Le Rock n' Roll compte beaucoup de martyrs, quelques prophètes mais peu de saints. En voici un. Mark E. Smith du groupe The Fall (on n'ose pas dire "leader" ou "chanteur"), est au-delà de toute considération, normale et habituelle de bon goût, de propreté, de note juste, de sens même. Touché par une Grâce sévère car laïque il plane au-dessus (et aussi au-dessous) de nous, sans plus de préoccupation esthétique que d'être là où il est et en même temps, à coté, créature de miséricorde, de bonté et de beauté. Sur un tapis de Rock impeccable, qu'il survole en Ange tout terrain, il a besoin de deux ou trois micros, d'un haut-parleur miniature, de trifouiller les amplis des musiciens, d'arpenter la scène d'un pas rythmique et nonchalant pour nous faire sentir tout son abandon et toute sa présence, uniques et bienfaisants.
Ils ne sont pas nombreux comme lui. Et moi qui crois au Rock n' Roll plus qu'en n'importe quoi d'autre, je relève les noms rares de ceux que je pense être à ce niveau :Robert Wyatt, Alan Vega, Daniel Johnston, Grant Hart, Marvin Gaye, Stevie Wonder. Voilà c'est à peu près tout. Si vous en voyez d'autres faites-moi signe, je les rajouterai à cette courte liste.
Les albums de The Fall sont généralement bons mais les épiphanies, les messes ou s'accomplissaient les miracles et les prodiges, ce sont les concerts. Regardez celui qui suit, laissez-vous aller, riez, pleurez. Tout pendant qu'il est là, Mark E Smith vous protège de sa présence tutélaire et magique. Vous ne voyez là qu'un alcolo qui glapit ? Il vous sera beaucoup pardonné, pauvre pécheurs ! Vous aurez les mains pleines, innocents !
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