mardi 18 février 2014

Vivre et mourir avec DEVO.

Le plus souvent c'est sans difficulté, et sans joie non plus. Les gens font ce qu'ils ont intégré qu'ils devaient faire de manière automatique, et surtout "sans prise de tête" (maître mot des auto-descriptions sur les sites de rencontres), sans la moindre pensée libre parasite. En fait, tout est comme dans les bouquins de Houellebecq et je suis d'accord avec Philippe Sollers quand il dit qu'il n'est nul besoin de se farcir ces gros pavés américains qui prétendent nous expliquer le monde ( ceux  de De lillo, Pynchon, Ford) en un millier de pages (à l'exception notable de Bret Easton Ellis). Houellebecqu est un piètre écrivain, contrairement à Ellis, mais un sociologue de toute première force et il nous montre plus ou moins adroitement (je parle du style) ce qui se passe, ou plutôt ce qui ne se passe plus. Tout le monde, en tout cas ceux qui sont dans la machine, est en roue libre, Les gens font tel ou tel geste, calibrés pour eux, qui leurs rapportent tant, somme qu'ils dépenseront dans des objets de telle ou telle valeur, conçus pour satisfaire toutes les bourses avec l'illusion de se donner du bon temps ou de se faire un nid douillé à la déco adéquate. A quoi ? Au goût des gens ? Les goûts des gens sont des paramètres soigneusement préparés, soupesés, ils doivent correspondre à la production, et SURTOUT, ils doivent laisser à chacun l'illusion qu'ils sont à lui et à personne d'autre. Ainsi, quelque soit le produit que vous achetiez, le prénom que vous donniez à votre enfant, tout cela a été parfaitement mis en équations exactes avant même que vous ne songiez à acheter quelque chose ou à faire un enfant et vous ne faites que résoudre, comme il avait été prévu, ces équations, tout en ayant le sentiment d'une certaine liberté (la Liberté c'est la T.V.A. comprise dans le prix d'achat). Nous en sommes là, depuis maintenant quelques années, ça n'avancera plus, ça ne bougera plus. Le libéralisme économique triomphe partout dans le Monde, qui se trouve maintenant rétréci à des mesures qui semblent parfaitement agencées pour qu'une compagnie aérienne puisse vous emmener faire du tourisme n'importe où en moins de 24 heures. Plus le choix ? A Kiev, ils en veulent la même dose que partout ailleurs en Europe. A Bangkok ? Même topo. Au Qatar ? Ils payent le prix fort pour que les matchs de la Coupe du Monde de football se jouent sur des charniers. Pas de problème, les joueurs auront les crampons idoines, faits sur mesure par les équipementiers sportifs. On ne va nulle part, comprenez-vous ? On y est. Le corps est dévoyé, transformé en un agrégat de zones à récompenser, exciter ou calmer ; la pensée est battue en brèche par tous les moyens possibles ; l'imaginaire anémié, stéréotypé : la raison instrumentalisée par de très pures folies. l'Homme est mort.
Moi ? oh, moi je suis fou, ça ne compte pas, sauf pour les médicaments. Je suis incontrôlable, insupportable, libre à faire peur, seul, planqué, rendu à ma propre force par moi-même (quoiqu'elle vaille), vivant, riche ; plus vivant et plus riche que 99 % de la population mondiale, et surtout humain à 100%. Ca veut dire qu'il ne faut pas compter sur moi pour vous faire miroiter la perfection d'un Dieu qui s'annonce en l'Homme post-historique, mais que vous pouvez être sûr que j'ai sur moi, ou en moi des Beautés que ce Dieu n'a pas, et n'aura jamais. Bien sûr, le combat est perdu depuis longtemps, mais je ne suis pas amer et la valeur de ce que j'offre est celle même de la douceur du sucre ou de l'âpreté du vin. Ça fait du bien. Comment estimer cela ? Hé, hé... Tout ce laïus m'a été inspiré par la nouvelle de la mort de Bob Casale, guitariste et tête pensante du groupe Devo. Ces gars là ont balancé dans les années 70/80 un des ultimes cris de détresse humaine, et un des plus déchirants. Par la magie de leur folie, il s'avère que c'est aussi un des plus drôles. Mais attention, d'un rire un tantinet nerveux, qui appelle son Xanax. C'est eux qui ont fait la meilleure version de "(I can't get no) satisfaction". Ça m'a bien marqué quand j'étais jeune. J'étais déjà énervé et j'étais en passe de devenir un type parfaitement imbuvable : quelqu'un qui n'a rien à vendre, même pas lui-même.

Allez, un autre titre, "Mongoloïd", comme quoi, on peut être trisomique (ou autre truc fastidieux, qui fatigue tout le monde) et faire partie de la chaîne, et même tirer un peu dessus, comme tout un chacun.

Les paroles :

Mongoloid, he was a mongoloid
Happier than you and me

Mongoloid, he was a mongoloid
And it determined what he could see

Mongoloid, he was a mongoloid
One chromosome too many

Mongoloid, he was a mongoloid
And it determined what he could see

And he wore a hat
And he had a job
And he brought home the bacon
So that no one knew

He was a mongoloid

Mongoloid, he was a mongoloid
His friends were unaware

Mongoloid, he was a mongoloid
Nobody even cared

Mongoloid, he was a mongoloid
One chromosome too many

Mongoloid, he was a mongoloid
And it determined what he could see

And he wore a hat
And he had a job
And he brought home the bacon
So that no one knew

He was a mongoloid

Mongoloid, he was a mongoloid
Happier than you and me

Mongoloid, he was a mongoloid
And it determined what he could see

Mongoloid, he was a mongoloid
One chromosome too many

Mongoloid, he was a mongoloid
And it determined what he could see

And he wore a hat
And he had a job
And he brought home the bacon
So that no one knew

He was a mongoloid
He was a mongoloid

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