Et maintenant, une petite séquence de chanson française. Commençons par un beau titre de Michel Delpech : "Un coup de pied dans la montagne"
- Elle a pas de nom cette montagne ?
- Non, peut-être, par ici on l'appelle la montagne, c'est tout.
- C'est débile, toutes les montagnes ont un nom, un nom à elle.
- Sûrement. Pas celle-là.
- Et qu'est ce qu'elle a de special cette montagne ?
- Rien. Enfin si, elle secoue.
- Elle secoue ? Qui ? Quoi ?
- Ceux qui y vont, qui la gravissent. Elle les secoue un grand coup.
- Et alors ?
- Après, il ne sont plus pareils. Enfin, ceux qui redescendent parce qu'ils y en a qui y restent.
- Ils meurrent ?
- Pas forcément, ils restent là-haut. Il y en a qui redescendent, certains juste pour mourir, d'autres qui remontent. Enfin, tu vois, il y a pas mal d'options.
- Non, je ne comprends pas ce que tu me dis. Tu en déjà vu de ceux qui sont revenus ?
- Peut-être. Enfin, oui, ils ne parlent pas beaucoup.
- Comme toi ?
- Oui, comme moi.
- Tu y es monté, hien ?
- Sûrement. Qu'est ce que ça peut te faire au juste ? Ce ne sont pas tes oignons.
- Parce que je suis pas du pays ? Un pays avec une montagne qui n'a pas de nom, ce n'est plus un pays, c'est autre chose.
- Quoi, petit malin ?
- C'est comme tu disais. Un truc pour se faire secouer.
- Tu veux monter, c'est ça ?
- Ca te gènerait ?
- Non, c'est tes affaires.
- C'est risqué ?
- C'est risqué d'être secoué, de toute manière. Ce qui tombe, ce qui reste, ça dépend. Tu peux chuter tout entier du haut de la montagne.
- Je n'ai pas peur.
- Ce n'est pas la peur qui compte, c'est le poids. Combien tu pèses, c'est ça qui te tuera ou te fera vivre.
- Je ne suis pas bien épais.
- Ce n'est pas ce poids là dont il s'agit. Tu ne peux pas savoir à l'avance. Tu te feras secouer, tu sauras.
- Je vais mourir ?
- Peut-être, non. Ca n'aurait guère d'importance.
- C'est comme ça que tu vois les choses ? Depuis que tu es monté là-haut ? Toi, tu es revenu et tu te fous de tout ?
- Je ne me fous pas de tout. Au contraire. Ecoute : tu veux savoir ? Tu veux savoir ce qui te manques ? Ce que tu as en trop ? Après tu verras bien, tu sauras.
- Je vois, je vais encore rester quelques temps ici, et puis je monterai me faire secouer.
- Comme tu voudras.
- Ce n'est pas la montagne qui bougera, n'est ce pas ?
- Idiot, bien sûr que non !
- Alors, je vais dormir un peu et rêver.
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