mercredi 22 avril 2015

Plaidoyer pour la folie.

Les meilleurs d'entre nous deviennent fous ou artistes. Ce dernier terme pour éviter de dire benoîtement poètes, ce qui peut paraître un peu restrictif. Mais enfin, par rapport à la poésie, tous les autres Arts me semblent seconds. A tous les Arts il faut de la poésie alors qu'on peut très bien imaginer la poésie sans peinture, sans danse etc, etc. Sans musique, c'est impossible mais il s'agit d'une musique bien spéciale, le Chant vocal. Ce besoin essentiel de Chant chez l'humain se traduit par une musique savante ou populaire toujours très importante en quantité de production et en diffusion et des hits pour tout le monde, du gueux au noble. Il y a aussi "Paysan !", comme disait Rimbaud, c'est honorable. Beaucoup de bonne littérature vient de ces auteurs qu'on dit "régionalistes", qui parlent des paysans d'un coin précis et du rapport qu'ils ont à "leur terre", alors qu'elle touche potentiellement le monde entier, bien au-delà de son ère d'origine. Nous sommes tous de glaise crottés, ne l'oublions pas. Juste derrière artiste, où plutôt à coté, il y a les artisans qui intègrent l'utile comme contrainte à la production de la beauté. J'admire leurs travaux au plus haut point, sauf ceux de cette catégorie qu'on appelle "Artisants d'Art", qui font, pour la plupart, dans le "joli", et donc le passager et le laid. Si j'essaye de penser à d'autre professions que je pourrais trouver honorables, je me dis que tomber sur un bon commerçant est quelque chose de rare mais très agréable. Faire la cuisine, jardiner ne devraient pas être des métiers mais faire partie de ce que tout un chacun doit savoir faire, comme faire du vélo, ou savoir nager. Pour le reste, c'est un marasme qui commence avec professeur et instit et finit avec avocat et flic.
Ce classement est abracadabrantesque mais pas grotesque et je réitère ce que j'ai dit au début, les meilleurs deviennent fous. Je ne crois pas que la folie mène systématiquement à des êtres humains forcément meilleurs que les autres. Je connais plein de fous, il y en a un paquet qui ne sont pas passionnants, à peine respectables. Mais la folie donne naissance à des complexions, des tournures d'esprit si l'on veut qui sont d'une rare beauté et intelligence, intrigantes, fascinantes et souvent créatrices. Un grain de folie plus ou moins grand et prégnant est un ingrédient nécessaire à une belle personnalité, mais pas suffisant, ça serait un peu trop simple. N'empêche, les gens que je connais qui ne sont pas fous peuvent êtres éminemment sympathiques ou franchement intelligents, à mes yeux il n'ont qu'un intérêt maigre comparés à ceux que j'aime le plus et qui sont des psychotiques à peu près stabilisés, en quête d'une meilleure santé. La santé, quand elle est donnée, quand on l'a d'avance est un avantage immense, c'est aussi un grande aide sur le chemin de la crétinerie et de la beauferie. Je n'ai jamais vu un beauf autrement qu'en pleine forme, prêt à s'enquiller ses 30 pastis et ses deux paquets de brunes. Après ça, il baisera comme un porc la première venue qui s'en trouvera tout à fait satisfaite. Pour certains, assez nombreux, la vie est comme ça. Je ne les envie guère. Pas plus que je n'envie les profs, les animateurs et éducateurs de tout poils qui passent leur temps à racheter leur petite conscience coupable d'exister au prix de la vie des autres, qu'ils sont sensés rendre meilleure sur une échelle de valeur indiscutablement faussée par un égotisme mal assumé, sans noblesse, délétère car égalitaire. C'est dommage l'altérité, la pédagogie méritent mieux que des névropathes pour être vraiment constructives. J'ai néanmoins connu des profs et des éducs remarquables. La "science du lien" était chez eux une sorte de seconde nature. Comme chez certains médecins, très rares.
Mais je n'ai pas parlé des métiers les plus courants dans notre système économique : ouvriers, employés, cadres du tertiaire, fonctionnaires plus ou moins planqués. A mon avis, ceux-là font marcher la machine à merde et s'en trouvent bien. Ils aiment ça, l'étron. Ou l'argent si vous préférez, confondant pouvoir et puissance, force et agitation. Le problème avec ces gens, c'est qu'ils sont très bruyants, à défaut d'être majoritaires et occupent une place incroyablement disproportionnée dans l'espace public. On entend qu'eux. Ils aboient comme des chiens de garde devant une propriété privée convoitée par des migrants en provenance de Libye.
Quelque part, un fou crie et s'agite, il est mis sous camisole chimique. Quand il ira mieux il fera peut-être bon discuter avec lui, de tout et de rien. Ailleurs, le poète chante, nous sommes peu à l'entendre mais cette minorité, celle qui esquisse le Chant comme celle qui tente de l'entendre est certainement essentielle à la survie et à la perpétuation de l'espèce tout entière. Pourquoi ? S'il y a un sens à la vie, c'est là qu'il se dit. Dans les chants d'amour, de guerre, d'alliance avec la nature, dans la simple poésie de l'instant qui passe. Peut-être simplement dans le fait même de chanter.

C'est un mélange de deux vieux poètes éternellement jeunes. L'un, Burroughs récitant l'autre, Morrison. Voici le texte de ce qu'il dit. En fait Burroughs rend
 hommage à Morrison en citant des extraits de son poème "Celebration of the King Lizard", un truc zarbi à souhait.
Lions in the street
Lions in the street
And roaming dogs in heat, rabid, foaming
A beast caged in the heart of a city

Is everybody in?
Is everybody in?
The ceremony is about to begin

The body of his mother
Rotting in the summer ground
He fled the town
He went down south and crossed the border
Left the chaos and disorder
Back there over his shoulder

Is everybody in?
Is everybody in?
The ceremony is about to begin

One morning he awoke in a green hotel
With a strange creature groaning beside him
Sweat oozed from its shiny skin

Is everybody in?
The ceremony is about to begin

Oh how to thank history
Jim morrison
Jim morrison
Who drown in a bathtub in paris
Seems like a god damn odd thing to happen to me


Lions in the street
Lions in the street
And roaming dogs in heat, rabid, foaming
A beast caged in the heart of a city

Is everybody in?
Is everybody in?
The ceremony is about to begin

Jim morrison
A magnificient influence and grand fellow
Grand fellow
Jim morrison
A magnificient influence and grand fellow
Grand fellow

Is everybody in?
Is everybody in?
Is everybody in?
Is everybody in?

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