samedi 31 août 2013

Perdus dans la musique. Acte V

2013. Enfin, c'est l'année indiquée sur les calendriers mais les calendriers mentent. Preuve en est la calendrier Maya qui ne daignera pas aller jusqu'à la fin du Monde. Pas très sérieux tout ça, messieurs les Mayas. Donc ça se gâte encore avant le "boum final". Un jeune anglais de 19 ans, issu de Nottingham, réinvente la Country américaine, issue de la bouse.  Au passage, il pond une des meilleures chansons des Everly Brothers que les Everly Brothers avaient oubliée de composer.

1959. Dans son film de cette année-là Howard Hawks fait chanter un des Jake Bugg originaux de l'époque, Ricky Nelson, en duo avec Dean Martin, soutenu par le vieux Walter Brennan, sous l’œil goguenard de John Wayne. C'est une pause dans le film, mais aussi dans l'Histoire, dans le Temps, un rêve de cinéphile, un rêve d'homme. Hawks présente ça avec son professionnalisme habituel, sans emphase, sans falbalas et il donnera l'impression de passer à la scène suivante sans plus sourciller
Sauf qu'il n'y a pas de scène suivante. En tout cas, pas comme ça, plus comme ça. Il n'y aura plus que des remakes, des revivals, du rétro-futurisme jusqu'à ce que tout ait lieu partout, en même temps, comme si le Temps et l'Histoire n'avait plus début ni fin. C'est toujours un rêve d'homme, un rêve de cinéphile. Les films ont changé.

"Lost in tranlation"
Une jeune femme  américaine voit passer le Temps et l'Histoire devant elle au Japon. Elle n'en fait pas partie, elle n'a pas envie d'en faire partie. Enfin si, un peu. Elle fait juste un vœu, au cas où. Peu avant, dans le train, elle écoutait la musique d'un groupe français. Elle sourit en voyant passer ce vieux couple. Elle a très peu d'ambition. C'est mieux. Les cinéphiles passent finalement. Les hommes aussi. Les films meurent.

BOUM !

Les Rolling Stones en 2013 : Etat des lieux.

Alors que les Arctic Monkeys survolaient l'ensemble de l'édition 2013 du festival de Glastonbury grâce à une prestation impeccable, pleine d'assurance et de mordant, les Rolling Stones étaient la tête d'affiche inédite du second soir après 35 ans d'attente. Que voit-on sur les images en couleurs fourbies par la BBC et trouvables sur Youtube ? Force est de constater que ça devient assez comique. Revue des troupes. Bobby Keys, leur saxophoniste de toujours et victime collatérale des abus de Richards ne va pas tarder à se ramener en fauteuil roulant. Je suis certain que son déambulateur est planqué derrière un ampli. Il est en tout cas en roue libre, entre deux paris sur des courses de chevaux  à Epson, trois stouts au pub le plus proche, et souffle raisonnablement fort dans son instrument pour qu'on l'entende. C'est un bon point, bravo Bobby. Il y a les deux choristes blacks habituels. Je ne sais pas si la femme est toujours Lisa Fisher, auquel cas, elle aurait triplé de volume et présenterait maintenant un look "burlesque" tout à fait intéressant. A la limite, elle vaut la prix du billet d'entrée à elle toute seule. Ah non, autant pour moi, on me souffle dans l'oreillette qu'il s'agit en fait de Merry Clayton qui s'époumona jadis sur "Gimme shelter" ! Bon, si ça se trouve le concert était introduit par Ed Sullivan. Néanmoins, je maintiens ce que j'ai dit sur cette femme étonnante. Chuck Lewell pianote incessamment à la place de Ian Stewart et de Nicky Hopkins sans jamais sortir de l'ombre. De temps en temps il s'arrête pour taper dans ses mains sans que le son du groupe change de manière notable. Le bassiste Daryl Jones à branché le pilotage automatique et s'endort pour de bon après le deuxième morceau. Il sera réveillé à temps par les "wou wou wou wou wou wou" de Jagger pour son solo de "Miss you" avant de repiquer du nez jusqu'à la fin du show. Invité ce soir là comme sur pas mal d'autres dates de cette tournée bizarroïde, l'ancien lead-guitar du groupe entre 1969 et 74, Mick taylor apparaît pour faire et refaire son solo de "Can't you hear me knockin'", tiré de 'Sticky fingers". Il a de beaux restes et s'acquitte de sa tâche avec un semblant de plaisir. A ce moment-là, les autres filous lui donnent l'impression qu'il a les commandes du vaisseau et il quitte la scène visiblement ragaillardi sous un "I love you" tonitruant de Jagger. Peut-être tout cela sera-il suffisant pour lui faire oublier qu'une bonne dizaine de morceaux de sa main se retrouvent signés Jagger-Richards dans les albums des Stones auxquels il participa ? "I love you"...
Mais, là où ça devient vraiment cocasse, c'est quand on observe les quatre Stones "officiels". Charlie Watts est un inusable métronome en os, nerfs et tendons dont on a le sentiment qu'il pourrait battre la cadence post-mortem. D'ailleurs, est-il encore vivant ? Rien ne permet de l'affirmer avec certitude. Mick Jagger est une énigme. Pour un type qui a 70 ans il bouge beaucoup. Il bouge énormément même. Il ne court plus par contre, et s'il traîne un peu des pieds, c'est qu'il l'a toujours fait. C'est étonnant, mais ça fait maintenant tellement longtemps qu'on le voit faire le même show que ça n'a plus la moindre espèce d'importance. Résultat, c'est un fantôme qui s'agite sur scène. Le salopard nous aura eu à l'usure, et, finalement, se sera berné lui-même à son piège de Peter Pan. Adieu Mick. Quant à son comparse Keith Richards, il arbore une légère bedaine et une flemmingite aiguë, qui peut laisser à penser, soit qu'il s'en fout complètement, soit qu'il est travaillé par un début de maladie d’Alzheimer. En clair, il joue de sa guitare une fois toute les trente secondes et presque toujours sur les cordes à vide de son open-tuning. Quand il daigne poser sa papatte sur son instrument, ça à l'air d'être au petit bonheur la chance, en attendant de retrouver son pote Bobby Keys au pub du coin pour les courses à Epson et une quatrième stout. Du coup, Ron Wood s'en sort avec un brio qu'on ne lui avait plus connu depuis les Faces et ses travaux avec Rod Stewart. Il assure donc à lui tout seul les deux parties guitares sans aucune difficulté après presque quarante ans à somnoler au fond du bus de tournée. Un miracle !
Oui, tout çela est assez rigolo. Mais il faut bien dire que, depuis que je les fréquente, je me suis rarement ennuyé avec les Stones, et que, d'une manière ou d'une autre ils ont toujours trouvé les moyens de me faire me poser des questions à leur sujet, de me mettre en colère, ou... de me faire rire. De là que pour moi, mais comme pour beaucoup d'autres, j'en suis certain, ils revêtent une importance relativement grande, au même titre que des trucs aussi sérieux que les cellules souches ou la Syrie de Bachar el Assad et, mine de rien, c'est assez fort.
Je vais mettre deux vidéos. Primo : les Stones jouant "Can't you hear me knockin'" à Glastonbury en 2013. Secundo : un excellent morceau de 1964, assez rare : "Off the hook".


mercredi 14 août 2013

Perdus dans la musique. Acte IV

Tout se mélange. En 1996, Chic se reforme pour un concert unique au Budokan de Tokyo. Ca chauffe méchamment ; les chanteuses sont torrides ; Slash, échappé des Guns & Roses  déboule sur scène pendant "Le Freak" et envoie un drôle de solo tout rutilant ; pour la bonne bouche (et la légende), le bassiste historique du groupe, Bernard Edwards, rongé jusqu'à la moelle par un cancer s'éteindra dans sa chambre d'hôtel quelques heures après la fin du show ! Allons-y ! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA FREAK DOWN !

Ca ne s'arrange pas. Voici un morceau génial de Terry Allen qui expédie "ad patres" tous les petits cul-terreux de la "new-country" que l'on peut écouter chez ce cinglé à moitié cryogénisé de Georges Lang le vendredi soir sur RTL Pas l'ombre d'un noir à l'horizon. Allons-o ! Ca s'appelle :  "Oui (une chanson française)". Au point où on en est, Ravel et Fauré ne feront peut-être pas trop la gueule.

Mais qui est VRAIMENT Terry Allen ? Un chanteur de country ou un artiste contemporain qui a commis les petites choses ci-dessous ?



Il est les deux, et aussi un animateur radio, un poète, un dramaturge....Le tout les pieds dans la bouse et sous l'égide d'Arthaud le Momo.

mardi 13 août 2013

Les Situs, Les Beatniks 50 ans plus tard.

Là, je vais mettre un bout d'un documentaire français sur la Beat Génération mais qu'on ne peut plus trouver nulle part dans ce pays à la con. On voit bien les mecs, on entend un peu de musique, c'est chouette. Le plus gros du doc (qu'on ne voit pas) consiste en des récitations de poèmes par Ginsberg, Corso et Hunkle sur des impros d'Ornette Coleman dans les années 90. Ça déménage sec. Au milieu de ce petit extrait apparaît un ahuri bien de chez nous qui parle des "utopies" qui auraient motivé ces gars-là. Regardez bien le décor de l'appartement dans lequel cet universitaire bon teint fait son petit laïus c'est assez cocasse. Et puis, c'est très français ça, les utopies. Kerouac et consort n'étaient pas utopistes. Ils sont allés voir là où personne n'était allé avant eux, simplement parce que ça les démangeait d'y aller, parce qu'à cette époque là, en Amérique, il y avait encore de l'oxygène dans certains petits coins, que c'est là qu'était la Vie (pas l'utopie) et qu'ils avaient besoin de vivre là. Le plus souvent  Ils l'ont fait dans le dénuement des pionniers et avec l'enthousiasme des découvreurs de terres vierges, sans trop raisonner sur la LIBERTÉ. Ils en ont ramené des gemmes sans prix tant elles sont merveilleuses.
En France, à la même époque on avait les Situationistes, des utopistes sectaires et révolutionnaires de salons très bourgeois, qui s'encanaillaient sans risque sur un Boulevard du Crime comme toujours fantasmé et s’entre-tuaient pour un leadership lui aussi imaginaire sur des consciences qui n'étaient même pas les leurs. Le tout pour sauver l'humanité du péril d'exister autrement que sous leurs férules entièrement rationalistes, entièrement rances. Ah, les tristes sires ! Il s'agissait bien de délirer, mais de délirer dans l'ordre le plus strict, le plus fasciste ; au sens où, dans cet ordre-là, seuls les chefs jouissent vraiment. Je connais certains de leurs fils spirituels à ces zombies. On en est donc à la troisième génération de déchets alcooliques et héroïnomanes à préoccupation sociale. Attention certains sont les profs de vos enfants !
En face, en Amérique : des poètes. C'est tout. C'est suffisant.

samedi 10 août 2013

Histoire et cinéma d'action : un duo ravageur.

Évidemment, les films de Tarentino sont des merdes sans noms. Evidemment. Mais avant que ce singe savant ne passe derrière la caméra pour nous épuiser de ces idioties, il avait pondu le scénario de "True Romance". Ce film a été réalisé par le pire salopard des faiseurs de nanards survitaminés d'Hollywood : Tony Scott. Ce mec, un des plus gros consommateurs de coke de tout Beverly Hills, avait un but dans la vie : faire "l'action-movie" le plus surboosté à la testostérone, au montage le plus speed fast-forwardisé, le plus bourré d'effets spéciaux jusqu'au bout de la file d'attente devant le Gaumont et nous le coller dans le cul pour qu'on se fasse jouir avec - tout en restant dans les canons d'une grosse production américaine, avec ces quelques contraintes et dérives assumées. Généralement, et c'est un des seuls dans ce cas-là parmi ces congénères metteurs en scène US, ça marchait plutôt pas mal. On peut citer parmi ces réussites remarquables "U.S.S Alabama", "Le dernier Samaritain", "Man on fire", "Déjà vu". Liste non exhaustive.
Je vais mettre un extrait plutôt sobre de "True Romance". C'est violent, bien sûr, mais ça c'est normal pour Tarentino comme pour Scott. Néanmoins le vice du scénario, son astuce nous permet de voir une magnifique composition d'acteur. Je ne parle pas de celle de Walken, il fait le boulot sans trop se forcer, non, je veux parler de Denis Hopper. Tout le travail de cet acteur assagi va consister à ciseler l'évolution très rapide de son personnage vers une force tragique Et comique assumée, à partir de la peur la plus banale et la plus sourde.
Je pose la situation : Walken est un parrain de la mafia et est à la recherche d'un jeune prostituée jouée par Patricia Arquette et de son micheton préféré Christian Slater car ils lui ont volé beaucoup d'argent (ou de came, je ne sais plus). Pour les retrouver, il a la bonne idée de faire un saut chez le père de Slater, incarné ici par Denis Hopper, chez qui le couple est effectivement passé quelques heures plus tôt. Walken menace le père de tortures pour lui faire dire ou est passé son rejeton et met ces menaces à exécution. C'est là que le scénario est bon et Hopper grand. Je vous laisse découvrir ça. Sans m'avancer trop, je dirais que c'est la seul bonne idée de scénario de Tarentino, "Pulp Fiction" ne contenant que des fausses bonnes idées qui rendent le film cul-cul la praline (ou culte, c'est pareil).
Messieurs Walken et Hopper.

A noter : l'utilisation particulièrement révoltante (donc réussie. Il faut tout renverser avec Tony Scott, et sans snobisme. Être spectateur de cinéma c'est d'abord ça, du sado-masochisme, d'accord ?.) du Duo des Fleurs de Delibes, compositeur français aujourd'hui un peu passé à la trappe.

jeudi 1 août 2013

"C'est curieux quand même !"

Partout, à la télé, à la radio, dans les journaux, c'est la mode des cuisiniers, des bons petits plats faits maison, de la bonne bouffe soit-disant pas chère. Et qu'je te prend des beaux produits de la ferme à pas de prix par-ci, et que c'est un jeu d'enfant à cuisiner par-là. Et on fait mariner par-ci, et ça se fait tout seul par-là, faudrait être bête pour ne pas en profiter et gna gna gna, et gna gna gna ! Ces connards essayent de faire culpabiliser les gaillards de mon espèce parce qu'on mange des pâtes en sauce made in Super U et des Pizzas livrées à domicile, mais ça ne prend pas. Non, définitivement, non. Moi, j'aime pas ça faire la cuisine, c'est une afféterie de pédale et je n'en suis pas. Mon taux de cholestérol parle pour moi : je n'ai jamais "émincé" quoi que ce soit, comme disent ces demoiselles, et encore moins "émonder". Non, moi, je tape dans le tas à l'arme lourde ; dans le camembert à la petite cuillère et dans le beurre à la plaquette de 125 (grammes, pas millimètres), et si un abruti me détaille une recette de ..., merde, comment ça s'appelle ? Ah oui : nem, Non..., ah voilà sushi, je l'équeute.
Ah, évidemment, si les cuisiniers-tantouzes (manchots, en plus !) de maintenant présentaient les choses comme Michel Galabru dans l'extrait ci-dessous, je pourrais faire un effort, il y aurait une possibilité de négociation. Mais non, je n'ai pas vu un cuistot digne de ce nom à la télé française depuis les rediffusions nocturnes de "Très chasse, Très pêche" sur TF1.
A noter  dans le film : le couteau électrique. Ah, le couteau électrique ! On en avait un à la maison. C'était le bon temps, un temps d'abondance, d'insouciance. Maintenant, il faut tout recycler, tout trier et il faut, en plus, chier dans des chiottes dégueulasses pour faire soi-même son compost. M'en tape, je veux chier dans l'eau et que mon étron disparaisse loin de chez moi emporté par un torrent d'eau fraîche et potable. Et je veux un couteau électrique.