dimanche 17 mai 2015

Black & White mic-mac.

Je pense que les Etats-Unis sont un bordel inter-ethnique et inter-culturel d'une ampleur dont on a pas idée en France et en Europe. Au bout de quelques trois siècles de brassage raté, chaque race m'a l'air d'avoir les armes aux pieds, prêtes à servir contre un "ennemi" de toujours si par hasard un "frère" venait à avoir un pépin. Les blancs, en particulier, m'ont tout l'air d'avoir la gâchette facile quand il s'agit de flinguer du "nigger" et, en retour, ceux-ci sont désormais suréquipés d'armes de guerre pour défendre leurs territoires et leurs business, le tout sous le regard d'un Etat central bienveillant qui préfère voir ses citoyens s'entre-détruirent plutôt que de se rebeller contre une dictature du marché et de la finance. De toute façon, il y a longtemps que l'alpha et l'oméga de la vie politique, et de celle de tous les jours, est le billet vert et les différents moyens de les amasser. Il n'y a plus de combat que pour la vie et rien de plus. C'est terriblement régressif comme ambiance et, dans ce pays, il vaut mieux devenir une machine à tuer qu'un être humain. Ceci étant dit, la Liberté qui règne aussi là-bas permet à la vitalité de certains, artistes entres autres, de nourrir des formes d'expression incroyablement vivantes et pleine d'énergie, qui peuvent, elles, être source de mélanges, de croisements, de rencontres. Résultat des courses, les "niggers" et les "whiteys" se retrouvent parfois autour d'une guitare ou d'un poème (rap ?) pour le ou la partager avec une force décuplée, gagnée sur tout ce qui est là pour empêcher qu'il y ait quelque chose au lieu de rien. Et là, ça devient tout de suite assez géant. Un bon exemple de ce métissage rayonnant est ce qui se passe régulièrement chez le chanteur blanc de soul Daryl Hall et qui est retransmis sur le net. J'en mets trois exemples tonitruants. D'abord, Billy Gibbons des ZZ Top vient jammer le Blues avec Daryl et ses petits amis sur son classique "La Grange". Dans l'ordre, Billy entame les hostilités par un solo de grande classe au style reconnaissable entre mille, le second guitariste est moins dedans, puis le premier clavier prend la relève un peu mollement avant que le troisième guitariste ne morde profondément dans le lard et que le second clavier ne se déchaîne comme un aliéné enfin libéré. Notre héros reprend la main et là intervient un petit laïus de Gibbons sur....B.B. King et le tirant des cordes de guitare des bluesmen. C'est un peu technique mais ça vaut le coup d'oreille et ça me permet de rendre un hommage indirect à cet être humain qui semblait délicieux et qui vient de nous quitter pour entrer dans la légende et l'Histoire, alors que le seul fait de le savoir vivant dans le même monde que moi m'aidait à vivre. Mais Gibbons est encore là et il semble avoir hérité de la gouaille et du bagout d'un nègre du bayou ce qui sent bon l'Amérique généreuse et me rassure.
Ensuite, il y a Smokey Robinson, un des rois de la Motown noire, invité à chanter sur un morceau de Hall "Sara smile", très bel exemple de Soul blanche que le papy-hibernatus sorti du freezer prend manifestement du plaisir à entonner jusqu'à ce que tous les musiciens enchaînent quasi naturellement sur le "Ooo Baby Baby" de Robinson, chanté avec le sourire par notre soulman blanc, Daryl Hall.  Pour finir, je mets ici un morceau de bravoure qui voit Hall et sa bande reprendre avec panache et une âme impeccable l'inégalable "Tears of clown" de Robinson qui est, on le voit bien, complètement sonné d'entendre qu'on puisse encore jouer son tube des sixties comme ça au XXI ème siècle. Il va ramer pour recoller au peloton sans y parvenir mais son regard traduit un tel étonnement que, même si le chant est plutôt faiblard, ça reste beau.
Comme quoi, avec un peu de bonne volonté, on peut transcender sa race et ne plus se reconnaître que dans la grâce et la beauté, baumes universels mais pas sans origine. Ici strictement américaine, de ce pays jeune à l'histoire chaotique et qui nous a tant promis.

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