Aujourd'hui, soleil. Soleil que voilent de temps en temps des nuages gris épars chargés d'eau. La rivière qui coule doucement. Une lumière douce. Un enterrement. D'abord le corbillard, seul devant l'église, les gens à l'intérieur. Au retour de la promenade, le cortège vers le cimetière, puis, après les courses, je vois les gens (à peu près mon âge pour la plupart) autour de ce que j'imagine être le trou de la tombe. Pas de tristesse. C'est normal. A part pour les très proches des défunts et les morts qui sont adulés, les enterrements ne sont pas tristes. Ils sont plutôt joyeux même. Après que le Mort a saisi le Vif, la Vie reprend le dessus. Le Temps passera, l'oubli fera son travail, nous sommes de passage. Les créateurs, eux, laissent des traces, des oeuvres vives après leur passage. C'est leur privilège, leur but, leur défi. Christophe est mort il y a plus d'un an maintenant et j'en suis attristé, encore. Le monde est moins beau sans lui. Mais ses chansons parlent pour lui et sa voix ne s'est pas complètement évanouie. Je vais même vous la faire écouter. Il avait ce chic de faire vivre des parfums, des ambiances, des époques. Il naviguait dans le bleu du Blues, dans le rouge de l'Italie, le rose de ses chemises de soie, toujours aux arrêtes de la Nuit, baigné d'ombre lumineuse. Je l'écoute et je communie avec lui dans la religion bizarre du Rock n' Roll qui exorcise la blessure et sa joie. Ce qui compte vraiment c'est d'écouter, d'écouter, ensemble ou séparemment, par delà la Mort. Ce qui compte vraiment c'est qu'il y ait un pont, de le traverser et d'y penser un chouia au moment ou ça se passe. Alors, Christophe, ça va aujourd'hui ?
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