jeudi 19 mai 2011

Eloge subliminal des nerfs.

J'ai regardé hier deux documentaires sur deux groupes que j'ai loupés en concert quand j'étais gamin au Mans, ville ouvrière qui a vu défiler, à cette époque, nombre de groupes punks et métals. On étais plutôt bien loti dans ce domaine. Donc, un doc sur le bassiste leader de Motorhead, sobrement intitulé " Lemmy", et un autre, signé Julian Temple, sur Dr Feelgood qui s'appelle " Oil City Confidential"
Dans le premier on voit nombre de musiciens rendre hommage à Lemmy Kilmister et dire combien ils ont été influencés par Motorhead. On voit certains d'entre eux jouer avec Lemmy : les mecs de Mettalica, Dave Grohl, l'ancien batteur de Nirvana, et deux membres des Stray Cats. Ce qu'ils disent n'a strictement aucun interêt, et quand ils jouent, ils jouent mal. Dave Grohl en particulier se couvre de ridicule en déclarant " Fuck Keith Richards" et en se lançant dans une diatribe digne d'un Incrottuptible français sur la pureté de l'indie rock et de l'attitude rebelle qui va avec. De qui croit il se moquer, ce millionaire parmi tant d'autres qui n'a jamais écrit la moindre chanson arrivant à la cheville des compos de Richards ?
Et puis on voit Lemmy, qui semble être un homme assez simple, plutôt de bonne compagnie, faisant preuve d'intelligence et de mesure dans ces déclarations ainsi que d'une patience sans défaut avec ses fans et les journalistes. Sa présence est forte mais il ne frime jamais, il fait ce qu'il " est censé faire" comme il dit, et on a envie de boire un Jack avec lui au bar où il traine toujours à Los Angeles. Ni ange, ni démon, un humain attachant et même touchant, au delà de toute la légende un peu pesante dont se gargarise pratiquement tous les interwievés du film.
Alors, on voit Motorhead jouer en concert et là, pour moi, toutes les catégories du bon et du mauvais goût sautent. Il y a des tas de groupes de rock plus ou moins bons et puis il y a Motorhead. Ca parait débile et excessif, je sais ; n'empêche, je ne connais rien qui ressemble à des morceaux comme "Damage case" ou "Overkill", entre autres, particulièrement en concert, et même maintenant. L'album que j'ai acheté à seize ans, " Overkill", m'avait fait une impression unique. C'était un combo de rock 60's, de son de basse incroyable, d'hymnes métals, d'esprit punk et de je ne sais quoi d'autre que je ne chercherai pas à définir plus avant, puisque le but de mon propos est justement d'insister sur le fait que Motorhead dépasse toutes les définitions et les légendes auxquelles on pourrait essayer, en vain, de le réduire.
Quand j'ai vu, hier soir les passages montrant le groupe en concert je me suis immédiatement enflammé, mis à bouger la tête, j'ai été happé par la puissance du groupe, son invraisemblable présence, et j'étais heureux. Dans mon esprit s'est imposée l'idée que j'ai dite plus haut, il y a Motorhead et le reste. Le reste peut être meilleur ou pire, ces jugements de valeur n'ont en l'occurrence pas de raison d'être. Motorhead, groupe quasi Nietzschéen, leur échappe.
Je n'aime pas du tout Nietzsche" mais J'adore Motorhead. Personne ne joue, ne chante, ne compose comme eux. Personne n'est à la hauteur de leur démesure, ô combien "humaine", oui, je ne vois pas d'autre mot à écrire, surtout après avoir vu le doc, "humaine".
Deux preuves tangibles ci dessous.


Une de plus pour la route.

J'ai donc aussi vu le doc de Temple sur Dr Feelgood. La plupart du temps, c'est Wilko -"Machine Gun" - Johnson qui parle du groupe à une allure frénétique qui ressemble un peu à celle de ces prestations de l'époque. Elles demandaient de sa part un déploiement d'adrénaline inusité et dénotait un système nerveux central constamment branché sur "survolté". C'était pour le moins étonnant et emballant. D'autant plus que le chanteur du groupe, Lee Brilleaux, était à peu près dans le même état de tension nerveuse extrême. Bon, lui, il est mort et c'est compréhensible ; le bassiste et le batteur du Feelgood, comme on disait par chez nous, sont deux papys qui se tiennent tout à fait correctement. Mais pour Wilko Johnson, mystère... Un peu comme celui qui entoure le fait que Lemmy de Motorhead soit toujours en vie. Le doc n'est pas mal foutu, Temple réussi bien à nous faire pénétrer le contexte social très particulier qui a vu l'émergence de ce groupe phare de ce courant musical qu'on a appelé le " Pub Rock". Johnson n'a fait que deux albums avec ces potes de Dr Feelgood : " Down by the Jetty" et " Malpractice". Ils restent brulants, le jeu de guitare de Johnson est inimitable, l'intensité de Brilleaux unique. J'aime Dr Feelgood. Et toujours pas Nietzsche. Ah, décidement non !
Ci dessous deux preuves tangibles de l'énergie ( Dieu que le mot est faible) de ces artistes.

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