dimanche 17 juin 2012

Après "No future", "No past". Il fallait bien que ça arrive.

Le truc à la mode chez les musiciens rétro-futuristes d'aujourd'hui, c'est les années 80. Mais ça veut dire quoi au juste "rétro-futuriste" ?  Et bien, ça signifie que "ce qui vient", "ce qui arrive" trouve ses racines dans un passé lointain, un "Jadis", dirait Quignard, et non plus dans ce qui était là juste avant. Du coup le surgissement  incessant de "l'actuel", en tant que vivant, excitant et angoissant est obéré au profit d'un éternel retour d'émotions-souvenirs revitalisées au grès de la nostalgie des camarades d'ennui et de renoncement. Comme si la Vie, c'était avant. Comme si la Réalité de maintenant était une "reprise" de celle d'il y a 30 ou 40 ans. En tout cas, comme dit Baudrillard, la Réalité est devenu un "simulacre" machinique et exsangue et la création tourne à vide, ou à l'envers, incapable d'alimenter en nouveauté une Histoire déjà écrite. Nous mangeons du poulet froid depuis presque 20 ans maintenant. Allons donc voir dans les années 80, ce qui fait saliver et rêver Sébastien Tellier, Daft Punk, Of Montréal, Dirty Projectors et autres Burgalat. Même Madonna s'y est mise, recyclant elle-même les brûlures de sa jeunesse en viande congelée passe-partout. Elle dit "You don't know me". C'est exact. Même elle s'est un peu perdue de vue dans la bagarre. La notion de Durée, celle d'Actualité sont passée à l'as (Elles vont ensemble) au profit de celles d'Immédiateté et de Continuité. A l'époque, on sciait les barreaux de nos prisons en même temps qu'on les érigeait. Maintenant ça se passe sans nous, comme si on n'y était pour rien et alors on re-regarde Tellier et Burgalat faire une moisson triste de larmes vaines.
Voilà la chaleur glaciale des machines d'alors, un jour actuelle, et pour le coup, toujours, férocement et forcément. Le mimétisme n'y changera rien. C'est perdu et c'est là, disponible, comme un souvenir, un rêve. Le cauchemar de la Vie n'est même plus à nous, mais il reste le leur (ceux qui suivent), à jamais. L'Histoire bégaye parce que l’Éternité est à portée de main.
Gary Numan : "Est-ce que les amis sont électriques ?" Pour le savoir, pressez le bouton "On".

Soft Cell, "Tainted Love" ? L'arbre qui cache la forêt délétère d'images à ne pas mettre entre toutes les mains. Je vous épargne la vidéo censurée de "Sex Dwarf" (Allez-y si vous êtes courageux). Je mets celle de "Say hello, wave Goodbye". Titre paradoxal ? Pas quand on angoisse. NB : Marc Almont est grand. Comme s'il avait prévu que tout ça tournerait à l'ironie faussement neuve.

Depeche Mode "Everything counts". L'album "Music for the masses" fut un pas de géant fait  par Martin Gore et Dave Gahan. Je les ai vu à l'époque sur scène. Ca rigolait pas et ça envoyait tout sauf de la musique de garçons-coiffeurs. Là, le public reprend seul la chanson, après que le groupe a fini de la jouer. Dave Gahan a l'air heureux. Tu m'étonnes, ça doit faire un bien fou. Sinon, il est beaucoup question d'argent et de sexe. Ca, ça reste toujours d'actualité. le problème, c'est que ce sont les seules choses qui nous restent du début, et encore, bien réchauffées, sans plus..

Christophe :"Chiqué, chiqué". L'espace sonore  d'un slow de crooner organisé différemment par les synthés et leurs sons. Novateur. Le rétro-futurisme a eu cette effet de montrer à certains artistes qu'un public  divers et de qualité les aimait. Cristophe mérite tout l'amour du à un artiste noble et populaire.
Sébastien Tellier ? Oui, pourquoi pas. Il aime Christophe, lui aussi. Pourquoi pas n'importe quoi ? Il est quand même très loin de ça.

The Pet Shop Boys. Un parcours parfait tout au long des Eighties. Ils ont tapé plus fort, plus haut à chaque fois, avec une exigence musicale et un talent de mélodistes pop sans faille. Un de leur classiques : "Suburbia". Une jolie ritournelle sur fond de désespérance pavillonnaire. Tiens, Rodney King est mort....

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