Le 6 Mars 1869, Gustave Flaubert écrivait ces quelques lignes dans une lettre adressée à la Princesse Mathilde, cousine de Napoléon III et salonnière chez qui il était de bon ton de se montrer et de causer : "Quant aux déceptions que le monde peut vous faire éprouver, je trouve que c'est lui faire trop d'honneur, il ne mérite pas cette importance. Pour moi, voici le principe : on a toujours affaire à des canailles -- On est toujours trompé, dupé, calomnié, bafoué. Mais il faut s'y attendre. Et quand l'exception se présente, remercier le ciel.
C'est pour cela que je n'oublie rien des plus petits bonheurs qui m'arrivent, pas une poignée de main cordiale, pas un sourire ! Tout est trésor pour les pauvres...."
Cet homme suprêmement intelligent a raison. Malheureusement. Et cependant, dans le même temps, je lui préfère Stendhal, qui s'était forgé une "philosophie" (qu'il appellait le "Beylisme") moins radicale, moins brutale et, pour ainsi dire moins désespérée donc, à mon avis, un peu moins "bête". J'emploie ce mot à dessein car tous les "principes" de vie toutes les "philosophies" appliquées à l'existence sont plus ou moins nunuches et carabinnées. Celle que j'aime le mieux est celle de Casanova, (cet homme est souple, il acceuille toutes les opportunités et les coups de griffes de la vie, il s'adapte et reste pourtant toujours fidèle à lui-même et à son envie de jouir) mais elle est trop éloignée de ce que je suis profondément. Je me rabats donc sur celle de Stendhal, qui se soucie avant tout de l'Amour et de lui. N'empêche, Flaubert avaient quelques idées bien arrêtées qu'il vaut le coup de méditer profondément. Et parfois, quand il parle de lui au passé, de son adolescence et de sa jeunesse, il parle carrément pour moi.
Ses livres, qu'on les trouve géniaux ou besogneux, sont des efforts littéraires quasi sans équivalents, sauf à convoquer, en comparaison, les plus grands littérateurs mondiaux, de Rabelais à Pound en passant par Joyce et Céline.
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