Il a pu sembler à certains que Gabin se répétait, qu'il "gabinisait". Jacques Lourcelles, dans son "Dictionnaire du cinéma", parle très bien de lui et du " public qu'il émerveillait par ces métamorhoses". Chabrol, peu avant de mourir déclarait à la charmante Catherine Ceylac dans "Thé ou café" que l'acteur qui lui manquait le plus était justement Gabin.
Gabin était comme un Stradivarius. Sous les mains des grands maîtres il sonnait comme aucun autre. Duvivier et Carné sont ceux qui ont le plus contribué a échafaudé un stéréotype de Gabin acteur et, au fond, dans leurs films il était parfait aussi, maléable et souple à l'extrème, il se fondait avec densité et un rare talent dans les personnages que l'esprit souvent caricatural des cinéastes demandait. Diriger par d'autres il pouvait rendre un son tout à fait différent, je dis un son parce que sa diction change aussi, comme le reste et qu'on ne reconnait pas le flot taillé sur mesure par un dialoguiste comme Michel Audiard et sur lequel Gabin se lancera à sa guise. Je mélange un peu les époques c'est certain, mais même après la guerre, il y a des mondes, beaucoup de travail et une grande facilité entre le Gabin de "Voici venu le temps des assassins", "Chiens perdus sans collier" et "Le baron de l'écluse"
Voici ce que Gabin pouvait "rendre" à l'écran sous la direction de deux expérimentateurs de génie Jean Grémillon et Jean Renoir, respectivement dans "Remorques" et "Les bas fonds".
Maintenant on a Canet, Cluzet et Dujardin. Confondants, non? Regardez bien. Le temps a passé. C'était meilleur avant. C'est un constat qui ne requiert aucune nostalgie. Maintenant nous avons autre chose et comme dit Skorecki " Il faut creer à partir de ça". C'est le plus ardu. Regardez de vielles images, c'est facile. Faire des films de nos jours c'est une autre paire de manches. En attendant, les Stradivarius ne semblent pas passer de mode....
Deux preuves tangibles ci dessous.
Bon, Jouvet avait peut être moins besoin de metteur en scène que Gabin, je n'en sais rien. Il est remarquable dans " Les Bas fonds". Là aussi sa diction change.
SPLENDIDE !!! ( Je n'oublie ni Suzy Prim, Ni Michelle Morgan, c'est même le contraire, autour d'elles tout est presque adventice )
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