A cette époque, j'entretenais des rapports assez compliqués avec mon père -j'avais 16 ans- tendus et fielleux, dans lesquels la place du Rock n'étais pas négligeable. Ainsi, je me servais des nouveaux trucs qui sortaient et que j'appréciais pour lui pourrir la vie en le traitant de fasciste s'il m'en refusait l'écoute dans la voiture. C'était, ma foi, fort sympathique (il y avait des moments plus orageux). A cette époque bénie, les week-ends quasiment entiers de RTL était dédiés à la New Wave et autres gamineries réjouissantes et bruyantes car une nouvelle génération d'auditeurs se branchait sur les ondes, avide d'entendre "sa" musique. Les pourvoyeurs s'appelaient Bernard Schu, Jean-Bernard Hebey, Dominique Farran et, bien sûr, Georges Lang, et tous les samedis et dimanches, je bataillais ferme avec Dieu le Père pour imposer aux occupants de la bagnole une écoute de ce qui n'était pas encore des classiques. Généralement, j'avais gain de cause (eh, le Fils, quand même !). J'ai pu ainsi faire profiter mon père d'une reprise d'une chanson de mauvais garçons dont l'originale se trouvait chez lui sur une compilation qu'il n'écoutait pas ou peu. C'était méchant, malpropre, déglingué (je parle de la reprise) mais je soupçonne mon père de s'être souvenu d'un chouïa de bribe de truc qu'il avait potentiellement bien aimé, ce qu'il l'emmerdait certainement. Moi, j'exultais. Je mets le truc en-dessous. Vous allez reconnaître, si vous suivez ce blog, un morceau que j'y ai mis il n'y a pas longtemps.
Johnny Thunders et les Heartbreakers : "Do you love me ?"
Parfois, histoire de bien plomber l'ambiance dans la caisse, je demandais à mon père de mettre le son plus fort car sur RTL il passait "Death Disco" de P.I.L., le groupe de l'ex-chanteur des Sex-Pistols. Ça se traduit par "Disco de la Mort" ou "Disco mort" et c'est vraiment très ressemblant. Pour moi, c'était un panard indescriptible mêlant joie du mélomane et ravissement du chieur.
Les rapports que j'ai avec mon père étant réduit à néant, j'ai la possibilité d'écouter ce que je veux quand je veux mais j'ai perdu celle de l'emmerder avec du Rock, auquel d'ailleurs il s'était mis en tête de comprendre quelque chose, avant qu'on brise net.
Franchement....il vaut mieux être tranquille.
P.I.L. : "Death disco". Ca, dans le genre parfait, ça se pose là !
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