lundi 30 avril 2012

Reprise des affaires avant hier.

Le truc à la mode des amateurs de musique semble être de trouver la reprise la plus surprenante, la plus rare, d'un standard ultra balisé. Très bien, je vais donc mettre une reprise méconnue d'un morceau complètement obscur. Ca n'empêche que tout ça est très bon.
Donc, Nick Lowe, l'excellent rocker anglais au pédigrée incontestable et au talent itou dans sa version de "36 inches high", extraite de l'album "Jesus of cool" de 1978.
Ensuite, l'original de Jim Ford, auteur américain d'un unique et excellent album en 1969 "Harlan County", sur lequel NE SE TROUVE PAS ce morceau ! Alors, là, les mecs, quant à l'obscurité, c'est ultime, du grand art ! Vous pouvez toujours essayer de suivre, bande de tocards !

Tenir le bon bout jusqu'au bout.

Levon Helm est décédé. Il était le batteur/chanteur de ce qui fut, pendant un temps, un des tout meilleurs groupes de rock au monde : The Band. La qualité de leurs compositions, la maturité de leur jeu et de leurs instrumentations en font un modèle de ce qu'on pourrait appeler le rock "adulte". En tout cas, c'est bigrement bon et souvent très, très émouvant. Bob Dylan lui-même fit avec eux d'interminables sessions d'enregistrements, près de Woodstock, dans les sous-sols d'une maison qu'ils avaient baptisée "The big Pink". De ces heures de travail et d'enregistrement naitront de nombreux classiques comme " I shall be released", "Tears of rage" et autre "This Wheel's on fire". On peut avoir une idée de tout ce qui s'est fait à cet endroit, à ce moment-là en écoutant les "Basement Tapes" de Dylan et "Music from the big Pink" du Band.
Voici un extrait d'un concert du Festival Express en 1970, qui regroupait des artistes comme The Grateful Dead, Janis Joplin, Montain, Buddy Guy, Sha Na Na, en plus du Band. Le concept de base, assez fumeux, étant de balader tout ce petit monde en train à travers tout le Canada et de jouer dans les grandes villes visitées par ce train vraiment "pas comme les autres". C'était apparemment un délire collectif assez gratiné.
Plus bas, je mets une vidéo de Levon Helm jouant en 2011 avec son groupe et Wilco. Jeff Tweedy à l'air aux anges. Tout le monde d'ailleurs. C'est un truc que j'ai noté avec ces vieux rockers américains, ils répandent autour d'eux une aura de joie et de bonheur tranquille. Privilège de ceux qui ont vécu leur vie sans regarder à la dépense et, la fin venue, n'ont pas à faire les comptes, l'esprit libre. Levon n'a presque plus de voix, ce n'est pas grave, ça ne l'empêche pas de chanter.

Levon Helm était aussi acteur. Le voici dans un court extrait d'un film intriguant de Philip Kaufman "L'Etoffe des héros" ("The Right Stuff" en anglais). Je dis intriguant car il semble démontrer que ce qu'il suffit d'avoir pour être un "héros" est l'envie pusillanime de prouver à ses petits copains qu'on peut pisser plus loin qu'eux. Du moins c'est la conclusion à laquelle je suis arrivée après presque trois heures d'un film emphatique ou épique, au choix. Sam Sheppard, autre artiste américain important, est ici aux cotés de Helm.

PHOTO 1

Photo prise avec le portable, un soir d'automne, sur la ligne 74. Rennes/Bourgbarré. La photo est floutée à cause du roulis du bus en marche. Elle a été prise sans flash, elle est sous-exposée. Je l'ai prise à hauteur de regard, droit devant moi. On y voit les cheveux blonds d'une jeune femme. Elle se tient droite, regarde un peu de coté, ce qui défile dehors. Si elle regardait devant elle, elle verrait son reflet. C'est de cette place où je devrais être que se construit la photo. La jeune femme file dans la perspective de la longueur du bus sur la gauche et s'enfonce dans la masse de la nuit, à droite. Elle file, et moi avec elle, dans ces contraintes du tout droit. Vue de derrière, elle échappe, elle s'échappe presque du regard de l'homme qui la prend en photo. Mais un détail, une coquetterie la ramène là, dans un temps qui l'installe du coté du regard  du voleur-fasciné. Elle a une broche dans les cheveux. Elle veut être regardée, qu'on remarque sa chevelure mi coiffée, mi-libre. Mon regard et mon désir se perdent infiniment dans cet objet-là, qui avance dans la nuit Ce sera tout pour ce soir.

lundi 23 avril 2012

Laval's calling

Un jour Laurent Voulzy a écrit ça et en a fait une jolie chanson : "Mayenne"

Rivière Mayenne
Quatre radeaux lourds
Emmènent au Maine
Mon amour

Dans le centre de Laval entre le pont Aristide Briand et le Vieux  Pont, qui tous les deux enjambent la rivière Mayenne, au milieu de celle-ci, se situe un petit ilot de quelques mètres carrés. Je l'ai toujours vu là et je suppose que son existence ne date pas d'hier car des arbres y poussent sans trop grandir. Il trône ainsi, impavide, au milieu du cours d'eau, quelque soit la force du courant, dans l'indifférence complète des Lavallois. Des plaisantins l'ont appelé l'Ile Ubu, en hommage à Alfred Jarry, créateur du célèbre personnage et natif de la ville. Et c'est vrai qu'on imagine bien ce petit bout de terre incongru en terre d'exil ou de bannissement de tel ou telle homme ou femme politiques français, qui pourrait dès lors y exercer son despotisme tout à loisir sur un royaume à sa démesure. La Mayenne coulerait quoiqu'il ou elle fasse.Les Lavallois resteraient indifférents. Des touristes viendraient le ou la nourrir en cacahuètes et autres douceurs. Les enfants se moqueraient de lui ou d'elle. C'est là, juste en-dessous.

Ou alors, c'est moi, qui y élirais domicile un jour. Près de la mort.

samedi 21 avril 2012

Sans commentaires

Ecoutez, sincèrement, je ne vois pas bien quoi écrire après avoir revu cette vidéo. le moins que l'on puisse dire c'est que ces deux-là ne se laissent pas abattre facilement. Par contre moi, là, je suis un peu secoué. Jugez par vous mêmes. Prenez un peu de temps, je vous assure, ça vaut le détour.

Aux larmes citoyens....

Robert Wyatt est un grand chanteur. L'un des meilleurs, des plus émouvants, toutes catégories confondues, à l'égal de Townes Van Zandt et Marvin Gaye par exemple. Quand il reprend un morceau de Chic (Nile Rodgers est un immense compositeur) ça donne cette petite vignette irrésistible de beauté, de chagrin doux. Parfois on pleure d'amour.
At last I am free
I can hardly see in front of me
I can hardly see in front of me

At last I am free
I can hardly see in front of me
I can hardly see in front of me

I'm lonely, please listen to what I say
I can't go on livin' life this way
I've tried and I've tried to make you see
You call this love, all this lyin'
My friend, it just can't be

At last I am free
I can hardly see in front of me
I can hardly see in front of me

At last I am free
I can hardly see in front of me
I can hardly see in front of me

I'm lonely, please hold me
Come closer, my dear
It feels so good just havin' you near
But who am I foolin'
When I know it's not real
I can't hide all this hurt and pain
Inside I feel

At last I am free
I can hardly see in front of me
I can hardly see in front of me

 Nile Rodgers et ces acolytes interprétant la même chanson à Montreux en 2004. Comment résister à cette beauté noire ? Moi, je ne sais pas. "Everobody hug somebody, come on !" A vos ordres, Miss !

Il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville

LET IT RAIN !

vendredi 20 avril 2012

Choisi ton camp, Camarade !!!

Le type qui a écrit la chanson ci-dessous, il est mort, hors-jeu, out. Ce crétin s'est SUICIDE. Ces comparses de Joy Division ont retenu la leçon. Ils se sont dit "Maintenant , on va vivre et danser". Ils ont fondé New Order, ils ont réfléchi, pensé un peu et accouché finalement d'une des plus belles musiques des 80's. Ils étaient à l'Hacienda de Manchester quand il fallait y être (évidemment, c'est LEUR club !), à Ibiza l'été 89, ils ont sauvé leurs peaux de la dérive nihiliste et impuissante de Ian Curtis à coups de riffs de basse envoyés au cieux étoilés et sourds, et de lyrisme triste et intelligent inspiré par, et adressé aux femmes. Et toujours, ils ont dansé. Donc au dessous, je mets ce clip de New Order où on voit de très, très belles femmes. De toute façon, je ne connais rien de plus beau qu'une belle femme. Ça s'appelle "Round & round", bien sur, c'est en dansant la ronde avec les femmes que l'on en sort. Pour aller où? ICI, c'est ici que ça se passe ! Tout d'abord, donc : ROCK n' ROLL SUICIDE. Ensuite VIVRE. Ce clip est bizarre. Les jeunes femmes qui y apparaissent sont toutes magnifiques et un peu "garçonnes". Il est truffé d'images à la symbolique sexuelle plus qu'évidente. On les voit à peine, on les perçoit un peu, c'est presque subliminal. Il y a des ciseaux, des couteaux qui coupent des fruits, des éclaboussures de lait et autres liquides. A la fin, on est content que ça s'arrête. Ben, c'est un peu chargé, quand même. Surtout quand on est à bloc.

jeudi 19 avril 2012

Adopteuncon@philoàdeuxcentimes.fr

Il en sera fini du sexisme dans ce pays quand les sites de rencontre sur Internet seront aussi payants pour les femmes. Vu les schémas stupides qui encombrent les psychés masculines et féminines, c'est pas demain la veille. On peut toujours parler d'aliénation, moi je dis bêtise. De toute façon, que ce soit l'une ou l'autre chacun a, au moins dans sa vie, l'occasion de se remettre en cause, de penser à ce qu'il fait ici-bas, et de se départir de sa folie ou de sa connerie. Y arriver est un autre problème, mais c'est déjà un problème et c'est bon, les problèmes. Personne ne veut plus de problèmes, personne ne veut plus "se prendre la tête", personne n'ose plus penser, maintenant la Vie se doit d'être une partie de plaisir soumise à notre bon vouloir. C'est inverser les choses, les causes et les conséquences, et encore, jamais complétement. Je dirais presque que notre race est maudite, comme le disait jadis Fritz Lang. Oui mais voilà,je m'y connais suffisamment en malédiction pour dire avec certitude qu'elle n'existe pas, même si la certitude qu'elle existe, et toutes les autres certitudes essentialistes de ce genre nous rassurent comme font des bébés les seins des mères. Nous manquons, nous manquons tout, irrésistiblement, fort heureusement, et ceux qui prétendent à la réussite et à une recette infaillible pour y accéder sont de piètres menteurs et des humains de pauvre valeur, aussi matériellement riches et intellectuellement sécures soient-ils.
La vertu est toujours sur le fil du rasoir. C'est là qu'il faut être, en alerte. Être alerte. la Vie est mouvement, élan sans repères éternels. A nous de planter des balises qui ne seront valables que pour ceux qui n'ont pas renoncer au chamboulements, aux surprises, aux déflagrations qu'elles nous présente à chaque pas et qui changent ces balises, les déplacent. Qui est prêt ? Pas grand-monde. Qui sait quoi faire ? Les Anciens, pas nous ; il faut donc être attentifs à leur expérience. Qui veut y aller ? Tout le monde. D'accord, mais alors pourquoi autant déconner ? Oui, Pourquoi ? Le mur est juste en-dessous : "Problems". On se le prend, on se relève, on étudie un peu la configuration du terrain vague et on repart. Point. Barre.

Music for the masses that nobody listen to.

J'ai évoqué Pat Metheny dans un post précédent. Le voici au service du compositeur américain Steve Reich sur la partie rapide du morceau "Electric conterpoint", sorti en 1989. Metheny pose ses notes de guitare sur une bande pré-enregistrée comportant dix guitares et deux basses électriques. Je trouve ça très beau. Une démarche musicale un peu moins "radicale" de la part de Steve Reich, plus confortable à l'oreille, peut-être, mais innovante et incroyablement riche, comme tout ce qu'il fait.
En dessous, je mets une autre tentative d'aborder la musique populaire par un autre grand compositeur américain de musique minimaliste. Le groupe Polyrock n'est pas une pure invention de Philip Glass, mais ce qui fait sa singularité vient de lui. Il est aux claviers et à la la production. Le résultat, une sorte de musique hypnotique triste et dansante, ne ressemble à rien de ce que j'ai pu écouter avant ou après. Dans les années 80, c'étaient un de mes groupe de New Wave de prédilection. Je ne connaissais rien de Glass mais tout de la tristesse et de la danse. Ah, ces espèces de plaintes à peine chantées, envoyées au néant ou au ciel...

Batteurs de tous les pays.....

Dans son "Late show", David Letterman passe un artiste en live par soirée. Au mois de juin dernier, il a consacré deux semaines spéciales aux batteurs. Je ne résiste pas au plaisir de mettre sur ce blog deux vidéos issues de ces "sessions".
D'abord celle de Stewart Copeland, ex-batteur de The Police, dont le son de batterie et la frappe sèche m'ont toujours enchanté. J'aime les compos que Copeland a faites pour le film de Coppola, "Rumble Fish", sa collaboration avec Stan Ridgway de Wall of Woodoo, son africanisme bon teint, un peu apprêté mais réel, qui lui a fait écrire un bel album dans les années 80 "The Rythmatist". Bref je crois que c'est un type bien, en plus d'être un bon musicien.
Alors voilà, Stewart Copeland dans une de ses morceaux avec l'orchestre du "Late Show" de Letterman. Ca change un peu de Max Weinberg, cogneur de Springsteen, qui sévit à habituellement tout en finesse éléphantesque à cette place.
Bon après, je ne me prive pas, je mets carrément Roy Haynes. Le légendaire batteur jazz, né en 1925, a joué avec tout le monde, de Monk à Metheny, en passant par Coltrane, qui disait de lui qu"il était son batteur préféré". Ce type hors d'âge se permet de nommer son groupe du soir The fountains of Youth (évidemment) et il est d'une classe invraisemblable, à la coule, tranquille, dedans. Un vrai putain de batteur de Be-Bop. Un jazzman.
Mr Haynes. "Roy, lets' go !"

mardi 17 avril 2012

Sing me four songs of hope and despair

Une pour Mélenchon : "The old man's back again (dedicated to the neo-Stalinist regime)"
Une pour Le Pen : "Down in the tube station at midnight".

Une pour tout le monde : "That's entertainement".

Une pour moi : "Down in the hole".

mercredi 11 avril 2012

Smokin' Sheila E.

Deux trucs fumants ! J'ai longtemps cru que la première chanson était de Prince et qu'il y rendait hommage à sa musicienne et muse : Sheila Escovedo, dite Sheila E. Pas du tout, c'est l’œuvre d'un gang de blanc-becs noirauds de l'époque : Ready for the World. Parlent-ils quand même de notre mignonne matrone hispanique ? Mystère et boule de gomme...

En tout cas j'ai toujours été raidi pour Sheila E. La voici dans un truc saignant, énergisant en diable. Muy caliente mi amor, Madre de Dios !!!

Boys with small talk and small minds
Really don't impress me in bed
Tu m'étonnes !

mardi 10 avril 2012

Jean-luc, tais-toi quand tu parles !

Qu'il est bon d'entendre une voix dire " La vie, ce n'est pas aussi simple qu'un discours de Jean-luc Mélenchon" ! Qu'il est bon de voir les aboiements de notre dernier marxiste tendance ravalés au même niveau que ceux de tous les autres procureur du ministère public de la Mort triomphant par Justice de la Vie ! Qu'il est bon que cette voix soit celle de Daniel Cohen-Bendit ! Cohen-Bendit à toujours eu une place à part dans la politique française. Il a été désigné de nombreuses fois du titre de "mauvais" ultime. Mauvais français, mal blanchi, encore trop roux ; mauvais politicien, trop d'ambition, pas d'envergure, incohérent ; mauvais écologiste, trop à droite, trop à gauche, individualiste. Sa force, son intelligence est d'avoir toujours été suffisamment souple pour accepter sans s'énerver ce qu'on disait être sa "posture" et de partir de là pour commencer à discuter, puis à agir. L'identité de cet homme est définitivement multiple. Il est en même temps juif, juif allemand, juif français, français, allemand, de gauche mais libre, libéral, libertaire d'où presque à droite, régionaliste, transnational, européen de souche, mondialiste de coeur, bref, incompréhensible, imprévisible ; en un mot : vivant. Pour l'approcher, le comprendre un peu il faut se pencher sur sa biographie, savoir d'où il vient, ce qu'il a dit, ce qu'il a fait. Il est moins simple à cerner que le petit prof de philo de banlieue rose crépuscule ou que la fille d'un hobereau borgne de Bretagne. Et je n'évoque même pas le petit monomaniaque déraciné, fils à maman né de père indigne, ça serait un peu trop facile. Toujours est-il que je me réjouis que "ça" tombe sur Mélenchon de coté-là et pas des autres car cela me parait pouvoir être productif. Je rêve que Mélenchon réponde avec à-propos, avec appoint, je.......trop tard, il a déjà dit de Cohen-Bendit qu'il était "un tireur dans le dos spécialiste", c'est à dire un traitre, un faux gauchiste, un mauvais français qui tirerait dans le dos des Conti un peu facilement. Mon rêve s'écroule mais ma joie demeure. Et puis voilà un autre truc, oh une petite chose, mais dont je suis sur et qui me rend Cohen-Bendit sympathique. Si je lui faisais écouter un peu de musique noire, quelle qu'elle soit, j'ai dans l'idée qu'il trouverait ça assez "cool", et pour peu que la dite musique soit un chouïa "groovy", il m'étonnerait bien qu'il ne lui prenne pas l'envie de danser. "C'est nul comme critère !", direz-vous. Oh, pas tant que ça, mes frères, pas tant que ça...." Groove is the heart".
PS : Je viens d'apprendre par hasard que Jean-Luc Mélenchon apprécie les talents de chanteuse de Carla Bruni. Yeah, Baby, Groove is the heart !!!!

lundi 9 avril 2012

Des souvenirs.

Michel Duchaussoy est décédé il y a peu. Je mets ici un extrait assez croustillant des "Stances à Sophie", film peu connu de Moshe Mizrahi, où il apparait. Par la même occasion je peux aussi rendre hommage et payer mon tribut aux actrices Bernadette Lafont, Bulle Ogier et à l'Art Ensemble of Chicago qui en a signé la musique sur laquelle, pour l'occasion, Fontanella Bass a posée sa voix.

dimanche 8 avril 2012

Parler et puis se taire. Pour de bon ? Pas encore, mes frères, pas encore...

Il y a une campagne électorale en ce moment en France. Je ne le sais que trop. Comme tout un chacun et pourtant différemment. Pour certains les divagations verbeuses des candidats sonnent comme de la poésie. Ils hurlent entre eux, branlés, emportés par la houle grasse d'une mauvaise sentence qui éjacule à la lune. C'est l'habituel prurit des discours électoraux et l'habituel frisson de la foule jouissant aux claquements des coups de fouet de la langue de son maître.
Au delà des programmes, tous plus débiles les uns que les autres, je n'ai entendu qu'une seule parole qui m'ait semblée digne. Celle d'Eva Joly. Je la met sur ce blog pour cette seule et unique raison. A ce point de la compétition, c'est déjà pas mal.

"On ironise beaucoup sur ma campagne. On me reproche de dire la vérité. On dit que je ne sais pas mentir. Et alors, est-ce un si grand défaut ? Un problème si important ? Un crime si terrible ? Non, non et non. Le courage, quand les temps sont durs, c’est de chercher la vérité et de la dire.

Si je tiens bon, ce n’est pas par entêtement. Ce n’est pas l’orgueil qui me pousse. C’est la conscience des responsabilités qui me porte. Je suis la candidate de l’écologie. C’est-à-dire que je suis la candidate de l’urgence, la candidate des réalités du monde, la candidate de la responsabilité. Je parle bas. C’est mon style. Je fais peu de promesses. C’est ma fierté. Je parle d’efforts à faire. C’est ma vérité. Je parle de bouleversements à réaliser c’est ma responsabilité.

Je ne vous dis pas que demain, comme par magie, vos problèmes disparaîtront si vous votez pour moi. Je ne raconte pas de bobards. Je ne fais pas de théâtre. Je suis mon chemin avec détermination. La démagogie est et restera pour moi une langue étrangère."

Mais, une fois de plus, place au Poète.

De l'importance d'être un Homme

" Penser d'une femme qu'elle est libre sans penser en même temps à la mettre dans les fers de l'amour, c'est lui manquer du plus élémentaire respect."
O. Wilde.
Eh, eh, pas mal pour un pédé.


He hit me
And it felt like a kiss
He hit me
But it didn't hurt me
He couldn't stand to hear me say
That I'd been with someone new
And when I told him
I had been untrue

He hit me (da-da-da-ah)
And it felt like a kiss (felt like a kiss)
He hit me (da-da-da-ah)
And I knew he loved me
If he didn't care for me
I could have never made him mad
But he hit me (da-da-da-ah)
And I was glad

(Da-da-da-ah)
(Da-da-da-ah)

Yes, he hit me (da-da-da-ah)
And it felt like a kiss (felt like a kiss)
He hit me (da-da-da-ah)
And I knew I loved him
And then he took me in his arms
With all the tenderness there is
And when he kissed me (da-da-da-ah)
He made me his
(Da-da-da)

"Ce" n'être digne de rien si "ce" n'est d'abord digne de soi.

La dignité ne se marchande pas. Elle marche avec vous ou pas. Méfiez vous comme de la peste de tous ceux qui prétendre la "rendre" à ceux qui l'ont perdue ou carrément la donner à ceux qui ne l'ont pas. Ce sont des monstres qui satisfont là des besoins grossiers d'amour propre et qui vous feront payer du prix de votre vie la dette inaliénable que vous aurez contractée à leur égard. De même n'essayez pas un instant, pas une seconde de donner ou de "rendre" sa dignité à quelqu'un. D'une quelconque manière, cette personne n'aura de cesse de vous tuer pour racheter sa dette, et vous en aurez fait un monstre à son corps défendant. La dignité est une affaire privée qui ne regarde que soit. Si par malheur vos parents ne vous l'ont pas octroyée, il n'est aucune contorsion morale ou psychologique, encore moins politique ou sociale qui vous permettra de vous l'attribuer. Un regard  net dans le miroir doit y suffire, à condition d'y arriver. De toute manière n'attendez d'aide de personne, c'est vous condamner à mourir ou à tuer, presque malgré vous, et c'est là l'indignité la plus vive, que rien ne pourra restaurer. Seule une fermeté inaltérable, sans compromission, sur ce que vous vous donner le droit d'être pourra la faire advenir en vous. Par "sans compromission", j'entends la ferme intention de ne passer par aucune autre personne que vous pour y accéder, qu'il libère ou rende esclave ( c'est tout comme). Payer un psychanalyste ou avoir recours à une structure aidante dument pensée comme telle, avec ses capacités reconnues et ses limites, sont les seuls actes, impliquant les "autres", susceptibles de vous aider un temps. Quand je dis tout cela je n'affirme nullement l'inanité de  l'Amour véritable, de l'indulgence ou la douceur, au contraire, mais, tout cela vient après, COMME naturellement. Pour certains tout vient sans effort, sans qu'ils y pensent ; pour d'autres l'accession à la dignité sera le couronnement d'un effort intense ; la plupart lui trouveront un succédané dans la rancœur, l'ennui, la morgue, le snobisme, l'engagement politique, le jeu de dupe social, la bêtise, la Tartufferie artistique, l'enseignement, la Science, l'Histoire et son sens, la Morale et son corolaire hédoniste etc etc.... Mais laissons parler le poète, si tant est que quelqu'un le comprenne encore, et dans un marasme indigne, ne confonde sa parole avec des slogans, ce qui, après enquête sur le terrain, s'avère être le cas le plus désespérément commun.



Fat man lookin’ in a blade of steel
Thin man lookin’ at his last meal
Hollow man lookin’ in a cottonfield
For dignity

Wise man lookin’ in a blade of grass
Young man lookin’ in the shadows that pass
Poor man lookin’ through painted glass
For dignity

Somebody got murdered on New Year’s Eve
Somebody said dignity was the first to leave
I went into the city, went into the town
Went into the land of the midnight sun

Searchin’ high, searchin’ low
Searchin’ everywhere I know
Askin’ the cops wherever I go
Have you seen dignity?

Blind man breakin’ out of a trance
Puts both his hands in the pockets of chance
Hopin’ to find one circumstance
Of dignity

I went to the wedding of Mary Lou
She said, “I don’t want nobody see me talkin’ to you”
Said she could get killed if she told me what she knew
About dignity

I went down where the vultures feed
I would’ve gone deeper, but there wasn’t any need
Heard the tongues of angels and the tongues of men
Wasn’t any difference to me

Chilly wind sharp as a razor blade
House on fire, debts unpaid
Gonna stand at the window, gonna ask the maid
Have you seen dignity?

Drinkin’ man listens to the voice he hears
In a crowded room full of covered-up mirrors
Lookin’ into the lost forgotten years
For dignity

Met Prince Phillip at the home of the blues
Said he’d give me information if his name wasn’t used
He wanted money up front, said he was abused
By dignity

Footprints runnin’ ’cross the silver sand
Steps goin’ down into tattoo land
I met the sons of darkness and the sons of light
In the bordertowns of despair

Got no place to fade, got no coat
I’m on the rollin’ river in a jerkin’ boat
Tryin’ to read a note somebody wrote
About dignity

Sick man lookin’ for the doctor’s cure
Lookin’ at his hands for the lines that were
And into every masterpiece of literature
For dignity

Englishman stranded in the blackheart wind
Combin’ his hair back, his future looks thin
Bites the bullet and he looks within
For dignity

Someone showed me a picture and I just laughed
Dignity never been photographed
I went into the red, went into the black
Into the valley of dry bone dreams

So many roads, so much at stake
So many dead ends, I’m at the edge of the lake
Sometimes I wonder what it’s gonna take
To find dignity

jeudi 5 avril 2012

Pleurer doucement avec Claudio Arrau.

Ce n'est peut-être pas la meilleure interprétation de "Clair de Lune"de Debussy. Je ne sais pas. En tout cas, elle est unique. Claudio Arrau ne "sonne" comme personne d'autre. Sa maîtrise des contrastes, son approche anti-sentimentaliste font que tout le lyrisme en demi-teinte de ce chef-d’œuvre, l'intention exigeante d'un auteur qui ne fut jamais mièvre apparaissent plus clairement et finalement de manière plus sensible. Arrau ne nous berce pas, ne nous charme pas, il donne à entendre toutes les "couleurs" du morceau, toute sa composition vaste et menue, mélancolique et maîtrisée, sans nous emberlificoter dans du larmoyant, du pathétique de mauvais aloi. Les grand interprètes ne sacrifient pas à des tics ou à une manière, ils ont une vision et ne prennent jamais le public pour une bande de bœufs. Ils entr'ouvrent la porte. Rentre qui veut. Claudio Arrau était clair et précis Il n'était jamais aride. Tel est son "Clair de Lune". Une pensée pour lui. Un remerciement.

lundi 2 avril 2012

Les clous et les douleurs.

J'aime toutes les musiques. A deux exceptions près : le Tango et la musique des Balkans. J'y retrouve le même lyrisme débraillé, soulard, gras du cheveu qui tente de faire accroire que s'écorcher la voix en beuglant des couillonnades sur de l'alcool de sixième zone est la plainte d'un homme. Les femmes ne s'y trompent pas, pour la plupart elles adorent ces deux sortes de râles mâles. Or, les femmes, en très large majorité, n'ont pas la moindre idée de ce que doit être le lyrisme, de toute l'implication et de toute la retenue qu'il demande dans le même temps pour être porté à son plus haut. Colette parle quelque part de la brutalité foncière des femmes et de la décence tout aussi foncière des hommes. Colette ayant pratiqué les deux sexes de très près, j'ai tendance à lui faire confiance plutôt qu'à, mettons, Roland Barthes. Quand les hommes se font brutaux pour séduire des femmes indécentes, ce qui arrive malheureusement assez souvent, des aberrations comme le Tango et les criailleries des Balkans ne tardent pas à pointer le bout de leurs nez salingues. Mais il se trouve encore des femmes, en minorité certes, mais quand même, pour apprécier le vrai lyrisme, celui d'un du Bellay ou d'un Blind Willie Johnson ( c'est la MEME chose ). Pas de vidéos donc, ou plutôt si, une. Celle d'un artiste qui fait en général pousser des cris d'effroi aux femmes brutales et non policées par la pratique assidue des hommes.  J'ai nommé Christophe Bevilacqua. Je l'ai entendu dire une fois à la radio qu'il avait conçu "Succès fou" pour "donner un coup de main aux petits mecs pour emballer". Ah, le brave homme ! Il a bien compris lui, que "les slows", comme on disait, sont une affaire d'homme. Le voici dans un bel exemple de lyrisme : "Parle-lui de moi", sommet d'évitement distingué et de joie plaintive. Voilà. Ah, deux choses encore : le batteur est le même que sur le titre de Rod Stewart , "Do ya think I'm sexy" : Carmine Appice. Comme quoi, il n'y a pas de hasard. Et aussi, Mesdames et Messieurs, mais surtout Mesdames, si vous pouviez arrêter de mettre Christophe et Jean-Louis Murat dans le même panier, ça éviterait à certains des énervements. Intempestifs, je le concède, mais somme toute bien légitimes.

Petit bonus. Si vous arrivez vivant(e) au bout de la chanson ( à ce point là, le lyrisme, ça use ), je vous conseille vivement de regarder les autres vidéos concoctées par des vidéastes-amateurs pour l'illustrer. Ca ne peut que vous rassurer sur votre santé mentale.

dimanche 1 avril 2012

Donner à écouter l'anéantissement de toute chose ? Est-ce possible ? Il semblerait que oui.

Ci-dessous, le premier mouvement de la 7ième symphonie de Shostakovitch, dite "Leningrad". Je m'interroge. En ces temps horribles ou la pensée n'a pratiquement plus droit de cité en France, comment un être humain, en des temps pires encore où elle avait cessé d'exister, a t-il pu mettre en musique sa défaite totale ? Comment, au moment où les mots manquaient pour dire ce qui avait lieu, un musicien a t-il su concevoir en note et rythme ce que la pensée n'arrivait pas à dire d'elle-même ? A vrai dire, exprimer en mots la défaite de la pensée peut sembler une contradiction dans les termes. Peut-être. Cependant certains y sont arrivés et y arriveront encore, MAIS a-postériori, après-coup. Sur le moment, en 1941, alors que le Nazisme ravageait tout sur son passage, terres, hommes et consciences, seul Shostakovitch a su exprimer ce qui se passait. Il l'a fait "entendre", au sens le plus noble, le plus clair du terme.
Et voilà le miracle improbable : dans sa partie la plus atroce, la plus guerrière, la plus morbide et exaltée, Goebbels aurait pu diriger cette oeuvre en arrosant les musiciens de l'orchestre à coup de pistolet Mauser dans une explosion de joie païenne. Et bien sur, il aurait été incapable de saisir la portée de l'ensemble de ce mouvement, et plus encore de l'oeuvre entière. Il n'était plus capable d'"entendre" cette partie là de l'humanité, sa pensée, la pensée qui empêche de tirer sur les musiciens, une pensée sur l'horreur, émergeant de l'horreur au prix d'un effort insoutenable et cependant accompli ici par le compositeur russe.
Alors, par la musique et sa magie qui prend le relais, quelque chose est perceptible et audible de la défaite de la pensée, avant même que la pensée puisse le dire. C'est un travail de brute, de titan, de fou. Shostakovitch l'a fait et je me demande encore COMMENT il a fait ? Je n'ai pas de réponse simple. Une tentative de réponse devrait englober une prise en compte de l'Histoire passée et vécue de l'Europe et de la Russie, la connaissance exhaustive des mécanismes psychiques qui s'exprimèrent alors tous azimuts et qui nous dirigent encore, une connaissance encore plus exhaustive de l'Esthétique en général, et particulièrement des pouvoirs de la musique, une idée précise de la personnalité de Shostakovitch et de son histoire personnelle et tant d'autres paramètres indécidables, en tout cas pour moi. Voici donc quelque chose d'unique et d’inouï. Je pourrais employer des images. Dire, par exemple, que c'est à la fois la retraite de Russie de Napoléon, les Bretons et les Souabes montant chacun de leur coté à l'assaut du fort de Douaumont à Verdun, les divisions de Panzers allemandes déferlant sur la plaine russe jusqu'aux portes de Leningrad, Stalingrad vu par avance heure par heure, dans l'éternité du massacre. Tout cela est RIDICULE, une très mauvaise littérature de gare ou de salle d'attente. Je me tais. Maintenant, il faut écouter. La compréhension vient vite, vous verrez. C'est étonnant, et confondant de netteté. Ames sensibles s'abstenir.