lundi 1 juin 2020

Mady Mesplé et moi. Historiette édifiante à l'usage des cons.

Quand Mady Mesplé passait à la télé quand j'étais petit mes émotions étaient partagées. Mon père la détestait, il la trouvait "chichiteuse". Il disait ça de toute la culture à laquelle il n'avait pas accès. Il était instituteur et fils de paysans, il avait un bon bagage culturel mais ce qui lui avait échappé pendant sa formation, il n'en avait pas la curiosité, au contraire il le rejetait violemment, sans se rendre compte de ce qu'il perdait. Donc, c'était un mauvais point pour Madame Mesplé. Mes parents se sont séparés et j'ai pu la voir seul (mon éducation a été confiée à la télévision). J'étais fasciné. Rebuté un peu aussi, comme père mais fasciné. Ce n'était pas ma culture non plus, mais quelle classe elle avait cette femme, quel charme ! Et ses robes magnifiques, ses cheveux de feu, sa délicatesse. C'était une manière de rêve ou de cauchemar, je ne savais pas en décider. Et j'étais étourdi par sa virtuosité vocale. Qui ne le serait pas ? A part mon père.
Je suis plus curieux que lui et ce qui m'échappe ne m'effraie pas, en tout cas, ne m'effraie plus. J'ai progressé et maintenant j'y vais, sans peur. Je n'ai plus d'émotions partagées pour des choses que je ne connais pas. Je vois et je me fais un avis. Quand j'ai appris le décès de Mady Mesplé, cela m'a rappelé ces heures de ma vie où j'étais inapte à la nouveauté sans une phase de dégoût, où j'étais bloqué par des rigidités dictées par la peur. J'étais bien enraidi, alors. N'empêche, quand, c'était vraiment fort, vraiment beau, j'étais étonné, secoué, mal à l'aise peut-être mais pas con au point d'être raide comme un mort. Je suis devenu moins con. Essayez de faire pareil, c'est le meilleur conseil que je puisse vous donner.
Maintenant, j'écoute Madame Mesplé et je prends mon pied sans plus d'appréhension, et j'éprouve de l'admiration et elle me procure une joie sans mélange. J'ai changé. Elle est morte. Pas complètement. Je me souviens d'elle et j'ai à disposition des preuves de son immense talent. Profitez !
"L'air des clochettes" de Delibes

Luis Mariano et Mady Mesplé :"Une fée a passé". de Johann Strauss.

"Le duo des fleurs"  de Delibes avec Danielle Miller.

"Les oiseaux dans la charmille", tiré des "Contes d'Hoffmann" d'Offenbach. Un chef-d’œuvre qui a
été adapté au cinéma par le génial Michael Powell.



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