jeudi 26 juin 2014

Gerry Goffin monte au Paradis des pervers en deux minutes trente cinq secondes.

Gerry Goffin est mort. Avec sa camarade de jeu et femme Carole King, ils ont composé quelques unes des plus fameuses chansons de cette époque charnière de l'histoire de la Pop Musique qui va de 1958 à 1963, entre la mort du premier Rock n' Roll - scellée par la dissolution d'Elvis dans l'Armée puis Hollywood et la mise au pas de Chuck Berry, Jerry Lee lewis, entaulés pour mauvaise conduite - et l'arrivée messianique des Beatles qui allait envoyer la dite musique populaire sur une autre voix. C'était l'époque où le Brill Building regorgeait de talents majeurs qui composaient des hits pour alimenter les mineurs en tubes dansants et leurs propres comptes en banque en royalties. La jeunesse américaine se découvrait un pouvoir d'achat (elle n'allait pas tarder à réclamer le pouvoir tout court) et il fallait assurer un rythme de production suffisant pour que les adolescents ne débandent pas et les jeunes filles ne cessent pas de mouiller. Tout cela était naïf, primesautier, retors et pervers. Ça faisait des chansons merveilleuses. Je ne suis pas un très grand amateur de celles de Goffin et King (contrairement aux Beatles), je leur préfère des trucs comme "Leader of the pack" des Shangri Las (Morton/Barry/Greenwich), "Rythm of the rain" des Cascades (Gummoe) ou encore "Then he kissed me" des Crystals (Spector/Mann/Greenwich). A UNE exception très, très notable, le fabuleux "He hit me (and he felt like a kiss)", toujours interprétée par les Crystals qui était lui bien signé Goffin/King (et produit par Phil Spector), et qui a récemment été repris par les Grizzly Bear. C'est un summum de perversité, que je mets à égalité avec "My boyfriend's back" des Angels. Dans cette dernière, la chanteuse minaude à un insolent qu'elle n'a pas voulu laisser profiter de ses attraits que son "régulier" est de retour et lui prédit un sort funeste et mérité. Dans "He hit me...." on va plus loin et la perverse petite chanteuse finit pas sombrer dans un masochisme béat autant que délétère puisqu'un des vers de la chanson est "He hit me..and I was glad", "Il m'a frappé et j'étais heureuse". Faramineux. Dans le duo, Carole King écrivait la musique et Gerry Goffin les paroles. Il écrivait simplement mais c'était toujours bien foutu. Stylé, quoi ! Euh, il frappait un peu sa femme aussi...

L'excellent version des Grizzly Bear, Boy's Band sophistiqué.

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