dimanche 21 juin 2020

" Et c'est pour ça qu'il faut construire une fusée, les gars " : Ecouter David Sylvian, Elbow, Pulp, Babybird.

Dans les années 90 et même 2000 il y avait aussi des secrets gardés, des raffineries, des sucreries qu'on écoutait la nuit sur RTL en étouffant des petits cris de joie sous l'oreiller pour ne pas réveiller Dieu sait qui. Tous les gars qui produisaient ces chamarrures avaient tous écouté Chuck Berry, les Stones et même les Pistols, seulement voilà, depuis le début de l'Evangile Rock le ver est dans le fruit et ces gars voulaient aussi faire de l'Art en plus du ramdam. Faire de l'Art ? Ca veut dire quoi ? Ca veut dire se pousser un peu du coté de la sensibilité, du coeur ardent, de ce qui brûle dans la joie du don de soi et de l'amour, de ce qu'on appelle la Beauté. Ce n'est pas la peine de poser la question de ce qu'est la Beauté. Tu vois ce que tu aimes ? Les êtres qui te chavirent, te font baver de désir, t'aveuglent ? C'est ça la Beauté. Il suffit d’extrapoler à d'autres domaines que l'amour.
Donc, en fouillant dans les nineties et plus on trouve des chansons renversantes, chiadées, qui mettent en vrac et la larme à l'oeil. Les coupables sont en général toujours les mêmes. Des artisans têtus qu'aucune difficulté n'arrête. Une fois que t'as touché à la came dure de la Beauté, pour décrocher, pollop ! Nous autres, junkies heureux et en O.D. permanente, on profite.





vendredi 19 juin 2020

Les vieux c'est mieux. Les Stones bouffés au Mythe.

Il arrive une chose aux Rolling Stones. Un truc spécial, rare, qui n'était jamais arrivé à des rockers, même à Elvis. Ils sont en train d'entrer vivants dans la Légende. Ils deviennent des Héros, équivalents aux Héros mythiques grecs, aux héros de l'Histoire humaine avec un "H" majuscule. Normalement, pour un rocker, il faut être mort pour atteindre à cette dimension, et si possible tragiquement, vers 27 ans. Toute une vie de colère, de rage, d'amabilité féroce, de dévotion à la musique, de turpitudes, d'amour intrépide, toute une vie exemplaire, édifiante, si longue, comme un éclair et un tonnerre de plus de cinquante ans ont fait qu'ils sont maintenant des Mythes vivants, à l'égal des Rois et des Reines de la Bible, de Gilgamesh, de Thésée, d'Oedipe, d'Alexandre le grand, de Napoléon.
Quand je regarde le petit clip, très simple, de "You can't always get what you want", qu'ils ont chantée pendant le confinement, je ne peux m'empêcher de sourire de contentement. Ils sont si proches de moi malgré la distance, ils sont si proches des gens, de leurs vies, de leurs espoirs, de leurs amours, de leurs haines. Ils atteignent à travers leurs personnes, dans leurs Art, à une Vérité supérieure, que tout le monde peut sentir et voir , et humblement -de cette humilité des Héros-, ils nous la jouent, ils nous la rejouent encore et nous communions avec eux dans cette Vérité supérieure de l'existence humaine, qui tinte pour une fois clairement, dans toute sa complexité, à nos oreilles qui ne demandent que ça.
Pour Henri-Georges Clouzot, "la Vérité".c'est la Mort. Bon. C'est un peu frustre comme définition mais il est pas le seul à penser comme ça.
Pour les Stones la Vérité, c'est la Mort, bien sûr, mais c'est aussi la Vie, la violence de l'amour, du désir, de la haine, c'est aussi l'habileté, la fraternité, la féminité, les mille couleurs et nuances de l'Arc-en Ciel, le foutre, la terre, les races, l'Art, le toucher, les rires, les suppliques, la Pitié et la dureté. C'est plus compliqué, plus nuancé et, finalement dans le relatif triomphant et inconfortable qui caractérise une Vie que seul un Chant profond peut illustrer et justifier, c'est bien de nous dont il s'agit, beaucoup plus que chez Clouzot, ou tel autre tenant de la Mort comme Alpha et Omega de tout..
Je sais qu'ils sont là, pas très loin au fond, si souples, si raides à tenir haut, très haut, l’étendard de cette Vérité qui me semble être la mienne, et pas seulement la mienne et je sais que je peux de leur vivant, leur témoigner ma gratitude.
Ce que je dis vous semble ampoulé, too much, outrancier ? Mais regardez les, purée, ça saute aux yeux ! Ces gars-là sont autre chose que des types lambdas.
Les Stones, Héros Apocalyptiques et Humains : "You can't always get what you want". Right ? Right.

mardi 16 juin 2020

Ecouter The Blue Nile, Aztec Camera. et Lloyd Cole. Un peu. Enormément.

Il y a des gourmandises, des préciosités, on se les garderait bien pour soi. Pour un peu, on ne partagerait pas. Mais je regimbe à l'égoisme et je suis pas bégueule. Et puis c'est bientôt le solstice d'été, les nuits sont les plus courtes de l'année, alors il faut les remplir de merveilles essentielles parce que y'a pas beaucoup le temps de faire mumuse ces nuits-là.  On a à peine le temps de faire attention et pourtant faut faire gaffe. Est-ce que t'as mis la sécurité enfant ? Oui ? Alors, allons-y donc pour l'extase, la petite ou la grande, la grâce, qui tombe du ciel avec les étoiles. C'est des secrets à la fois usés et bien gardés. Jetez une oreille, normalement, après, on est différent. En tout cas, ça a marché pour moi. C'était il y a longtemps maintenant, dans ma nuit sans fin, une bien précise, d'été où j'ai senti une caresse sur mon âme. Ça m'a surpris mais je me suis laissé faire. Ça valait le coup. Ca le vaut toujours.




vendredi 12 juin 2020

Fred Deux, Cécile Reims :"Les vieux, c'est mieux !"

J'aime beaucoup Fred Deux et Cécile Reims qui sont des dessinateurs et graveurs de grand talent, originaux et longtemps dédaignés. Maintenant, ils sont reconnus, à cause de l'étrangeté même de leur travail, qui les avait maintenus en marge. Mais voilà ils parlent et représentent le corps dans son coté organique et ça, ça plaît, dans la mesure où nous sommes encore sous la coupe de la "French Theory"et de son structuralisme anti-humaniste. Cependant, il n'y a pas que Kafka et Foucault dans la vie et on peut apprécier Fred Deux et Cécile Reims sans être fasciné par la viande.  Écoutons les, admirons leurs travaux. Fred Deux est mort maintenant, il était aussi un bon écrivain. Oubliez la musique des petites vignettes, elle veut faire genre "moderne" et elle est imbitable.


Ah, vieillir gracieusement !

jeudi 11 juin 2020

Jacques Truphémus : "Les vieux, c'est mieux !"

Dans la série "Joy with the elders" (Les vieux, c'est mieux !). Jacque Truphémus nous parle de son maître Pierre Bonnard.

Et là, il est interviewé par un journaliste. Souvent il dit qu'il faut être réceptif. En effet il y a des choses à l'intérieur qui bougent. Il faut savoir les accueillir.

Candi Staton : "Les vieux, c'est mieux !"

J'aime bien Candi Staton. En plus de bien chanter elle "speak the truth" comme disent nos amis les indiens. Elle a raison, les vieux, c'est mieux.

lundi 8 juin 2020

Guy Bedos est mort. Oraison funèbre ratée.

Guy Bedos est mort. Que dire ?... Dire "enfin !" ??? Dire qu'il n'était pas drôle, qu'il ne l'a jamais été, même à l'époque où il formait un duo avec Sophie Daumier, que je trouvais, elle, assez savoureuse et sexy. Il faisait tellement bien les mecs de droite idiots que les gars de la réalisation de ses spectacles étaient obligés de dire avant ses sketchs qu'ils étaient anti-racistes. Il y a un moment, le second degré, ça passe plus. Desproges avait le même problème, mais il était infiniment plus drôle. Bedos était con jusqu'à la gauche, qu'on vient d'enterrer avec lui. Il a fait le voyage à Latche pour faire allégeance à Mitterand, l'ignoble Mitterand. Il a fait un spectacle avec Muriel Robin, ce qui en dit long (et pourquoi pas avec Pierre Palmade tant qu'on y est).
Voilà, je ne vais pas me casser le cul à essayer de dire des choses sensées sur lui. Il était humoriste et, pour moi, dans 99% des cas, quand un humoriste (j'ai pas dit acteur ou comedien) meurt, y compris ce gros con de Coluche, c'est bon débarras.
Au final, il était moins rigolo que Navarro. Et si Edouard Baer pouvait clamser assez vite, ça serait sympa. Djamel aussi. Eh quoi ! La Mort, c'est pour tout le monde, non ? Amen. Requiem in pace.

lundi 1 juin 2020

Mady Mesplé et moi. Historiette édifiante à l'usage des cons.

Quand Mady Mesplé passait à la télé quand j'étais petit mes émotions étaient partagées. Mon père la détestait, il la trouvait "chichiteuse". Il disait ça de toute la culture à laquelle il n'avait pas accès. Il était instituteur et fils de paysans, il avait un bon bagage culturel mais ce qui lui avait échappé pendant sa formation, il n'en avait pas la curiosité, au contraire il le rejetait violemment, sans se rendre compte de ce qu'il perdait. Donc, c'était un mauvais point pour Madame Mesplé. Mes parents se sont séparés et j'ai pu la voir seul (mon éducation a été confiée à la télévision). J'étais fasciné. Rebuté un peu aussi, comme père mais fasciné. Ce n'était pas ma culture non plus, mais quelle classe elle avait cette femme, quel charme ! Et ses robes magnifiques, ses cheveux de feu, sa délicatesse. C'était une manière de rêve ou de cauchemar, je ne savais pas en décider. Et j'étais étourdi par sa virtuosité vocale. Qui ne le serait pas ? A part mon père.
Je suis plus curieux que lui et ce qui m'échappe ne m'effraie pas, en tout cas, ne m'effraie plus. J'ai progressé et maintenant j'y vais, sans peur. Je n'ai plus d'émotions partagées pour des choses que je ne connais pas. Je vois et je me fais un avis. Quand j'ai appris le décès de Mady Mesplé, cela m'a rappelé ces heures de ma vie où j'étais inapte à la nouveauté sans une phase de dégoût, où j'étais bloqué par des rigidités dictées par la peur. J'étais bien enraidi, alors. N'empêche, quand, c'était vraiment fort, vraiment beau, j'étais étonné, secoué, mal à l'aise peut-être mais pas con au point d'être raide comme un mort. Je suis devenu moins con. Essayez de faire pareil, c'est le meilleur conseil que je puisse vous donner.
Maintenant, j'écoute Madame Mesplé et je prends mon pied sans plus d'appréhension, et j'éprouve de l'admiration et elle me procure une joie sans mélange. J'ai changé. Elle est morte. Pas complètement. Je me souviens d'elle et j'ai à disposition des preuves de son immense talent. Profitez !
"L'air des clochettes" de Delibes

Luis Mariano et Mady Mesplé :"Une fée a passé". de Johann Strauss.

"Le duo des fleurs"  de Delibes avec Danielle Miller.

"Les oiseaux dans la charmille", tiré des "Contes d'Hoffmann" d'Offenbach. Un chef-d’œuvre qui a
été adapté au cinéma par le génial Michael Powell.