jeudi 1 mars 2012

NU

Toute mon adolescence a été traversée de ces éclairs foudroyants de colère glacée qu'étaient certains singles entendus chez Bernard Lenoir, le soir sur France Inter. Ils exprimaient en une décharge ramassée ce que je sentais être une partie de moi : une rage froide, une haine larvée de tout et de rien. Ce n'était pas de la révolte, ce n'était pas conceptualisé mais ça se matérialisait soudain sous la forme d'un 45 tours qui me brulait les ailes en même temps que je décollais. J'avais trop d'Amour et pas la moindre idée de quoi en faire qui ne soit pas d'abord tourné contre moi.
La sous-culture rock ou autre est assez rarement intéressante, mais à l'époque, instinctivement, je ne faisais pas de différence entre "L'Héautontimoroumenos" de Baudelaire que j'étudiais en classe avec ma chère Mme Delannoy et ce qui suit. J'avais parfaitement raison. C'est du même ordre de beauté déchirante et d'(e)(dés)espérance auto-destructrice.
"Teenage kicks" par les Undertones.

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