dimanche 27 janvier 2019

La jeune fille et la Mort. Signé Michel Legrand.

Michel Legrand est mort. Ils sont tellement à caner (et ça ne va pas s'arrêter) que ça devient lassant et surtout impossible de parler de tous.
Je voudrais dire quelque chose à propos d'un genre musical et cinématographique que Legrand a élevé à un niveau égal à celui des grands américains avec l'aide de son ami réalisateur Jacques Demy : la comédie musicale. Et je serai catégorique à ce sujet, ferme et définitif. Beaucoup de personnes sont rétives à la comédie musicale -hommes comme femmes. Pour dire les choses vraiment, ça semble leur inspirer un profond dégoût. Ils suffit de voir les mines qu'ils tirent quand on leur en parle. Je pense que ces personnes sont coupées de toute une partie d'elles-mêmes (peut-être l'enfance) à tel point que je les trouve à moitié mortes. L'envie me vient de ne plus leur adresser la parole. Mais c'est un peu comme si on ne parlait plus aux racistes ou aux homophobes, on ne parlerait plus à grand-monde, en tout cas dans mon bled de Haute-Bretagne, n'en déplaise aux gauchistes des beaux quartiers de Rennes qui roulent en 4x4,et qui d'ailleurs, pour la plupart, n'aiment pas la comédie musicale.
Alors, soyons un peu radicaux, ça nous changera. Si l'extrait de film que je vais mettre ci-dessous ne vous émeut pas, ne vous émerveille pas, c'est que vous êtes déjà mort. Je vous parlerais peut-être encore mais vous n'aurez pas mon estime, jamais. Deneuve est idéale en Princesse.

mardi 22 janvier 2019

Zappatiste tendance Frank

Nous autres modernes, on avait Brian Wilson, Frank Zappa ou encore Pete Shelley. Les post-modernes ont aussi des héros, ils s'appellent Steven Ellison, Archy Marshall ou Stephen Bruner. Le monde n'a pas arrêté de tourner mais il a changé. Moi qui suis de l'ancien monde je serre de près les petits génies du nouveau et je trouve qu'il n'ont rien à envier aux immenses talents d'hier, c'est moins évident pour moi, c'est tout. Question d'âge, de degrés, de part angélique. Ce n'est pas que je vieillis mal, je vieillis, c'est tout. Mais restons dans le vif, ou ce qu'il en advient. Prenons le dernier nommé, Stephen Bruner, et bien il se situe quelque part à mi-chemin entre Wilson et Zappa mais dans une autre dimension, la sienne, la vôtre, Ô mes plus jeunes amis lecteurs, une dimension ou George Clinton n'est pas encore mort et ou Suicidal Tendancies est une comète importante, c'est à dire la réalité. Je vais mettre un truc de lui qui est une gâterie qui se laisse écouter sans fin. Il y avait l'"Endless summer", le crépuscule des hommes semblent lui aussi infini. Ecoutons l'un de ses chantres.
Stephen Bruner AKA  Thundercat "Them changes". En dessous, je mets son Tiny Desk Concert.

lundi 21 janvier 2019

La vérité sur le "Blue monday".

Je viens de lire un article du journal "Le Monde" qui prétend démonter quasi-scientifiquement le phénomène du "Blue monday", aussi quasi-scientifiquement que son existence avait été démontrée auparavant, c'est à dire nullement. Quand des psychologues et des sociologues me disent ce que je dois penser je me méfie aussitôt. Ils ont toujours des intérêts cachés à ce qu'on les écoute, ces charlatans. Peut-être qu'il n'y a pas de "Blue Monday" le troisième lundi du mois de janvier. Sûrement même. Mais le blues du lundi est un phénomène bien connu, comme celui de la mélancolie des dimanches soirs. Sinon, de quoi parleraient des artistes aussi émérites et fins connaisseurs de l'âme humaine que sont Fats Domino, Curtis Mayfield ou le groupe New Oder ? De foutaises ? Allons, allons, ils touchent au coeur et je leur fais mille fois plus confiance qu'à ces scientifiques mirliflores des sciences dites humaines qui sont surtout spécialistes en brassage de vide.
La vérité nue, donc, dite au cordeau de la poésie la plus stricte par Fats Domino, Curtis Mayfield et New Order. Le morceau de ces derniers étant un chef d'oeuvre incontournable de la musique moderne tous genres confondus, y compris la musique dite "savante".
Fats Domino : "Blue monday", danser pied-nu c'est presque être noir en 1957.

Curtis Mayfield : "Blue monday people". Noirs aussi ces gens du lundi bleu, quelque soit leur couleur de peau.

New Order : "Blue monday".  Musique en couleur pour des gens en couleur. L'avenir de l'époque.

mercredi 16 janvier 2019

Avenue Louis Cordelet.

Il n'y a pas que l'attitude cool, la coupe de cheveux, les fringues. Tout le star-système à chier.Il y a le talent, nu, rugueux. Un diamant brut. Qui pourrait reprocher ça à Rod Stewart ? Moi, j'écoute ça et je pleure, comme quand j'écoute "Nature boy" par Nat King cole. Je ne suis pas né à "Gasoline alley" mais pas loin et c'est là, pas loin, que je finirai, près de ma mère.
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mardi 8 janvier 2019

Le cinéma à l'oreille, deuxième.

Les films, les petits comme les grands, quand ils sont bien fait, peuvent se voir les yeux fermés. De même que, dans la vie, 80 % de la communication s'opère à l'aide du corps et surtout de la voix (sa hauteur, son timbre...) plutôt que du discours, de même, au cinéma, la bande-son et les dialogues et leur musiccalité, pour être souvent indispensables, apportent toujours des nuances et des richesses insoupçonnées. J'ai déjà mis sur ce blog un post qui parlait de la musique qu'ont les dialogues d'Audiard, je vais en remettre deux petits avec un maître des effets de bouche : Darry Cowl. Ecoutez bien le registre de Cowl, par rapport à celui de Gabin, il dit beaucoup de choses sur ces deux clodos.
"Archimède le clochard". Gilles Grangier, dialogues de Michel Audiard.


Pour qu'on entende bien l'étendue du talent du bonhomme, qui par ailleurs était un excellent musicien, je vais vous le faire entendre dans un navet de Jean Girault qu'il rehausse d'un ton voire de plusieurs par la ductilité de son organe. Il est aux cotés de la charmante Maria Pacôme qui en possède un très particulier aussi et très sexy. Elle est décédée il y a peu, je lui rends hommage, elle a enchanté mes soirées de jeunesse dans "Au théâtre ce soir". Ici, tous les acteurs sont remarquables, même dans les rôles les plus ingrats (cf Jacques Seiler en valet). Cowl et Pacome sont-ils si éloignés d'Hepburn et Grant dans "l'impossible monsieur Bébé ? A voir...Cette fois-ci les dialogues sont de Jacques Vilfrid, qui, parfois, avait du bon.

Et voilà. Maintenant vous regardez tout ça sans le son. Je vous assure c'est excellent.

dimanche 6 janvier 2019

Audiard à l'oreille.

Michel Audiard. On a beaucoup glosé sur le pittoresque de ses dialogues, sur la franchouillardise élevée au rang des beaux-arts par une rhétorique impeccable et classique au pied près. On peut y voir une Célinade un peu fade, une répétition un peu lassante d'une manière plutôt que d'un style. Certes. Je pense pour ma part que ses bouquins sont meilleurs que ses films, surtout les siens-propres (ceux des annéees 70) et qu'il aurait du persévérer dans cette voie-là. Pour ces fameux dialogues : quand ils sont vraiment ciselés et servis par des acteurs au cordeau, je leur trouve une qualité musicale évidente et unique, un rendu qui n'appartient qu'a lui.
Il y a bien une petite musique Sagan pourquoi n'y aurait-il pas, quand il ne sort pas les grandes orgues, une petite musique Audiard ? Ecoutez ce que je mets ci-dessous. Est-ce que ça ne chante pas ? Est ce ça ne gazouille pas de virilité guerrière ? Une véritable aubade....Ah, le contexte : des espions du monde entier (Blier, Ventura, Blanche, Millot) se retrouvent coincés chez la belle Amarante (Mireille Darc), veuve récente, pour lui soutirer des secrets topés à donf que son défunt mari gardait par devers lui. D'où concurrence féroce...mais...("Les barbouzes". Georges Lautner)

Voilà, c'est drôle, ça gazouille, ça chante. Des bons bruitages, une bonne B.O et.ce film un rien débile passe sans problème.
Autre chose. Dans l'extrait que je mets ci-dessous ce sont deux solistes de première force qui duèttisent. Gabin ne peut même pas en remontrer à Rosay (ce qu'il faisait avec Blier) puisqu'elle traîne dans le métier depuis plus longtemps que lui et qu'elle est de taille à lui damer le pion. Le metteur en scène, sans doute sous le charme des mélopées parfaites qu'il entendait, s'est même payé le luxe de laisser un petit "pain" tant le tout coule de source. Je vous laisse le chercher. En tout cas c'est un beau concerto lamentuoso que voilà.
Jean Gabin et Françoise Rosay dans "Le cave se rebiffe" de Gilles Grangier.

Et je pourrais multiplier les exemples. Quand il s'en donne la peine Michel Audiard est un très bon musicien.

Pour Lucebert. La vie dicte sa loi de sang, d amour et de mort et j'ai foi en elle.

L'autre jour je suis tombé par hasard sur la vidéo ci-dessous. Elle évoque le travail et la mémoire d'un peintre hollandais du groupe COBRA que je connaissais pas : Lucebert. Je l'ai trouvee belle, comme la peinture de Lucebert et donc je la mets ici. J'aime beaucoup les peintres de ce mouvement du nord de l'Europe (COpenhague -BRuxelles- Amsterdam) qui voulait dépasser l'opposition abstrait/figuratif et rendre le courant même de la vie. On voit Lucebert peindre (c'est génial), on voit ses ateliers, ses maisons, même l'ultime, après sa mort, remplie d'enfants. C'est vraiment très touchant.
ATTENTION. Je préviens les personnes un peu trop sensibles et les défenseurs de la cause animale, dans ce documentaire on voit une biche ou un daim se faire saigner. Pour les autres, ceux qui sont au fait, entre autres de la manière dont la viande arrive dans leur assiette ça ne devrait pas poser de problème.
Ca a été filmé en trois fois, en 1962, 1966, 1994, après la mort du peintre et ça s'appelle " Temps et adieu" et la musique est de Willem Breuker.