Mes grand-parents étaient des gens simples, pris par une sorte de folie. La folie des grandeurs. Un ressentiment sourd qui a explosé chez leurs enfants et les a balayés. Une de mes grands-mères était couturière. Elles faisaient des robes sur-mesure pour des dames chics. Elle respectait tellement le pognon qu'elle en est devenue folle. C'est moi qui fait les reprises maintenant. Je ne suis pas loin du quinzième round. Je dédie ce poème à mes grand-parents ainsi que la reprise ci dessous. Les histoires, même du sud, même au soleil, ne sont jamais simples.
Reprise
Une
main était tendue
Les
doigts font passer l'aiguille
dans le
tissu
Dans
le silence, rien que les tissus
cousus
L'espace
autour uni et dilaté
splendide
Une
main trouve une main
La
pièce carrée se fond
Petit
à petit dans la grande trame
Quelques
coups tirés secs
sur
l'aiguille
Vers
le haut
L'attente
et le travail récompensée
dans cette
Reprise
Les
mains se joignent et
Les
doigts se trouvent
Se
creusent d'envie
Il
reste à faire encore
La
dos de la main passe
sur le
front
Un
autre fil de couleur dans le chas
Toute
une pièce encore
De
tissu à coudre pour la
Reprise
L'espace
s'est remis lentement
à sa place
Les
doigts recommencèrent leur ouvrage
Les
mains tiennent ferme
S'arrachent l'une à l'autre
Les
tissus s'agrégèrent en silence
Les
tissus cousus
Sous
les doigts qui font les gestes voulus
En
silence sans y penser
Les
mains se sont lâchées
Il
y a des petits coups secs et précis
vers le
haut
Pour
bien assurer la couture
Les
doigts savent les tissus cousus
dans le
silence
L'aiguille
à l'ouvrage dans le silence
Et sans y
penser
Quand
les doigts cousent
Une
pensée va à l'amour
Une
main était tendue
Reprise
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