mercredi 31 juillet 2013

Sweet Home Alabama

Et puis, il y a eu ça. Au coeur de l'été quand il faisait trop chaud, c'est arrivé. On eut dit que le blé allait sécher sur pied, que les vaches allaient toutes crever de soif. Rien ne bougeait l'après-midi, au grand soleil. Trop risqué, trop d'effort en vain. Tout se couchait  comme un chien dressé sous l'ordre implacable de l'astre triomphant. Et puis le soir, les hommes sortaient de chez eux. A la fraîche. Et ils buvaient de l'alcool d'anis dans de grands verres remplis de glace et ça faisait du bien. Les enfants buvaient du sirop d'orgeat et allaient jouer près de la marre. On mettait de la musique avant de parler. Oui, on parlerait après avoir bu et écouté cette musique qui sonnait comme il y a longtemps, quand il y avait déjà eu une sécheresse. On parlerait des gens de cette époque. Ils sont tous morts maintenant, sauf un ou deux. Il faisait souvent chaud par ici, mais eux, ils avaient connu l'Enfer paraît-il. Il y avait eu des incendies. Puis des tempêtes d'un sable qui venait du sud. On verrait ça après. Après qu'on a bu et mangé, et parlé de la chaleur, et écouté cette musique d'Enfer ou de Paradis

lundi 29 juillet 2013

Perdus dans la musique. Acte III

Les Isley Brothers sont des forces de la Nature et un des groupes en activité à la plus grande longévité. Songez un peu que "Twist and shout" en 1962, c'était eux. S'en sont suivis une bonne quarantaine d'albums très variés. Et en 2001, Ronnie Isley et son frère Ernie, le guitariste surdoué, sortent un CD intitulé "Eternal". L'alter-ego de Ronnie Isley, "Mister Biggs", une sorte de Godfather noir, y fait sa première apparition notable. On le reverra chez R. Kelly dans une scie géniale et imbitable dont l'idée du clip est piquée à "Pulp fiction" : "No one has to knows", "Personne n'a à le savoir"...devinez quoi !!!
L'album est torride, il sent la sueur et les fluides corporels en tous genres disséminés un peu partout. Pour peu que la nuit soit vraiment chaude, si on est seul, ça devient intenable. Et paf ! voilà t'y pas qu'ils reprennent sans se démonter (pas le genre) une très belle chanson des Chic, c'est à dire du duo Rodgers/Erwards qui nous occupait il y a peu : "Warm summer night". Le truc est simplement dégoulinant. Les paroles rajoutées par Mister Biggs sont obscènes (In a minute/ I'll be in it...) qu'importe, on dirait que le disque propage des phéromones dans tous les sens. Ça fait couiner, râler, hurler. Sur internet, je ne sais pas si ça marche. Je pense que oui.
Donc "Warm summer night" deux fois. Chauffé à blanc (si je puis dire) par Ronnie et Ernie Isley.
Puis plus classieux par les créateurs du morceau : Chic et leurs choristes-walkyries du disco.
Le clip est fourni par un sympathique érotomane aux goûts plus que douteux. Grâce lui soit rendue.


Petit plaisir perso en bonus.

dimanche 28 juillet 2013

Perdus dans la musique. Acte II

Enfonçons-nous un peu dans le terreau fertile de l'Americana, un peu plus profondément que là où se situent Dylan et J.J. Cale ; dans le substrat, voire la bouse. Où l'on voit que toute cette musique de péquenots recèle des perles incroyables et que les Américains, pour peu qu'ils s'en donnent la peine sont d'impénitents créateurs de beautés louches et borgnes qui tournent au classicisme, par la bande, bien sur.
Ainsi, au Texas, Il y a beaucoup plus "roots" que J.J. Cale et son "Tulsa sound" de Okie. Terry allen par exemple, un maverick absolu, pas assez rock pour percer au niveau international et trop intelligent et ironique pour vraiment trouver une audience aux U.S.A. N'empêche, il a pondu quelques-unes des plus grandes réussites country des années 70-80 et continue à délivrer d'enchanteresses performances et de fort beaux albums.


Plus loin dans le temps plane l'ombre du très bon et très mort Gram Parsons que, heureusement, personne n'oublie. Il inventa le country-rock au sein des Byrds sur l'album "Sweetheart of the rodeo" et enfila ensuite les perles de ce style comme il respirait, seul ou avec les Flying Burrito Brothers. Il mourut de ce dont son ami Keith Richards aurait du mourir il y a longtemps : overdose ; non sans avoir laisser derrière lui un corpus important de désormais classiques. En voici un avec les Burrito Brothers (et Chris Hillman, s'il vous plaît) et un avec l'International Submarine Band, le groupe qu'il anima pendant un an, après avoir été viré des Byrds par Mc Guinn et  avant de fonder les Burrito. Quant à sa carrière solo, sa compagne de l'époque, Emmylou Harris, en entretient la flamme sans défaillir.


Et pour finir, ce petit chef d'oeuvre de Kriss Kristofferson, à la fois acteur et musicien dont les talents dans les deux disciplines ne sont plus à démontrer.

L'été meurtrier.

Bernadette Lafont est décédée. Je n'ai pas grand-chose à dire sur elle, à part qu'elle était une actrice formidable et certainement une femme du même métal. Pour l'actrice, il suffit de voir "La fiancée du pirate", "Une belle fille comme moi", "La maman et la putain". Pour la femme, je vous laisse à vos fantasmes et dérélictions, j'ai les miens, merci ( sa voix a le pouvoir de m'émoustiller  instantanément ).
JJ Cale a lui aussi cassé sa pipe. Ce songwriter de première importance, repris par une multitude d'artistes, m'accompagne discrètement depuis que je suis en âge d'écouter de la musique." Discrètement", c'était sa façon, je crois. Sans tambour ni trompette il traçait son sillon de rocker décontracté, un peu nonchalant, un peu ironique, intelligent. Voyager en sa compagnie a toujours été agréable, parfois captivant et émouvant, de "Grasshopper" à "The road to escondido" (co-signé par Eric Clapton) en passant par "Closer to you". Cette façon qu'il a eu de travailler inlassablement son style, sans cesser d'innover et de chercher font que son corpus de chansons passera largement le cap des ans et que son oeuvre s'inscrira dans le temps. J.J. Cale n'a pas fini de m'accompagner.
Allez, trois titres évidemment à la coule.
Alors ta mère, elle aime ça le reggae ?
Ben oui.




mardi 23 juillet 2013

Perdus dans la musique. Acte I

En ce moment il est de bon ton de s'extasier sur Nile Rodgers et Bernard Edwards les patrons du groupe de disco Chic. Très bien. Ca fait un bout de temps que je dis à qui veut bien m'entendre que ce tamdem de musiciens-compositeurs à pondu les hits de boites de nuit les plus imparables et les plus tristement dansant. En son temps Robert Wyatt a payer son tribut au disco de Chic en reprenant le superbe "At last, I am free". Les Daft Punk ont récemment remis Nile Rodgers au goût du jour en le faisant participer à leur super-production post-moderne  "Randon Access Memories". Très bien encore. Mais il ne faut pas oublier les emmerdeurs, les empêcheurs de se taper sur le bide en rond, les ironiques, les casse-couilles.
Voici donc une reprise de "Lost in Music", tube des Sister Sledge composé par Rodgers-Edwards, par The fall et son croustillant leader Mark E. Smith.
"...Inutile de regarder en arrière - Perdu dans la musique - Crétin, va te faire foutre...." dit une voix en français au début du morceau. Est ce méchant ou simplement rigolo ? Est-ce un hommage ou une déclaration de guerre ? Comme d'habitude avec Mark E. Smith, c'est indécidable. C'est le genre de mecs brillants qui arrive à rendre la Vie aussi scandaleusement insupportable que la Mort à force d'humour noir absolu et d'esprit de dérision généralisé. Et, fin du fin, on peut toujours danser là-dessus. Encore plus tristement.

Leçon première de lamentation avec l'original. Sister Sledge.

La malédiction de "Hot Shots 2" le titre qui rend fou.

J'aime beaucoup, mais alors beaucoup "Hot Shots, Part Deux".
Voici une compilation des bons moments du film, puis le meilleur gag du même film. Un gag pour les cinéphiles et les orphelins, c'est à dire la même chose. En italien c'est encore mieux. "Je t'ai adoré dans "Wall Street !"
(Quant à la place que prend maintenant Charlie Sheen dans la sous-culture américaine, ben, j'sais pas quoi dire, renseignez-vous un peu, c'est du lourd. Mettons que tout ça ne l'ait pas laissé indemne. A vrai dire, il est devenu absolument dingue.)


Fin des années 90, début des années 2000 un groupe anglais complètement barré et talentueux a sorti un album qui s'appelait "Hot Shots! II" Les mecs étaient vraiment aux fraises. Je n'ai jamais rien entendu qui ressemble au Beta Band. Un très bon morceau et exemple de leur psychédélisme non-rétro.

Le temps de vivre.

Il y eut un éclair incandescent qui brûla tout un pan de la nuit, le bruit du tonnerre longtemps, puis une longue, très longue agonie. C'était l"été.


dimanche 21 juillet 2013

Fables de droite.

Vidéo du toujours hilarant Jean-Marc Sylvestre (qui parlait il y a peu sur une radio nationale de l'essence "naturelle" du Capitalisme). L'écouter est toujours un vif plaisir tant il ment avec une force de conviction inébranlable. Je dis "mentir" non pas parce qu'il ne croit pas en ce qu'il dit mais parce que, à mon avis, des choses comme l'entrepreneur parangon de réussite humaine, le marché libéré "intelligent", la concurrence qui profite à tous sont quelques uns des mythes de droite qui irriguent notre société actuelle mais qui sont bien d'essence strictement mythique et pas autre chose. Et certainement pas scientifique (au sens où elle ne relèvent pas d'une science-économie qui aurait la force de vérité d'une science "dure"). Mais enfin quand même, le trouble qu'on peut avoir avec Sylvestre, et qui génère l'hilarité, c'est qu'il donne l'impression de se convaincre lui-même de l'existence de ces mythes, dont il saurait qu'il sont douteux, et que, partant de là, il sombre dans une exagération assez croustillante. Est-il un roublard total, un salopard fini ou acteur talentueux ? Je ne sais pas. Il me fait penser à Roger Couderc commentant le catch à la télé quand j'étais petit. Et il fallait un drôle de mélange de bêtise et d'intelligence pour rendre ça crédible. Même auprès de mômes de 12 ans.
Donc Zarak prend l'Ange Blanc à la gorge et enchaîne avec une clé au bras. Et paf ! le pouvoir d'achat n'a pas baissé en 20 ans.

Je ne connaissais pas Daniel Cohen. On m'en avait parlé comme étant du niveau d'Yves Calvi. Effectivement il a l'air d'avoir l'art et la manière de faire parler les gens pendant des heures sans qu'ils disent quoique ce soit d'intéressant.

Fariboles de gauche.


Jetez un oeil et une oreille là-dessus.
 http://youtu.be/xPYH7g0-bLs
Lors de ce débat, Fernand Braudel déploie une pensée complexe avec une simplicité et une force peu commune, et son opposé absolu, Pierre Bourdieu,  jabote, jargote, délire, et finit par être d'un ridicule achevé. Pourtant, c'est lui qui a gagné et ses idées aussi fantasmatiques qu'ineptes parcourent aujourd'hui une jeunesse confortablement installée dans un gauchisme qu'ils ont suffisamment de chance pour pratiquer sans risque et trop peu de force d'esprit pour dépasser.
Ca, ça serait faire l'effort de "libération" dont parle Quignard. Pour la plupart des jeunes de gauche ça consiste à prendre cuites sur cuites et des drogues dures. Passons.
"Psychanalyse sociale", dit Bourdieu, on croit rêver. A un moment donné, Pivot coince Bourdieu avec une question précise sur le déterminisme social dont il se réclame. Il devrait répondre qu'il est implacable et que personne n'y échappe. Et bien même pas, il n'ose pas affirmer son fantasme, que Braudel  démontera en deux ou trois phrases précises avant de finalement "sauver" Bourdieu" par pure charité. Brave, trop brave Braudel, déjà paumé dans ces années 70 et leur pensée rigide et folle alors qu'il était rigoureux et libre. Libre ? Allez jusqu'au bout pour rire à sa remarque sur les poètes.

L'Entrée des Artistes n'a pas changé de place.

On glose beaucoup sur Michel Audiard. C'est parfois bon, il est vrai, surtout quand il s'applique, mais il était souvent en roue libre. Dans les années 30, 20 ans plus tôt, les dialogues de qualité sont la norme dans le cinéma français. Le néo-réalisme n'ayant pas encore été inventé, il est de mise d'"écrire" les films et même de les sur-écrire quelquefois. Ca a donné de bien belles choses et permis à de merveilleux acteurs de faire étalage d'une maestria aujourd'hui disparue et qui semble aussi datée aux âmes simples que miraculeuse aux gens un peu avertis
Là, c'est Henri Jeanson qui s'y colle. Il était très désagréable, hâbleur et m'as-tu-vu. Et surtout pétri de talent. Jouvet glisse petit à petit dans son délire en traversant la scène comme un halluciné. Magnifique. Mise en scène plate de Marc Allégret. Rien à dire.

Là, c'est Yves Mirande qui peaufine l'argot de l'époque pour Arletty et Michel Simon. Mirande était par ailleurs un excellent metteur en scène.
"-Comme vous me voyez en ce moment c'est comme si j'couchais avec le Ministre de la guerre.
- En somme vous êtes en vacances..."

lundi 15 juillet 2013

Des nouvelles d'Ariel Pink. Même pas mort apparemment.

Pas la moindre idée de qui est Jorge Elbrecht mais Ariel Pink et lui viennent de sortir un morceau, on dirait presque un 45 tours, non ?, qui est tellement joli que je ne résiste pas à le mettre sur ce blog qui, du coup, y trouve un grand avantage. "Hang on to life".  Quelle meilleur slogan ? Y'en a pas. C'est mon tube de l'été.

Queens of the Stone Age : Passé, Présent, Futur.

Les Queens of Stone Age ont un problème ;  un gros ; ils sont devenus mauvais. Ce problème a un nom, celui de leur leader : Josh Homme. Josh Homme est un type qui a de l'épaisseur. Il suffit de le voir. Il aime ça, l'épais, le "thick". Pour lui, plus c'est épais plus ça a de consistance, plus ça a de valeur. Le gras, ca n'en a pas, le maigre n'en parlons pas, il lui faut du collant, du gluant, du Pento au litre. Et ça a marché pendant quelques temps. D'abord avec Kyuss, puis avec les Queens of the Stone Age, à partir d'un matériau assez basic, Josh Homme a commencé à empiler les couches et les couches de son pour arriver à une texture bien épaisse qu'on a appelé "Rock Stoner". L'acmé de cette façon de créer ou l'accumulation de strates tient lieu de construction, se trouve sur l'album "Songs for the deafs", le très bien nommé. Tellement fort que même les sourds pouvaient l'entendre. Ouais, ouais, ouais, seulement après, que faire ? Quand on a atteint un tel degré d'épaisseur, ça fige, ça stagne, ça prend. Comment se dégager ? Et bien, Josh Homme a fait ce qu'il devait pour accéder à un peu plus de finesse, il a commencé à enlever des couches, à épurer, à chiader un peu plus ces compos. C'était sa seule issue. C'était le début de la fin, et ça n'en finira pas de finir, sans plus de regain, c'est aussi sans issue. Car Homme ne l'a pas ce talent là, le talent du maigre, du fin, celui d'aller quelque part à partir de presque rien et de s'y tenir sans construire d'autoroute (pour l'Enfer ou assimilé). Il n'est pas Mac Cartney, encore moins Nick Drake, et même pas Elton John, venu le narguer sur le dernier album en guest star tout à fait appropriée quand on sait le talent de John pour faire des pièces montées avec pas grand-chose, et des beautés rares avec quelques accords nus.
Donc Homme dévalera la pente de l'épaisseur jusqu'à nous faire des albums acoustiques d'un nulle finesse sur lesquelles tout le monde s'extasiera (sauf Bob Dylan). C'est prévisible et comme de juste, ça sera mauvais. Pour les Queens ça fait déjà trois album que c'est mauvais. Avec les "Them Crooked Vultures" (Homme, John Paul Jones, Grohl), c'était encore pire. En Art, il est des impasses, il est des fins de non-recevoir. De part ce qu'il aimait et cherchait, Josh Homme est au fond d'un trou qu'il a lui-même creusé, soigneusement et avec réussite. Il n'en sortira plus.
Donc : une bonne chanson dans son genre : l'épais, presque l'épique. "I need a Saga."

Et une foirade, presque grandiose.

Paul Weller : Passé, Présent, Futur

Paul Weller n'aime pas les honneurs. Il a gagné deux ou trois fois le Brit Award du meilleur artiste masculin (équivalent anglais des Victoires de la Musique en un peu moins con) sans se déplacer pour le recevoir. Et puis en 2006, il décide d'investir la scène des Brits et balance un medley rock de très haute tenue devant un public qui n'en peut mais et danse. Il balaye large dans sa carrière entre morceaux assez récents et classiques des Jam, de "Floorboards up" à "A town called malice".
Je ne sais pas quel âge il a. Il est super classe. Son groupe est à la hauteur. 

Il fut un temps où les Clash et les Jam se partageaient les Hit Parade grand-bretons. Ils étaient faciles et enchainaient les perles sans discontinuer. Quand je dis "faciles", c'est au sens où je l'entends pour les Beatles, le meilleur groupe de tous les temps. Comme eux, ils donnaient l'impression que chaque fois qu'ils touchaient leurs guitares ou piano quelque chose de génial allait en couler, comme de source, et que ça allait "naturellement" finir N°1. C'était tout simplement EVIDENT.
Les Clash "easy" donc : "Groovy time", extrait d'un EP appellé "Cost of living" paru entre deux albums, parce que les jeunes gens avaient beaucoup à proposer. (Fuck le plan de carrière.)

Les Jam "easy" aussi dans un grand morceau de pop brillante : "Strange Town". Pareil, single entre deux albums, presque trop beau pour être vrai. Weller est classe, déja.
J'attends encore beaucoup de Paul Weller. Pour lui ce n'est pas encore trop tard, et j'ai l'impression que ça ne le sera jamais.