dimanche 18 mars 2012

C'est dimanche, il pleut. J'ai le coeur à Gasoline Alley.

Vous voulez savoir ce qui me donne des frissons ? Et qui me colle le sourire en même temps ? A chaque fois ? Ça. Ça sent la sueur et le cambouis, les rires grasseyants et la bière. Un chant populaire, un chant pour tous; Pour le travail, pour le repos, la bagnole, la fête. Un bonheur. "Tempus fugit" ? Ok, mais ça revient à chaque fois que j'écoute "Gasoline Alley"

Ci dessous un show parfait. Stewart est à la coule, contrôle tout sans effort, chante comme jamais. Au début du morceau, les musiciens, surpris qu'il ne chante pas et que le public le fasse, manquent de s'arrêter. Il réagit comme un vrai pro. Puis il enchaine avec "Gasoline Alley". Il joue avec son pote Ron Wood ("Ah, le voilà ce vieux cabot !"). Il est heureux, c'est communicatif. Tout le monde s'époumone gaiement

Et puis ça. Une chanson anti-homophobe, gay friendly comme on dit de nos jours. Paroles (magnifiques) et musique de Rod Stewart lui-même. Cette chanson a été mal perçue à l'époque. Très peu de temps en fait. Peu après, la culture gay sortait du placard, avec cuir, moustache et toute une esthétique qui restait invisible jusqu'alors. C'est comme ça, on vient de Gasoline Alley, un coin prolo où papa et maman tenaient toujours la porte et la table ouverte, aux copains du mari, aux copains des fistons. On venait manger là, ensemble. Alors on a vu de tout, surtout le dimanche midi, au réveil, après la sortie du samedi soir : des pas clairs, des pédés, des noirs, des beaux, des moins beaux, des filles plus ou moins bien élevées, des putes. Il y avait des tartines et de la confiture. C'est comme ça qu'on s'est éduqué, dans la rudesse et la joie, la tendresse muette et les rigolades. Après, on est parti loin.
"Oh yeah..."

Et hier soir, samedi (ou était-ce il y a trente cinq ans ?), ils ont passé ça en boite. C'était bon de danser là-dessus.
Pour l'apprécier pleinement, ce morceau s'écoute au casque. Fort. On se rend compte que les guitaristes (ils sont deux) brodent un fond de guitare précieux doré sur tranche. Que le bassiste insuffle un shuffle qui donne des fourmis dans les jambes. Bien sur, la mélodie de clavier rentre immédiatement dans le cervelet et y reste gravée à jamais. Carmine Appice est un métronome lourd et puissant. Les paroles sont bonnes et sexy. Ça donne envie de baiser. " Give me a dime so I can call my mother... He said I'm sorry but I'm out of milk and coffee... Come on sugar, let me know !"

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