques, surénergisées. Et il faut vivre avec ça ma bonne dame, encore un peu...ou passer au classique et au jazz. Why not ? Pourquoi ne pas sauver mon âme ? Monsieur Barbey d'Aurevilly disait qu'après la lecture de "A rebours" on avait "le choix entre le pistolet et le goupillon". Il aimait bien dire ça Barbey d'Aurevilly, il l'avait déjà sorti à propos des "Fleurs du mal" de Baudelaire. Est ce que j'ai le choix, moi, 54 années au compteur, ouvragées par le Grand Méchant Rock ? Bof... Est-ce la force de l'habitude qui sculpte une maladie finalement aimable ou un penchant "naturel"qui m'est échu ? Je ne sais pas et je reste inaltérablement rock, jusqu'à la moelle, même tari, même idiot, même mourant. J'enfile des perles, j'écoute des gemmes de couleurs chamarrées serties dans des bagues d'or fin et d'argent pur. J'en ai plein les doigts. Ca colle... J'en mets sur ce blog, pensant que la charge partagée sera moins lourde, il n'en est rien, ces poids-là sont impondérables et ne se divisent ni ne se multiplient, ils ne font que peser. Ma seule justification est d'exhumer ces trésors et d'en tirer un plaisir rare et trivial. Au fond, ai-je jamais eu d'âme autrement qu'en écoutant de la Soul-music. C'est chiche ? Donc, goupillon ou pistolet ? J'entends une mésange zinzinuler mon salut. Elle me parle de Messiaen et consort... Je me tais, l'écoute bien à fond chanter la Vie et...je mets un autre morceau de Larry Williams, suicidé à 44 ans après avoir ensemencé la terre promise du rock de quelques acres de promesses intenables. Plus fort que moi. M'en fous... "Maman prend le marteau, y'a une mouche sur la tête du bébé..." Toutes ces grossièretés sont mes chefs-d’œuvre de Beauté à moi, mon penchant, ma croyance. Purée, j'en ris encore ! Et encore ! A vous les studios...
Les américains. La source.
Les anglais essayant d'en faire un truc audible aussi puissant et beau, et y arrivant.
Il a raison Skorecki, les spectateurs de cinéma de nos jours sont nuls et comme de juste les films sont nuls. Prenez Milos Forman, qui vient de mourir, il a commencé très fort, avec des films qui venaient d'ailleurs, de loin, de l'autre coté du mur, des hommes et des femmes de là-bas, de nous par là-bas, rendus à nous même par le regard du même/autre gentiment, tragiquement tordu. C'était possible, pour lui, ailleurs, pour nous ici. Ses films de l'époque tchèque subjuguent toujours par leur fraîcheur, leur actualité, dés qu'il va tourner aux Etats-Unis ça va se gâter et virer à l'épate avec numéros d'acteur et biopics plus gros que l'écran. Son tour va passer. Sa magie s'éroder. Encore un peu de bon dans "Valmont"; "Amadeus" tient sur les acteurs et la musique; il m'est venu l'envie de lire "Fly over a cuckoo's nest" de Kesey qui inspira "Vol au-dessus d'un nid de coucou" et par induction "Once a great notion" (qui inspira "Le clan des irréductibles" de Paul Newman), et voilà, c'est tout. C'est peu ? Regardez les images que je vais mettre ci-dessous, elles sont remarquables, radicalement autres, proches à la racine, mystérieuses, en un mot c'est du cinéma. Il faut certaines conditions pour faire du cinéma. Godard n'a fait qu'un seul film parce que les conditions, toutes les conditions n'ont été réunies pour lui que pour un film, son premier, "A bout de souffle". Ford, Guitry, Iosseliani, Rosselini ont eu plus de chance, leur fenêtre de tir a duré plus longtemps, ou est revenue plusieurs fois.
Où sommes-nous et avec qui ? Ce sont les questions que posent le cinéma, c'est à dire celles de l'Amour. Dans "Les amours d'une blonde" Milos Forman répondait à la question d'une manière incroyablement juste. Voici quelques images de nous ailleurs, là-bas, loin, tout proches, à bout touchant. Comme tout bon cinéma, c'est à la racine : ra-di-cal. Comme Murnau, Pabst, Flaherty et compagnie...
Stéphane Audran est morte il y a quelques jours. Je voudrais lui rendre un petit hommage. Depuis que je suis tout petit, laissé à l'abandon par des parents criminels devant une télévision qui m'a carrément élevé (pour le pire) j'ai éprouvé l'irrépressible envie de lui faire subir les derniers outrages. C'est quoi "les derniers outrages" me direz-vous ? Et bien c'est tout ce qu'on fait à une femme qui peut vous valoir une plainte auprès de la police ou une dénonciation sur #balance ton porc par certaines rombieres un peu bêbêtes qui supportent mal d'avoir pris tant de plaisir à de si mauvais traitements. C'est excessif ce que je dis ? Bof, pas tant que ça. En matière de rapports homme-femme il n'y a pas de chose simple et il faut beaucoup d'amour pour faire passer des pilules un peu fortes à tout le monde. Mon but n'est pas de blesser mais de faire valoir un point de vue, fut-il erroné ou minoritaire, au risque d'en changer souvent ou de le nuancer. Donc Stéphane Audran était une victime consentante et subtilement active de mes fantasmes les plus violents et je remercie son ex-mari Claude Chabrol, mort lui aussi, de l'avoir mise en scène dans une série de films plutôt très bons du début des années 70 dans lesquels elle étaient traversée d'une lubricité folle qui, en contre-jour de sa classe de bourgeoise au poil impeccablement lustré, me laissaient la langue pendante et la main sur la braguette. J'enviais Michel Piccoli et comprenais Michel Bouquet...je devenais Jean Yanne... Quel horreur quand j'y repense ! Il m'a fallu du temps pour m'en remettre mais maintenant les perversions de Stéphane Audran et de son mentor commencent à me lâcher la grappe. Je dis bien "commencent". Car la simple vision du visage d'Audran, Bunuelienne achevée, suffit à me faire sentir des vertiges et des affres. Bref, je m'améliore. Avant de finir moine bouddhiste pleinement éveillé, je vais chercher sur youTube des trucs à mettre ci-dessous qui pourraient illustrer un peu ma vision d'Audran et mon amour pour elle, même s'il parait bizarre (et il l'est) et le sien pour moi (les stars de cinéma aiment leurs spectateurs). Je voudrais juste rajouter quelque chose qui a tout à voir avec ce qui précède : Stéphane Audran était une actrice géniale.
Un des deux ou trois soubresauts à l'année qui réveillent le Jazz vient d'avoir lieu il y a peu et il remonte du fond des âges. On a publié officiellement l'enregistrement d'un concert de Wes Montgomery et de son orchestre de super-sidemen saisi en 1965 par l'O.R.T.F, en France donc.
C'est génial, ça envoie du lourd. Et maintenant un peu de vaudou comme à Congo Square à la Nouvelle Orléans: "Jazz ! Lève-toi et marche. "
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Pour ceux que les oraisons funèbres intéressent :
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Celle-là a l'avantage de n'être pas signer Daniel Rondeau
Une fois le choc tellurique du Rock digéré on en est pas moins homme et il nous faut notre part de Beauté. Ça tombe bien, un tas de petits génies qui ont commencé par faire du ram-dam binaire et énergisant pour le meilleur et surtout le pire se mettent soudain à la mélopée, à la suite d'accords chiadée, à la poursuite du grand-oeuvre, c'est à dire "La symphonie adolescente à Dieu" (dixit Brian Wilson) et ce jusqu'à ce que la mort les prenne à 27 ans ou quasi cacochymes, aucune importance, "Forever Young" (dixit Bob Dylan). Ainsi sont nées moultes chansons magnifiques aux refrains inoubliables, aux paroles pleines d'esprit et qui n'ont rien à envier aux standards du jazz ou aux thèmes et ornements classiques. C'est incroyable mais le tas informe du cri primal Rock à donné naissance à un truc bizarre entre l'immédiateté de la satisfaction et la complexité de la musicalité qui peut laisser béat d'admiration et rempli d'émotions. Quoi de plus beau qu'une chanson de Prince ou de Paul Weller (pour citer deux créateurs que j'aime bien) ? Et ça, ce qui suit ? C'est digne des Beach Boys et ça vient de sortir. De la Pop majuscule de la plus belle eau en version minimale et émouvante.
The Lemon Twigs : "Beautiful" et la suite.
Beach Boys ? Vous avez dit Beach Boys ? Soit.**
Mais tout ça c'est fait sciemment, ça exploite un filon qu'ils ont eux-mêmes contribué a ouvrir.
Ce qu'il y a en dessous est encore plus beau car ils sont vierges de toutes mièvreries et de tout ressort tordu et ça s'impose, comme du Bach ou du Mozart. Evident et gracieux.
Les garçons de la plage : La chaleur du soleil. Que demandez de plus ?
Mais qu'est-ce que c'est donc que le Rock ? Ah, ça c'est de la question !
Le Rock, dans son acception première, la plus primitive, est une une musique simple, ultra simple qui insuffle à ses auditeurs une énergie phénoménale, monstrueuse, dantesque. Cette énergie est celle du Principe du Plaisir qui dit que tout ce qui n'est pas jouissance doit être balayer au profit de cette jouissance et que seul compte la puissance ravageuse de l'orgasme. Le Rock est une éructation qui dit "Merde" à tout type de contraintes : les parents, la bienséance, la politesse, l'école. Le Rock est un appel à l'orgasme, répété encore et encore jusqu'à ce que mort s'en suive, sans que le Principe de Plaisir n'ait pu se transformer en un mode de vie durable et supportable en se confrontant au Principe de Réalité. Le Rock est tourné vers la Mort, vers la Jouissance, irrécupérable par la Vie mais -Attention !- pas par le Business. C'est une psychose qui explose la tête et si vous n’atterrissez pas d'une manière ou d'une autre au terme d'un apprentissage du Désir et du Réel, vous mourrez fou, pauvre et seul. C'est aussi une manière de se purger de la Pulsion de Mort et de continuer à vivre plus ou moins bien.
Voilà c'est d'abord ça le Rock. Pas brillant, hein ?
Ensuite, il y a des nuances crées par la vie de chacun et il peut revêtir des significations et des formes qui ne sont pas entièrement folles, morbides et négatives. Négatives ? Oui... mais...mais je dois dire que je prends encore un plaisir coupable -et morbide- à écouter ce que je vais mettre en-dessous, que je suis encore dans le déni de tout ce qui m'empêche de jouir et dans l'exaltation de cette forme de musique qui me tient lieu de psychologie pour un temps primaire et bref. Je reste parfois, à 50 balais passé, un jeune con de seize ans, qui est frustré et trouve dans le Rock un moyen de se libérer. Cette libération est bien sûr une horrible prison dont on ne sort que les pieds devant à moins de s'en libérer à son tour et de passer à autre chose. Mais comme dit l'autre "Andrew W. K. est le Chevalier Blanc du Fun" et je me rallie parfois encore à son panache crasseux. Fucked forever !
(A noter que dans la vidéo le gars est tout seul, complètement seul et, en fait, il se branle...)
Monte le son, bébé ! Andrew W. K. "She is beautiful".
Je suis mort ? Ouais, plein de fois.
Le Jazz rance ? Le Jazz mort-vivant ? Et le Rock, me direz-vous ?
Et bien le Rock est dans le même état. Finito, mortibus, dead. Évidemment on en entend encore un peu à la radio et des vieux grognards de 7 à 77 ans en parlent comme s'il s'agissait d'une force vive. C'est faux. Ce n'est plus qu'un souvenir qu'on peux réactiver à l'envi sur les étagères bien remplies du monde post-moderne. Qu'est-ce que vous prendrez mon petit Monsieur ? Du Eighties en compote (Fishback) ou du grunge anémié en flocons (Screaming Females) ? Moi ? Oh, du vintage svp, avec fuzz et second degré. Mettez-moi du Liminanas, monsieur le businessman. C'est rance au possible mais jouissif. Pour moi, je dis bien pour MOI, qui suis un pauvre type qui voit son idiome musical naturel complétement moribond s'écrouler un peu plus tous les jours que la Machine Molle (cf Jagger et le film "Performance") nous met sous le nez....Ce sont maintenant le Rap et l’Électro qui remplissent les fonctions "chansons" et "exutoire à énergie mal dirigée à faire autre chose que de la politique". Et c'est très bien comme ça. King Krule et Migos font le boulot d'Hüsker Dü et de Pavement et je n'y trouve rien à redire.
Parfois (rarement) il se produit un truc bizarre, des types sortent des chansons qui sont tellement belles qu'elles viennent prendre leurs places parmi les classiques du Rock après un chouïa d'écoute. C'est pas de l’esbroufe, c'est "The real Thing"! Ariel Pink fait des trucs comme ça. Deerhoof aussi. Ça actualise d'un coup la vieillerie rock et la peinturlure aux couleurs du temps présent, neuve et exquise. J'écoute en ce moment quelque chose de beau qui me met les larmes aux yeux sans trop de ridicule ni de rimmel et ce n'est pas un groupe-clone de Kiss ou de New-Order. Ce sont les Lemon Twigs. Ces mecs sont au niveau de Brian Wilson et sont pourtant frais et jeunes en un mot : actuels. Ca coule de source, une source où boire sans fin la meilleure eau du Rock. C'est pas Jack White, bande de neuneux, c'est plus inventif, plus moderne ( carrément post-moderne), ce sont les The Lemon Twigs ! Des preuves ? Depuis le temps, mes bons Saint Thomas, vous devriez savoir que j'en ai sous le coude...
Alors que j'ai envie de gifler tout le monde, surtout les femmes et les mômes, ô chance, une tête à claque se présente. D'abord, soyons sûrs d'une chose, le Jazz, sous sa forme canonique est mort, mort et enterré. Le cadavre à des espèces de spasmes zombiesques deux à trois fois par an tout au plus. Et, qu'on se le dise, ce n'est pas Camille Bertault qui va le ressusciter et la hype qui l'entoure et secoue le petit monde du Jazz français ne changera rien à l'affaire. Bertault s'était signalée en reprenant vocalement note pour note le solo de "Giant Steps" de Coltrane et en le balançant sur YouTube où la chose avait rapidement été plébiscitée. Les YouTubeurs raffolent de ces petites sucreries. Ce sont des amateurs de virtuosité gratuite et de monstruosité. Camille Bertault, un monstre ? Je n'irai pas jusque là. Par contre, sur son premier album, qui vient de sortir, elle fait preuve d'une virtuosité à toute épreuve...sauf celle du Jazz. Dans ces vocalises survitaminées pas une once de swing, ni de feeling. Pas une once de Jazz. Elle shoote à blanc, Bertault et, loin de toucher une cible hors d'atteinte, elle étale à longueur de chansons des accents qui tombent mal et des cabrioles qui sonnent faux, même si elles épatent le bourgeois bohème, coeur de cible de ce projet marketing aux longs cours (vous verrez qu'elle finira actrice de films d'hauteur) Elle fait pipelette, elle ne parle pas. Elle ne chante pas, elle tente d'étourdir à coup de trilles acrobates. Elle se branle la glotte au vu et su de tout le monde et elle fait jouir personne. Damned ! Si t'as un tant soit peu de feuille tu ne te laisses pas avoir par cette esbroufe bon chic bon genre, tu refermes le boitier du skeud et tu écoutes You Sun Nah (pour rester dans le relativement frais), Plus tard, tu iras voir le film d'hauteur dans la salle art et essai de ton bled. En causant cinéma justement, elle arrive sans peine à rendre blême la chanson de Danielle Darrieux "La femme coupée en morceaux", tirée des "Demoiselles de Rochefort", de Jacques Demy, composée par Michel Legrand, modèle de fantaisie et de légèreté. La belle Danielle n'est pas prête d'être détrônée, elle qui chantait avec le naturel d'un oiseau.
Laissons les baudets s'esbaudir et ahaner sous le joug de la mode, Bertault s'époumoner et allons voir dans d'autres territoires où peut se cacher le Jazz, dont l'esprit n'est peut-être pas mort pour tout le monde. Un esprit noir, subversif, libre, mélancolique, sexuel, échappant à toutes les recettes Top-chef des virtuoses, ça doit exister, non ?
Et si le Jazz, de nos jours, c'était ça ?
Joan as Police woman : "The silence".
King Krule : "Czech one"
King Gizzard & the Lizard Wizard : "Polygondwanaland".
J'ai ça qui me trotte dans la tête depuis l'autre jour, alors je le mets. Et puis cet extrait d'une émission où Michel Berger rencontrait Serge Gainsbourg. Ce dernier est assez clair : "France, elle m'a sauvé la vie. " Rien que pour ça hein... Ah oui, je voulais ajouter une chose, je la trouve belle France Gall, belle et érotique. En fait, elle avait assez peu de chances de finir vieille fille. Les paroles sont exquises.
Décès de Mark E. Smith fondateur et leader du groupe de rock indé "The Fall". C'était une sorte de contestataire comique et mal-luné qui était capable d'à peu près tout pour déformer le moule universel dans lequel on essaye de nous fondre. Une sorte d'Alphonse Allais du rock, impayable, imbuvable, irrécupérable. Alcoolique notoire, dézingué sans sur-moi paranoïaque inhibant, il avait une propension pas possible a épouser de jolies et intelligentes femmes et à rameuter autour de lui des musiciens de qualité qu'ils faisaient marner à élaborer derrière ces élucubrations imbitables un fond sonore de première bourre. Je crois qu'il adorait par dessus tout mal se tenir, dire des conneries qui touchaient juste en étant chantées faux, être toujours là où on l'attendait pas, dynamitant par avance toute espèce d'attitude et de pose et je l'appréciais (beaucoup) pour ça. L'incongruité était son mantra, la hargne son carburant. Grâce à lui le rock se tenait droit tout en ayant la gueule de traviole. Des preuves ? Pas de lézard...là je crois qu'il se pisse dessus. Les chiottes c'est pas pour lui, les chiottes, pour lui; c'est partout en fait...
Et cette reprise de Sister Sledge, composée par Nile Rodger et Bernard Edwards, c'est à dire Chic, avec la bande audio en français outrageante qui la traverse, c'est-y pas beau ?
Guido Guidi photographie des drôles de trucs. Presque rien en fait, des machins en bouts, pratiquement nuls. L'objectif délibérément pointé sur l'à-coté, ce qui ne sature pas l'image de sens, ce qui n'en fait pas une forme gorgée de jus, de bon jus à vendre à sa mémère, de "la belle image", comme on dit. Il appuie sur le déclencheur après l'instant décisif, revêche, ou avant. Et ce qu'il montre est ce qui fuit le regard et se trouve tout à coup visible, trace qui s'efface presque, s'apprête à disparaître. Il est sur le point de fuite Guidi, il va tomber dans le néant, il s'arrête au bord et fait une photo. Ca dure des heures, c'est un instant, ça existe. Tout est là, vu, montré pour une fois, une fois unique qui percute l'oeil plus que tous les bombardements de publicité de merde. Le regard propre, Guidi photographie les yeux ouverts. C'est devenu rare. Il y a tellement de balises partout qui disent quoi faire et comment. Là, on se lave les yeux, on s'ébroue et on reprend vie et corps avec lui, comme on le ferait auprès d'un peintre. Sauf que c'est de la photo et que l'urgence de l'instant même est mise à distance, à distance humaine, celle où on commence à voir quelque chose (vous savez ce qu' Hemmings voyait dans "Blow-up" d'Antonioni et qui s'acharnait se cacher au profit du profit). Le nerf optique de la guerre se repose cinq minutes, la compulsion d'achat s'apaise, le temps arrive (par l'Est), il s'installe et on voit ce qui suit, tout bonnement, simplement, vraiment.
Évidemment, en dessous, c'est en italien. Vous ne comprenez pas l'italien ? La belle affaire, moi non plus ! Et pourtant rien ne m'échappe de ce qu'il dit et fait. Ah, je ne suis pas la moitié d'une buse !
France Gall, troisième. Épilogue temporaire à une histoire qui n'en finit pas de s'écrire, comme pour tous ceux qui défient l’Éternité en laissant un héritage plus grand que leur vie même derrière eux. Une attitude couillue d'ailleurs, et ô combien humaine, qui mise sur une fertilité précieuse et sans cesse renouvelée. Et l'on voit qu'elle avait parié un sacré pacson de chansons, France.
Je mets la vidéo d'une de mes préférées. C'est énorme. Les paroles roulent comme une poésie classique et sont signées Maurice Vidalin, auteur auquel France fera appel à de nombreuses reprises au cours des sixties. Les zicos ont l'air d'avoir passé quatre nuits sans dormir à jouer du Be-Bop et donnent tout ce qui leur reste. Je les imagine à bloc, je sais pas pourquoi, surtout le batteur. Je rêve tout haut, là... Le clip est d'une nullité notable. L'opérateur cadre mal un sujet qui arrive de loin, de très très loin. On dirait qu'il a peur que la pellicule prenne feu au contact de l'incendiaire Lolita frenchie. Enfin je dis ça...y'a surement une raison valable mais je ne la VOIS pas.
Et puis ce truc, très bon aussi. Pareil, paroles au poil, signées Gilles Thibaut. D'un sentimentalisme cul-cul la praline touchant (qui écrirait de telles choses de nos jours, hein ? Et qui les chanterait ? Y'en a.. ? Plein ? Ah bon...). Elle est vraiment jolie dans la vidéo.
France Gall est décédée. Il y a longtemps j'ai mis sur ce blog un post qui est assez consulté. J'y parle de "l'affaire des Sucettes" et je me pose des questions sur le fait que France dise n'avoir pas capté le sens "profond"du texte de Gainsbourg. Ouais. Qu'importe au fond que France Gall ait compris ce qu'elle chantait, la chanson est tellement bonne qu'elle balaye tout sur son passage et renvoie les hommes et les jeunes filles à leur incessant jeu de billard à trois bandes amoureux. Elle avait eu du pif de choisir Gainsbourg et sa "Poupée de cire, Poupée de son"; lui avait senti le coup fumant et la trouvait "épatante". Et elle l'était. Quel charme délicieux de Lolita made in France (c'était dans l'air du temps et c'est une chose que Sheila n'avait pas, ni Hardy) ! Quelle perverse douceur ! Quelle candeur évanouie au premier contact ! Alors les questions persistent st signent sur la jolie blonde et on se demandait, à l'époque (et maintenant encore) quels tours de prestidigitation sexuels se cachaient derrière son visage enchanteur de poupée blonde aspirant à se faire gentiment démantibuler ? Ah tout est possible, tout est imaginable à qui sait écouter (merde, en plus elle sortait avec Cloclo quand même !) !
De 1963 à 1968 l'intégralité de sa production est BONNE. Contrairement à ce crétin d'Halliday, elle fit appel à des compositeurs et auteurs français qui laissèrent leurs neurones fonctionner et lui firent un répertoire sur mesure lui donnant une image d'écolière avertie et ingénue, au choix. Tout ce que le Landernau musical comptait de pointures pop à écrit pour France Gall et il est notable que pas mal de ses chansons prêtent à une interprétation suggestive, sont équivoques, à double sens et pas seulement "Les sucettes". Des exemples ? Il y en a tant...l'embarras du choix les amis, allez zou, au bonheur des hommes !
Coquine, va ! Le reste, tout le reste est BON. En 1968 ça commence à tourner vinaigre mais on trouve quelques perles comme celles-là, arrangée pour la première par le génial dilettante David Whitaker. France a mûri, elle se cherche. Des fois elle trouve. Pour la deuxième chanson les paroles sont de Jacques Lanzmann, rien de moins.
Il y a même un titre qui éclaire d'une lumière étrange son rapport aux mots qu'elle chante (ou pas).
Voilà une candeur bien remplie de sous-entendus que tout le monde comprend, y compris la chanteuse. Après toutes ces aventures dignes d'une courtisane un peu au courant des choses de la vie, elle va tomber sur Michel Berger en 1973 qui lui composera une série de hits imbattables qu'elle défendra avec ardeur et un succès qui ne se démentira pas. Mais c'est une autre histoire...que j'aime moins.