lundi 15 février 2016

Beyoncé : Formation : Black+400

Il semblerait que le dernier single de Beyoncé fasse grand bruit aux Etats-Unis. Celle qui, d'habitude, est si consensuelle et prompte à dégainer la Bannière Etoilée, y revendiquerait haut et fort son appartenance à la communauté afro-américaine, assumant ses références, ses différences et son histoire. Il est vrai qu'être noir aux States, c'est un truc à part, d'une violence inouie, un truc à risquer sa peau noire tous les jours. Encore à notre époque, les Noirs sont des citoyens de seconde zone, des dangers à maitriser, des humains presque animaux à même de fournir de bons sportifs et de bons musiciens mais qui doivent surtout se contenter de ces biais-là, le sport et la musique, s'ils veulent atteindre "Le Rêve américain", celui de la richesse et du bonheur. Il fut un temps ou le régime de vie commun des Noirs et des Blancs était la ségrégation, autrement dit l'apartheid, avec esclaves sous-humains d'un coté et hommes libres de l'autre. Pour changer cela, il y eut une guerre, des combats justes, d'autres plus douteux, des luttes meurtrières et finalement l'échec. Le président des U.S.A est peut-être noir, sa communauté d'origine est toujours aussi maltraitée par les blancs, dont la police peut apparemment faire des cartons en toute impunité sur les jeunes. Les blancs ont la volonté farouche de maintenir les noirs hors-circuit, quitte à refiler une partie de leur pouvoir aux autre minorités, les hispaniques, les asiatiques. La peur les tient au ventre, ils tremblent pour leurs femmes et leurs filles devant ses bêtes de sexe et leurs musiques du Diable. Ils ne peuvent les voir que comme ça et les noirs, à leur tour, se revendiquent comme tels, par bêtise ou provocation et sombrent dans une sous-culture assez désespérée, majoritairement plébiscitée à son tour par un public de jeunes blancs avides de sensations fortes. Bref c'est un affrontement et un engrenage sans fin sur une question qui n'est jamais clairement posée : celle du patriarcat blanc, ce qui veut dire que les blancs n'acceptent pas que les noirs bandent et aient leur part des femmes, y compris les blanches. Ca, c'est "l'impensé", enfin, au moins le non-dit, sur lequel vit la société américaine depuis le début de la traite des noirs et jusqu'à nos jours. Alors, oui, évidemment quand Beyoncé se revendique fille d'esclave, superstar black friquée et fière de l'être, ça passe mal. Je mets la chanson, en hommage à ce pays de fous furieux qui nous travaille tous les jours au corps : les Etat-Unis.

1927. Premier film parlant. "Le chanteur de Jazz". Le rôle du chanteur en question est tenu par l'excellent Al Jolson, un blanc qui se déguise en noir pour chanter. N'allez pas croire que cétait là un subterfuge Hollywoodien pour faire "passer" la sauce piquante du Jazz. Aux Etats-Unis, à l'époque et depuis longtemps, de nombreux artistes de cabaret et revue blancs sillonaient les routes et se déguisaient en noirs ("Blackface") pour faire leur show. On les appelait les Minstrels. C'était un moyen d'approcher la culture noire, si attirante et effrayante sans trop se mouiller, en se moquant pas mal, en enviant beaucoup. De leur coté, les artistes noirs avaient leurs propres shows de "vrais" noirs sensés montrer une certaine "authenticité" des noirs, par exemple quand ils suppliaient leurs maîtres blancs de rester leurs maîtres et eux des esclaves heureux !!!!! Ce n'est pas simple les races, la culture, les différences, le bonheur.

Je mets maintenant une chanson "simple" qui contient une revendication qui est une évidence mais qui ne passe toujours pas. "This is my country" par The Impressions, le groupe de Curtis Mayfield, chanteur et compositeur toujours à la pointe du combat pour rester humain et toujours talentueux. Un des champions de la Soul noire des années 70.

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