Franchement les films que Ken Loach enfile comme des perles depuis qu'il a repris le collier au cinéma dans les années 90 m'intéressent moyennement. Ils se ressemblent tous et Loach semble prisonnier de parti pris politiques qui bride son esthétique en l'inclinant vers un vérisme revendicatif peut-être louable mais indigeste. ( La preuve, il a eu la Palme d'Or à Cannes récemment. Ca, c'est de l'enterrement de première classe.). Pourtant il a tourné dans les années 70 des films audacieux sur des thèmes non moins politiques et "sensibles" que les plus récents : l'enfance pauvre, la folie dans la société, l'Histoire etc etc...Ces films, réalistes et presque expérimentaux pour l'époque, sont emplis de grâce et de gravité que Loach a su mariées de manière inédite et c'était là sont plus grand talent. L'émotion affleure sans cesse, sans pourtant jamais nous privé de notre liberté de regardeur actif ce qui est l'apanage du grand Art et qui n'arrive que rarement au cinéma, art de la "Direction" par excellence. Du coup on ressort de ces films un peu sonnés mais extrêmement lucide, peut-être plus intelligent et plus ouverts, prêts à une lente décantation qui laissera trace, sans que nous ayons eu jamais l'impression de recevoir une leçon de morale ou de savoir-vivre, travers dans lequel l'auteur tombera plus tard. ( Et encore, lui, ce n'est rien mais comment, comment supporter un film de Haneke ? Ca, ça me dépasse.). Pour célébrer cette façon d'être artiste, la meilleure à mon goût, je met en ligne ci-dessous un des passages les plus émouvants de "Kes". Le jeune Billy Casper, paria jusqu'à l'asphyxie, survivant d'à peine 11 ans y explique à ses camarades de classe, dont il est la tête de turc assumée et habituelle, comment il a apprivoisé un jeune faucon . Que la caméra est subtile, douce et sèche à la fois ! Quelle appréciable juste distance et absence d'effet ! Soudain on VOIT quelque chose. Même si vous ne comprenez pas l'anglais vous allez saisir de quoi il retourne., Pour l'enfance, pour un art qui ne soit pas enfantin, ce qui est l'enfance de l'Art. Pour elle aussi alors, un extrait de "Kes" de Ken Loach (1969).
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