dimanche 24 novembre 2019

Au bout de la nuit avec Billy Idol et Steve Stevens.

- Oncle Rock, Oncle Rock !
- Quoi ! Quoi ! Qu'est ce qui se passe ? La guerre, enfin !
- Nan, on veut te demander un truc. C'est hyper-important !
- Vous me réveillez pour me poser une question ? Oh purée, ça a interêt à être vital. Et puis vous ne voyez pas que je ne suis pas seul....
- Bonjour les enfants
- Bonjour M'dame.
- Mademoiselle, bande de mal élevés, elle a beau avoir 50 balais, elle est encore une jeune fille, quelque part.
- Oncle Rock, dis-nous, c'est quoi le Rock ?
- Encore ! Ah, c'est important, c'est exact. Vous n'êtes pas si cons, bande de petits cons. C'est moi, c'est elle, c'est vous, c'est nous. C'est ça....
Billy Idol : "Rebel Yell"

Même débranchés, ils envoient. Steve Stevens, Billy Idol :"Rebel Yell" Le Rebel Yell est aussi le nom d'un très bon bourbon américain.

J'ai couché avec la Doctoresse.

- Oncle Rock, Oncle rock !
- Oui, Ruru, Fufu et Lulu, qu'est ce qu'il y a ?
- Pourquoi on t'appelle Oncle Rock ?
- Ah c'est une très longue histoire...
- Oui, ben abrège, on a rendez-vous avec des petites fans de Rhianna dans un quart d'heure.
- Ouais, c'est parce que j'aime bien le Rock.
- C'est tout ! Mais d'abord, c'est quoi le Rock ?
- Le Rock ? C'est pour les jeunes, même pour vous. C'est pour tout le monde, en fait. Surtout pour ceux qui veulent bien se donner la peine de vieillir mal. En un morceau, c'est ça;
Dr Feelgood :"Route 66"

- Vous voyez les petites brunes et blondes qui dansent ? Et bien, c'est les fans de Rhianna de l'époque, sauf qu'elles voulaient coucher avec le Doctor Feelgood. Et si ça se trouve, si ça marche le Rock, dans un coin de leurs têtes elles veulent toujours coucher avec le bon Docteur. C'est ça le Rock, l'Art et la manière de ne pas ête sage.
- Ah oui. Bien, on le sera pas Oncle Rock, promis !
- Eh, les kids un petit bonus cinéphilique tordu et Rock pour vous mettre en train. J'ai vu ça, j'avais votre âge, au cinéma le Pathé ! Je bandais, je riais. Ah, tout à la fois !

Des larmes, des larmes pour Lucette, Nick et Jean...oh, s'il pouvait pleuvoir...

Ah, ça tombe comme des mouches ! Lucette Destouches gardienne du temple célinien, est morte; comme Jean Douchet, critique et amoureux émérite; comme Nick Tosches, écrivain américain mégalo ET de génie (souvent ils ne sont que l'un et pas l'autre, (cf Hemingway, deLillo, Roth, Fitzgeraldd etc, etc...)
"Bagatelles pour un massacre" de Céline, c'est pour la Danse, la trés grâcieuse et très légère Danse et c'est trés bon. C'EST CA le scandale. Il le disait lui-même le père Céline :"Ce qu'ils ne me pardonnent pas, c'est "Bagatelles.."Ben oui. La beauté, l'infamie. Comment faire ? Bientôt la réédition, que tout le monde juge sur pièces, preuves à l'appui. C'est comme ça ("Preuves à l'appui") que s'appelle un essai de Jean Douchet sur Rohmer, autre droitier jusqu'auboutiste. Jean Douchet connaissait le cinéma comme sa poche, mieux que sa poche. Il y était, il en était. Il nous laisse un "Art d'aimer" doux et tenace qui lui va comme un gant. Le chercher, le trouver, dans l'oeuvre dingo de Gérard Courand "Carnets filmés". On le voit aussi dans "Jardins en automne" de Iotar Iosseliani. Nick Tosches a parlé aves empathie et une véritable verve de la préhistoire du Rock'n'Roll et de ses héros. En vrai marlou aotodidacte de Little Italy, il a appris tout seul le latin, le vieil italien, le grec ancien, pour pouvoir lire dans le texte "La Divine Comédie" de Dante. Son livre, "La Main de Dante" est d'une ambition démesurée, et le meilleur c'est que les très bonnes pages du bouquin adviennent quand Tosches se glisse dans la peau de Dante doutant de lui-même, de sa création, et dans celle de sa femme, jeune noble florentine prête à s'épanouir, écrasée par la figure de Béatrice, l'amour de jeunesse vain et glorieux de son mari. Un tour de force poètique majestueux. Quand il parle de Wynonie Harris ou de Hank Williams, c'est très beau aussi et super-documenté. Imparable. Vous courrez acheter les disques des chanteurs quand vous aurez lu "Country, les racines tordues du Rock'n'Roll" et "Héros oubliés du Rock'n'Roll, les années sauvages du rock avant Elvis". Il y a là-dedans des mines de pistes pour arriver à des monceaux d'or brut.
Pour leur rendre hommage je mets un morceau joué et composé par un qui vient de décéder lui aussi, Laurent Sinclair, clavier du raffiné groupe de zonards pour minettes Taxi Girl, C'est "Cherchez le garçon" quintessence moderne de 1980, donc classique instantané. Tous l'auraient trouvé bon ce morceau. (Allez, on y va les violons, Tous l'ont trouvé bon),
"Taxi Girl "Cherchez le garçon".

vendredi 15 novembre 2019

La prise de conscience du cinéma français ? Vraiment ?

Le Monde fait paraître un article au titre éloquent "Avec les paroles d'Adèle Haenel, la prise de conscience du cinéma français". De quoi prend-on conscience au juste ? Est ce qu'on prend conscience que le dispositif cinéma en lui-même et ce qu'il a engendré comme microcosme sont les lieu d'enjeux sexuels essentiels qui dépassent de loin ce qu'on en perçoit couramment ? Est-ce qu'on sait plus ou mieux que le cinéma c'est voir, être vu, montrer, maîtriser, s'exhiber, payer et la jouissance que l'on tire de tout ça ? Que nous sommes tantôt sadiques, tantôt masos; tantôt exhibitionnistes, tantôt voyeurs: tantôt enculés, tantôt enculeurs, toujours pervers, toujours jouisseurs, dans la rétension ou la dépense ? Est-ce qu'il y a plus de gens qui savent que les acteurs et surout les actrices sont des victimes inconsciemment consentantes, demandantes mêmes, qui espèrent s'en tirer à bon compte, sans dommage, alors que leur appétit d'exhibition et de domination, de soufrance et de jouissance est insatiable et sans-limite ? Est ce qu'il y a plus de gens qui savent que metteur en scène ça veut dire pervers polymorphe, tanôt despote, par rapport aux acteurs et actrices sadisés, tantôt raclure de chiottes par rapport à la montagne d'argent (et donc de merde) qu'est le producteur ?
Je n'ai pas le sentiment que ça ait bougé d'un iota.
Par contre, la victimisation des femmes à un moment où le système patriarcal, dans ce qu'il a de plus sain, est contesté au profit d'un modèle qui reste à définir mais qui, dans ses prémices, ne laisse rien augurer de bon, la victimisation des femmes, disais-je, devient de plus en plus et grâce en partie à Adèle Haenel, un parangon comportamental et sociétal prégnant, imposant et nocif parce que fou. Car il est fou de laisser les commandes du Monde aux femmes, elle en ont déjà le contrôle, et justement, si l'on veut faire avancer la lutte féministe et l'Humanité il serait judicieux de sortir de la problématique de contôle pour entrer dans celle, plus modeste, plus neutre, de gestion partagée, de négociation du pouvoir, raisonnée et raisonnable.
Mais le cinéma et l'Art en général, ne sont pas raisonnables. Ils sont terrifiants, comme le sexe. Que tous le sachent, que tous sachent qu'il y a là excès, outrance par nature et jouissance de tous les cotés et qu'on ne viennent plus crucifier publiquement des gens ou leurs vouer un culte, au nom d'une prétendue morale sans assise ni hauteur. Regardons notre jouissance en face et tâchons de ne pas en mourir.
Michaël Powell disait tout ça mieux que moi dans un film définitif et amer : "Le voyeur" A Voir, justement.
Au-dessous, un Maître et son actrice au travail, en pleine relation sexuelle. Luc Moullet "Anatomie d'un rapport." Ca a au moins le mérite d'être cocasse.


samedi 9 novembre 2019

"Le Rock, c'est tout à fond !" Jean Yanne (citation vérifiée, extraite de l'ouvrage en huit volumes en latin "De Rockum" par Oncle Rock. Disponible sur commande, 499 $ + frais de port.)

Le Rock est-il mort ?
Le Rock est-il vivant?
Le Rock est-il jeune ?
Le Rock est-il vieux ?
Le Rock est-il l'avenir de l'homme ?
Le Rock est-il la fin du monde ?
Le Rock est-il à la papa ?
Le Rock est-il notre mère à tous ?

Le Rock ne se pose pas de question, il est là.
La preuve par trois.

Squid : "Houseplants" et "Rodeo".



Black Midi : "Speedway" et "Ducter"



Mice Parade : "Mystery brethren"


Allez quatre !

Young Guv : "Caught Lookin'".

Pixies : Live music for the young and old.

- Oncle Rock ! Oncle Rock !
- Oui, Rara, Fafa, Lala.
- Dis, tu les a vus en concert les Pixies ?
- Oui, il y a trente ans.......... et tout récemment.
- On n'était même pas nés quand tu les a vus pour la première fois !
- Oui, le Rock c'est un truc de jeunes-vieux ou de vieux-jeunes, comme on veut. A l'époque, j'étais un jeune-vieux. Tout ridé, tout courbé mais je pogotais. J'ai pogoté pendant tout le concert sans débander. C'était une déflagration, les Pixies, un son et une énergie, une magie; le "it" dont parle Kerouac pour le Jazz, c'était eux pour le Rock en cette soirée parisienne d'il y a trente ans. Le coeur battant, le feu, l'emballement, l'excitation. Il fallait voir ça pour le croire.
- Et récemment, c'était comment ?
- Tout d'abord, laissez-moi vous dire un truc. Il y a du gros Rock. Et il y a du Rock de gros. C'est une tradition le Rock de gros, depuis au moins 70 ans , depuis Antoine "Fats" Domino et ses tubes chaloupés à danser à deux dans les années 50. Il avait un "shuffle" spécial, inimitable, on appellait ça le Swing pour le Jazz quand il était encore petit, C'était rond et suave, comme lui "Ain't that a shame ?" Non, ce n'en était pas une. Parfois le gros Rock et le Rock de gros, c'est la même chose et ça devient un problème. Je ne parlerai pas ici de Leslie West de Mountain, ni de Buddy Miles, le dernier batteur d'Hendrix, ça n'a pas d'intérêt, c'est chiant mais c'est un vrai problème. Frank Black est un cas un peu à part. Généralement on parle de petits teigneux, lui c'est un gros teigneux. Il a été plus ou moins gros, mais teigneux, ça oui, toujours. Donc quand je l'ai vu il y a peu avec ses comparses des Pixies, il a fait du Rock de gros teigneux. Ah, ça, il n'a pas été aimable, pas de "Bonjour", pas de "Merci", pas de rappel. On s'en tape pas mal. Les Pixies jouent fort et parfois, parfois, ça explose comme en 1989. Ils ont joué pendant deux heures, 38 ou 39 morceaux, je n'ai pas compté, je n'ai pas  pogoté non plus mais j'étais bel et bien dedans. Et il y avait de quoi. Le batteur, est pugnace comme un Redneck au volant de son John Deere. La bassiste a un  énorme groove Rock implacable et Joey Santiago zèbre l'atmosphère de coups de  Gibson Les Paul tranchants même s'il n'est plus capable d'aligner cinq notes sans faire un pain. Le Gros Black Francis (?!?) enveloppe le tout de guitares rythmiques chaloupées et de hargne vocale euphorisante. Très jeune, très vieux, très bien. Vous voyez,quoi ?
- Non, pas vraiment Oncle Rock.....
- Ils ont joué "Where is my mind"....
- Ah oui, super ! Ma copine adore ce morceau ! Elle le chante toujours quand elle est bourrée !
- C'est ce que je disais. C'était un bon concert pour les vieux-jeunes aussi.
- C'était trans-générationnel, Oncle Rock !
- Oui, c'est ça, à force d'être jeune plus personne n'a d'âge, même le Rock, même vous. Allez, prenez ces 20 balles et allez boire un coup de ma part à la santé de la trans-humanité...du Cognac XO de chez Rémy Martin,, compris ?
-OOOUUUAAAIIIIIISSS !!!!! Merci Oncle Rock !!!!
- Ah folle vieillesse !
Les Pixies live il y a... euh...... whatever.


mercredi 6 novembre 2019

Marie Laforêt : la Fille aux yeux d'or, la Fille aux yeux tristes

Marie Laforêt est décédée. C'était une femme à l'ancienne, séductrice et hystérique, un peu vamp, un peu desespérée, pas du genre à demander des comptes 10, 20, 30 ans après. D'une beauté rare, antique, tragique, elle fut d'abord Marge dans "Plein soleil" de Renè Clément, ce film trop riche pour être honnête, aux mains pleines d'or sale. Elle a pris sa part, on l'appelait : "La fille aux yeux d'or", et quand on la regardait bien, c'était vrai. Le "Soleil noir de la mélancolie" c'était Delon et son double pédé Ronet mais c'est une autre histoire.Ensuite, elle a joué les utilités de luxe dans d'autres films plus ou moins dispensables, en particulier avec Belmondo. Ce n'est pas nul, loin de là, mais ce n'est pas Stéphane Audran non plus.
Elle a aussi beaucoupe chanté. Dans pas mal de langues. Mettant en pratique une espèce de World Music (ou Sono Mondiale) complètement en toc mais pas désagréable, créant ainsi une internationale de la corde sensible, du vibrato déchirant, de Ménilmontant à la Yougoslavie. Elle a fait dans le surané (pas le démodé) dès le début, parfois le mièvre et même l'indigeste, mélangeant allègrement reprises de Bob Dylan, canzone italiane, pop française et larmes de crocodile de la Russie éternelle. C'était pas "les sucettes" de France Gall. Elle, pas besoin de les lui expliquer, elle savait. Elle ne savait que trop, apparemment.
Et puis moi, elle m'a traumatisé Laforêt, traumatisé et ému. Mes parents venaient de se séparer, ma mère se languissait de mon père et Laforêt sort "Viens, viens", hymne imparable et prière d'une fille qui veut ramener son papa à la maison..Insoutenable.
Le "bilan" est mitigé, pas au niveau des ventes d'album (35 millions, excusez du peu) mais de la qualité de l'ensemble. Il y a de l'insupportable digne d'un Sardou et de des choses qui accrochent l'oreille par leur qualité immédiate et ne vous quittent plus
Ce qu'elle dégageait, cette séduction languide et remplie de pathos, de larmes (elle interprétait à merveille La Callas au théâtre), et son répertoire de complaintes années 30 remises au goût du jour pour toujours emportent finalement le morceau. C'était tout sauf indigne, il y eut même de bons, de très bons moments et.... la meilleure reprise des Stones en français. Ciao Bella  Ragazza ! Cinq perles à venir.
Marie Laforêt : "Pour celui qui viendra".

Marie Laforêt "Sébastien"

Marie Laforêt reprenant Dylan : "D'Être à vous".
Il y a de belles photos d'elle dans la vidéo. Elle fumait beaucoup. Marie Laforêt chantant Danyel Gérard, "Les vendanges de l'amour". Marie Laforêt, son coté slave de fille de la Gironde. "Ivan, Boris et moi".