samedi 10 janvier 2009

Un pur moment de Disco

Vous marchez dans les allées d'un centre commercial. Depuis que vous y êtes entré les deux morceaux passés à la radio sont bons. Ca vous étonne un peu mais ce lieu propice aux ruminations misanthropes et à la dépression nerveuse expresse ne vous parait pas si nauséeux. Les gens flânent, ils achètent, se font plaisir ( c'est les soldes) . Tout ça n'est pas désagréable et vous rend assez amène. Tout à coup l'intro de "Staying alive" des Bee Gees vous arrive aux oreilles. Flash. Tout de suite vous commencez à prendre le rythme de la démarche de Tony Manero dans "Saturday Night Fever". Vous revoyez mentalement le début du film. OK, vous n'avez pas le pot de peinture à la main mais le sac C&A fait la blague et vous avancez d'un pas altier et fringuant, la tête bien haute. Un début de sourire vous vient aux lèvres. Vous arpentez fièrement ce lieu dédié à la dépense, à la vente, au commerce des hommes. Vous êtes bien dans le groove maintenant et Tony Manero montre à tous, par sa seule démarche, qu'il est là et bien là. Vous marchez sur un nuage, vous planez avec vingt ans de moins et une petite veste en cuir noir. Quant à vos pompes, Ouah ! ces bottines rouges mi-montantes vous vont à merveille. Un rapide coup d'oeil dans un miroir... Ca roule ma poule! " I'm staying aliiiiiiiiive iiiiiiive iiiiiive iiiiiive " Trois, quatre et c'est reparti. Vous lancez un sourire à une petite pouffe de 16-17 ans qui se marre en retour, ça mange pas de pain. Encore trois minutes comme ça et vous allez entreprendre la première vendeuse blondasse du coin sur l'air de : " Ca vous dirait faire du cinéma ". Ca y est,vous y êtes, c'est qui le King entre Séphora et Starbucks? Sephora ? Starbucks ?C'est Brooklin, mec ! Le morceau s'achève, il y un jingle de la radio. Vous êtes un peu sonné et vous vous asseyez à la terrasse d'un bar. Le jeune asiatique qui tient l'endroit répète votre commande avec un sourire affable : " Un petit café ". Sa femme ( ou sa mère ) a un rayon traiteur "spécialités vietnamiennes" dans l'établissement. A coté de vous quatres vieux arabes discutent avec animation, des habitués probablement. Vous redescendez lentement dans une sorte d'hébétude joyeuse. Aprés une pub, le DJ lance "Let's dance" de Bowie. Atterissage en douceur. Oui, ça va bien. Le café arrive. " Merci". "Put on your red shoes and dance the blues..

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