vendredi 25 mai 2012

Bob Dylan : Master of my domain.

Dylan est Dylan et reste maître chez lui. En l’occurrence, cela veut dire que je mets ci-dessous la meilleure version de "All along the Watchtower" que j'ai jamais entendue, et qu'elle est, sans surprise, signée par son créateur initial. La reprise d'Hendrix est très bonne, celles de Neil Young sont bonnes et c'est à eux que Dylan a piqué l'idée d'électrifier cette chanson qui était acoustique au départ (Peut-être l'aurait-il fait sans leur aide ? N'empêche, ils ont eu un temps d'avance) et là, pour le coup, un coup de génie, il va les supplanter..
Dylan met dans cette version un lyrisme de bonne facture, loin de tout pathos arraché et plein d'une digne tension rock Elle est d'une intensité contrôlée qui nous balance avec elle dans une émotion à la fois retenue et poignante, à fleur de peau et profonde. C'est du grand art. Cet Art consommé est ici possible, d'une part grâce au jeu de guitare très spécifique de Dylan, unique, déroutant et génial ( a la façon d'autres guitaristes qui ne sont pas des virtuoses mais dont on reconnait la patte à l'instant où on les écoute), d'autre part grâce à la phalange qui l'entoure et le sert à merveille. Si je ne m'abuse, il y a Waddy Watchel et Steve Jordan, entre autre, qui avaient un peu plus tôt épaulé Keith Richards en solo. Je ne connais pas le nom du bassiste, ni celui de l'excellent guitariste-slide. Je ne dis pas "phalange" au sens militaire mais musical, comme on parle d'une"phalange" pour évoquer un orchestre philharmonique de renom. Je veux dire que ces gars-là savent jouer ENSEMBLE, se complètent,s'harmonisent, duettisent. D'ailleurs, quand Watchel et Dylan tissent leur rude dentelle de notes et d'accords de guitare, ce sont des entrelacs de frissons qui saisissent. Brillant. Et comme par hasard, je note que, pour l'occasion, Dylan avait endossé une chemise lamée or et qu'il se campe souvent jambes écartées, dans ce qu'on appelle la "Powerstation". Ce type là sait ce qu'il fait, il sait ce qu'il peut faire ou pas. Et en matière de rock, je ne vois pas très bien ce qu'il ne pourrait pas faire, et par dessus le marché, mieux que tout le monde. Dylan est Dylan. Il est son propre prophète et il est grand. Et maintenant, du plaisir.

La version de "Forever Young" qui suit est également géniale. Pour des raisons un peu différentes. Une est très notable : l'implication de Dylan et de Springsteen, ensemble et respectivement à leur juste place. Dylan n'est pas toujours très "gentil" en duo. Là, il fait un effort ; Springsteen en fait un aussi et le résultat est bon.

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