lundi 9 mars 2015

Plaidoyer pour l'exotisme.

La faillite des sociétés multi-ethniques et multi-culturelles marquera la faillite de la civilisation occidentale, tiraillée depuis la Renaissance entre l'Humanisme et l’essor d'une société marchande devenues sans limites. Le principe qui a présidé à l'émergence des civilisations et des cultures dans le monde pourrait se résumer en trois grands axes de constitution qui s'interpénètrent : territoire, langue, culture. Ce sont les trois éléments fondateurs d'un pays, d'une nation. Claude Lévi-Strauss disait qu'il fallait un certain espace géographique pour que les civilisations puissent se constituer et se différencier. De nos jours, les civilisations se mélangent au gré des migrations, des misères, des catastrophes. L'Europe et les Etats-Unis ont accueillis tant et plus de migrants des pays "pauvres" et force est de constater que l'intégration des nouveaux arrivants ne se fait pas. Et c'est normal. Ni les pays d'élections des immigrés ni les habitants des pays de destination ne veulent abdiquer leurs cultures, leurs façons de vivre, lentement construites et décantés au cours des siècles. Le patrimoine culturel d'un être humain est aussi important et aussi prégnant que son patrimoine génétique, plus peut-être, tant le sentiment d'appartenance est nécessaire à la constitution d'un homme. Résultat, les civilisations qui se côtoyaient de loin avec des plaques tournantes d'échanges, se frictionnent maintenant sur un même territoire, se touchent et se haïssent de près. Autre résultat, le FN va gagner les prochaines départementales parce que les français ne veulent plus des immigrés, pas plus que, si on inversait la situation et les pôles, les Algériens ne voudraient d'une masse de français pauvres. Les efforts contre-culturels n'y font rien et la culture revient au galop dans ce qu'elle a de plus restreint, de plus chiche, faute de lui avoir laissé un espace pour s'exprimer librement qui permette une évolution lente et progressive au contact des différences, toujours en action, toujours problématiques et régénératrices. Là, en France, maintenant, tout le monde étouffe, les français immigrés de toutes les cultures et les autres, personne ne s'y retrouve. Le FN est le seul parti à proposer un bol d'air frais, en l'occurrence, un bol d'air bien de chez nous, bien connu mais qui propose au français de se reconnaître entre eux, de se rassurer par leur appartenance à la communauté nationale, dans son sens le plus minime. Les autres partis politiques, excepté le Front de Gauche, appliquent sans sourciller le programme des multi-nationales : producteur-consommateur-argent, celui des marchands, détruisant le mode territoire-langue-culture au profit des plus-values sans frontières et sans âmes qui transforment le monde en vaste champ d'exploitation des richesses naturelles et les hommes en esclaves consentant, assis, une bière à la main, devant un match de foot quand ils ne sont pas au travail.
Offrir l'hospitalité à un étranger c'est marquer son étrangeté. L'accueillir  revient à l'intégrer et alors il y a un choix à faire, le faire sien mais au prix d'un effort de mimétisme de sa part et d'un travail sur soi ou le tolérer à la marge. La masse du travail d'intégration est telle, le temps est si court tant les migrants arrivent en nombre et rapidement qu'il est impossible de faire un travail d'intégration correct, c'est à dire de faire en sorte que l'étranger devienne plus ou moins le semblable. C'est trop demander à un pays comme la France, à des gens comme les français, et ce pays ira se perdre dans les bras consolateurs et déculpabilisants du FN.
A qui la faute ? Aux immigrés ? Sûrement pas, eux qui viennent chercher ici, au prix de sacrifices immenses le strict nécessaire qu'ils n'ont pas dans leurs pays. Aux Français ? Certainement pas, ce pays a été le moteur de l'histoire mondiale à plusieurs reprises et il refuse de mourir en tant qu'identité construite certes et non pas "éternelle", mais valide.  Je crois que les grands responsables sont les gens qui ont du commerce une idée déraisonnable, comme devant générer un profit exponentiel pour satisfaire à satiété des plaisirs et des jouissances sans cesse renouvelées et sans-fin. Les banquiers cocaïnés, les traders fous, les retraités floridiens entre deux parties de golf, deux cocktails et deux "chicas" cubaines pas regardantes, les voilà ceux à qui profitent le crime.
Manuel Valls a peur, paraît-il, que "son pays se fracasse sur le FN". Qu'il se rassure, la France est mûre pour le Front National. Voilà trente ans qu'on ne laisse pas le choix aux français que de se lepéniser faute de regarder en face quelque données anthropologique de base. Il n'y a rien d’aberrant qui arrive en France ou qui soit sur le point d'arriver. Pour que ça n'arrive pas il aurait fallu être humain, simplement, et être humain ne veut pas dire qu'il faille embrasser tous et toutes sur la bouche comme si tous et toutes étaient des frères et des soeurs, ça c'est de la démagogie. La condition humaine à des conditions (sa relativité est à quetter), si on les évite, on sombre immanquablement dans la barbarie.
Je rêve d'un Monde ou il y aurait encore des voyages à faire, où la norme touristique ne serait pas l'envahissement de masse par des mal-dégrossis et des profiteurs. Je me rappelle d'un temps ou le Roi de Siam envoyait un éléphant à Louis XIV. Je sais que les Ottomans ont été arrêtés deux fois à Vienne, mais aussi que Casanova raconte dans ses mémoires avec beaucoup de délicatesse et d’intérêt son séjour à Constantinople. Je voudrais d'un espace qui ne soit pas réduit par des ailes d'avions, d'un Monde flou où les jonques de la baie d'Along ne soient visibles que par quelques évangélisateurs européens qui retrancriveraient dans leurs récits de voyages leur émerveillement. Je rêve de sorcières éthiopiennes, de nymphes berbères....et j'achète "Playboy".

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