J'aimerais bien que l'affaire de la petite Léonarda et de sa famille expulsée de France m'inspire quelque chose de clair, de net, de précis. Mais non, toute cette histoire est bien trop compliquée sur le fond pour que j'en tire un enseignement ou même quelque chose, ne serait-ce qu'une idée minuscule qui puisse orienter la compassion et la colère que je sens poindre en moi. Car elle est pourtant là, la petite Léonarda, je la vois, je l'entends, je ne peux pas y échapper, et je ne le veux pas d'ailleurs, et malgré tout, malgré l'évidence du problème je suis incapable d'articuler deux pensées à peu près sensée sur ce qui lui arrive. Et puis la colère et la compassion sont toujours là, elles aussi, alors, est-ce que je vais finir par cracher une brève maxime haineuse ou lénifiante en guise de réflexion comme vont le faire la plupart des gens ? Est ce que je vais aller dans la rue comme un con de lycéen (que j'ai été) ? Est ce que je vais gueuler dans le PMU du coin avec les autres loups, ce soir, après une douzaine de demis ?
Non.
Mais j'avoue mon impuissance et je mets au défi quiconque de réussir à expliquer le bordel mondial dont cette "affaire" n'est qu'un des pénibles symptômes.
Un être humain moyen mesure dans les 1,70 mètre, pour a peu près 70 kilos. S'il va à pied, son rayon d'action consiste en une vingtaine de kilomètres qu'il peut parcourir aller et retour en une journée. Il a une famille qui lui cause des soucis permanents et des voisins parfois gênants. Même à cette échelle là, l'homme est incapable de se maîtriser et de maîtriser ce qui l'entoure, comment voulez-vous qu'il appréhende par la pensée un espace-temps, le sien, qui a désormais l'échelle du Monde tout entier ? C'est strictement impossible, c'est trop compliqué, et même les plus grands esprits s'y cassent sans arrêt les dents, qu'ils ont de lait pour le coup.
Alors qu'est ce que je fais de Léonarda, moi, minuscule humain français du vingt et unième siècle, si je ne veux pas sombrer dans la caricature Finkielkraut/Soral/Mélenchon/Le Pen ?
Je vais vous dire.
Je vais passer outre toute cette merde, parce que la petite Leonarda, son père, l'Etat Français, L'Union Européenne, tout ça, c’en de sacrément belles de caricatures et je les laisse aux spécialistes sus-mentionnés, et moi, et bien je veux garder mon visage d'Homme. Alors je vais me coller un sourire sur les lèvres du dit visage et je vais tout simplement penser à autre chose, quelque chose de léger et de gai. Quoi ? C'est tout sauf vos oignons.
En attendant, pour votre gouverne :
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