samedi 6 décembre 2008
jeudi 4 décembre 2008
Les yeux propres
Quelques images pour se laver la tête et s'émerveiller comme les enfants qui, comme dit Jacques Roubaud " ont d'abord la tête pleine de choses, puis on la vide, puis on la remplit d'autres chose." Des choses inutiles, des rêves et des images d'adultes, des images des autres. Voici des images d'enfant.
mercredi 3 décembre 2008
BULL(sh)IT
ABSTRACTION, DROITES, COURBES, GEOMETRIE : OU SOMMES-NOUS ? A SAN FRANSCICO OU N'IMPORTE OU DANS LE MONDE ?
BULLSHIT
Depuis maintenant une quarantaine d'années les images photographiques et filmées ont connu une évolution fulgurante et étonnante. Elles sont devenues autonomes. Avant une image "représentait" une chose, un objet, un visage, un acte, elle était médiane ou média, comme on dit, c'est à dire a la fois objet en tant que tel et trace d'autre chose. Il y avait dans l'image une dimension d'épiphanie, d'apparition, de révélation et finalement d'incarnation mais aussi une dimension purement ludique, fascinante, hypnotisante, captant le regard, qui épuise la première si on n'y prend garde ( Lang l'a bien montré me semble-t-il) c'est l'image du voyeur et de son maître l'exhibitioniste. C'est l'image du manipulateur, l'image crue du pornographe. Les images se sont dénudées, ont perdus leurs habits, leurs interprétations et la distance qu'elles impliquent que les photographes et réalisateurs devaient savamment mettre au point pour qu'on y voit quelque chose, elles sont maintenant de "belles images"(comme dit Scorcese), nues, sans autre justification que cette beauté inhérente qui ne susciterait pas " Le Sens" par "les Sens" (définition de la fonction de l'Art par Bibi) mais seulement d'autres "belles images" à venir. Le média s'est finalement affranchi de son créateur, de ses spectateurs, de la réalité qu'il ne montre plus, qu'il ne fait plus sentir, qu'il rendait tangible par son invention. L'Art c'est l'invention du réel (rebelote). La réalité en retour a foutu le camp, les spectateurs sont devenus fantômes dans une galerie de "looks", de regards perdus à l'infini dans l'entre deux de deux miroirs qui se font face (où être ?), les créateurs d'images ne font plus sens mais sont des générateurs de flashs fluides, d'un continuum de sensations , agréables ou pas mais qui meublent l'entre deux (comme Ikea), ne s'arrêtant jamais (là). Il est toujours midi quelque part dans le monde donc il est toujours midi dans ce flux d'image qui ne renvoie plus qu'à lui-même. L'espace et le temps de chacun se dilate, s'allonge, se perd dans des images rémanentes qui n'en forment plus qu'une, permanente, espace-temps sans cesse refermé sur sa propre clôture, abstrait du réel. Ainsi, il me semble que les gens qui voient trop de ce genres d'images n'arrivent plus à avoir une conscience claire d'une différence entre eux et ce qu'on leur montre et , partant, ont du mal à se forger une représentation du monde ou ils pourraient se penser, se sentir "chez eux" ( "chez eux" la plupart du temps c'est là où il y a leur télé), à affiner leur ressenti et à définir leurs propres images, leurs propres idées, leurs propres envies et les moyens de les mettre en oeuvre. Reste le champ global de la consommation et de la production réduites à leur minimum d'expression et de valeur, comme si nous n'étions plus que des tubes digestifs avec des yeux, salivant ou pleurant en chien de Pavlov aux stimuli ad hoc. Reste le champ infini de la jouissance du voyeur devant de " belles images ".C'est le règne de la télé-réalité, télé devenue substitut de réalité, substitut du désir de réalité, désir de la télé, désir d'être soi-même une "belle image", et de la publicité, image qui ne donne plus à chacun un substrat collectif plus ou moins inconscient, comme le faisait le cinéma et la télé des débuts, mais un simulacre d'appartenance à une collectivité quelconque définie par l'acte d'achat ou les goûts, aussi indiscutables que volatiles. Voila le mot qu'utilisait Baudrillard pour parler de la réalité maintenant : un simulacre, c'est à dire la réalité travestie, "transgendrée", aplatie par l'image devenue enfin elle-même, despotique, surréelle, autonome. Pour tous et pour chacun son image, dans ce déroulant dont nous sommes les victimes terrorisées et excitées par notre naufrage et l'apparition à ce générique de fin du monde de notre nom enfin sous la lumière artificielle de ce Midi éternel.
Tout ça pour parler d'un film qui a participé à cette évolution, l'aggravant et la démasquant tout à la fois, un film intelligent qui nous rend complice de sa propre vacuité par la jouissance que nous éprouvons à presque disparaître avec lui, niés mais consentants ( comme l'est toujours le spectateur de ces "belles images"). Ce film c'est "Bullit" de Peter Yates. Le problème que Yates pose à son héros, interprété par Steve Mac Queen, est celui de savoir s'il va s'opposer au simulacre de justice qu'on lui tend comme un miroir et si finalement il avalera la pillule de sa démission devant un réel en cours de virtualisation dérrière de "belles images" bien proprettes qui peinent à le simuler et dissimulent un merdier bien odoriférant. Problème épineux. Il y va de l'avenir des images, de celui du réel, du nôtre. Dans le film des corps disparaissent ou sont esquamotés ou morts au lieu d'être vivants ou l'inverse, des corps sont des morts-vivants, quoi !, des millions de dollars ont été, sont et resteront virtuels, tout devient abstrait. C'est la que le spectateur s'angoisse et qu'il prend part au films en voyant toutes ces "belle images" Le film serpente, dessine des figures géométriques fascinantes et vides, enchante par la maestria de ses images-cadres de vacuité et nous amène au même problème que le héros. Allons-nous succomber au charme indéniable du simulacre qui est mis en scène, par ceux que Mac Queen affronte et par Peter Yates, avec tout l'artifice et l'attrait voulu et allons nous sombrer, avec Mac Queen, dans ces simulacres morbides que sont l'intrigue du film et le film lui-même ? Dailleurs nous sombrons presque entierement MAIS. ... Il y a un mais, qui s'appelle Mac Queen. Seul, par sa présence marmoréenne, Steve Mac Queen, pourtant icône high-tech décontractée s'il en est, par son corps qu'il ne bouge qu'imperceptiblement, même s'il court par exemple, sauve le monde de sa destinée liquide vers le tout à l'égout. Je n'invente pas grand-chose. A un moment du film Mac Queen tient a peu près ce discours de rempart protecteur face à la pourriture à sa pure et tendre dulcinée, Jacqueline Bisset. C'est peu dire que Mac Queen joue son personnage tout en retenue. L'interprétation qu'il donne est parfaite, on dirait qu'il a une chiasse monstre et qu'il serre les fesses de toute sa puissance pour éviter de se liquéfier sur place comme le monde semble le faire autour de lui. C'est quasiment surhumain mais il parle entre ses dents et tient le coup. C'est un film tout en courbes lentes et langoureuse (ah han), en petites touches insistantes (ah han), en plans fixes stylisés (ah han), sans sentiments (ah han), avec une musique suggestive 70's (ah han) à l'avenant, qui se laisse siroter benoitement et qui nous absorbe tout heureux. Il incite par son esthétique à se laisser couler hors du réel, à laisser faire, à se laisser faire. Ca coulisse bien à San-Franscisco si vous voyez ce que je veux dire. Mais justement de cela, du mal, du sale, de la vaseline et de la merde, tout est dissimulé et l'on va suivre avec anxiété la lutte du héros pour que la réalité existe face à son clonage imagier et suivre en parallel un dispositif imagier semblable qui est le film et qui masque en une apparente beauté toute la misère à survivre du réel. Que va faire Mac Queen ? Il va faire OBSTACLE. Le corps de Mac Queen est un drôle de rempart, puisque lui-même presque entièrement érotisé. C'est dans le "presque" que tient tout le film. Avec son corps "presque" encore là, Mac Queen fait obstacle à la déliquescence morbide ambiante ET à celle que nous vivons en direct en nous noyant dans ces "belles images", au mal que nous devenons. Mac Queen n'est "presque" plus qu'un corps de plus dans le flux des autres estomacs sur pattes mais pas tout à fait. Il lui reste une once d'humanité toute concentré dans sa volonté de fer qui maintient ses sphincters serrés. La question est : tiendra-t-il jusqu'au bout ? et, corollaire, serons nous sauvé du plaisir coupable des amateurs de porno soft, sauvés d'être les témoins consentants et jouisseurs de notre propre décadence voyeuriste ? La question sera tranchée au bout d'une longue courbe, ou plutôt d'une suite interminable de courbes, celles qu'emprunte la course poursuite entre deux voitures, celle de Mac Queen et celle des tueurs à ces trousses. Cette course-poursuite en voiture est le point culminant du film et son condensé express. Elle peut aussi bien s'écouter les yeux fermés que se regarder avidement tant elle est "presque" parfaitement fluide. Il n'y a "presque", presque plus personne. seuls les deux bruits différents des moteurs alternent. On attend avec avidité, mais sans suspense, la fin de la trajectoire qui se terminera par le bruit adéquat, l'explosion de la voiture des méchants, qui nous laissera là, fascinés, avilis mais finalement sauvés de justesse, la bouteille de jus de pruneau à la main et la mâchoire se dessérant lentement. Ouf ! on est passé à "ça", le corps de Mac Queen, de notre réduction à l'état définitif de voyeur-jouisseur et d'une perte totale de conscience de soi et du monde. Merci Steve ! Mac Queen ira encore plus loin dans l'abstraction, la déréalisation ,et presque l'absurde, dans un autre film fascinant : "Le Mans". Un truc insensé mais qui laisse lubrifié comme un go-go danseur à qui l'on tendrait un poing vengeur à la fin de son show. Croustillant, non ?
Tout ça pour parler d'un film qui a participé à cette évolution, l'aggravant et la démasquant tout à la fois, un film intelligent qui nous rend complice de sa propre vacuité par la jouissance que nous éprouvons à presque disparaître avec lui, niés mais consentants ( comme l'est toujours le spectateur de ces "belles images"). Ce film c'est "Bullit" de Peter Yates. Le problème que Yates pose à son héros, interprété par Steve Mac Queen, est celui de savoir s'il va s'opposer au simulacre de justice qu'on lui tend comme un miroir et si finalement il avalera la pillule de sa démission devant un réel en cours de virtualisation dérrière de "belles images" bien proprettes qui peinent à le simuler et dissimulent un merdier bien odoriférant. Problème épineux. Il y va de l'avenir des images, de celui du réel, du nôtre. Dans le film des corps disparaissent ou sont esquamotés ou morts au lieu d'être vivants ou l'inverse, des corps sont des morts-vivants, quoi !, des millions de dollars ont été, sont et resteront virtuels, tout devient abstrait. C'est la que le spectateur s'angoisse et qu'il prend part au films en voyant toutes ces "belle images" Le film serpente, dessine des figures géométriques fascinantes et vides, enchante par la maestria de ses images-cadres de vacuité et nous amène au même problème que le héros. Allons-nous succomber au charme indéniable du simulacre qui est mis en scène, par ceux que Mac Queen affronte et par Peter Yates, avec tout l'artifice et l'attrait voulu et allons nous sombrer, avec Mac Queen, dans ces simulacres morbides que sont l'intrigue du film et le film lui-même ? Dailleurs nous sombrons presque entierement MAIS. ... Il y a un mais, qui s'appelle Mac Queen. Seul, par sa présence marmoréenne, Steve Mac Queen, pourtant icône high-tech décontractée s'il en est, par son corps qu'il ne bouge qu'imperceptiblement, même s'il court par exemple, sauve le monde de sa destinée liquide vers le tout à l'égout. Je n'invente pas grand-chose. A un moment du film Mac Queen tient a peu près ce discours de rempart protecteur face à la pourriture à sa pure et tendre dulcinée, Jacqueline Bisset. C'est peu dire que Mac Queen joue son personnage tout en retenue. L'interprétation qu'il donne est parfaite, on dirait qu'il a une chiasse monstre et qu'il serre les fesses de toute sa puissance pour éviter de se liquéfier sur place comme le monde semble le faire autour de lui. C'est quasiment surhumain mais il parle entre ses dents et tient le coup. C'est un film tout en courbes lentes et langoureuse (ah han), en petites touches insistantes (ah han), en plans fixes stylisés (ah han), sans sentiments (ah han), avec une musique suggestive 70's (ah han) à l'avenant, qui se laisse siroter benoitement et qui nous absorbe tout heureux. Il incite par son esthétique à se laisser couler hors du réel, à laisser faire, à se laisser faire. Ca coulisse bien à San-Franscisco si vous voyez ce que je veux dire. Mais justement de cela, du mal, du sale, de la vaseline et de la merde, tout est dissimulé et l'on va suivre avec anxiété la lutte du héros pour que la réalité existe face à son clonage imagier et suivre en parallel un dispositif imagier semblable qui est le film et qui masque en une apparente beauté toute la misère à survivre du réel. Que va faire Mac Queen ? Il va faire OBSTACLE. Le corps de Mac Queen est un drôle de rempart, puisque lui-même presque entièrement érotisé. C'est dans le "presque" que tient tout le film. Avec son corps "presque" encore là, Mac Queen fait obstacle à la déliquescence morbide ambiante ET à celle que nous vivons en direct en nous noyant dans ces "belles images", au mal que nous devenons. Mac Queen n'est "presque" plus qu'un corps de plus dans le flux des autres estomacs sur pattes mais pas tout à fait. Il lui reste une once d'humanité toute concentré dans sa volonté de fer qui maintient ses sphincters serrés. La question est : tiendra-t-il jusqu'au bout ? et, corollaire, serons nous sauvé du plaisir coupable des amateurs de porno soft, sauvés d'être les témoins consentants et jouisseurs de notre propre décadence voyeuriste ? La question sera tranchée au bout d'une longue courbe, ou plutôt d'une suite interminable de courbes, celles qu'emprunte la course poursuite entre deux voitures, celle de Mac Queen et celle des tueurs à ces trousses. Cette course-poursuite en voiture est le point culminant du film et son condensé express. Elle peut aussi bien s'écouter les yeux fermés que se regarder avidement tant elle est "presque" parfaitement fluide. Il n'y a "presque", presque plus personne. seuls les deux bruits différents des moteurs alternent. On attend avec avidité, mais sans suspense, la fin de la trajectoire qui se terminera par le bruit adéquat, l'explosion de la voiture des méchants, qui nous laissera là, fascinés, avilis mais finalement sauvés de justesse, la bouteille de jus de pruneau à la main et la mâchoire se dessérant lentement. Ouf ! on est passé à "ça", le corps de Mac Queen, de notre réduction à l'état définitif de voyeur-jouisseur et d'une perte totale de conscience de soi et du monde. Merci Steve ! Mac Queen ira encore plus loin dans l'abstraction, la déréalisation ,et presque l'absurde, dans un autre film fascinant : "Le Mans". Un truc insensé mais qui laisse lubrifié comme un go-go danseur à qui l'on tendrait un poing vengeur à la fin de son show. Croustillant, non ?
vendredi 28 novembre 2008
jeudi 27 novembre 2008
The Spider and the fly
DONC, si on fait un petit bilan à mi-parcourt ( de quoi ? de quelle course ? Tachez donc de savoir où vous en êtes et sur quel cheval vous avez misé !) de 63 à 67 c'est intégralement bon. Des blues feulés à la douze cordes aux Rythm n' blues overpulsés , des riffs gargarismes au coulis de petites culottes aux chansons galantes ou aux slows troubles, TOUT EST BON. Puis laissez tomber "Beggars' Banquet" ( sauf "Salt of the earth") , laissez tomber "let it Bleed" et Sticky fingers" ( sauf "Monlight Mile") , preférez" Jumpin' Jack Flash", " Honky Tonk Woman" et le rugissant "Memo from turner"( version 1 ,2 ou trois au choix), sans oublier un des textes de chansons les plus merveilleux au monde celui du " Cocksucker Blues". En 72 il y a l'immense "Exile on the main street" où les Stones font ce qu'ils font le mieux : revisiter la musique américaine sans avoir la prétention d'inventer quelque chose, puis il y a "Angie", evidemment, et en 78 le trés bon "Some girls" avec "Miss you", en 1979 le titre "Emotional Rescue", qui renvoie pas mal d'apprenties Castafiore et bluesmen en herbe à leur tendres pâturages, puis "Waiting on a friend" ( qui ne "craint" pas contrairement à ce que dit ce gros boudin de garage à bites de Kim Gordon des tares de Sonic Youth. Sonic Youth....mais quel nom à la con !) et toute la face lente de "tatoo You", ça continue avec l'hyper violence de "Undercover of the night" et le remix dance-house d'Arthur Baker de "Too much Blood" , et encore " Sex drive" et encore"High Wire", interdit d'antenne par l'administration américaine pendant la première Guerre du Golfe jusqu'au dernier sursaut en date " Losing my Touch" interprété par le sniffeur parricide tombé du cocotier. ET de trés bon inédits à la pelle. BON ! Plus qu'honorable, non ? ET SI ce gros porc de Lester Bang se fait tout un trip sur le fait de claquer 5 dollars sur la compil " The Rolling Stones sucking in the seventies" , ET SI à ce moment précis la prise de conscience du pathétique ratage de sa vie lui vient et l'anéantit, tant pis pour lui. De toute façon il est mort. Les Stones, Lou Reed, David Bowie, non. ET QUAND BIEN MÊME, QUAND BIEN MÊME eut-il pensé que les Stones avaient quelque chose à prouver ( à lui prouver ? Pauvre malade !) il y a sur cette compil un morçeau qui s'appelle "Everything is turning to gold" qui montre bien quelle était leur acuité d'esprit sur leur situation de l'époque pendant que ce gros lard de Bangs ne pouvait même plus pisser droit et se rendait compte que parier sur soi quand on est un tocard n'est pas une trés bonne idée. QUE CELA SOIT DIT UNE BONNE FOIS POUR L'INSTANT .
mercredi 12 novembre 2008
lundi 10 novembre 2008
Allegro
Les films qui sont, POUR MOI, de grands films sont ceux qui à la re-vision ne passe pas justement en conseil de révision, ni dans ma tête ni dans mon cœur . Ils me procurent toujours, à les revoir pour la énième fois, la même sensation de plénitude, de bonheur. Quelques exemples tirés du cinéma classique hollywoodien : "The Searchers" et "Stagecoach" de John Ford, "Mission to burma" et Gentleman Jim" de Raoul Walsh, "Merrill's Marauders" de Samuel fuller, "All that heaven allows" et "Imitation of life" de Douglas Sirk, "Party Girl" et "They live by night" de Nicolas Ray, "Laura" et "Whirlpool" d'Otto Preminger, "Brute force" de Jules Dassin, "Some came running" et "The Cobweb" de Vincente Minelli et tant d'autres qui me ravissent toujours. Ce n'est pas lié à l'enfance car j'ai vu pour la première fois ces films à des âges différents et ça ne reste valable que pour MOI ET MOI SEUL. C'est heureux sinon il ne serait pas possible de parler esthétique avec quelqu'un d'autre et de trouver des accords, des résonances. Les désaccords esthétiques ne sont pas moins violents que les désaccords politiques, reste qu'on ne tue pas souvent pour un poème et fort couramment pour une politique qu'on juge essentielle, où mieux pour ce qui est l'essentiel de la politique elle-même : manger, boire, aimer. Alors on ne va pas se battre, mais j'aimerais émettre une idée qui devrait en agacer plus d'un : il n'y a pas de chefs-d’œuvre en cinéma. En cinéma parlant tout du moins. "Le Chant de la terre" de Mälher, "Passsage du poète" de Ramuz, "Olympia" de Manet sont des chefs-d’œuvre, pas les films que j'ai cités plus haut. Les chefs-d’œuvre demandent une ouverture et un travail de l'auditeur, du spectateur, qui sont "prémâchés" dans le cinéma parlant. Il me semble que seuls les films muets, des innocents "Two-reelers" de Mack Sennet aux bobines uniques et géniales de Mélies, des premiers films des Frères Lumières de 1895 jusqu'aux savantes aventures imagières de De Mille ou Lang, peuvent légitimement porter le nom de chefs-d’œuvre. Le travail demandé par un chef-d’œuvre à son récepteur est toujours à la fois ardu et d'une simplicité désarmante. Et toujours il nous emmène là où il n'y avait rien avant lui. Le cinéma est trop "facile", il suffit d'ouvrir les yeux et les images défilent, les sons arrivent inéluctablement. C'est de la paresse d'esprit déjà et la voie royale aux logorrhées esthétiques les plus vaines. L'inéluctable d'un chef-d’œuvre est ce que mime le cinéma avec son "The End". C'est le chemin pris inconsciemment par le récepteur sous les conseils ou les ordres du peintre, musicien, poète et ce qui apparait au final comme une évidence, qui préexistait et qu'on ne voyait pas. Il faut aimer, sur ce chemin, les découvertes, être dirigé, se perdre sur une fausse piste, revenir sur ses pas, accéder à un ordre, frémir aux ombres du chaos, friser l'aveuglement et puis sentir. Toutes choses que le cinéma mime admirablement mais n'est pas. Sauf le cinéma muet qui laisse libre court au travail du spectateur car il lui faut explorer des images muettes avec les oreilles, ce qui est à la fois simple et ardu. Le travail sera redoublé de difficulté et de simplicité si le film présente des trucages visibles/invisibles ou des performances physique défiants les lois de la physique. Il faut du courage et une dose de bonne volonté, voire de naïveté, pour arriver à sentir tout le poids sensoriel et intellectuel, vivant, d'un chef-d’œuvre. Visiter le Parthénon sans en toucher longuement les pierres, par exemple, me semble être une bêtise. En gros, il faudrait être Jerry Lewis acteur et pas Jerry Lewis metteur en scène. Jean Renoir insiste beaucoup sur le fait qu'il est metteur en scène, il revendique sa place première d'auteur. Seulement voilà, en Art, ce ne sont pas tant les auteurs qui comptent que les œuvres. Un bon exercice à pratiquer pour s'en persuader est le suivant. Dans un musée d'art plastique, ne vous jetez pas sur l'étiquette avec le titre et le nom du peintre. Mettez vous devant le tableau et cheminer avec lui. Parfois c'est la bonne surprise, ou le gros lot si vous préférez, et vous ressentez tout le poids et la libération qu'offre le chef-d’œuvre. Il n'y a pas de politique des auteurs qui tienne vraiment le coup, il n'y a qu'une seule politique : celle des œuvres. Et les chefs-d’œuvre au cinéma ont tous été produits pendant sa période muette.
lundi 3 novembre 2008
What ever Happen...
Bette Davis a bien résumer la situation. Je cite " Old age is no place for sissies". Je vous laisse traduire à votre aise, c'est toujours ça de pris.
mardi 28 octobre 2008
Icône
"Le Sacrifice" d'Andréï Tarkovski est un vaudeville métaphysique. Le personnage principal, à la fin du film, pourrait fort bien s'écrier dans sa folie (?): "C'était, écrit je suis le dindon", comme le fait Pontagnac, le héros de la pièce de Feydeau fort justement intitulé " Le Dindon". Le fait que le héros de Tarkovki "choisisse" d'être le dindon de la farce n'a pas vraiment d'importance. Au fond il n'a pas plus le choix de sauver le monde que Pontagnac de renoncer à sa supposée conquête. Dans les deux cas le principe de réalité triomphe.
Dans tous les vaudevilles il y a des bonnes. Là c'est Valérie Mairesse qui s'y colle. Ou plutôt Tarkovski lui fait enfiler jupe marine et tablier et nous la colle dans l’œil. Le bougre avait certainement repéré notre ravissante idiote dans un film avec Pierre Richard, par exemple. Acteur immense, et par ailleurs idole absolue en Union Soviétique. (Ses films n'étant pas censurés, ils permettaient aux russes de ce temps-là de voir comment évoluaient les choses à l'Ouest) Enfin je dis ça comme ça, je n'en sais rien en fait, j'extrapole. Ce n'est pas trop grave, ce qui est plus embêtant c'est que j'ai appelé Valérie Mairesse une " ravissante idiote". C'est embêtant parce qu'il suffit de voir les deux films qu'elle a tournés avec Agnes Varda pour s'apercevoir qu'elle est loin d'être idiote et qu'en plus d'avoir le talent de jouer sur ce registre là (où elle excelle dans des films comme "Banzaï" avec Coluche ou "le coup du parapluie" de Gérard Oury avec Pierre Richard, justement), elle a celui d'incarner les femmes si belles, si intelligentes et si libres que l'on admire chez Varda. Dans le genre bandante, tendance blonde stupide, on avait pas fait mieux depuis Marylin. Dans le genre bandante, tendance libérée, on n'avait rien vu de pareil depuis Joanne Dru. Valérie Mairesse est donc un sex-symbol, c'est à dire une bonne actrice de cinéma qui suscite un irrépressible désir. Je vais essayer de trouver un truc sur Youtube pour illustrer mon propos. J'espère que je trouverais du leste, des jupes qui s'affolent sous l'effet du vent, bref du hardcore, du vrai, celui qui rend dur et rêveur en même temps.
Bon, j'ai ça. C'est Zidi qui film, et comme souvent, c'est drôle.
jeudi 23 octobre 2008
Plus qu'un feeling, tu vois...
A la demande générale un des morçeaux les plus nases de l'histoire de la musique. A écouter avec modération. J'en connais qui n'en sont jamais revenus et qui hantent les couloirs d'hôpitaux psychiatriques, un casque vissé sur les oreilles, avec un tremblement de la main droite qui ne trompe pas. Paix et Amour mes frères.
Sa plus belle chanson
;;
I was born by the river in a little tent
Oh and just like the river I've been running ever since
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
It's been too hard living but I'm afraid to die
Cause I don't know what's up there beyond the sky
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
I go to the movie and I go downtown somebody keep telling me don't hang around
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
Then I go to my brother
And I say brother help me please
But he winds up knockin' me
Back down on my knees
Ohhhhhhhhh.....
There been times that I thought I couldn't last for long
But now I think I'm able to carry on
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come,
I was born by the river in a little tent
Oh and just like the river I've been running ever since
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
It's been too hard living but I'm afraid to die
Cause I don't know what's up there beyond the sky
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
I go to the movie and I go downtown somebody keep telling me don't hang around
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come, oh yes it will
Then I go to my brother
And I say brother help me please
But he winds up knockin' me
Back down on my knees
Ohhhhhhhhh.....
There been times that I thought I couldn't last for long
But now I think I'm able to carry on
It's been a long, a long time coming
But I know a change gonna come,
dimanche 19 octobre 2008
Immigration en termes choisis
Rachida Dati dit que les types qui ont sifflé la Marseillaise sont, je cite, "des voyous". Si je dis d'une femme qui a déclaré qu'il faut "baiser utile" qu'elle est une " salope", c'est raccord ? C'est suffisamment violent ?.
samedi 18 octobre 2008
Erratum
Je m'excuse et je rectifie. Kris Kristtofferson ne joue pas dans " The Rose", le film de Mark Rydell sur Janis Joplin. Par contre, il a bien composé " Me and bobby Mac Gee", repris par Janis. Il a aussi joué dans le remake d'"Une étoile est née", réalisé par Frank Pierson, où il reprend le rôle tenu par James Mason dans le magnifique film original de Cukor, en 1954, avec Judy Garland. Judy Garland, Janis Joplin, Karen Carpenter, des femmes que j'aime et qui ont toutes les trois souffert d'être mal-aimées. Même si je les avais connues je n'aurais pu faire mieux que ceux qui les ont aimées à l'époque. Elles sont néanmoins avec moi, comme Nina Simone, comme Billie Hollyday. Des Reines de cœur. Un valet de pique.
dimanche 12 octobre 2008
Pearl
Pourquoi Janis Joplin ? Parce qu'elle était la perle la plus opalescente de ce gisement de joyaux tous plus bruts et plus raffinés les uns que les autres, émergé dans les années 50/60, qu'on appelle encore le Rock n' Roll. Une perle nacrée aux reflets noirés ( je sais, c'est un barbarisme ) comme le blues, une femme complexe, complexée, attachante, indomptable, fiévreuse, douce, aimante, aimable que j'aurais aimée rencontrer. Elle manque comme manquent les morts. Comme manquent Jimi Hendrix, Jim Morrisson, Brian Jones, le Stone des Stones, la pierre angulaire et fondatrice de cette bande de petits londoniens pas très bien élevés qui allait devenir " Le plus grand groupe de Rock n' Roll du monde" (Ils l'ont été, pour s'en persuader sans se forcer, regarder le concert filmé de 1973 à Fort Worth (Texas) connu sous le nom de " Ladies and gentlemen"). Ça aurait été impossible sans Brian Jones ; l'homme à la slide guitar, que Keith Richard aime tant mais dont il est incapable de jouer ; l'homme au xylophone sur le merveilleux " Under my thumb" ; l'homme au Dulcimer sur le tout aussi beau " Lady Jane". Les Stones m'accompagnent depuis que j'ai 12 ans, je n'attends plus qu'une chose d'eux, qu'ils fatiguent et nous jouent encore trois ou quatre bonnes chansons en fauteuils roulants. Je sais que Jagger a encore les watts dans le bide pour expédier dans le non-sens absolu "Sympathy for the devil" tous les soirs, en concert. Je sais aussi , enfin j'espère, qu'il a encore le coffre pour nous susurrer une chanson du calibre de " Almost hear you sight" ou nous balancer un petit funk tranquille comme "Sex drive". Keith Richard a des ballades bluesies à foison sous le coude et un des meilleurs guitaristes rock de tous les temps pour l'épauler, Ron Wood. Tout ce que je leur demande c'est de vieillir un peu, comme moi, avec moi. Mais on ne vieillit pas dans le Rock, paraît-il. Ah Bon ? Et Bob Dylan ? Et Robert Wyatt ? Et Scott Walker ? Et Ray Davies ? Et Paul Weller ? Et Grant Hart ? Ils pondent bon disque sur bon disque, sans coup férir, muris ou cramés à la lumière éclatante de l'incendie de leur jeunesse, nourris par lui en tout cas. Guéris, blessés par la vie, leurs amours, leurs familles, l'histoire du monde, ils continuent de faire don de beauté grâce à un talent qui ne les quitte pas. Et pourquoi partirait-il ce talent qui les fonde et les amène et NOUS amène où, hier encore, nous ignorions que l'on pouvait aller ? Je suis désolé pour les petits gars de MGMT, dont j'aime la musique, mais " Live fast. Die Young. Leave a clean Body. " n'est pas une bonne maxime de vie. La vie n'est pas un sprint, même si ça démarre fort, c'est une course de fond. Attendons de voir ce qu'ils donneront en matière de 18 ième album, s'ils ne meurent pas avant (ou moi), et profitons des deux ou trois prochains albums, forcément jeunes, pour nous aussi. On peut être jeune et vieux à la fois alors ? Jimmy Durante chantait "Young at heart" à 70 ans en toute fraicheur et liberté. Pas si longtemps avant que Janis ne commence à bruler les planches du festival de Monterrey (Pour Hendrix, ce sera la guitare). Non, pas si longtemps. Tu manques aussi Jimmy. L'homme qui a composé la chanson " Me and Bobby Mac Gee" est encore en vie, il a publié un excellent album il y a deux ans : " This old Road",et, si je ne m'abuse, a joué dans "The Rose" le film hommage très, très rose peut-être, mais pas si mauvais, à M elle Joplin. Il s'appelle Kris Kristoffersson.
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