Voir Motörhead en concert ces jours-ci c'est comme voir le groupe du Roi des Zombies. Et même, depuis que Lemmy, leur bassiste fou furieux et leader n'a plus le droit à rien (plus d'alcool, de speed, de clopes), il s'est mis à ressembler furieusement à la Mort elle-même. C'est assez effarant et, bien que les deux autres membres du groupe tentent de prendre le show à leur compte pour faire passer au public un moment "agréable", lui, Lemmy, d'une voix sépulcrale, délivre un message qu'on croirait venir directement de l'au-delà. A vrai dire, quand il se lance dans l'interprétation de "Stay clean" (Reste propre), ça devient franchement flippant. Vous me direz, la Mort, ce n'est que ça ? ("Nitchevo" : "Ce n'est rien." a dit ToltoÏ avant d'y passer), Ouais, ben, regardez bien le gaillard qui continue à marteler sa basse, il est déjà en Enfer et je n'ai plus envie d'aller à la surboum qu'il a prévu de faire pour son prochain anniversaire. Il y a un film comme ça ou une momie suce l'âme de ses victimes par leur trou du cul. Lemmy, s'il n'est peut-être pas la Faucheuse en personne, n'est pas très loin de embaumement sur pied.
mardi 28 juillet 2015
Ce qui était tombé pour ne plus se relever.
Maintenant c'est leur tour. Ils vont devenir énormes.
C'est tendu, nerveux, catchy, malsain, un rien pompeux, névrosé, attirant. La suite, c'est pour eux.
Enorme ? HENAURME !!!
C'est tendu, nerveux, catchy, malsain, un rien pompeux, névrosé, attirant. La suite, c'est pour eux.
Enorme ? HENAURME !!!
dimanche 26 juillet 2015
Diddley Daddy
Peut-être est-ce ma complexion mentale, peut-être même est-ce une maladie, où alors c'est juste un goût ? mais je ne vois rien de plus jouissif que ça à voir et à écouter. Non, c'est trop fort chez moi pour être simplement un goût. Ca m'emporte la tête, littéralement, je fonce dans l'espace, agité de soubressauts de plaisir, dératé, cuit, énervé. Je ne vois pas ce qu'il y de mieux, de plus beau sur cette planête. Le riff, le rythme, le cri, la danse, la frime, le jeu de jambes, le son, la race, la virulence, les gestes, les fringues, le sex-appeal, l'agressivité, la folie, la vie. Ca c'est ce que j'aime, ce que je suis. Ca, c'est meilleur que l'art, que le sexe, peut-être même plus fort que l'amour, ça, ce sont les Dieux qui se sont penchés sur le berceau d'Orphée et qui lui ont dit : "Tu enchanteras les hommes !"
Bo Diddley et son combo dans une version minimale et intersidérante de "Roadrunner".
Bo Diddley et son combo dans une version minimale et intersidérante de "Roadrunner".
vendredi 17 juillet 2015
La reine Lear.
La question n'est pas de savoir si Amanda Lear est baisable. Il suffit de taper "Amanda lear nue" sur Google pour se rendre compte de l'intérêt de la personne sur le plan sexuel, qu'elle soit une femme ou un homme d'ailleurs. Non, la question est de savoir si elle est aimable, oui aimable, c'est à dire de savoir si elle est autre chose qu'une ombre. On constate, à l'écouter, une certaine consistance, une colonne vertébrale, un charisme, une féminité grave et conquérante. Elle est tout sauf conne, elle peint bien, ses chansons sont dignes d'intérêt (surtout son hymne disco "Follow me"). Moi je l'aime bien pour des petits riens, des petites choses, des présences là au bon moment. C'est minuscule mais parlant. Par exemple quand elle posa pour la pochette du deuxième album de Roxy Music, le groupe le plus indéchiffrable de tout l'histoire de la Rock Musique (génial, nul ?), "For your pleasure".
Et quand Dali l'improvisa muse, ce fût un coup de maître de la part de celui de Figueras. Et les couilles ?...Et les couilles...Et la bite ?...Et la bite... Une vraie corrida. Elle collait bien dans l'imagerie de Dali. En soit, c'est une preuve de plus de consistance (de "corones"?). Il fallait, pour lui, que la façade fascine d'entrée. Ses entrées, étaient d'ailleurs ce qu'il soignait le plus. Dans le décor, Amanda était chic et choc. Elle flashait. Un petit cliché en or dur.
Un autre, moins mis en scène, à peine moins ardent, que dis-je, plus ardent !
Homme, femme, créature, muse, cocotte, mais pas ombre, avec un visage comme le sien elle avait tout pour se ballader aux limites de la royauté et de la pacotille, excéder ses formes, être dans la lumière. Elle le fit plutôt sagement au fond, avec précaution et malignité. Il restera d'elle quelques images et un tube en béton, c'est suffisant pour la deuxième moitié du XXième siècle, une époque si pauvre en beauté, si riches en images.
Et quand Dali l'improvisa muse, ce fût un coup de maître de la part de celui de Figueras. Et les couilles ?...Et les couilles...Et la bite ?...Et la bite... Une vraie corrida. Elle collait bien dans l'imagerie de Dali. En soit, c'est une preuve de plus de consistance (de "corones"?). Il fallait, pour lui, que la façade fascine d'entrée. Ses entrées, étaient d'ailleurs ce qu'il soignait le plus. Dans le décor, Amanda était chic et choc. Elle flashait. Un petit cliché en or dur.
Un autre, moins mis en scène, à peine moins ardent, que dis-je, plus ardent !
Homme, femme, créature, muse, cocotte, mais pas ombre, avec un visage comme le sien elle avait tout pour se ballader aux limites de la royauté et de la pacotille, excéder ses formes, être dans la lumière. Elle le fit plutôt sagement au fond, avec précaution et malignité. Il restera d'elle quelques images et un tube en béton, c'est suffisant pour la deuxième moitié du XXième siècle, une époque si pauvre en beauté, si riches en images.
jeudi 16 juillet 2015
Barnes Brothers Limited
Dans la famille Barnes je demande Kevin, le grand frère. Copier Bowie ? Faire aussi bien que lui ? Personne n'y arrive sauf Kevin Barnes des Of Montreal. En 2007 déjà il publiait ça : "The past is a grotesque animal", un cri articulé et flippant, une épopée sonore et émotionnelle de 11 minutes qui va crescendo jusqu'aux limites du malaise. Splendide.
Dans la famille Barnes je demande le frère cadet, David. Il a été bombardé responsable de l'univers imagier des Of Montreal. C'est un bon peintre et un illustrateur hors-pair. Son art, limite fracassé, flirte avec l'art brut par sa saturation de l'espace et ses motifs obsessionels. Deux dessins de lui ci-dessous.
Dans la famille Barnes je demande le frère cadet, David. Il a été bombardé responsable de l'univers imagier des Of Montreal. C'est un bon peintre et un illustrateur hors-pair. Son art, limite fracassé, flirte avec l'art brut par sa saturation de l'espace et ses motifs obsessionels. Deux dessins de lui ci-dessous.
mercredi 15 juillet 2015
Immobile
Pour celui qui reste
Plutôt que de partir
Pour celui qui garde sous ses pieds
Un peu de la terre ancienne dans sa
famille
Entre ses doigts, il la sent s'émietter
Il pleuvra, il fera beau, il restera
Pour celui qui connaît par cœur
Pour l'avoir en tout état arpenté,
Un bout de route, un chemin creux
Pour celui qui, sur son aire,
Connaît les nids de ramier
Les nichées de chiots, les vaches
bréhaignes
Pour celui qui a des mots pour les
femmes
Qui donnent naissance et les jeunes
veuves
Qui ont perdu la moitié de leur vie,
la moitié de leur lit
Pour celui qui veille
Et qui s'inquiète et surveille
Qui se fait du mauvais sang
Se creuse l'estomac
Tout est si fragile
Et il y a des voleurs.
Pour celui qui accueille
Qui donne un bout de terrain
Pour l'Eternel et pour des gitans
Pour celui qui sème et qui plante
Qui ne sait que cela
Quelques gestes banals
Mais justes, perspicaces, et honnêtes
Pour celui qui récoltera
Dans une noria d'appareils
Toute la nuit car il a pensé au pain
Comme ceux avant lui y ont pensé
Pour celui qui goûte le sel
Venu de loin et qui coûte cher
Trop cher, comme l'étoffe mais c'est
tout naturel
Il n'est pas commerçant
Pour celui qui se lave les yeux
En marchant dans la rosée du matin
Qui mise tout sans savoir qu'il a parié
Qui naît, se marie et meurt
Dans le même recoin du Monde
A la même saison qui était la sienne
Et qui rêve benoîtement à demain
Pour celui que la mer n'appelle pas
Ni les mélodies charmantes
Pour celui qui ne voit pas si loin
Qui croit en un destin tiré d'un
sillon
Et s'en trouve content malgré les
tentations
Et les légendes qui un jour viennent
Ravagent tout et le laisse idiot
Mais toujours certain
Pour celui qui prend femme du cru
Et s'installe dans une masure
Et couche ses petits là où d'autres
lits
Furent mis par d'autres que lui, les
mêmes que lui
Pour celui qui est le même que moi
Et dans lequel je ne me noie pas
Car une ride au coin de son œil est
une rive
Pour celui qui serre les mêmes mains
Tous les jours et qui parle avec un
accent
Celui-ci d'où il est et dont on le
chahute
Maintenant, mais qui ne s'éteint pas
Car, mystère, les volets fermés du
café,
C'est l'accent qui vient aux lèvres de
tous
Pour celui qui dira du mal de moi
De mon travail inutile
Et de ma vie de nabab à crever
Pour celui, qui, quand même, me dit
« bonjour »
Car il est bien élevé et un peu
sournois
Pour celui qui est poli, qui est
aimable
Qui vient à mon devant et me parle
D'aventures minimes, de changements
ingrats
Mais dont la parole est une carte de
tarot fixe
Et dont l'allégresse ne se tarit point
D'avoir le pas leste par terre
Et tout en même temps solide
Pour celui qui fait avec ses mains
Du sur-place ou du sur-mesure
Et qui la perd dans l'ivresse un soir
et se bat
Et fait amende honorable le lendemain
Pour celui qui reste et qui garde
Qui met ses mains dans ses poches
Qui reste debout sans bouger
Pour celui qui veille tellement inquiet
Qu'il en vient à surveiller, la tête
penché sur un feu
A celui-ci un bonjour amical, moi
Qui suis juste un pas à coté et qui
le vois vivre
Malade, courageux, insensé,
industrieux
Et Là, fier maladroitement, lui de
n'avoir
Pas eu cette question à se poser
Daliologie (Dali au logis)
Salvador Dali était beaucoup de choses. Un inventeur de dispositifs foldingues et furieux, un voyant extra-lucide qui perçait à jour les portefeuilles des millionaires à travers leurs costumes en alpagua, une précieuse vieillotte très à cheval sur son hygiène corporelle et au goût très sûr en matière de femme, entre autre, un irrésistible clown qui était aussi trapèziste, équilibriste et jongleur dans un cirque où l'on ne s'ennuyait jamais et où la peur le disputait à la joie. C'était aussi un insupportable mégalomane, un branleur de génie qui savait s'amuser et faire de sa vie un spectacle monnayable en espèces sonnantes et trébuchantes. Un espagnol aussi, mystique et franquiste, de l'ancienne école, celle qui ne rigole pas avec les symboles car ils sont animés. Ce n'était sûrement pas un grand artiste, à coté de Picabia, d'Ernst, de de Chirico il est pauvre en formes. C'était lui la Forme de son art et voici deux photos de Philippe Halsman qui le mettent en scène dans une folie pas si douce, assez agressive pour tout dire, mais ça aussi était dans le champs de son être, la violence et la fantaisie.
mardi 7 juillet 2015
Universal truths and cycles
Et quand en âge il se trouva avancé
Il n'en fut en aucune manière calmé
Son coeur battait fort la mesure
Depuis toujours il vivait sous l'usure
Il avait fait plusieurs fois son corps craquer
Du destin il était un vieux piano faussé
Et il jouait toujours un même thème
Un air d'amour qui dit qu'il aime
Aussi fort à chaque redite
Même si la chanson est maudite
Et d'ailleurs l'est-elle ?
Cette appétissante tarentelle
Et danser et chanter avait été sa pratique
Que les pieds et la voix tordues éradiquent
Mais il chancelle encore en rythme
Et brille au fond de ses yeux la pyrite
Comme au front des amants universels
Luit une étincelle éternelle
Plus ravissante que la Mort elle-même
Que l'ivresse aussi et que tous les systèmes
"Viens, je t'emmène danser au bal
Après, j'élargirai ton joli trou de balle"
Elle répondit "Vieux pervers, vieux cochon !"
Puis l'acceuillit comme il faut en son profond
C'était tout. Ca et les rêves
Les rêves qui jamais ne crèvent.
Un peu de Rock n' Roll avec Guided by Voices jouant en live l'intégralité de leur album "Universal truths and cycles".
Il n'en fut en aucune manière calmé
Son coeur battait fort la mesure
Depuis toujours il vivait sous l'usure
Il avait fait plusieurs fois son corps craquer
Du destin il était un vieux piano faussé
Et il jouait toujours un même thème
Un air d'amour qui dit qu'il aime
Aussi fort à chaque redite
Même si la chanson est maudite
Et d'ailleurs l'est-elle ?
Cette appétissante tarentelle
Et danser et chanter avait été sa pratique
Que les pieds et la voix tordues éradiquent
Mais il chancelle encore en rythme
Et brille au fond de ses yeux la pyrite
Comme au front des amants universels
Luit une étincelle éternelle
Plus ravissante que la Mort elle-même
Que l'ivresse aussi et que tous les systèmes
"Viens, je t'emmène danser au bal
Après, j'élargirai ton joli trou de balle"
Elle répondit "Vieux pervers, vieux cochon !"
Puis l'acceuillit comme il faut en son profond
C'était tout. Ca et les rêves
Les rêves qui jamais ne crèvent.
Un peu de Rock n' Roll avec Guided by Voices jouant en live l'intégralité de leur album "Universal truths and cycles".
Pour lire les poètes.
Un appel lancé, une petite exhortation à lire les poètes, les si doux, les si violents, les si fondamentaux poètes. Pour avoir le coeur chevillé à la nuit, fut-elle atroce et même midi fut-il déporté à minuit, ceux là connaissent la lumière, les ombres, les tonalités, le partage de ce qui est l'obscur et de ce qui est la clarté et le voyage à faire de l'un à l'autre, incessamment. Leurs mots sont des chalands, leurs vers des mélopées qui accompagnent nos efforts et nos déroutes et les transportent avec nous à l'autre bout de la Terre, qu'ils font venir à nous, docile et insaissable, sauf à l'écouter dans leurs voix, tout le long, du Levant au Couchant, lors d'un eveil bref et salutaire aux signes. Ce sont les uniques défricheurs de ces signes qui marquent notre espace, notre temps et nos fondations. Témoins des mises en Histoires, des Temps d'avant même, des Temps sans poètes et puis de la marche, de l'indicible souffrance et du bonheur sans égal, des tumulus des rois morts aux points impairs de la bête à bon Dieu, de tous les tempéraments plus quelques clefs pour les comprendre. Chanteur insasiable d'un écho humain donné au pied de l'Olympe qui fait trébucher les âmes et leurs juges toujours trop prompts à ne pas entendre les singuliers qui se disent ou se taisent mais sont là, nous. Ecoutez ces chant languides ou fulgurants qui disent nos noirceurs et nos éclairs et les étayent en une maison commune où le mystère nécessaire, juste entraperçu, comme par un geste contre (somme toute une défense) ou un sourire est à l'abri de toute tentative de captation fallacieuse et d'autarcie. Un poète jamais ne donne de conseil, je n'en suis donc pas un pour donner celui de les lire. Ce ne sont pas les mauvais poètes qui manquent, c'est lire les bons qui est important. Lire Léon-Paul Fargue, gardien de notre nuit de par sa veille salutaire et des hauts feux de la ville de Paris dans les cafés qui la défient. Fargue, toujours conscient de la nuit, toujours la fouillant pour y trouver ce que l'aube n'apporte jamais et en ramenant des trésors d'esprit clairsemés de brumes et des peines de coeur coupantes comme un rasoir à main. Le travelo qui tangue, est la marque la plus sûre d'un chant transcendé et humain qui est aussi celui du veilleur de nuit qui quitte son poste à l'hotel pour répondre à une quémande, du fort-des-halles qui porte une carcasse ou du gamin qui rêve et, Ô malheur, entend sa mère l'appeler pour le petit-déjeuner. Immense poète lyrique et terre à terre, ras de bitume, plutôt, Fargue fut un poète "considérable", comme ils disait de ceux qu'il aimait et un chroniqueur exceptionnel du tout venant lu au prisme des plus rares Humanités. Il est là, on l'écoute. Parfois, le ton est assez pompeux dans la diction, c'est faire une erreur, lui qui avait peut-être la verve de Rabelais, en tout cas, son appétit (qui a dit que Rabelais mangeait beaucoup ?) et son regard net. Alors, le poète raconte et dit une singulière génèse.
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