jeudi 29 octobre 2015

C'était un ordre nouveau. Musical, en tout cas.

New Order revient à la une avec un nouvel album (sans Peter Hook) assez gouleyant et bien fichu. Ils ne sont plus sur le mythique label de Manchester de Tony Wilson : Factory Records. Revenons un peu en arrière, à une époque ou New Order était ce qui se faisait de mieux sur la scène underground et bientôt mainstream anglaise. A chaque single d'eux qui sortait chez Factory, nos esprits étaient surpris et nos coeurs conquis pendant qu'il nous prenait une sacré envie de danser sur les mélodies mélancoliques de Summer soutenues par des robots , soudain pas si barrés ou ineptes, et, bien sûr, la basse intersidérale de Hook. C'était bon, au delà du bon, c'était parfait. La vidéo que je vais mettre est une de mes favorites de tous les temps. Elle a été dirigée par Johnathan Demme et éclairée par Henri Alekan, excusez du peu. Elle porte, comme tout les objets qui sortaient de chez Facory Record un numéro de catalogue issu d'un système de référencement qui n'appartient qu'à cette boite-là : FAC 321. C'est simplement l'inverse du numéro du single qui était FAC 123. Le clip consiste en une prise live enregistrée dans les studios de Factory qui dure 5 bonnes minutes de plus que le single vendu dans le commerce et on y voit de foutus bons musiciens à l'oeuvre. C'est "raw", c'est juste, c'est définitif, comme disait Guitry toutes les 5 minutes. Un bijou catalogué.
New Order : "The Perfect Kiss". Attention, quelque part dans le clip se cache un Christ obèse et content de ce qu'il entend.



Blue-Eyed-Monster (Barbe-Bleue)

J'ai de la chance. Je désespérais de trouver un jour sur YouTube ce morceau  interprêté deux fois par Otis Taylor sur son dernier album "Hey Joe Opus red meat". Et paf le voilà ! En ce moment, la viande rouge a mauvaise presse. Raison de plus pour se payer une bonne entrecôte et écouter plutôt deux fois qu'une les versions saignantes de "Hey Joe" par celui qu'on appelle le Blue-Eyed-Monster C'est vrai qu'il a une tronche d'équarisseur Otis Taylor. En fait, il est doux comme un agneau et joue du luth en tutu dans les plaines du Wyoming à cheval sur une vieille mûle. Bon, nous étudierons les conditions de vie de l'Otis Taylor en milieu ordinaire plus tard, place à la musique. Je mets les deux versions de l'album, comme ça tout le monde se fera son idée sur laquelle des deux est la meilleure. La violoniste, Anne Harris, fait merveille.

Et de deux !

mardi 27 octobre 2015

"Miami Vice" ? No, Miami Horror, Mom.

J'aime bien ce qui suit. C'est un peu une alternative crédible à Daft Punk. Et puis j'adore le clip comme tout ce qui ressemble de près ou de loin au film "Blue Lagoon" et à son innocence inconditionnelle. Moi, j'ai le sentiment qu'on m'a perverti. De telles images, mystérieuses et juvéniles, me font penser qu'il me reste un vieux fond pas entièrement déglingué, sans vice. Et la liane blonde dans la vidéo, mon Dieu qu'elle est belle !

samedi 24 octobre 2015

"Maureen, viens mourir dans mes bras."

Maureen O'Hara vient de mourir à 95 ans. Mémoire, mémoire, que viens-tu me chanter à l'oreille ? C'était qui Maureen O'Hara ? C'était quoi ? Quand le plus enfantin des réalisateurs (Spielberg) de cette cour de maternelle friquée qu'est devenu Hollywood rend éternelle l'enfance du héros par l'intermédiaire d'un Christ venu d'une autre planête, il tombe sur quoi ? Sur John Ford batissant sans relâche un mythe américain, donc un truc sans âge, avec John Wayne et et ...Maureen O'Hara. Maureen O'Hara c'est l'Histoire en marche en personne, avec un grand "H", d'Hollywood et des USA. Une image, un cliché, une statue, un mythe, donc. Ce ne sont pas les africains qui sont de grands enfants, ce sont les américains. Et ils ont de ces jouets !!! Hollywood, c'est leur plus beau joujou. Un truc à couler de ces bronzes, plus hauts que ceux de Staline, jusqu' à en remplir les parcs d'attractions ras la gueule. Avec ça, il passent dans le monde entier pour des gentils garçons et de gentilles filles. Et ça ne date pas d'hier ! Le pays entier est tourné vers le futur, le pays entier a la gniaque et les boules, le pays entier à 6 ans d'âge mental. Des vrais fous furieux. Font peur, ces cons. Maureen o'Hara est morte, le mythe; du vent, un miroir, un homme, l'orage, la violence, l'amour. Emballée, c'est pesé. Comme au cinéma. Moi, je tente d'oublier tout ça en mangeant des cuisses de grenouilles.

mardi 20 octobre 2015

Le chasseur de daim.

Il n'y a pas que Deerhoof dans la vie, il y a aussi Deerhunter, phalange pop nommée ainsi d'après le nom du film de Michael Cimino avec Bob de Niro et Chris Walken ("Voyage au bout de l'enfer" en français !). J'ai découvert ce groupe il y a quelques années avec le titre "Helicopter" tiré de leur album "Alcyon digest". C'est vraiment beau et je le mets ci-dessous. Bradford cox, le leader du groupe, souffre du symdrome de Marfan, comme Joey Ramone, une saloperie qui bouffe le coeur à moyen terme et vous donne de longs membres qui n'en finissent pas de grandir. Alors, le nouveau titre de Deerhunter s'appelle "Living my life" (je le mets encore en-dessous) et je suppose qu'il faut l'appliquer à Cox et que vivre sa vie doit être assez compliqué. Il a cependant l'air d'avoir trouvé un ami canin et calin et sa musique est belle et fraîche. Serait-il un "freak" heureux ? Sa vie serait-elle moins chahutée et moins sombre que celle de son frère en maladie Joey Ramone ? Je lui souhaite bon vent, à cet humain déjanté par Dame Nature, et je lui dis, de "freak" à "freak", que je prends un grand plaisir à écouter le dernier album en date des Deerhunter : "Fading frontiers". (C'est le moins qu'on puisse dire en ce moment, à moins que ce ne soit l'inverse...merde...Elles se reforment ?..). Bradford, si tu m'entends...

Le clip qui suit est merveilleux, Cox en sait un bout sur les minéraux, croyez-moi. Quant à moi, les images de minéraux (et celles de taches d'encre) remplaceraient toute la peinture surréaliste que çela ne me générait pas. Ah, l'expressionisme, c'est une autre paire de manches !

Doliprane 10 000.

Aujourd'hui, j'ai mal au crâne, oh juste un peu plus que d'habitude. Que ça soit vraiment génant... Donc j'écoute ça avant de faire un AVC. "J'ai mal à la tête" de Georges Ulmer chanté par Gainsbourg.

Et puis ça parce que Frank Black a vraiment un talent incroyable, un bon gros bedon et une belle voix qui ne fait pas mal au crâne. : "Headache".

samedi 17 octobre 2015

Belote et re-belote.

L'autre jour, j'ai mis sur ce blog un morceau du groupe Cousteau dont le chanteur est une sorte de crooner moderne un peu délavé. En fait, je suis partagé sur les crooners. J'adore Nat King Cole mais je déteste Sinatra, j'aime beaucoup Dean Martin et sa distance de fanfaron (son numéro d'autodérision dans "Embrasse-moi, idiot" de Billy Wilder reste inégalé) et j'exècre Tony Bennett. Mais en matière de Pop musique il est une voix de crooner qui m'emballe et m'emporte au loin avec elle, c'est celle de Scott Walker. Ce type est imbattable, ses compos sont géniales (ses reprises aussi), ses arrangements sont sompteux et sa voix est un miel suprème pour séduire et aguicher les oreilles un peu lasses. Allez zou, un petit Scott Walker : "Montague terrace (in blue)".

Evidemment, quand on arrive à un tel niveau d'élégance et de raffinement dans la musicalité et le chant c'est dur de passer après et on se retrouve à penser immédiatement aux tout meilleurs pour enchainer sans déprimer : Hazlewood, Spector, Bacharach, les Beatles, Brian Wilson des Beach Boys. Arrêtons nous un instant sur Brian Wilson, en sachant qu'on ne fera pas mieux que lui, aussi bien peut-être, mais pas mieux. Depuis quelque temps déjà tout le monde y va de son commentaire avisé sur le génie de Wilson, de sa petite pépite exhumée d'une cave ou des bandes magnétiques étaient empilées sans raison ni ordre. Il y a même eu un film fait sur Wilson récemment par ce machin à produire des crétineries qui s'appelle Hollywood : "Love & Mercy" avec John Cusack. Et bien, je vais y aller moi aussi de ma perle rare. Voici les Beach Boys "a cappella" dans "Lavender". C'est tellement planqué comme enregistrement que le nom du groupe ce n'est même pas les Beach Boys c'est les Pendletones, c'est dire...

Pas mal, hein ?

lundi 12 octobre 2015

" Et pas de repos pour cette âme-ci."

Ainsi vous voilà triste et abattu. Vous regardez plein d'envie et de défiance des jeunes hommes et des jeunes femmes. Vos jeux sont plus retors que les leurs et sont désormais sans grâce, et si vous vous comparez à eux vous frémissez d'horreur dans un éclair de mort et de pourriture. Plus rien, presque plus et c'est ce presque qui fait encore frémir vos chairs amollies et votre coeur haineux. Où sont passés vos compagnons : l'Amour, la Beauté, l'Espérance ? Plus rien, presque plus et ce n'est que ça, que votre navrante haine, que justice et normalité banales, très banale prise de poids et d'âge. Avez-vous fait quelque chose qui en vaille la peine ou vous êtes-vous tué à la tâche sans gloire et sans renommée ? Il n'y a plus pour vous que deux ou trois tours de vice, les chemins plus altiers occupés dés lors par des gardiens plus forts et plus sûrs. Votre âme recuite est mal passée quand vous l'avez voulu par volupté mauvaise avaler. Toussez donc un peu de croyance égarée. Il semble que tout vaille un égal et minuscule crachat, suintant de votre gorge nulle comme une brume et que cela vous convienne à ravir, mais vous soufflez sans air et n'en êtes pas certain. Une dernière fois, fermez les yeux pour voir clairement le soleil tomber et mourir. Etincellant, il ne recelle plus pour vous le secret de la renaissance. Le jour est morne et infini, il est habité de l'immense mélancolie charriée en vos tripes par une bile noire. Ne bougez plus, vous servirez de borne, au mieux, sur ce chemin là, si quelqu'un s'y perd comme vous. Et morose, faites un mauvais accueil aux mystères de la Mort.

"J''ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans...."
- Je suis un cimetère abhorré de la lune....
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées...
                                                                      Ch. Baudelaire


mardi 6 octobre 2015

Le cinéma : pas la même viande pour tous.

Le cinéma, c'est une affaire de croyance. C'est ce qu'on se met dans le crâne, qui y reste et auquel on dit "Amen", parce qu'on y croit, comme aux histoires que racontaient papa le soir avant le sommeil. Vous savez, ça dansait en couleur devant les yeux ? Et puis on rêvait...Le rêve, c'est du sérieux. Cocteau disait que le Cinéma c'était "rêver dans le noir avec des inconnus". Pensez donc il a fallu mettre un peu d'ordre et de discipline là-dedans. Alors, bon, il y a des églises, des prêtres, des schismes, des apostats, des chapelles, des sectes, des Evangiles apocryphes et d'autres officiels qu'on ressase aux petits enfants de choeur qui deviennent tout pâles à force de fréquenter les salles obscures où l'on pleurniche en se...enfin bref. Voyez là, mes frères, deux icones sacrées qu'on ne saurait adorer de concert.
Deux débuts de Western, deux scènes ébouriffantes. Je préfère celle de Fuller, c'est ma croyance, parce que je préfère avoir le poil qui se dresse au passage des quarantes tueurs de Barbara Stanwyck (toujours dire du bien d'elle, elle est géniale), qu'être branlé par la main calleuse de Woody Strode (pareil). Choisis ton catéchisme, jeune catéchumène, la tempète ou le tonnerre. De toute façon, tu deviendras à moitié fou avant de trouver la sortie du désert. Alors, les portes d'un royaume absolument anecdotique où tu ne seras qu'un gueux s'ouvriront devant toi.


Calypso moderne. Sans baleine.

Drapures de violons en cascade. Trompette un peu empâtée et guitare "multo gracioza". Tambours de tonnerre qui approchent, je compte jusqu'à cinq et c'est l'orage. L'évident plaisir de chanter, de lancer sa voix en avant comme un oriflamme, un perchoir où les notes se posent. Attaque de lyrisme wap doo wap. Boucle d'oreille ou pas, costard noir peut-être, la brillantine, le Pento oui, et son effet claqueur de doigt. Lissés vers l'arrière en un geste souple. Le grand Scott Walker regarde tout cela avec bienveillance du haut de sa sphère solitaire. Il y a une femme dans le clip, et donc le début d'une histoire, c'est mieux que Jojo le mérou pour le bonnet rouge (d'âne) historique. Je m'en souviens de ses émissions à Cousteau. Il est mort. Sic transit gloria mundi. Maintenant, j'attend tous les jours d'avoir un peu plus de souvenirs, sans lui, et de regrets, et de remords. Si vers le mois de Décembre 2015 ou début Janvier 2016 j'arrive à me dire": Ce jour-là a été le dernier bon jour de l'année" et que je ne pleure pas, c'est que tout ira à peu près bien.