lundi 29 avril 2019

Darrieux, deuxième leçon. Pour une femme un majordome reste un majordome. Il n'est jamais un homme. Et les hommes ne sont que des hommes, même pas des majordomes.

Darrieux était le "sex-symbol" de son temps. Elle était fraiche et pimpante, chantante et gentiment coquine. Là où ça devient franchement intenable c'est quand elle se lance dans les rôles de garces létales.  Elle rivalise sans peine avec Tierney, Turner et, en France, avec Simone Simon et Vivianne Romance. Elle est même pire, enfin, je veux dire mieux, c'est à dire plus bandante. Que faire de ces femmes qu'on rêve de frapper et qui ne demandent que ça à l'heure de metoo ? Vaut mieux regarder un Séria-Marielle des années 70 qu'aller en prison.
Darrieux dessoudant Gabin dans l'immense "La vérité sur Bébé Donge" de son mentor Decoin.

Darrieux humiliant ce maso de Mason dans "L'affaire Cicéron" du génial Mankiewicz.


Jean Pierre Marielle et ses deux nénettes.

Jean-Pierre Marielle était un grand acteur qui excellait dans les rôles de beaufs queutards et idiots que Joël Séria lui taillait sur mesure. Une grande gueule, de grandes mains et peur de rien, surtout pas des conneries, voilà ce qui était sa marque de fabrique. C'est comme ça qu'on le préfère Marielle : hâbleur et libidineux, le marcel bien ajusté aux pecs, vulgaire jusqu'au sublime, enfin, je crois que c'est ce qui restera le plus dans la tête des gens et la mienne. Bertrand Blier et Georges Lautner l'ont également bien utilisé. Je pense que dans la vie il était charmant et tendre et qu'il aimait profondément les décalés (il se définissait lui-même comme un "trainard" et "un cancre"), la bouffe et le vin, les bêtises "hénaurmes" et ses amis Carmet et Rochefort. Pas un registre super-étendu mais un style inimitable.
Il a essayé à plusieurs reprises de faire étalage de son talent, avec bonheur chez Sautet, Monnet ou Verhaeghe, avec emphase chez Corneau (m'enfin, que faire au cinéma du janséniste Quignard à part des conneries boursouflées?)
Le voici à l'aise et inimitable, sans équivalent dans ce monde, dans deux extraits de films de Joël Séria.
"Charlie et ses deux nénettes"

"Comme la lune".
La complicité qui le liait à Carmet est évidente dans l'extrait suivant de "Plus ça va, moins ça va" de Michel Vianey. Il s'épaule l'un l'autre et se hissent à l'aise vers la facilité et le bonheur d'être un acteur.
Vous n'avez jamais vu Marielle jouer un flic timide ? Voilà.

Je lui rend un hommage tordu via cette chanson de Warren Zevon :"My shit's fucked up". Je pense à Marielle mourant "des suites d'une longue maladie" comme on dit. Un cancer, comme pour Zevon, qui a sorti cette chanson un an avant de disparaître. Je l'imagine agonisant, soufrant et souriant. Pour deux raisons : parce que ça va m'arriver un jour et parce que ça arrive à tout ceux qu'on aime et qu'il FAUT les voir aussi comme ça.
Warren Zevon : "My shit's fuck up". ' Comprenez quand la merde va plus c'est que ça va plus du tout, du tout. Zevon me manque, maintenant Marielle va me manquer. Heureusement, leur métier c'était de faire trace. De vaincre un peu notre maître bien aimé : l'oubli.


mercredi 24 avril 2019

Retour à la normale après l'orage.

Un effort avec Ry Cooder. Un bel effort qui sera récompensé par une embellie musicale et morale. Et encore un gospel, encore pour célébrer.
Ry Cooder "Straight street."

Parce qu'en fait on vient de là et c'est dur, très dur, le traviole.
Jack Kittel : "Psycho".

Time to celebrate. Sing with me.

Il y a un beau mot en anglais "to célébrate". Voici deux célébrations. Sentimentales, l'une et l'autre.
L'une de Paul Weller pour célébrer le retour des grues migratrices en Angleterre (Paul avait du voir un doc sur National Géographic) et ça mérite allègrement un gospel.
L'autre de Bob Dylan chantée par Rod Stewart qui pensent à leurs mères. Je pense à la mienne et ça vaut bien un gospel.
Paul Weller : "The cranes are back"

Rod Stewart : "Mama, You've been on my mind".

lundi 8 avril 2019

Agnès Varda nous fait sourire de là-bas.

Les obsèques d’Agnès Varda ont été une sorte de garden-party joyeuse et colorée, rock et drôle. Je trouve merveilleux de susciter ce genre d'émotions, au-delà de la tristesse, le jour de son enterrement. Ca tient vraiment à ce qu'elle était, à son enthousiasme, son espièglerie, son goût du partage et de la mise en scène comme un travail à effectuer dans la gaieté. Alors, il y eut de la joie, comme quand on enterrait les Saints mais, contrairement à ce qui se passait avec eux, pas trop de lamentations et pas d'hystérie. Jusqu'à ces derniers instants à la surface de cette planète elle est restée spirituelle et prosaïque au travers des autres. Enfin, elle leur a transmis ça : l'esprit et le goût du réel. Elle a fait le job. Au revoir Madame Varda (J'espère que les obsèques de Luc Moullet seront du même tonneau, chez lui, dans les roubines, parmi les fous.)
Coup double en hommage : Scott Walker chantant "My death". Les seuls versions supportables des chansons de Brel sont celles de Walker.

Pour toi, mon amour.

Parce que c'est vrai.
Marc Lavoine : "Je rêve de ton cul."