Je ne sais pratiquement rien de Leonard Cohen... enfin, un peu quand même...Je vais vous dire...Je sais qu'il était orphique, à la coule jusqu'à charmer les pierres, "Allright" dirait Mick Jagger. C'est quoi mon parcours avec Leonard Cohen ? D'abord, c'est mal parti. Je l'ai vu en concert en 1985-86 dans un festival au fin fond de la Bretagne où j'étais allé pour voir les Ramones. En plein après-midi, sous un soleil de plomb ses "chansonettes" ont gavé mon âme de jeune ignorant bouché qui n'aimait rien tant que le volume sonore puissant et la rage. Les Ramones furent annulés, pour moi, le clou (et la bonne surprise) de la journée, ce fut Depeche Mode...Je ne sais pas si Cohen était bon ou pas, rien vu de lui ce jour-là.
Un peu plus tard, en 1987-88, il sort un album plutôt électronique et j'ai saisi la beauté de l'effort, sa réussite. J'ai écouté les paroles de l'hymne "First, we take Manhattan" "I don't like what you did to my sister....then we take Berlin...." S'il y avait bien une ville à delivrer c'était Berlin. Pas des cocos, pas seulement, de tout, du poids de l'Histoire et recommencer tout de A à Z, là-bas. Ca me paraissait une bonne idée. J'étais raccord avec Leonard, je le suis resté. A l'époque il produisait aussi des albums pour sa choriste fétiche, Jennifer Warnes, qui étaient bons aussi. De temps en temps, il donnait des nouvelles de lui et du monde. Orphique tant et plus, il nous le révélait comme un phare, une balise, jamais avare en questions, en prières, en réponses esquissées et lancées vers nous comme des...pierres, lourdes mais pouvant servir à paver une route. Il y a eu l'album tribute "I'm your fan" et quand j'ai vu le casting des musiciens qui rendaient hommage à Cohen, j'ai compris définitivement l'influence énorme qu'il avait sur la musique contemporaine. Des étés malades durant j'ai écouté "Lover, lover, lover" chanté par Ian McCulloch. Jeff Buckley à enfoncé le clou avec sa reprise mirifique de "Halleluja". Buckley (le fils) m'ennuie en général, pas là. La chanson est tellement bonne, je découvre l'originale, elle est pratiquement aussi merveilleuse. Les grandes oeuvres, c'est comme ça, ça encaisse presque tout. Pendant ces années, Cohen se planque dans un monastère Bouddhiste en Californie tenu par un japonais et un allemand. Un cauchemar étonnant dans lequel il persiste, lui que je croyais lié definitivement à la Méditérannée. Mais y a-t-il si loin de l'île d'Hydra au mont Athos ?
Et puis il y a eu le retour, sur disque et sur scène. La voix plus grave qu'un secret de jeunesse éternelle, le chapeau cachant le cheveu ras et blanc, la douceur et la force du voyageur. Le voilà incarné en ce qu'il a toujours été : le juif errant, détenteur de toutes les histoires, gardien secret d'incantations, créateur de remèdes antédiluviens. Cohen m'enchante définitivement, encore et encore, il allait mourir. Il chantait à Londres, à Dublin. Les albums se succédaient, il berçait mes nuits réveillées chez Georges Lang, tout roulait. Le dernier opus est arrivé un peu rapidement; Bowie nous avait fait le coup, ça n'a pas loupé, une dernière prière - qu'il va falloir décrypter de près - et il est parti.
Voilà ce que j'ai vécu avec Cohen. C'est peu, je l'ai dit mais c'est assez intense. Je ressort moins con de sa fréquentation et empli de beauté, c'est pas mal. Il me reste un peu de temps pour me pencher sur son corpus littéraire (romans, poèmes) et ses disques maintenant que mes a-prioris de jeune dingo ne sont plus.
Je suis un vieux fou alors, je vais bien écouter, bien lire et profiter, et me souvenir. (Pendant que j'écris ces mots, il passe à la radio, sa voix est si belle).
mardi 22 novembre 2016
vendredi 18 novembre 2016
Les Rois de la frontière sauvage
Je reparlerai de Leonard un autre jour. Et de Leon Russell, qui est mort aussi. Pour l'instant, un peu de légereté, de poussière d'étoile avec Adam Ant. Pendant six mois avec son groupe, sous le nom de Adam and the Ants, il ont été sur le toit du monde, roitelets rock de la frontière sauvage (à l'époque, il y en avait une ou deux qui n'étaient pas tristes, vers l'est, mais là, ils visaient l'ouest). C'était la mode "Pirate". Baggy en bas, cintré en haut, matelots matinés peaux-rouges emplumés. Des ventes insensées, trois ou quatre 45 tours classés en même temps dans le Top 50 de Grande-Bretagne, qui nous gratifiait là d'une des petites bouffoneries sans grand danger ni effets secondaires notables dont elle a le secret. Genre Samantha Fox, quoi ! Dont je ne laisserais pas dire impunément qu'elle ne méritait pas son succès par un talent explosant à l'oeil nu (c'est le cas de le dire). Donc Adam Ant. Je vais mettre une vidéo ci-dessous, c'est rigolo et frais et presque pas complètement nul. Ca laissait un peu de place à un truc bizarre qu'on commençait à perdre : l'insouciance. Et avec un sens du rythme certain quand même. J'ai revu le gars dans un téléfilm british plus tard où il jouait un vampire sexy et romantique qui avait horreur du sang. Un truc dans ce goût-là. Comme quoi il a pris une place durable dans l'imagerie anglaise, entre Bowie et Morrissey. Et puis, comme j'ai dit, c'était fun son truc et entre deux doses de New Oder ça permettait de décompresser. L'angoisse allait nous saisir, nous n'étions que des enfants après tout, 14, 15, 16 ans...
Adam and the Ants donc dans "Kings of the wild frontier". A la limite.
Adam and the Ants donc dans "Kings of the wild frontier". A la limite.
samedi 12 novembre 2016
Mort d'un homme à femmes.
Fait chier, Leonard Cohen est mort. C'est un guide, un phare d'occident qui disparait. Après un album testament où il se mettait en règles avec ses amis et amantes et avec son Dieu, il nous a dit "So long..." en nous laissant des sanglots dans le coeur et de la vie plein les mains. Ne nous reste plus qu'à célébrer sa mémoire en écoutant ses disques, en lisant ses livres, en écoutant sa voix, magnifique, profonde et magique. C'est nos idoles qui meurent les unes après les autre, NOS idoles, je dis bien, ceux venus avec nous de nulle part, du pays de la jeunesse reine et perdue, rêvant de toutes ses forces et se cassant la figure sur la terre pour se relever la gueule de traviole; venue d'un autre pays, un peu en marge du réel qu'il fallait bien rejoindre pourtant parce que pour que tout soit VRAI, il fallait aussi l'épreuve du réel. Cohen disait la VERITE,il disait les choses comme elles sont, en rêve ou en réalité; il a joué de sa lyre, il ne nous a jamais trompé ni menti; il n'a jamais triché. Moi, je SENTAIS que c'était une parole libre et juste, de faiblesse et de force, de tendresse, d'amour; de la poésie très pure. Je le COMPRENAIS aussi, ça me pénétrait en bonne et due forme, comme il avait pénétré ses muses de toutes sortes. Magie du grant ART. On aurait aussi bien pu lui filer le Nobel. Maintenant, j'ai jusqu'à ma mort pour le réécouter, le mijoter dans ma cervelle avec la beauté des ritournelles en sus pour rajouter à ma joie, avant de partir en règle, moi aussi, quand je dirai à quelqu'un " Vous le voulez plus sombre...., je suis prêt, Seigneur.".
jeudi 3 novembre 2016
Le slogan de Smokey : Pour une autre mort !
Fin des zaricots ? Chute infernale ? Non, le silence s'avance dans ma vie trop bavarde et fait le ménage. Ce n'est pas trop tôt. Bientôt la bouche cousue... MAIS Smokey Robinson m'arrache à mon mutisme galopant par la magie d'un chevrotement. Un falsetto trop vieux qui glapit comme un lapin angora caressé dans le sens du poil. Il est dingue Smokey. Deux accords, un vieux tube à lui revisité en soirie moirée avec la Mary J. Blige et sa voix de très éhontée coquine black, 70 ans de sperme et de larmes comme retenus de justesse - Un sanglot ? Nan !!! Un truc de crooner - Les yeux se ferment soudain, on y est Chèrie, seul avec toi, c'est tout ce que je demande.
Il a tout fait tout Smokey, manquait plus que ça. Voilier californien, il est à la barre, ça glisse, ça plisse, vent portant - une brise - La beauté allongée au soleil s'éveille et sourit, le Cap'tain fixe l'horizon et fredonne "I don't care what they say...." Sa voix est une corne de brume d'amour en loucedé. Ca rape, ça caresse, ça vibre et il fonce vers la ligne avec une idée en tête : chanter et mourir, il porte une dent de requin autour du cou, ses yeux ont enfin virés bleu azur. Là-bas, Bob Dylan l'attend.
Il a tout fait tout Smokey, manquait plus que ça. Voilier californien, il est à la barre, ça glisse, ça plisse, vent portant - une brise - La beauté allongée au soleil s'éveille et sourit, le Cap'tain fixe l'horizon et fredonne "I don't care what they say...." Sa voix est une corne de brume d'amour en loucedé. Ca rape, ça caresse, ça vibre et il fonce vers la ligne avec une idée en tête : chanter et mourir, il porte une dent de requin autour du cou, ses yeux ont enfin virés bleu azur. Là-bas, Bob Dylan l'attend.
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