jeudi 29 janvier 2015

Do you love me, Dad ?

A cette époque, j'entretenais des rapports assez compliqués avec mon père -j'avais 16 ans- tendus et fielleux, dans lesquels la place du Rock n'étais pas négligeable. Ainsi, je me servais des nouveaux trucs qui sortaient et que j'appréciais pour lui pourrir la vie en le traitant de fasciste s'il m'en refusait l'écoute dans la voiture. C'était, ma foi, fort sympathique (il y avait des moments plus orageux). A cette époque bénie, les week-ends quasiment entiers de RTL était dédiés à la New Wave et autres gamineries réjouissantes et bruyantes car une nouvelle génération d'auditeurs se branchait sur les ondes, avide d'entendre "sa" musique. Les pourvoyeurs s'appelaient Bernard Schu, Jean-Bernard Hebey, Dominique Farran et, bien sûr, Georges Lang, et tous les samedis et dimanches, je bataillais ferme avec Dieu le Père pour imposer aux occupants de la bagnole une écoute de ce qui n'était pas encore des classiques. Généralement, j'avais gain de cause (eh, le Fils, quand même !). J'ai pu ainsi faire profiter mon père d'une reprise d'une chanson de mauvais garçons dont l'originale se trouvait chez lui sur une compilation qu'il n'écoutait pas ou peu. C'était méchant, malpropre, déglingué (je parle de la reprise) mais je soupçonne mon père de s'être souvenu d'un chouïa de bribe de truc qu'il avait potentiellement bien aimé, ce qu'il l'emmerdait certainement. Moi, j'exultais. Je mets le truc en-dessous. Vous allez reconnaître, si vous suivez ce blog, un morceau que j'y ai mis il n'y a pas longtemps.
Johnny Thunders et les Heartbreakers : "Do you love me ?"

Parfois, histoire de bien plomber l'ambiance dans la caisse, je demandais à mon père de mettre le son plus fort car sur RTL il passait "Death Disco" de P.I.L., le groupe de l'ex-chanteur des Sex-Pistols. Ça se traduit par "Disco de la Mort" ou "Disco mort" et c'est vraiment très ressemblant. Pour moi, c'était un panard indescriptible mêlant joie du mélomane et ravissement du chieur.
Les rapports que j'ai avec mon père étant réduit à néant, j'ai la possibilité d'écouter ce que je veux quand je veux mais j'ai perdu celle de l'emmerder avec du Rock, auquel d'ailleurs il s'était mis en tête de comprendre quelque chose, avant qu'on brise net.
Franchement....il vaut mieux être tranquille.
P.I.L. : "Death disco". Ca, dans le genre parfait, ça se pose là !

Une brève Histoire de...Ronnie Lane.

Ian Mclagan est mort il y a peu, mais qui se rappelle de son groupe des seventies les Faces ? Qui se rappelle du bassiste Ronnie Lane, le malingre Ronnie Lane, qui fonda plus tard son propre groupe "Ronnie Lane Slim Chance" ("la mince chance de Ronnie Lane") qui mélangeait sans vergogne Country, Folk anglais et Rock british ? Qui se rappelle qu'une des plus belles chansons des Faces était de lui, "Ooh La La", chantée par Ron Wood, futur Rolling Stones ? Il était tellement sympa Ronnie Lane que Pete Townshend lui offrit une plage sur son premier album studio de 1972, "Who came first", et que le morceau, "Evolution", est vachement bien. En 1977, c'est un album entier qu'il feront ensemble : "Rough Mix". Ah, la mémoire du Rock est oublieuse et le bastringue dévore parfois ses enfants les plus doués, les laissant abandonnés sur les sables infinis du Temps et de l'Histoire... Mais moi, je m'en souviens et comme je m'octroie un petit peu d'espace pour dire des choses sur le Net et bien j'en profite pour vous dire celles-là, parce je pense que plus il y aura de gens au courant mieux le monde se portera. J'en suis même fermement convaincu. Si ça c'est pas de l'Espérance grand teint, je ne m'y connais plus en matière de prières !
Alors allons-y pour un bain de jouvence ou un cours de rattrapage, c'est au choix. Les Faces : "Ooh La La". Ronnie lane c'est le gringalet au milieu. Il est entouré de Rod Stewart, Ian McLagan, Kenny Jones et Ron Wood, une sacré bande de branleurs.

"Maybe i'm amazed". Là, Ronnie Lane et le formidable Rod Stewart se partagent le lead vocal sur cette reprise d'une chanson de Paul McCartney. Rod a un des organes vocaux les plus beaux du Royaume-Uni, qu'il fait maintenant sagement fructifier aux Etats-Unis en chantant le "Great American Songbook", ce qui n'est pas aussi nul qu'on pourrait le croire. C'est son coté technicien. Mais quand il fait entendre son émotion ou sa goguenardise, c'est là qu'il est le meilleur. Là, il est simplement amoureux.

Enfin, "Evolution" de Ronnie Lane. Ca ne paye pas de mine, ce n'est pas surjoué, c'est donc l'inverse des Who. N'empêche, c'est sur un album solo de Pete Townshend, va savoir pourquoi ? Je sais gré à Pete (je dis Pete parce que lui, je le connais par cœur, ce ouf) d'avoir organiser des concerts de charité pour récolter des fonds afin que Ronnie Lane puisse soigner sa sclérose en plaques et crever dignement. C'était définitivement une bonne cause.

mercredi 28 janvier 2015

Quelque chose de fraîs, svp ? Faites à votre idée.

Certaines choses qui marquèrent vivement à l'adolescence gardent cette fraîcheur, cette vivacité tout au long de la vie quand on se les remémore, quand on les ré-entend, les revoit. Mais d'où vient cette émerveillement initial qui frappa à un instant décisif ? Ca je ne saurais le dire. C'est pour chacun différent, c'est là, évident. Il faudrait que chacun fasse l'effort d'écrire sa "Recherche du Temps perdu" pour que nous ayons peut-être accès aux raisons profondes de nos goûts, de nos engouements, et, partant, de nos peines, de nos regrets. Voici deux chansons qui sont comme une source de jouvence pour moi et qui me tiendront frais jusqu'à la fin de ma vie ou peut-être jusqu'à une lassitude radicale qui serait presque à coup sûr injustifiée. Tout d'abord ce couple charmant et sexy qui balança quelques tubes à la fin des Fifties et au début des Sixties. Tout est frais là-dedans et on se croirait  en train de commander un Cherry Coke au glacier qui circule dans le quartier résidentiel de Coconut's Grove avec sa camionnette. Mais Ho la ! Je ne suis pas américain , moi ! Mettons qu'on dirait que je bois un PSCHIITT !!! Citron (pour mon garçon), et toi un PSCHITTT orange (pour toi cher ange), que c'est l'été et que, pour moi, l'Amour à 12 ans et s'appelle France, oui France, comme France Gall; un prénom rare que je chérie encore. Tu montes avec moi dans l'arbre ? Là-haut, je t'embrasserais....

Deuxième salve vintage : "Do you love me ? " par les Contours qui se trouvait sur la même compilation vinyle paternelle que le précédent et que mon père n'écoutait jamais. Moi, je n'en ai pas perdu une miette. C'est l'histoire d'un mec qui se fait jeter par les filles parce qu'il ne sait pas danser, il apprend et revient les taquiner sur un mode moqueur et franc du collier "Tu vois, je sais danser, alors : Est-ce que tu m'aimes (bordel à queues)?!? Il a plus qu'a se baisser. Elles, les damoiselles, sont en pâmoison.
La vidéo est terrible : la chorégraphie est top, les fringues déchirent, les mecs ont des gueules de truands et chaussent au moins du cinquante, un vrai gang de vauriens déguisés pour la télé. Ah purée le cri : "DO YOU LOOOOVVEEE ME !!!!!"

mercredi 21 janvier 2015

Steely Dan se dresse encore.

Dans ma vie - puisque parfois des événements ou des lectures vous font arriver à l'essentiel d'un coup - dans ma vie, disais-je, un de mes plus vifs plaisirs aura été d'écouter la musique des Steely Dan. C'est une musique qui ressemble au style de ces écrivains français de la fin du 19ième siècle raffinée, pleine d'esprit, de paradoxes, un rien décadente, toujours stylée, tirée à quatre épingles. Eh, c'est un plaisir d'esthète de lire du Huysmans, du de Gourmont, du Barres et de chalouper au son des Steely Dan. Ils sont seuls de leur genre, eux, sans équivalent. Voici une chanson prenante tirée d'un de leurs excellents albums des séventies : "Charlie freak". Tiens encore Charlie qui repointe le bout de son nez. Il le fera désormais de loin en loin. Il est tant et tant à mes cotés.

Les paroles, magnifiques :
"Charlie Freak had but one thing to call his own
Three weight ounce pure golden ring no precious stone
Five nights without a bite
No place to lay his head
And if nobody takes him in
He'll soon be dead

On the street he spied my face I heard him hail
In our plot of frozen space he told his tale
Poor man, he showed his hand
So righteous was his need
And me so wise I bought his prize
For chicken feed

Newfound cash soon begs to smash a state of mind
Close inspection fast revealed his favorite kind
Poor kid, he overdid
Embraced the spreading haze
And while he sighed his body died
In fifteen ways

When I heard I grabbed a cab to where he lay
'Round his arm the plastic tag read D.O.A.
Yes Jack, I gave it back
The ring I could not own
Now come my friend I'll take your hand
And lead you home"

Les livres délivrent.

Ah, ils m'auront fait du mal les frères Kouachi ! C'est comme si je m'étais pris un peu de leurs balles de Kalachnikov dans le buffet. Je me remets petit à petit de la disparition de mes amis lointains et de toujours, Wolinski et Cabu, et je recommence à prendre du plaisir à certaines évidences dont je retrouve la trace à peine effacée. Une chose me frappe, c'est l'inanité du cinéma à mon goût et l'immense pouvoir de la littérature sur moi. J'oublie presque tous les films que je vois alors que les livres me travaillent au corps en profondeur et durablement. J'ai lu un Conrad magnifique il y a peu qui s'appelle "Au bout du rouleau" J'ai appris que je n'étais pas encore au bout du mien. En fait, je n'ai jamais rien lu de Conrad qui ne soit pas génial. J'ai lu un Kipling aussi. Tout est enseignement dans ces livres, apprentissage, expérience transmutée en or pensée pour nos cervelles endormies ou paresseuses. Grâce à eux, nous allons ailleurs, plus loin, plus haut, et surtout nous faisons un petit pas de coté pour voir des choses que nous avions sous le nez et que nous n'apercevions pas sous un éclairage vulgaire. C'est ce que nous fait faire un grand écrivain; et non pas mariner dans les miasmes d'idéologies communes toutes plus rances les unes que les autres. Si Houellebecq était vraiment un grand écrivain, comme d'aucuns le prétendent, on apprendrait dans ces livres, non pas des choses sur l'écume des raisons qui font qu'on devrait avoir peur de l'Islam dans notre pays, mais des choses sur la peur elle-même et sur les rapports intimes, ceux de la peur entre autres, qu'entretiennent l'Occident et l'Islam.
Je vais citer un petit bout de Modiano, extrait de "Dimanches d'août". Un personnage parle :".............................................................................................
- Je ne vois pas ce que vous voulez dire...Vous savez, je m'occupais surtout des chevaux de ma mère...Elle avait deux trotteurs qu'elle faisait courir à Vincennes...
  Il paraissait de si bonne foi que je pas voulu le contredire.
- Vous avez vu tout à l'heure le type qui chargeait mes manteaux dans la camionnette ? Eh bien, il joue aux courses... A mon avis il ne peut y avoir qu'un malentendu entre les hommes et les chevaux..
  Se moquait-il de moi ? Non. Il avait toujours été dépourvu du moindre humour. Et la lumière du néon accentuait l'expression lasse et grave de son visage.
- Entre les chevaux et les hommes, ça ne colle que très rarement... J'ai beau lui dire qu'il a tort de jouer aux courses, il continue mais il ne gagne jamais...Et vous ? Toujours photographe ?......................................"
C'est très simple, et dans l'action du roman, ça a une résonance assez mince mais qui ira crescendo, cette façon de parler de cet homme, sa distance. C'est comme ça que ça fonctionne Modiano, ça prend de l'ampleur. Mais vous voyez cette petite remarque sur les chevaux et les hommes, et bien, c'est la vérité, la vérité toute nue. Je le sais, il m'arrive de jouer aux courses et je suis déjà monté sur un bourrin. Les péripéties d'un western ou les cavalcades de John Wayne n'y changeront rien, il y a un malentendu foncier entre les hommes et les chevaux, sinon les couses seraient une science exacte. De quel ordre, ce malentendu ? Un animal n'a rien à faire sur un autre animal pour se déplacer et encore moins pour faire du sport, c'est anti-naturel, aberrant, d'où certains problèmes récurrents, dus principalement à la bêtise humaine. Il y a aussi la question du rapport taille/puissance qui fausse tout entre les hommes et les chevaux, à moins...à moins de leur murmurer des secrets à l'oreille. Voilà une des choses fondamentales, parmi mille autres, que l'on peut apprendre dans un bon roman. Mais, en général, chez Patrick Modiano, on apprend des choses plus profondes sur l'identité et la mémoire et les liens vitaux qu'elles tissent, et c'est remuant comme toute bonne littérature. Il y a des choses à apprendre sur l'Islam et au-delà chez Durell, Bowles, Cossery, Tsirkas, Lawrence d'Arabie, Galland entre autres. Sur la peur, chez Conrad, Kafka, Celine, Matheson, Vercel, Barbusse... Pas chez Houellebecq. Houellebecq, c'est les pronostics du Quinté, à peine.

dimanche 11 janvier 2015

En fin d'aprés-midi, dimanche 11 janvier 2015

Le Soleil se couche
Dans mon cœur une tristesse avec
Les continents qui dérivent
Je chemine aux cotés de mon frère
Qui me réchauffe en tapant
Dans ses mains
Et ma colère, Où ira-t-elle ?
Plus loin que moi ?
Je marche, je marche
Le tonnerre véloce s'apaise
J'aimerais sourire et rire
Il y a des enfants
Qui jouent autour de moi
Et le font, insouciants
Des gens parlent à voix basse
Se passent des paroles
Dans un souffle tranquille
Tout à l'heure parmi
Les crayons levés au ciel
Il y avait un poing fermé
Lutte infinie à soutenir
Comme on soutient
Un regard noir
Ne pas baisser les yeux
Ne pas baisser les bras
Je revois de vieux amis
En pensée
Qui n'étaient pas désespérés
Et je les revois, rêve léger
Sans mon désespoir
Mon cœur bat plus tranquillement
Le calme viendra comme
Viennent le soir
Et une caresse Humaine
Sur ma tristesse et mon cœur
Pendant que dérivent
Les continents.


jeudi 8 janvier 2015

Je suis Scoup'

La voilà la "une" dont je rêve. Apparemment, personne ne l'a sortie. Par contre il y a pas mal de grandes phrases ronronnantes, peut-être à la hauteur de l’événement, je ne sais pas trop. Attention, j'ignore à peu près tout du logiciel avec lequel j'ai fait ça à l'arrache, alors, c'est un chouïa frustre ! M'enfin c'est un peu plus digne que les dessins (Je pense à celui de Zep en particulier dans Le Monde) qui montrent Cabu et consort arrivant au Paradis.... Allez, humour pas mort. Héneaurme. Limite. Bien dans le ton habituel, non ?

mercredi 7 janvier 2015

Le courage et la Mort, un couple épatant.

Ce soir, je suis atterré, dévasté, effrayé. Ça marche bien le terrorisme sur moi, ça me fait de l'effet, bien vu les gars. Je suis triste aussi, pour Cabu, pour Wolinski, qui m'ont élevé, fait grandir, fait rire. Et ça brûle aussi, ça fait pas que piquer, c'est plus profond. Je me souviens très bien du premier numéro de "Charlie-Hebdo" que j'ai acheté. Je devais avoir 16 ans et quelques, la ceinture de sécurité venait d'être décrétée obligatoire en voiture, la couverture signée Reiser représentait un mec assis sur des W-C essayant d'agripper le PQ, retenu par une ceinture de sécurité. Le titre était "La ceinture de sécurité obligatoire aux chiottes". C'était vraiment "bête et méchant". C'était rigolo. J'ai beaucoup lu "Charlie-Hebdo" quand j'étais jeune. C'était intelligent et jouissif. Ça peut se relire maintenant sans peine, tellement c'est bon. J'ai beaucoup lu les albums de Cabu aussi, j'étais moi aussi amoureux de "La fille du proviseur", comme le Grand Duduche. C'était gentil ça, très gentil. Comment faire la connexion avec le déferlement de violence et de haine qui vient d'avoir lieu ? Et Wolinski, il était chouette ce mec, j'aime ses dessins, ses réflexions douces-amères, son honnêteté tonique, un homme quoi. Et je pense à sa femme, Maryse, que j'aime aussi, libertine monogame qui m'a fait bander et qui me ferait certainement pleurer ce soir. Je connais moins Charb, Tignous, Honoré mais je sais que je les aurais bien aimés si je les avais un peu plus fréquentés. Je suis devenu un peu paresseux en vieillissant mais je connais quand même bien le style mordant de Charb, bien dans la lignée de ses prédécesseurs. C'était la relève, les copains virtuels de presse de mon plus jeune frère, qui m'en parlait. J'ai une pensée pour Cavanna, Reiser, Siné, Willem, ces autres pères, dont les deux derniers sont encore en vie et dont je n'aimerais pas qu'ils y passent trop vite. Une journaliste au cœur de la manifestation de la Place de la République disait tout à l'heure qu'elle ressentait "une forme de joie" autour d'elle. Je veux bien la croire et si les gens, en se serrant les uns contre les autres arrivent à faire naître de la joie, c'est tant mieux et ça me ravit, mais moi, je suis triste, très triste.
NB : Si la une de Ouest-France demain c'est vraiment "Bal tragique à Charlie Hebdo", je trouverais ça tellement génial que j'aurais toujours du respect pour ce canard. J'espère. En tout cas, moi, si j'étais patron d'un journal c'est ce que titrerais en une. L'humour est bien la politesse du désespoir, son seul ornement un peu sensé, un peu beau. Lui et quelques larmes.

lundi 5 janvier 2015

Il se fait tard, trop tard. Adieu patate !

Y'a pas, un jour t'as plus la pèche et c'est fini. Par exemple, t'imprimes plus. Le truc que tu écoutais avant une fois, une seule, te rentrait dans le corps, dans le cœur, partout, tu entendais le nom une fois, il était imprimé. Connu, su, avalé digéré. Maintenant la secousse est quand même notable, tu ressens le bidule, ça transporte un peu, tu veux bien retenir le nom, tu écoutes, attentif;  une nuit par la-dessus et c'est oublié. Fort heureusement il y a la réécoute sur le net et tu peux farfouiller dans les données plutôt que dans ta mémoire H.S. pour retrouver le nom. Deux jours plus tard, tu l'auras oublié encore une fois, et avec un petit effort le morceau de musique aussi, jusqu'à l'existence de la chose. Deux ans après tu entends ça chez quelqu'un qui t'avait demandé si tu connaissais "Bidule" par "Machin-chose", tu avais répondu "Non", tu dis "Mais oui, je ne connais que ça" et tu rajoutes, "Ah la la, c'est vachement bien ce truc, si, si je connais", tu t'enterres, tu creuses ta tombe, "C'est...Merde, c'est qui déjà.. ?" tu viens d'oublier ce qu'on vient de te dire et là tu vois que t'es déjà à moitié mort. Tu peux plus rebondir sauf à vouloir écouter un disque de tes quinze ans. C'est pas rigolo, tout le monde se marre, t'es fini, pépère. Next.
C'est comme la danse. La danse, c'est fini aussi, un beau jour. Juillet, août, dans la boîte pour quarantenaire;  t'es déjà un peu déplacé, gros, et là il, le putain de DJ que tu hais depuis toujours, depuis que tu vas en boîte, il passe un truc que tu ADORES et qui te fait chavirer. Tu vas sur la piste rejoindre Josiane qui se trémousse, tu commences à bouger et c'est l'enfer. C'est du "slow-motion" tes pas de danse, t'es au ralenti, vieille queue, manque plus que les commentaires de Patrick Montel (ou plutôt Léon Zitrone). Même Josiane, tu t'aperçois qu'elle se traîne; avec sa robe longue fendue et ses pompes lacets argentées, elle est cuite, elle s'agite à peine et il va falloir lui bourrer le cul cette nuit histoire de faire reluire vos viandes qui menacent de s'effondrer sur elles-mêmes. Alors, là, tu t'aperçois dans la glace de la piste de danse et c'est le pactole. Tu cires le parquet avec tes pompes pauvre croulant, tu ramasses la poussière;  dans une minute tu seras un gros mouton de crasse balayé par le vent pour aller fumer une clope dans le froid dehors. Tu respires la fatigue, la fausse- envie, fallacieusement entretenue, alors qu'il faudrait te laisser couler gentiment dans un bain de somnifères, de mauvais alcool (t'en as jamais bu du bon, pauv' cloche, t'aurais pas cette tronche !) et de daube en sauce bien grasse. Apéro à 18 heures et au dodo après "Questions pour un champion". Évidemment, c'est l'horreur et tu ferais tout pour échapper à ça mais, tu as beau bomber le torse, te faire couper les cheveux courts et regarder Arte, ça s'approche irrésistiblement et tu sens que tu ne pourras pas y couper. Tu n'auras pas la force de dire "Stop" avant le trop tard. Ça va mal finir, c'est mal barré, tu déclines tous les jours, et la pèche, elle est où ? Bon sang, elle est où ?



dimanche 4 janvier 2015

Le Marcher de l'Art.

En matière d'Arts Plastiques, il y a des voyages lointains et riches à faire, de grands efforts un peu durs qui s'avèrent bientôt amplement récompensés et des choses à ne pas louper dans un périmètre géographique pas forcément géant. Tout ça c'est possible, ce ne sont pas les Musées et les Expos-rétrospectives qui manquent. Ouais. Ouais, ouais, ouais. Mais ça c'est l'Art au garde à vous, qui bombe le torse, qui fait le beau dans des écrins architecturaux et technologiques à la fréquentabilité et à la sécurité sans faille. C'est L'Art en cage, et c'est limite si ce n'est pas l'Art en panne. Il est un remède souverain pour lui redonner de la vitalité : marcher un peu dans le centre d'une grande ville et regarder autour de soi. C'est incroyable ce qu'on peut voir. Il y a des interventions artistiques partout dans la cité ! Au-delà des affiches déchirées et recomposées qui font du Villeglé à sa place, c'est à dire dans la rue, nombre d'artistes anonymes et néanmoins décidés, voire talentueux se saisissent de l'espace public pour y imprimer tout un catalogue de formes étranges qui viennent frapper l'oeil de celui qui l'a ouvert et alerte. Ce n'est pas nouveau, certes, mais ce ne sont pas non plus des graffitis au sens classique, c'est à dire "Hip-Hop" du terme. Il s'agit de formes plus abstraites ou disons, moins déterminées, on ne sait pas, peut-être dues en partie au hasard, aux explorations nocturnes, déviantes et alcoolisées de quelques artistes souterrains. C'est selon le feeling de chacun, son inspiration. Ca disparaît parce que c'est lavé, ou alors c'est sommairement recouvert d'un enduit qui fait lui-même jaillir une forme paradoxale, moins forte mais bien là aussi, et ça rejaillit un peu plus loin, à nouveau plus exubérant. Il y a peut-être là des codes indéchiffrables sauf à quelques paranoïaques qui ont bien le droit à leur pitance quotidienne, des affirmations en demi-teintes sur des poubelles à fond sempiternellement vert, printemps un peu longuet à qui aime l'automne, le jaune et le rouge. Des hiéroglyphes à usage unique ou multiple qui scandent la promenade et la chamboule au coin d'une rue pour lancer l'appel d'une émotion fugace ou tenace. Bref, il y a des tas de trucs à voir pour peu qu'on lève le nez et qu'on regarde autour de soi. Je vais mettre quelques photos que j'ai prises à Rennes, dans un périmètre très petit. Des trucs que j'ai trouvé notables, sainement disponibles pour tous. C'est fouillis, il y a un peu de tout mais en tout cas c'est riche et ça offre un salutaire coup d'air frais (il fait froid, c'est l'hiver) à la Biennale d'Art Contemporain qui vient d'avoir lieu à Rennes et qui sent déjà le renfermé.






















Attendez ! Je ne prétends pas avoir inventer la poudre, je prétends qu'elle marche et que, là, l'Art étonne, l'Art détonne et que mon petit cœur curieux fait "Boum"!

In the beginning : The Beatles

Je mets ça, c'est pour les fans des Beatles comme moi. M'enfin, ça demeure quand même accessible à nombre de personnes. Un truc charmant qu'ils (je sais pas qui c'est au juste "ils") devrait généraliser à l'ensemble de la discographie du groupe, histoire qu'on comprenne un peu mieux COMMENT ça se fait que ça "sonne" comme ça; c'est à dire incroyablement bien pour un enregistrement fait sur un magnétophone quatre pistes (de nos jours, on en est à plus de cent). Donc là, chaque piste est jouée séparément et puis on entends le mix final après. C'est à la limite de la magie, en fait c'est un travail d'orfèvre. Pour cet album, "Sergent Peper's Lonely Hearts Club Band", tout le monde s'est mis sur son 31. L'époque était aux bonnes vibrations d'amour libre et de paix, les fringues étaient VRAIMENT classe, George Martin savait ce qu'il faisait de A à Z, sous la férule de John, Paul George et Ringo, même l'énervé Lennon semblait radouci. Résultat, un truc imbattable "l'Album" avec "A" majuscule de ces années-là, un fleuve presque narratif et hallucinogène de musique idyllique d'intelligence et de beauté, ici réduit à quatre pistes pour qu'on puisse bien voir ce qui se passe au plus près de la marmite dans laquelle le ragoût a mijoté. Et c'est simplement passionnant. Allez sur Youtube et tapez "Deconstructing Beatles" il y en a pas mal des comme ça, moins l'infernal design visuel vintage au poil.