lundi 29 décembre 2014

2014 : Jazz is going down (up?) with Snarky Puppy

Et le Jazz ? Et le Jazz en 2014 ? Bof, c'est poussiéreux, ça tourne en rond, c'est vieux, c'est mort. Dans dix ans le Rock en sera au même point. Plus rien à en tirer d'actuel, de contemporain. Pourtant, des petits jeunes ou des vieux malabars continuent à en faire et du bien jeté. Évidemment ce n'est que de la resucée de untel et untel, il serait faux de dire que ça vient de sortir de l’œuf, néanmoins, ça frétille parfois suffisamment de la queue pour qu'on en fasse notre quatre heures. Zappa disait "Le Jazz n'est pas mort, il a juste l'air bizarre" ("It just smells funny"). En dehors de la fixette habituelle de Zappa pour les odeurs on peut dire, grosso modo, que c'était vrai à son époque. Là, c'est fini, on retourne juste le cadavre de temps en temps comme il se doit et on remarque que le salopard a encore de bien belles sapes, toujours les mêmes mais classe. Zappa fait justement partie de ce qu'on entend quand on écoute la bande de joyeux drilles qui s'active sous le nom de Snarky Puppy, mais aussi Weather Report et Stanley Clarke. Si Zappa est bien mort, Clarke est bien vivant. Ca ne l'empêche pas de se recycler avec plus ou moins de bonheur comme tout le monde "ad vitam aeternam" et même "ad nauseam". Mais là n'est pas le sujet. Le sujet c'est ce collectif de Texans installés à New-York, qui oscille entre 10 et 40 musiciens et qui trouve dans le corps fraîchement embaumé du Jazz matière à exprimer leur vitalité, leur énergie, leur maestria sans-gène pour les aînés. C'est assez revigorant, il faut bien le dire et ça en viendrait presque à cacher l'odeur de décomposition qui plane sur Congo Square. Et pour tout dire, pendant quelques minutes, ça fait la blague. Et on se croirait revenu 30 ans en arrière sans que le passé nous remonte trop à la gorge tant les petit gars semblent éprouver une joie vitale à jouer et tant ils nous la font partager. Comme quoi, les petits arrangement avec les morts permettent encore d'éviter que leur poids suffocant ne nous étouffe prématurément. Je dis ça, c'est valable dans tous les domaines. Dans le Jazz, c'est juste très marqué, ce qu'il faut faire pour rester en vie malgré tout. Néanmoins, si vous le faites, ça peut aussi être un élixir de longue vie. Pensez-y.
Je mets deux morceaux "What about me" et "Lingus".



En guise de post-scriptum, je voudrais juste signaler quelque chose : que parmi une flopée d'artistes vocales qui n'en finissent plus de mâchouiller leur scat en français dans le texte (Diane Reeves, Stacey Kent and Co...) se dégage, singulière et neuve, la voie puissante et rebelle de Youn Sun Nah, qui se tire haut la main de ce qui pourrait être les pires naufrages (comme la relecture de "Dark Side Of the Moon" arrangée pour Big Band électrifié par Nugyen Le ! Si, si ça existe !). La preuve par l'image Et le son dans cette reprise impeccable du casse-gueule "Avec le temps" de Léo Ferré.

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