mercredi 22 janvier 2014

Comment échapper aux paradis fiscaux ?

Où se cacher ? Comment échapper à cette société de plus en plus mortifère ? Philippe Sollers a choisi Venise et on le comprend. S'il y a une ville ou la liberté, le génie, la fantaisie des hommes se sont exprimés c'est bien celle-là. Quignard vis en reclus sur les bords de l'Yonne entre deux voyages en Italie, lui aussi, pas la même que celle de Sollers cependant, plus sèche, plus rêche. Pour eux, c'est un moyen de retourner boire à une source première, originelle. Très bien, mais ce besoin de racines, tout le monde l'a, il est essentiellement humain, du en grande partie à notre morphologie et n'en déplaise à Deleuze et Guattari, les rhizomes, ça ne marche pas. Comment faire pour se retrouver chez soi dans un monde qui ne nous appartient plus mais est le lieu d'échanges incessants et insensés de marchandises sans provenances définies, avec nous autres, qui que nous soyons, comme destination ultime et néanmoins transitoire, car une fois l'acte de consommation consumé, tout ce qui restera de l'explosion sera ré-injecté dans le circuit ? La plupart des humains sont en quête de leur identité, de leur racines profondes, d'un refuge d'espace-temps défini qui tienne le coup, et surtout celui de l'Histoire et d'une forme, je dirais, de décence, face au Monde dévorant de toutes les directions offertes et de tous les impossibles désormais à portée de main, si le prix y est mis. Ce n'est pas bon. C'est une fatalité débile. Quand, sur fond de carte commerciale généralisée illustrant la circulation infinie des capitaux et des marchandises, chacun aura investi son pré carré de territoire inaliénable, la seule issue pour rappeler à l'existence des frontières qui manqueront à traverser sera la guerre de chacun contre tous.
Nous sommes perdus, non, envahis par des envies et des besoins contradictoires. Si nous voulons posséder toujours plus au meilleur coût, cela implique que nous soyons dépossédés d'une partie de nous-mêmes, qui cependant refuse de céder, celle qui demande du sens à nos actes et à nos paroles, un sens proche, presque manuel, celle qui demande que nous prenions le temps, que nous traversions le temps comme dit un ami, celle qui nous lie d'Amour avec nos parents, nos frères, nos semblables. La solution est en marche, contradictoire, elle aussi. Le marché imposera sa tyrannie, la source la sienne. Le mélange sera amer.
En attendant ces déflagrations, il faut vivre au sein de ces injonctions fétides, bientôt totalement encadrées par le Droit, seule ressource "stable". Et alors, que faire ? Ne pas faire ce que demande la société, le social, c'est le premier point. Refuser de se conformer. Ensuite, être là où personne ne nous attend plus, cachés dans une intimité protégée qui déjoue les performers de mauvaises pièces de boulevard classée"x", et planqués plus avant encore dans une intériorité cultivée, mûrie, chérie, ne nous déplaçant que précautionneusement par des chemins dont nous serons redevables qu'ils nous emmènent. Et, au bon moment, s'ouvrir. Se tenir prêt à l'échange, au don, à la réception, au commerce aussi, c'est à dire à établir des valeurs, oui des valeurs, qui ne soient pas définies qu'à l'aune de l'utilité immédiate.
Moi, je me tiens de coté, et qu'importe, au fond, puisque je suis presque mort mais je suis aussi planqué un peu au cœur de la Bête, avec ce blog. C'est un choix stratégique clair. Je peux me le permettre car, fort heureusement, il n'est lu que par quelques personnes. Pour moi, il est aussi clair que s'il avait mille lecteurs, je l'arrêterais sur le champs.
En attendant ce jour improbable, Je vais, comme d'habitude, mettre une petite vidéo, non tiens, deux. D'abord celle, intégrale, du film d'Elio Petri "Enquète sur un citoyen au dessus de tout soupçon" (il y a des sous-titres). Ce film dit quelque chose de très clair sur une société à une époque donnée. Qui serait aujourd'hui capable de tenir un propos aussi cohérent sur notre société dans un film ? Personne. Nessuno. Nobody.
Il ne s'agit pas de regarder et de regretter, il s'agit de regarder et d'apprendre.
En dessous, vous aurez droit à une petite vidéo d'un groupe de nanas que j'aime bien, les Warpaint. Plus trendy, tu meurs. Il y a de très beaux plans de coupe sur la foule de veaux qui assiste au concert. C'est très touchant ou horrible, au choix.

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