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C'est le
20/11/14 au soir que le duo originaire de Bayonne, Joujou, s'est
produit à l'Antre2Café, le café associatif de la rue Papu et y a
déclenché l'enthousiasme d'un public certes peu nombreux mais
choisi. Joujou ? C'est joli comme nom, mais qu'est ce c'est au
juste ?
Et bien
Joujou ce sont des mélanges ultra-toniques et super-soniques à
finir de vous réveiller les morts-vivants que nous sommes tous plus
ou moins et à transmuter les chagrins et les questions en vif
argent. Tout d'abord, il y a cet homme et cette femme. Opérateurs en
Arts sonores divers et Poésie à mach 3. Benjamin, à la fois
bonhomme et nerveux, est derrière sa batterie ou bidouille des
samples mélodieux et bizarres à partir d'un simple élastique
trituré. Branché sur sa comparse, il assure une dynamique mordante
et débridée à l'ensemble. Agnes, branchée sur son comparse,
silhouette svelte enserrée de noir de pied en cap chante, hurle,
danse et joue sur une petite mitraillette de bois, tout à fait
«Joujou», qui se révèle être une basse à une corde
qu'elle martyrise sans relâche et qui, pas chienne, le lui rend
bien. A eux deux, ça pastèque, ça « groove » et ils
dégagent une énergie roborative comme j'en ai rarement vue et
reçue.
De ce duo
bien assorti naît focément un fameux mélange, une sauce piquante
qui prend d'entrée de jeu. La voix forte d'Agnes d'un coté hurle à
travers la réverbération et s'envole sur le tapis de déboulés de
batterie savamment libertaires venus de celui de Benjamin. Ils se
regardent, se connaissent, sont en phase, et, comme on dit,
«méchamment Rock, n' Roll». C'est un Joujou qui tourne
et virevolte et se scratche, un Joujou pour les grands. S'en suit un
concert impeccable qui alterne (et mélange) les morceaux
bruitistes au format chanson, les hymnes poétiques dit/criés, les
poèmes parlés doucement et des envolées free-jazz stratosphériques
que je n'hésiterai pas (je ne crains personne pour les adjectifs) à
qualifier d'afro-punk ! Quelqu'un dans la salle crie «Fucking
Rock n Roll». Mon dieu ! Mais c'est moi qui parle en
langues ! Sors de ce corps, mon Amour!
Joujou fait
ainsi montre d'une énergie débordante et contrôlée pendant un
temps que l'on ne voit pas passer tant est forte l'intensité des
textes (magnifique injonction magique : «Prends
forme!»), du son, de l'implication scénique. On finit
essoufflé, un rien « destroy » mais diablement heureux,
de ce bonheur paradoxal qu'éprouvent parfois les malheureux quand
ils subliment leur peine. Il y a chez Joujou quelque chose de
primitif et d'urgent qui fait se craqueler le vernis du sourire que
l'on se met sur la bouche parfois quand on voudrait pleurer. Grâce à
Joujou,«ça» sort, ça prend sens, et, en plus, ça se
danse.
Il est
certain que ces Joujou là nous aurons envoyés en l'air un peu plus
que des maquettes Heller, même grand-format, et c'est très bien
comme ça. Seuls les sales gamins méritent de vilains jouets. Les
plus beaux, les plus déjantés.
- Alors Maman, tu me le donnes ce Joujou ?
- Uniquement si tu n'est pas sage, mon chéri, uniquement si tu n'es pas sage...."
:joujoujoujou.wix.com/joujou
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