La nuit en Octobre certains souvenirs usent encore un peu plus. Il n'y a presque plus de corde sur laquelle tirer et le peu qui reste blesse les mains et le cœur. Même sur une Rumba triste les cuivres claquent comme un vent rageur.
Un bout de Musset.
Honte à toi qui la première
M'as appris la trahison,
Et d'horreur et de colère
M'as fait perdre la raison !
Honte à toi, femme à l'oeil sombre, 
Dont les funestes amours 
Ont enseveli dans l'ombre 
Mon printemps et mes beaux jours !
C'est ta voix, c'est ton sourire, 
C'est ton regard corrupteur, 
Qui m'ont appris à maudire 
Jusqu'au semblant du bonheur ; 
C'est ta jeunesse et tes charmes 
Qui m'ont fait désespérer, 
Et si je doute des larmes, 
C'est que je t'ai vu pleurer. 
Honte à toi, j'étais encore 
Aussi simple qu'un enfant ; 
Comme une fleur à l'aurore, 
Mon coeur s'ouvrait en t'aimant.
Certes, ce coeur sans défense 
Put sans peine être abusé ; 
Mais lui laisser l'innocence 
Était encor plus aisé. 
Honte à toi ! tu fus la mère 
De mes premières douleurs, 
Et tu fis de ma paupière 
Jaillir la source des pleurs ! 
Elle coule, sois-en sûre, 
Et rien ne la tarira ; 
Elle sort d'une blessure 
Qui jamais ne guérira ; 
Mais dans cette source amère 
Du moins je me laverai, 
Et j'y laisserai, j'espère, 
Ton souvenir abhorré !
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