Je m'y suis mis il y a longtemps maintenant. Trois exemples récents de ce que ça donne, dans des registres assez différents, mais comme disait Debussy : "Se spécialiser, c'est se limiter".
Premier texte. On me dit parfois que je suis un roc, que j'ai du charisme et na na na et na na na.........
Ce sont les rocs
Solides et râpeux
Tout durs
Roulés en boule
Que le gel
Insistant
D'hiver en hiver
Après les avoir mordus
Et fendillés
Éclate
Quand les pierres
Du lit du fleuve
Attendries par
Le courant
L'onde continue
Caressées lentement
De poste en poste
Voyagent, tournent
Et s'installent
Et le chêne glorieux
Gonflé
De feuilles vertes
De branches nouées
Ancré au soleil
Et bruissant au vent
D'un coup sec
A la base
Ira
Faire un meuble
Quand la branche morte
Endormie
Soumise aux caprices
Des pluies, du froid
Des jeux d'enfants
Déposée où l'arrête
Toute volonté
Ira au foyer
Finir en la joie
Du feu
Deuxième texte :
Laisse moi t'attacher
Et viens en mon sein
Cogner contre mon cœur
Increvable punching-ball
Oreiller inusable
Prends donc tes mains
Au filet de mes cheveux
A me les arracher
A me les caresser
Ils ne se dénoueront
Que sous les coups
Que je te porterai
Sur tout le corps
Tendresse laissée en sceau
Sur ta peau
Estampillée
Douce à te faire prisonnière
Ma main prise entre tes cuisses
Serrant le cordon
T'amène à moi
Et mon amour inépuisable
Sans faiblesse
Crochète ta chair
D'un sombre baiser
Qu'illuminent tes yeux
Furieux et constellés
Troués aux étoiles des miens
Dans le repos
J'irai chercher les forces
Avec mes rêves
De me relever à l'aube
Droit comme un mur
Dont comme l'araignée
Tu ne veux démordre
Et que tu veux piquer
Car ta toile fragile
De soie sûre et solide
Est forte ici
Et j'y suis installé
Heureux comme un prisonnier
Assoiffé insatiable
D'une morsure de vie
Troisième texte :
Reprise
Une main était tendue
Les doigts font passer l'aiguille
dans le tissu
Dans le silence, rien que les tissus
cousus
L'espace autour uni et dilaté
splendide
Une main trouve une main
La pièce carrée se fond
Petit à petit dans la grande trame
Quelques coups tirés secs
sur l'aiguille
Vers le haut
L'attente et le travail récompensée
dans cette
Reprise
Les mains se joignent et
Les doigts se trouvent
Se creusent d'envie
Il reste à faire encore
La dos de la main passe
sur le front
Un autre fil de couleur dans le chas
Toute une pièce encore
De tissu à coudre pour la
Reprise
L'espace s'est remis lentement
à sa place
Les doigts recommencèrent leur ouvrage
Les mains tiennent ferme
S'arrachent l'une à l'autre
Les tissus s'agrégèrent en silence
Les tissus cousus
Sous les doigts qui font les gestes voulus
En silence sans y penser
Les mains se sont lâchées
Il y a des petits coups secs et précis
vers le haut
Pour bien assurer la couture
Les doigts savent les tissus cousus
dans le silence
L'aiguille à l'ouvrage dans le silence
Et sans y penser
Quand les doigts cousent
Une pensée va à l'amour
Une main était tendue
Reprise
Bon, ben c'est pas mal tout ça, non ?Vous me direz, la poésie tout le monde s'en fout. C'est faux et en tout cas pas moi, surtout pas. Je vous renvoie à ce que disait Baudelaire à son propos.
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