samedi 31 août 2013

Les Rolling Stones en 2013 : Etat des lieux.

Alors que les Arctic Monkeys survolaient l'ensemble de l'édition 2013 du festival de Glastonbury grâce à une prestation impeccable, pleine d'assurance et de mordant, les Rolling Stones étaient la tête d'affiche inédite du second soir après 35 ans d'attente. Que voit-on sur les images en couleurs fourbies par la BBC et trouvables sur Youtube ? Force est de constater que ça devient assez comique. Revue des troupes. Bobby Keys, leur saxophoniste de toujours et victime collatérale des abus de Richards ne va pas tarder à se ramener en fauteuil roulant. Je suis certain que son déambulateur est planqué derrière un ampli. Il est en tout cas en roue libre, entre deux paris sur des courses de chevaux  à Epson, trois stouts au pub le plus proche, et souffle raisonnablement fort dans son instrument pour qu'on l'entende. C'est un bon point, bravo Bobby. Il y a les deux choristes blacks habituels. Je ne sais pas si la femme est toujours Lisa Fisher, auquel cas, elle aurait triplé de volume et présenterait maintenant un look "burlesque" tout à fait intéressant. A la limite, elle vaut la prix du billet d'entrée à elle toute seule. Ah non, autant pour moi, on me souffle dans l'oreillette qu'il s'agit en fait de Merry Clayton qui s'époumona jadis sur "Gimme shelter" ! Bon, si ça se trouve le concert était introduit par Ed Sullivan. Néanmoins, je maintiens ce que j'ai dit sur cette femme étonnante. Chuck Lewell pianote incessamment à la place de Ian Stewart et de Nicky Hopkins sans jamais sortir de l'ombre. De temps en temps il s'arrête pour taper dans ses mains sans que le son du groupe change de manière notable. Le bassiste Daryl Jones à branché le pilotage automatique et s'endort pour de bon après le deuxième morceau. Il sera réveillé à temps par les "wou wou wou wou wou wou" de Jagger pour son solo de "Miss you" avant de repiquer du nez jusqu'à la fin du show. Invité ce soir là comme sur pas mal d'autres dates de cette tournée bizarroïde, l'ancien lead-guitar du groupe entre 1969 et 74, Mick taylor apparaît pour faire et refaire son solo de "Can't you hear me knockin'", tiré de 'Sticky fingers". Il a de beaux restes et s'acquitte de sa tâche avec un semblant de plaisir. A ce moment-là, les autres filous lui donnent l'impression qu'il a les commandes du vaisseau et il quitte la scène visiblement ragaillardi sous un "I love you" tonitruant de Jagger. Peut-être tout cela sera-il suffisant pour lui faire oublier qu'une bonne dizaine de morceaux de sa main se retrouvent signés Jagger-Richards dans les albums des Stones auxquels il participa ? "I love you"...
Mais, là où ça devient vraiment cocasse, c'est quand on observe les quatre Stones "officiels". Charlie Watts est un inusable métronome en os, nerfs et tendons dont on a le sentiment qu'il pourrait battre la cadence post-mortem. D'ailleurs, est-il encore vivant ? Rien ne permet de l'affirmer avec certitude. Mick Jagger est une énigme. Pour un type qui a 70 ans il bouge beaucoup. Il bouge énormément même. Il ne court plus par contre, et s'il traîne un peu des pieds, c'est qu'il l'a toujours fait. C'est étonnant, mais ça fait maintenant tellement longtemps qu'on le voit faire le même show que ça n'a plus la moindre espèce d'importance. Résultat, c'est un fantôme qui s'agite sur scène. Le salopard nous aura eu à l'usure, et, finalement, se sera berné lui-même à son piège de Peter Pan. Adieu Mick. Quant à son comparse Keith Richards, il arbore une légère bedaine et une flemmingite aiguë, qui peut laisser à penser, soit qu'il s'en fout complètement, soit qu'il est travaillé par un début de maladie d’Alzheimer. En clair, il joue de sa guitare une fois toute les trente secondes et presque toujours sur les cordes à vide de son open-tuning. Quand il daigne poser sa papatte sur son instrument, ça à l'air d'être au petit bonheur la chance, en attendant de retrouver son pote Bobby Keys au pub du coin pour les courses à Epson et une quatrième stout. Du coup, Ron Wood s'en sort avec un brio qu'on ne lui avait plus connu depuis les Faces et ses travaux avec Rod Stewart. Il assure donc à lui tout seul les deux parties guitares sans aucune difficulté après presque quarante ans à somnoler au fond du bus de tournée. Un miracle !
Oui, tout çela est assez rigolo. Mais il faut bien dire que, depuis que je les fréquente, je me suis rarement ennuyé avec les Stones, et que, d'une manière ou d'une autre ils ont toujours trouvé les moyens de me faire me poser des questions à leur sujet, de me mettre en colère, ou... de me faire rire. De là que pour moi, mais comme pour beaucoup d'autres, j'en suis certain, ils revêtent une importance relativement grande, au même titre que des trucs aussi sérieux que les cellules souches ou la Syrie de Bachar el Assad et, mine de rien, c'est assez fort.
Je vais mettre deux vidéos. Primo : les Stones jouant "Can't you hear me knockin'" à Glastonbury en 2013. Secundo : un excellent morceau de 1964, assez rare : "Off the hook".


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