Il était mort. Symboliquement. En effet, la crise d'inspiration qu'il traversait ne semblait jamais devoir se terminer. Même Gilles Verlant, un de ses plus grands fans, l'avait dit, avant de mourir pour de bon lui, Polnareff était à sec, cuit, finito. Et puis, il y eut ce single de Noël que rien ne laissait présager, avec force arrangements de cordes et vents grandiloquents et voix puissante qui chantonne facile dans les aiguës. C'était "L'Homme en rouge" et Polnareff nous replongeait habilement dans sa mythologie enfantine, et renouait avec elle. A coté de Mathieu qui n'a qu'un cheveu et de la Poupée qui fait non, se tient maintenant ce traitre de Pére Noël qui ne passe pas pour tout le monde. Et ça marche, c'est gamin certes mais on peut comprendre cette colère de minot terriblement seul qui semble encore habiter Polna. Ces blessures-là sont toujours vives et l'argent et la gloire n'y changent rien si l'on est un fils de l'Ombre, on reste un fils de l'Ombre et cette filiation horrible nourrit jusqu'à la mort, effective, les âmes rebelles qui en naîssent. Autrement dit, il peut y avoir d'autres bonnes surprises à venir de la part de notre ami maltraité et puni Polnareff. Car il est toujours en vie. Et il chante encore, seul et contre tous, comme tous les bluesman.
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