L'autre soir, j'étais seul dans la pénombre du jour qui s'enfuyait lentement, allongé dans mon canapé, la porte-fenêtre ouverte. Quelques oiseaux chantaient leur mélodies vespérales, et soudain j'ai eu envie d'appeler ma mére, disparue il y a plus de vingt ans. J'ai prononcé plusieurs fois le mot "Maman" à voix basse et à ma grande surprise ce mot n'a pas résonné dans le vide; il a dessiné les contours d'une présence, diffuse mais concrète, sereine somme toute. J'ai répété "Maman, jolie Maman.", et toujours sans néant ni angoisse. J'avais cru trop longtemps que je ne pourrais plus prononcer ce mot, la rupture avait été trop brutale. C'est comme si ma mère m'était revenue, dans le coeur, à sa place, ma belle Maman. Ce mot-là "Maman", pour moi, c'est le plus beau mot de la langue française, et sa traduction dans toutes les langues du monde est le plus beau mot de toutes les langues du monde.
Je me souviens d'un autre homme qui appelait sa mère. C'est dans un film d'Alain Cavalier, "Un étrange voyage", avec Jean Rochefort et la sublime Camille de Casabianca que je l'ai vu, à la toute fin du film. Je le mets ci-dessous. Cavalier est un des rares metteurs en scène vivants digne de respect et qui respecte lui-même son Art, si trivial, devenu ordurier. Rochefort, lui, appelle sa mère dans le vide. Il est seul et perdu. Si triste. Ami lecteur, regarde ce beau film et demande-toi "Où est-ma mère ? " Selon la réponse que tu feras à cette question -est-elle partie ? Est-elle revenue ?- tu pourras savoir comment va ton coeur.
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