dimanche 15 décembre 2019

Un peu d'Art pour nous. Presque pas. Ca suffit.

"Si l'art est, en son fond, moral, ce n'est pas en découvrant la voie d'une égalité ou liberté abstraites, mais bien en exaltant plutôt l'exception, que la règle seule rend possible,et, en quelque sorte -aussi choquante que soit cette idée- l'inégalité de chacun devant le destin, voire le salut. Mais me voici mordant sur le terrain de cette "Europe" moderne dont Rossellini sut, de quelques traits hardis, dessiner la tare essentielle : une tolérance plus tyrannique que l'intolérance même, puisqu'elle nous refuse jusqu'à la liberté du choix de nos motifs, une justice plus injuste que l'injustice, puisqu'elle rend à chacun que ce qui ne lui appartient pas. N'y a-t-il pas jusque dans la froideur, la mesquinerie des gestes de la politesse moderne, l'écho d'une déroute de l'esprit trop vite soucieux de se libérer de formes soufflées jusqu'ici par le contact familier de la nature, affinées par un long travail du temps ?"
Eric Rohmer : "Le goût de la beauté", extrait d'un article sur un film d'Isidore Isou.
Je ne peux pas mieux dire que ce bon rhéteur de Rohmer, sauf à ajouter que la politesse a disparu et que la nature va suivre. Quid de l'homme ? Nada ou presque.
Marie Rivière bouleversée et émouvante dans "Le rayon vert". La nature, son langage muet, peuvent angoisser quand on ne sait plus y prendre sa place, humble et unique, de serviteur et d'acteur.

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