vendredi 31 janvier 2014

Cavanna, une écriture de maçon, ou "Merde, qui est-ce qui a encore mis des cannellonis dans le cassoulet ?"

Il faut se méfier des écrivains qu'apprécie Bernard Pivot et qu'il invita souvent dans ses émissions, ils sont épouvantables. On peut citer Grainville, Vincenot, d'Ormesson, Soljenitsine et ...Cavanna. Pourtant, j'ai rarement lu des textes plus drôles que ceux qu'il écrivait dans Charlie-Hebo et Hara-Kiri. On en trouve quelques-uns rassemblés dans la collection de poche 10/18, d'autres dans des volumes tels que "La grande Encyclopédie bête et méchante". Je me souviens d'un de ses aphorismes qui m'avait fait hurler de rire" Quand les poules auront des dents, les renards auront des tenailles". Eh, eh, implacable, ça... Intelligent, finement déduit, tout à l'inverse du slogan délirant du canard "Bête et méchant". Je me souviens de ses articles sur l'invention de l'Art par le débile de la tribu préhistorique et de sa biographie de Léonard de Vinci qui, peu après le début, dit cela : " Les plus sceptiques durent convenir qu'ils n'avaient pas à faire à n'importe qui lorsqu'on le vit sortir du ventre de sa mère dans un léger esquif de sa fabrication mû par une petite machine à vapeur agissant sur deux roues à aubes et sur un sifflet accordé en La majeur qui salua joyeusement la jeune accouchée, la sage-femme et le noyeur d'enfants assermenté..." et enfin d'une Vie de Staline dont le sous-titre est "Mauvaise tête mais bon cœur". Dans ces années-là seuls Desproges et Dac eurent une telle qualité d'écriture humoristique. Et puis Cavanna s'est piqué d'écrire des livres de littérature et là, ça a été une autre paire de manche (de tenailles bien sûr). Cavanna, quand il Écrit, ça se voit, ça s'entend, c'est marqué en gros dessus "Attention travail d'écriture". C'est comme sur les chantiers qu'il fréquenta jadis, il y a un panneau qui disait "Attention travaux". Ce ne serait pas si grave si le style était effectivement mirobolant, monumental, mais non, tous ces effets se réduise à un but précis et un plâtre assez vulgaire : faire naître une sorte de faux naturel pépère, mi-rigolard mi--amer avec lequel Cavanna fait gober la vie rude mais digne de bons prolos, bons parce que prolos, bons parce qu'appartenant au populo. Et puis il y a une sorte de connivence, de familiarité artificielle qu'il s'efforce de créer avec eux. Le problème, c'est que tous ces efforts pour faire naître cette illusion de décence foncière et de force du peuple dans l'adversité sentent très fort la sueur, le travail et même le rance. Oh, on le voit qui s'applique, le petit Cavanna, Le petit Larousse n'est pas loin, prèt à l'emploi, il mouille son doigt quand il tourne une page de son cahier où il écrit, il essuie sa plume sur le papier buvard. Oh, il tartine des pages et des pages. C'est bien tout ça, ça fait des bonnes notes en Français à l'école et..... de mauvais livres. Céline avait réussi a éliminer l'odeur de sueur en exhaussant celle de graillon. Ce n'était pas une mince affaire. Elle finit mal, la sauce colla irrémédiablement au fond de la casserole et son écriture finit par sentir un brûlé dégueulasse. Personne n'osait lui dire et personne n'osa jeter l'ustensile à la poubelle, même pas Jean Paulhan car il ne prenait pas Céline au sérieux, ce en quoi il avait tort. De même personne n'osa faire la parodie destructrice que les bouquins de Cavanna appelaient. Tout ceux qui auraient pu le faire avec talent étaient ses admirateurs et collaborateurs. En fait, le problème de Cavanna, c'est qu'il n'était pas assez désespéré, qu'il a reçu toute sa vie trop d'amour et qu'il en avait trop à donner, et ça, je ne lui en ferais jamais le reproche, parce que c'est beaucoup plus important que les bouquins. Ciao Francesco.

lundi 27 janvier 2014

Décoration : Le bon goût à la portée de tous.

La déco a le vent en poupe. Très bien. Moi, j'ai des goûts très simples : des toiles de Maîtres partout. Mais chacun a son propre univers et veut agrémenter son petit chez-soi pour s'y sentir à l'aise et le montrer aux amis, aux aguets de la moindre faute. Pour ma part, je déplore que le grand public ne fasse pas plus appel à la taxidermie, je veux dire, aux animaux empaillés. C'est simple, peu salissant et très passe-partout, un "basic", quoi. La cause animale, qui s'est fort justement exprimée, a fait du tort à cet élément décoratif qui fut jadis très répandu. Mais savez-vous que, quand on les empaille, les animaux sont déjà morts ? Ah, avouez que vous n'aviez pas considéré la chose sous cet angle ! Ce n'est pas si barbare au fond, hein ? Alors, la peau de grizzli devant la cheminée, c'est pas si mal ? Et le renard empaillé dans l'attitude du prédateur, la gueule bien ouverte, c'est simple, ça va avec tout ! Mais, comme des illustrations bien senties valent mieux que tous les longs discours, voici deux exemples de décoration d'intérieur où la taxidermie trouve tout naturellement une place de choix. J'ai trouvé ça dans des vidéos de groupe de Rock, c'est vous dire si c'est cool.
Alors, en premier lieu, une magnifique tête de Tigre de Sibérie (espèce presque éteinte) en trophée sur mur bleu agrémente joliment le sous-sol d'un dénommé Juan, où s'ébat un petit combo pop des plus vifs, les Deerhoof. Le titre c'est "Dummy discards a heart".

Seconde salve, et pas des moindres. Monster Magnet démontre dans "Powertrip" avec sobriété et humour le coté "frais" de l'Ours Blanc empaillé (doit plus en rester beaucoup de vivant non plus). Cet accessoire discret autant qu'imposant ne souffre aucune contre-indication, sauf, peut-être, l'invité surprise Inuit qui peut en prendre un petit coup au moral. A ne pas oublier, on ne sait jamais.

Monaco : A touch of Class

Le journal "Le Monde" a choisi la photo ci-dessous pour illustrer la victoire de l'équipe de foot de Monaco sur l'O.M. et sa remontée au classement du championnat de France. Le titre de l'article du journal était "L'A.S. Monaco met la pression sur le P.S.G."
Ouh la ! Apparemment, il n'y a pas que la pression que les joueurs monégasques se mettent quand il s'étreignent pour fêter un but. Comme on peut le constater sur cette image édifiante, dès qu'ils arrivent à Monaco, ils prennent le pli du raffinement, de la grâce, de la retenue qui font que tout est plus "classe" sur ce havre d' "ordre et beauté, de luxe, de calme et de VOLUPTÉ" qu'est Le Rocher. Distinction, quand tu nous tiens.

dimanche 26 janvier 2014

France Gall était-elle une cruche ou une jeune fille passionnée ?

Alors, France Gall, elle est complètement con ou quoi ? En 1965, Serge Gainsbourg lui fait enregistrer "Poupée de cire, poupée de son" et  tous deux récoltent un énorme succès (le titre sera même Grand Prix de l'Eurovision). Il est ravi de son interprète qu'il dit être une "Lolita qui lirait des livres érotiques". Il lui concocte des chansons soignées, aux paroles tirées au cordeau, souvent à double sens. C'est donc "Les sucettes" et le fameux quiproquo. France Gall, poupée gonflante, nie avoir eu conscience de l'interprétation sexuelle que l'on pouvait faire de ce qu'elle chantait. C'est douteux. Et ça, en 1972 ? "Les petits ballons", toujours composé et écrit par Gainsbourg, où il la fait incarner une poupée gonflable, elle avait toujours pas compris ? Alors, France Gall, elle est con à ce point-là ou quoi ? Ou peut-être un peu manipulatrice (ce qui veut dire à la base "qui fait des trucs avec ses mains") ?
Je précise quelque chose. J'aime vraiment beaucoup les chansons 60's de France Gall et je suis très sensible à son charme fantasmatique d'innocente aux cent perversions. Est-ce qu'on peut être érotique à ce point et en même temps aussi cruche ? Je n'y crois pas trop.
Voici la chanson de Gainsbourg et Vannier. Ça a une autre gueule que "Résiste" ou "Il jouait du piano debout" (dont l'interprétation peut aussi prêter à confusion mine de rien...)
Vous remarquerez que France Gall a un grain de beauté presque au coin de l'oeil droit. Au XVIII ième siècle, à l'époque des "Mouches", celle-ci signifiait : "Je suis une passionnée". Mais par quoi, au juste, France, par quoi ???

jeudi 23 janvier 2014

Le dilemne Véronique Genest ou quand Julie Lescaut faisait (magnifiquement) la putain, au lieu de les arrêter.

Voilà 22 ans que "Julie Lescaut" passe sur TF1, 22 ans que je passe allègrement  au travers des coups de pétoires scénarisés à la va comme-j'te pousse pour deux francs six sous (mettons 2 euros, pour faire moderne). Je n'ai jamais vu un seul épisode. Même pas cinq minutes d'un, sur les cent un dans lesquelles a sévi cette abrutie de Véronique Genest. Je m'en tape de ces conneries. De toute façon, elles n'ont jamais été conçues pour moi mais pour les millions de veaux qui se les sont fadée régulièrement pendant plus de deux décades. Leurs esprits devaient être sérieusement endommagés au départ, il n'en reste désormais plus rien, ce sont des zombies lobotomisés qui errent dans les centres commerciaux pour satisfaire leurs compulsions d'achat. C'est comme ça qu'on les voulait, c'est comme ça qu'ils sont. MAIS, comme rien n'est jamais simple, j'ai un souvenir télévisuel de Véronique Genest qui est d'une toute autre qualité, d'une toute autre dimension, celle de l'excellence même. Je me souviens absolument et parfaitement de l'adaptation du "Nana" de Zola par Maurice Cazeneuve, où Genest faisait un étalage insensément érotique et arriviste de sa voluptueuse rousseur à la manière exacte dont le faisait le personnage dans le livre. C'est à dire, pour être clair, qu'elle est sur scène, qu'elle chante et fait scandale en exhibant son minou, oui, les amis, son minou complètement rouquemoute, car Genest et Nana, il fait bon s'en souvenir, c'est du 100% roux. Ça avait un peu fait causer dans les chaumières à l'époque, comme le bouquin de Zola avait fait scandale à la fin du 19 ième siècle. Cette série télé de Cazeneuve était meilleure que 80% de la production cinématographique de l'époque et reste meilleure que 100% de la production télé ET cinématographique de nos jours. Je vous mets deux extraits. Le premier est l'origine du succès de Nana, de la série télé et de Véronique Genest, c'est l'extrait où on voit son minou. Décisif. Éclatant. Vulgaire. Le second contient un délire de Guy Tréjan (acteur formidable) qui incarne ici l'un des amant de Nana, le Comte Muffat, qui hallucine littéralement en la regardant s'admirer dans son miroir. Régalez-vous, c'est de l'Art, du vrai, et si la télé, les acteurs et actrices qu'on voit dans le poste, les séries, nous public, étions restés à ce niveau brûlant d'érotisme et de pensée, nous ne serions pas dans la merde qu'est notre monde actuel. A un moment, il y a eu un dérapage généralisé.

mercredi 22 janvier 2014

Comment échapper aux paradis fiscaux ?

Où se cacher ? Comment échapper à cette société de plus en plus mortifère ? Philippe Sollers a choisi Venise et on le comprend. S'il y a une ville ou la liberté, le génie, la fantaisie des hommes se sont exprimés c'est bien celle-là. Quignard vis en reclus sur les bords de l'Yonne entre deux voyages en Italie, lui aussi, pas la même que celle de Sollers cependant, plus sèche, plus rêche. Pour eux, c'est un moyen de retourner boire à une source première, originelle. Très bien, mais ce besoin de racines, tout le monde l'a, il est essentiellement humain, du en grande partie à notre morphologie et n'en déplaise à Deleuze et Guattari, les rhizomes, ça ne marche pas. Comment faire pour se retrouver chez soi dans un monde qui ne nous appartient plus mais est le lieu d'échanges incessants et insensés de marchandises sans provenances définies, avec nous autres, qui que nous soyons, comme destination ultime et néanmoins transitoire, car une fois l'acte de consommation consumé, tout ce qui restera de l'explosion sera ré-injecté dans le circuit ? La plupart des humains sont en quête de leur identité, de leur racines profondes, d'un refuge d'espace-temps défini qui tienne le coup, et surtout celui de l'Histoire et d'une forme, je dirais, de décence, face au Monde dévorant de toutes les directions offertes et de tous les impossibles désormais à portée de main, si le prix y est mis. Ce n'est pas bon. C'est une fatalité débile. Quand, sur fond de carte commerciale généralisée illustrant la circulation infinie des capitaux et des marchandises, chacun aura investi son pré carré de territoire inaliénable, la seule issue pour rappeler à l'existence des frontières qui manqueront à traverser sera la guerre de chacun contre tous.
Nous sommes perdus, non, envahis par des envies et des besoins contradictoires. Si nous voulons posséder toujours plus au meilleur coût, cela implique que nous soyons dépossédés d'une partie de nous-mêmes, qui cependant refuse de céder, celle qui demande du sens à nos actes et à nos paroles, un sens proche, presque manuel, celle qui demande que nous prenions le temps, que nous traversions le temps comme dit un ami, celle qui nous lie d'Amour avec nos parents, nos frères, nos semblables. La solution est en marche, contradictoire, elle aussi. Le marché imposera sa tyrannie, la source la sienne. Le mélange sera amer.
En attendant ces déflagrations, il faut vivre au sein de ces injonctions fétides, bientôt totalement encadrées par le Droit, seule ressource "stable". Et alors, que faire ? Ne pas faire ce que demande la société, le social, c'est le premier point. Refuser de se conformer. Ensuite, être là où personne ne nous attend plus, cachés dans une intimité protégée qui déjoue les performers de mauvaises pièces de boulevard classée"x", et planqués plus avant encore dans une intériorité cultivée, mûrie, chérie, ne nous déplaçant que précautionneusement par des chemins dont nous serons redevables qu'ils nous emmènent. Et, au bon moment, s'ouvrir. Se tenir prêt à l'échange, au don, à la réception, au commerce aussi, c'est à dire à établir des valeurs, oui des valeurs, qui ne soient pas définies qu'à l'aune de l'utilité immédiate.
Moi, je me tiens de coté, et qu'importe, au fond, puisque je suis presque mort mais je suis aussi planqué un peu au cœur de la Bête, avec ce blog. C'est un choix stratégique clair. Je peux me le permettre car, fort heureusement, il n'est lu que par quelques personnes. Pour moi, il est aussi clair que s'il avait mille lecteurs, je l'arrêterais sur le champs.
En attendant ce jour improbable, Je vais, comme d'habitude, mettre une petite vidéo, non tiens, deux. D'abord celle, intégrale, du film d'Elio Petri "Enquète sur un citoyen au dessus de tout soupçon" (il y a des sous-titres). Ce film dit quelque chose de très clair sur une société à une époque donnée. Qui serait aujourd'hui capable de tenir un propos aussi cohérent sur notre société dans un film ? Personne. Nessuno. Nobody.
Il ne s'agit pas de regarder et de regretter, il s'agit de regarder et d'apprendre.
En dessous, vous aurez droit à une petite vidéo d'un groupe de nanas que j'aime bien, les Warpaint. Plus trendy, tu meurs. Il y a de très beaux plans de coupe sur la foule de veaux qui assiste au concert. C'est très touchant ou horrible, au choix.

vendredi 17 janvier 2014

Survivre aux Seventies.

La nostalgie c'est bien beau, camarade, mais la mémoire est toujours sélective et nos souvenirs embellis. On regarde derrière soi, on voit des brumes, on essuie une larme, on se dit que c'est beau. Tu parles ! Regardez et écoutez un peu ce que les pires salopards du show-bizz américain étaient capables de balancer à un public qui en re-demandait. Ah, y'avait de quoi tourner punk en vingt secondes, c'est moi qui vous le dis ! Immonde ! Évidemment, si vous trouvez que les chansons ci-dessous sont bonnes et leurs interprètes élégants, il est fort possible que vous soyez en état de mort cérébrale, faites-moi signe, je vous aiderais.
Alors, première dégueulasserie :
English Dan and John Ford Coley : "I'd really love to see you tonight".

La suite, répugnant :
Bread : "Make it with you"

Danser comme David Byrne. Jouer comme Annie Clark

Plutôt que de parler des minables, des médiocres baise-en-coin, des Tartuffes du "moi-président" qui polluent la vie politique française et d'ailleurs, la vie tout court, car il faut bien savoir que le comportement de nos concitoyens est forcément à l'aune de celui de ses représentants, respirons donc un peu d'air pur, émerveillons nous devant l'intelligence et le raffinement ; ils ne sont pas si fréquents. Ainsi l'auteur-compositeur-interprête américain David Byrne est toujours aussi fringuant à un âge respectable et ne semble pas en passe de s'arrêter en si bon chemin. Déjà à son crédit : une carrière d'enfer avec les Talking Heads ; des albums solos aventureux et passionnants ("The catherine wheel", une musique de ballet, parfaite, "Rei Momo" un album de musique afro-cubaine composé en partie avec Johnny Pachéco etc, etc, etc...) ; des projets réguliers d'une qualité confondante avec Brian Eno, le grand Mage de la musique populaire intelligente ("My life in the bush of ghosts" et "Everything that happens will happen today" -magnifique titre-) ; un label de musique indie où il a re-publié un nombre incalculable d'albums classiques de la culture pop brésilienne et plus largement sud-américaine qui se sont hissés, grâce à internet, au rang de références mondiales (Rita Lee, Los mutantes, etc, etc, etc... sur son label Luaka Bop) ; et même un album en duo avec le plus connu des chanteurs tropicalistes brésiliens, Caetano Veloso en personne. En gros, c'est Mozart, ce mec. Et bien Mozart-Byrne à encore trouvé le temps de pondre un album en collaboration avec St Vincent, c'est à dire, la très talentueuse Annie Clark, et de partir sur les routes des U.S.A. l'été dernier pour le défendre. Évidemment, on attendait un peu le duo sur les reprises de leurs succès respectifs dans une mouture forcément inédite...Nous ne fumes pas déçus. Pour preuve la petite vidéo sans tralala ci-dessous où Byrne et Clark emballent en une danse rigoureuse et rieuse et d'abondants arrangements de cuivres le très primesautier "This must be the place" qui reste bien frais 30 ans après sa création avec les Talking Heads.
Purée, Dieu vomit les tièdes !Il est pas possible Byrne. Quelle chorégraphie !
Je voudrais rajouter quelque chose a propos d'Annie Clark. Elle est pleine de talent, comme le démontre la vidéo ci-dessous et ses prestations avec Byrne (je ne m'attarderai pas sur son "tight gap", OK ?), mais elle ne sort pas avec moi et ça, ça m'énerve. C'est pas que son mec ne me soit pas sympathique, je ne le connais pas. En tout cas, je le hais.

jeudi 16 janvier 2014

Histoires de familles.

Moi, je suis comme mes frères, un mordu, un fan des Beatles. Alors ça, ça me rend heureux. Voilà ; dans la vidéo ci-dessous, George Martin, son fils Gilles et Dhani Harrison, le fils de George Harrison, exhument un solo perdu de celui-ci, enregistré à l'époque pour "Here comes the sun", morceau tiré d'"Abbey Road". C'est émoustillant ce son de gratte du guitariste pastoral qui sort tout droit du passé et renaît à nos oreilles avides du moindre chuchotis vintage des Beatles, et c'est émouvant aussi. C'est émouvant de voir Gilles Martin, aussi classe que son père, le guider à travers les sons qu'il entend désormais à peine. C'est émouvant de voir Dhani Harrison excité comme une puce, qui découvre un petit mot, une petite notule oublié de son père et qui le prend à cœur, pour lui, et qui en est si reconnaissant aux Martin père et fils. Et puis Georges Martin compare délicatement Dhani à son père George et, au fond, complimente les deux. Exit toute forme de pathos, tout cela est fin, distingué, positif, comme les Beatles eux-mêmes et tout ce qui semble les toucher de près ou de loin. Beau.
George Martin : " You're like your father."

mercredi 8 janvier 2014

"Somewhere over the rainbow", version poids plume.

Je ne sais pas pourquoi, en ce moment, on ré-entend un peu partout la déplorable version de "Somewhere over the rainbow" chanté par le Hawaïen obèse et décédé, Iz. Le morceau en lui-même est assez pénible, depuis le début, depuis Judy Garland, mais ce bon gros Iz la passe allègrement à la moulinette de la ritournelle indigeste et imbuvable. Évidemment, à ce régime-là...
Je vais donc mettre en ligne la seule version que je connaisse de ce truc que je trouve belle. Celle de Little Jimmy Scott, qui, contrairement à Iz, est mince et pas encore mort, mais, en fait ça n'a rien à voir avec la qualité de l'interprétation. C'est juste que l'autre m'énerve.
Little Jimmy Scott : "Somewhere over the rainbow".

(Sur la photo, on le voit entouré de fans : David Bowie, Lou Reed, Anthony, Laurie Anderson, Bette Midler. Excusez du peu.)

mardi 7 janvier 2014

République des Lettres : encore un coup bas, tout le monde K.O.

J'ai lu quelque part que Bernard Pivot allait devenir Président du jury du Prix Goncourt. Bon. Il pourrait pas faire autre chose Narbé. Par exemple, moi, je suis pour le petit commerce, alors si Pivot venait s'installer comme papetier ou charcutier dans ma commune, c'est avec plaisir que je lui achèterais une enveloppe à soufflet ou du museau-vinaigrette, mais Président du Goncourt ? faut quand même pas pousser, mince, son dernier bouquin est un éloge des Tweets !
Voici donc celui qui va remplacer Edmonde Charles-Roux. Remarquez bien que c'est même pas la peine de changer de nom, suffit de changer de photo et c'est bon, ça sera toujours une vieille serpillière qui présidera le Goncourt.
Je mettrais bien une vidéo de Pierre Dumayet interviewant un écrivain, pour bien faire sentir ce que l'on a perdu au change en passant de "Lecture pour tous" à "Apostrophe", mais bon, je vais arrêter le massacre ici, à vous de fouiller.

dimanche 5 janvier 2014

Et les Shadoks pompaient. Funèbrement.

Depuis quelques temps, ça tombe plutôt dru. Et ça ne va plus s'arrêter. Je ne parle pas de la pluie, mais bien des décès de gens connus. Fin des années cinquante et début des années soixante, avec le début de la société d'information de masse et de celle du spectacle généralisé (vue par Guy Debord à l'époque), le nombre de personnes connues de tous a cru à une vitesse exponentielle. Il y eut des "Stars"  un peu partout, Il y en a maintenant à tous les coins de rue de la réalité filmée et truquée. D'ailleurs, de nos jours, sur n'importe quel site d'info, on a des nouvelles des "Stars", nom générique qui regroupe tous ceux qui, quel qu’en soit la raison, sont un peu célèbre, et ça fait beaucoup, beaucoup de monde, étant donné que la machine à offrir des vies de merde qui vous ont l'air moins merdique que votre vie de merde tourne maintenant à plein régime, et que tout le monde veut en croquer, d'une manière ou d'une autre. Or, pour les premiers à avoir émergés au cours de l'Histoire, en gros ceux des Sixties, et bien ceux-là arrivent maintenant en fin de vie. Tous les jours, nous aurons donc une "Star" à nous mettre sous la dent (aujourd'hui c'est Eusebio), et même des "Superstars". Ce sera exactement comme lire les avis de décès dans Ouest-France. Simplement notre bourg, c'est le monde. Tenez, moi, par exemple, je suis né en banlieue des Etats-Unis, dans un petit patelin appelée la France, et ben, avec les plans quinquennaux, le remembrement, et tout le toutim de l'OMC, y nous ont tout foutu en l'air et je mourrai en banlieue de la Chine !
Avant que le rock chinois ne déferle sur la planète (je dis ça sans aucune prévention, ni ironie) voici un petit hommage à Phil Everly, plouc Etatsunien, trépassé avant-hier, qui, avec son frère Don, formaient le duo des Everly Brothers. Rien de spécial à dire, il faisait partie des tout meilleurs. Il a influencé presque tout ceux qui l'ont suivi. Norah Jones et Billie Joe de Greenday venaient de sortir un album de tribute aux Everly Brothers, signe que l'empreinte de sa musique était encore très vive. En 1968, les Everly Brothers sortaient un disque qui connut un très bon accueil critique mais ne retrouva pas les faveurs d'un public qui les avait laissés sur le bord de la route quelques années auparavant. Ça s'appelle "Roots". Déjà, le besoin de retrouver ses racines se faisait sentir. Avec le temps ce besoin est devenu tyrannique tant le réel est invivable, encombré de choses, de réseaux factices, de simulacres d'existence, sans plus de place pour les êtres. Phil Everly était né à Chicago. Illinois, donc. Écrit par Randy Newman.