jeudi 6 septembre 2012

La Chair-mére

Peindre la chair. Au XVIIième, j'étais jeune, je croyais que la chair en peinture c'était Rubens. C'était vrai.
Au XVIIIème, j'avais pris un peu de bouteille, et Fragonard rendait si bien la chair que ça en devenait émoustillant.
Au XIX ième, j'étais un homme fait et Degas m'a remontré la chose, avec autorité et douceur. Je l'avais presque sous la main.
Au XXième siècle, je n'étais pas blasé et j'ai encore eu des surprises. Bonnard, par exemple.

Et puis j'ai cru trouver la maître absolu de la chair, celui qui en dit plus long que les autres. Lucian Freud.
C'était faux, bien sur, c'était juste "juste", mais pas plus "juste" que Rubens, Fragonard, Degas, Bonnard. Quelque chose m'a frappé, j'ai découvert un nu que je connaissais pas, un très beau nu de femme qui ne semble pas chercher à atteindre cette couleur "chair" si impondérable par les moyens habituels. Ça date de 1910, avant Freud, donc, et même avant Bonnard.. Et je crois que le peintre emploie presque toutes les couleurs possibles pour faire naître cette fameuse teinte, cette texture de la chair, sauf celles auxquels on s'attendrait, et pourtant elle y est bien. C'est d'Anton Faistauer. C'est très beau et puissamment érotique. L'érotisme s'arrange bien des couleurs, il y est lié.

Et ça continue, je suis sans âge, mort, enterré ou presque, pas l'envie de s'attaquer à la chair. Danielle Delgrange, jeune peintre remarquable d'un vingtaine d'années.

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