Les noces de la musique et des images furent joyeuses au début des années 80. Après l'excitation de la fête, le robinet à clips qui ne dort jamais a rapidement remplit l'office pour lequel il avait été conçu. Mettre tout au même niveau, à égale portée de bouton "On" de la zapette ; égaliser les goûts dans l'éternité de la veille hallucinée ; tendre un écran aux phantasmes et les générer à l'infini dans un flux de jouissances pauvres. L'écran fait écran, en l’occurrence au réel. Les Histoires qui assuraient une existence à la collectivité, et aux individus des rôles dont ils étaient aussi les garants, ont cédé la place à une logorrhée insensée de propositions, de choix, de flashs sidérants, qui laisse tout un chacun aux prises avec ses pulsions aussitôt satisfaites et sans la possibilité de prendre le temps d'élaborer une place dans des récits qui n'existent plus. Le clip est un fragment, mais le continuum de MTV ne laisse aucun repos, et à chaque nouvelles série d'images, l'impératif est "Jouis et meurs". Cette injonction destructrice est la colonne vertébrale de notre société, l'Argent en est son sang.
Après cette intro un rien balisée mais aussi un rien réaliste, repartons donc nous noyer dans la joie innocente d'images qui ne le furent jamais pour défendre quelques musiques indéfendables.
Frankie Goes To Hollywood proposait à l'époque une panoplie complète de modèles de comportements, un catalogue de fringues, d'objets (slip boxer "Jean Genet" ; marcel "Wirginia Woolf" etc etc); offrant à tous pour un prix modique un raffinement de Dandy, un accès à l'hédoniste le plus le plus débridé et transgenre. Holly Johnson en maître de cérémonie idéal et inquiétant officiait dans les orgies que De Palma mit dans son film " Body double", jusqu'au matin ou la mélancolie inhérente à cette vie (Douce) venait lui dire qu'il était, lui aussi : "Born to run". Le voilà en concert avec ses petits camarades, dont Mark O'Toole en bassiste énervé, reprenant et éprouvant le standard de Bruce Springsteen. On pouvait encore s'exploser la tête avec une certaine classe, non ? Je ne résiste pas au plaisir de mettre le clip de "Relax", c'est simplement parfait. Ames sensibles s'abstenir." Tu fais quoi, après l'orgie ?"
Billy Idol, ce n'est pas un nom, c'est un programme. Comme Sid Vicious. (D'ailleurs la rumeur court encore que Sid cherchait Billy dans tout Londres pour le tuer parce qu'il était trop beau.) Et le programme fut appliqué à la lettre par les deux hommes. Sid se suicida par overdose de connerie et Billy devint une idole, avec tout ce qu'il fallait pour ça, tubes imparables, excès en tout genre (de vitesse, surtout), effondrement, rédemption. N'empêche, je me rappelle très bien avoir dansé dans des boites de nuit face au mur recouvert de miroirs, parce que je ne trouvais rien de mieux à faire. Narcissisme dévoyé et désespoir jouissif. Billy avait vu le futur, il lui appartenait. Jusqu'à la fin des temps.
Je mets cette vidéo là qui est un pur phantasme, un porno gonzo à peine déguisé, recyclant tout et n'importe quoi (Elvis,Le Docteur Caligari) en une noria de sucreries en tout genre pour les jeunes yeux avides des téléspectateurs de l'époque, qui n'auraient pour rien au monde louper son 5ième passage de la journée sur MTV. La soupe est mitonnée et servie par de graves musiciens, dont Steve Stevens à la guitare. Dire que le bassiste assure est un euphémisme.
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