lundi 25 mai 2020

Jean-Loup Dabadie est mort un sourire sur les lèvres.

Jean-loup Dabadie est mort. Il était toujours élégant, chic et bronzé. Est-ce tout ? Ben, oui et non. Il la ramenait pas beaucoup finalement, il se livrait peu mais il avait un vrai talent de parolier, ce qui n'est pas donné à tout le monde, et de scénariste-dialoguiste en particulier pour Claude Sautet et Yves Robert, qu'il faut placer assez haut sur l'échelle des bons réalisateurs, n'en déplaise à certains snobs. La Vie est une symphonie douce-amère disait Richard Ashcroft du groupe The Verve et Dabadie savait rendre ça, les ambiances de groupes tantôt unis, tantôt en conflit. Ça coulait, c'était limpide et touchant. C'était nous, enfin nos parents, puis c'est devenu nous car il avait tapé juste. J'ai adoré les mots qu'il mettait dans la bouche de Piccoli ou Rochefort et ses chansons pour Polnareff et Julien Clerc Alors, non, ce n'est pas tout et son teint halé et son éternel sourire cachait un talent bien réel pour saisir et mettre en mots "Les choses de la vie", les joies, les rires, les amours mais aussi les blessures, les peurs, la mort qui arrive. Son sourire était une politesse, celle des délicats, il masquait une force indéniable et un goût infini pour les nuances.
Schneider et Piccoli (ça me permet d'en remettre une couche sur lui) dans "Les choses de la vie" et "Max et les ferrailleurs".


Pour Polnareff, deux petits bijoux : "Né dans ice-cream", "Petite, petite".


Too funky, mais alors vraiment trop

Moi, j'adore les musiques noires américaines, surtout le Funk et la Soul. C'est tellement suintant de feeling, d'émotion que, des fois, les mecs se laissent entraîner hors de leurs gonds et que ça devient du grand n'importe quoi. Enjoy !
Dennis Edwards. Ce qu'il a pris pour être dans un état pareil demeure un mystère.

Oran "Juice" Jones : "The rain". Je ne sais pas si le mec se rend compte de ses plans foireux. A mon avis il est hors de tout contrôle.

jeudi 21 mai 2020

Piccoli le grand.

Michel Piccoli est mort. Le moins que je puisse faire pour rendre hommage à cet acteur que j'admire au-delà du dicible est du lui consacrer un post. Mais que dire qui ne soit pas vague ou banal ? Dire, par exemple qu'il faut voir les films qu'il a mis en scène et qui aident un peu à cerner le bonhomme et à mieux l'aimer (Maurice Garrel et Arno dans "Alors, voilà", sont au top, touchants et barjots, normaux quoi et ça c'est fou). Dire que l'apparition la plus brillante, comme un soleil noir, du film "Les acteurs" de Bertrand Blier, cinéaste qui foire tout ce qu'il entreprend, c'est bien la sienne. Dire qu'au théâtre il était impérial et que son interprétation du "Roi Lear" nous console en partie de celle que Terzieff n'a jamais osé livrer. Dire que si on ne l'a pas vu jouer une mère indigne dans "Jardins d'automne" de Iosseliani on ne peut pas bien se rendre compte de la jubilation qu'il avait à jouer. Dire que ses femmes sont parmi les plus belles et les plus fortes du milieu artistique, ce qui montre à quelle hauteur il se baladait et avec quelle aisance. Dire que sa filmo, pour le ciné et la télé est formidable et qu'il a excellé chez tous les réalisateurs qui l'ont employé, Sautet, Godard, Ferreri ou Bunuel pour ne citer que quatre très grands. Et puis....et puis il n'y a rien a rajouter. Il était parfait, il nous a procuré un plaisir sans égal, on peut juste être reconnaissant et se rappeler de lui avec affection et admiration.



Là, il laisse Pieplu faire le boulot, avec humilité. La scène est magique. C'est du Chabrol en grand.

Le covid 19 aurait pu nous guérir mais nous sommes les plus forts et nous sommes morts.

D'un coup, le vacarme a cessé, le goût du sang n'était plus dans toutes les bouches. L'odeur, de rance, de moisi, de pourriture s'est estompée jusqu'à disparaître. Les cris se sont tus. Toute la vanité est sortie et il ne resta plus qu'un appel puissant vers les fondations, le début. Il y a eu la possibilité d'un nouveau départ qui ne soit pas une course absurde vers la mort. En connaissance de cause. Le silence nous a effleuré de son aile dorée. Le charabia n'était plus.
Il ne tenait qu'à nous de nous en tenir à de petites chansons pour de petites gens. Pas de tubes. Pas de tsunamis de décibels et d'ondes hertziennes qui torturent les oreilles avec tout le plaisir que cela implique. Le plaisir ? Il avait une rigole pour venir et repartir. Il n'était plus omnipotent. Il laissait des friches et n'harassait pas toutes les terres.
Las ! L'occasion est perdue.
Nous étions redevenu redevables au Temps et au Monde. Un coup de moteur a explosion dans la nuit a effacé notre dette. Nous sommes redevenus des esclavagistes et des montreurs d'ours. Nous n'avons donc rien appris. Rien appris du Temps qui passait lentement. Nous aimons tout salir de nos empreintes, de nos aboiements, de notre présence obscène. Il aurait fallu rogner les plaisirs, un peu. Ne plus espérer dans un déluge, de foutre ou d'argent. Ne plus croire en nous-même. Il n'y avait qu'un pas à faire, immobile et pourtant en avant. Nous ne l'avons pas fait.
La race est bien maudite.






samedi 16 mai 2020

Bad News : Moon Martin has ceased to exist.

Moon Martin est mort. Le créateur de "Bad case of loving you" qui fit un hit chanté par Robert Palmer s'est éteint et c'est triste car c'était un très bon compositeur de rocks certifiés 24 carats. Il était assez populaire en France, en particulier pour ce morceau, que Bernard Lenoir et les Nocturnes de RTL ont pas mal passé. C'est très net, très juste, et ça a un bon titre : "Bad news". Sans commentaire.

dimanche 10 mai 2020

Awopbopaloobop Alopbamboom

Le Ciel, qu'est ce que c'est pour les rockers ? Le vert Paradis des amours enfantines, comme pour tout le monde ? Peut-être, peut-être pas... Non, ça doit être un peu autre chose. Voir sa mère enfin danser sur sa musique ? Voir son père sourire d'appréciation et allumer joyeusement un clop ? Le classique : jammer avec Hendrix et Lennon ? Chanter un gospel incessant, noirs, blancs, verts, rouges mélangés avec Mahalia Jackson et la Carter Family en chefs de choeur ? Je ne sais pas. En tout cas, ll faut que le Seigneur ait préparé quelque chose de costaud pour passer l'Eternité avec tant de hargne, d'amour et de vivacité à revendre.
Et puis, il y a des choses qu'on aimerait voir se réaliser ici-bas. Pour Bob Dylan, par exemple, quand, sur le livret de fin d'année de sa High School, on lui demande quel est son but dans la vie, il répond "Join Little Richard". Une telle constance, une telle persévérance à vouloir faire du Rock sont admirables. Je ne sais pas si Dylan à pu joué avec Little Richard sur cette planète, mais il s'est fendu d'un Tweet très émouvant quand il a appris la mort de son héros. Moi, j'ai pensé à eux, mes Dieux, à leur bonté, à leur dureté, à leur générosité, à leur vérités et à leurs errements, à la Beauté de tout cela et j'ai pleuré un peu, encore une fois, des larmes de reconnaissance, les seules qui vaillent vraiment la peine d'être versées.
Je mets là un post en hommage à Little Richard, inimitable, irremplaçable, qui joue peut-être maintenant du piano au Paradis avec les anges blancs et blonds qu'il aimait tant.




jeudi 7 mai 2020

Christophe, troisième. De l'or pour les petis gars et les petites filles. Preuves à l'appui.

Christophe, version méconnue. Des chef-d'oeuvres en péril impérissables. For connoisseurs only.

C'est James Brown qui a inventé le Funk ? Ouais...

 C'est Alan Vega qu'a inventé Suicide ? Ouais...

C'est Roxy qui a inventé Music ?

Christophe : "Boulevard du Crépuscule", deuxième.

Quand Christophe est mort sa femme a eu ses jolis mots "ses forces l'ont abandonné". On imagine bien ça. Pas Christophe lâchant la rampe, perdant espoir, se lassant de lutter, mais Christophe laissé à la dérive par des forces qui s'amenuisent face à un virus déchaîné. Une fin comme ça, comme lui, grave et légère comme une trace sur le sable que la mer efface, doucement.
Il laissera le souvenir d'un homme élégant, "gants blancs", "smoking couleur blanc cassé", "costume de soie rose", pour habiller un corps droit et tendu, le visage étant, lui, de fauve, taillé à la serpe, exprimant la noblesse du teenager éternel qu'il était, rebelle sans cause que la musique.
Il avait des tics, des obsessions. Il en changeait. Il avait la pensée en zigs et en zags, toujours à la recherche de la lumière, de l'éclair, de l'accord sublime et rare qu'il allait dénicher au bout de la nuit, dans un monde-capharnaüm qu'il nous faisait partager avec ses embardées, ses impasses, ses visions de cinéma, d'Italie, de voitures de course. C'était des zébrures, des fulgurances, des synchronicités avec mézigues que nul ne peut croire. Il était le "beau bizarre", comme il disait, samouraï italien, dandy parigot.
Les mots bleus, c'était les siens, l'air de pas y toucher, du yaourt qui tournait magnétique, comme un soleil de minuit, ciselés comme un cuir andalou, portés comme un costume Armani, emprunts de la plus douce mélancolie et de l'amour le plus fou, celui qui déraille, qui emporte et fait revenir avec des blessures que jamais, ô fort heureusement jamais, rien s'effacera.
Christophe est mort jeune. En prise avec son temps, ce qui vient, ce qui nous advient et il est mort d'une maladie de son temps, lui qui dans sa fragilité si touchante semblait pouvoir être emporté par un souffle, et dont la force a rencontré une fois, une terreur qui l'a laissé sans réponse. La voix reste, magique, intacte jusqu'au bout, pour nous aider à emballer ou à remballer, sur un slow qui tombe pile.
Tiens, il est 5 heures du matin dans cette boîte de Marina, Baie des Anges,le DJ assure et envoie "Succès fou", elle se laisse embrasser. Musique, musique, musique encore. Clap de fin.