A force de parler de la mort ça finit par arriver. Mais de quoi voulez-vous parler d'autre, à part d'amour, de sexe et d'argent ? La nature ? Certes, mais la nature c'est la mort pour une grande part. Donc Nicolas Roeg et Bernardo Bertolucci sont morts. Je laisse Bertolucci à sa pesanteur et à ses mini-scandales encore plus lourds, sa betise théorisée, ideologisée.
Des deux, le bon c'est Roeg. Deux films de lui à voir : "Performance" d'abord avec James Fox et Mick Jagger, où un gangster poursuivi par des ex-collègues se planque chez une rock-star déchue. Là, dans cette maison/prison, le réalisateur appuie sur les similitudes entre le show-bizz et la pègre et montre les rapports homo-érotiques dominant/dominé qui s'instaurent entre les protagonistes dans une ambiance sordide et baroque arbitrée par la perverse Anita Pallenberg, copine de Keith richard, dont la scène de cul avec Jagger gagna en son temps un prix dans un festival de films pornos. Décadence, déchéance, mort. Nous y voilà.
Ensuite " Ne vous retournez pas." Film d'angoisse pure dans lequel un couple, Julie Christie et Donald Sutherland excellents tous les deux, essaye vainement de se remettre de la mort de leur petite fille, tentant un deuil impossible dans une Venise labyrinthique, hivernale hantée par les vents et les fantômes. Mort, impuissance, frayeur, mort encore. Le tout éclaté comme un kaléidoscope baroque, brillant, virtuose, déboussolant. Atteindre son objectif (faire peur) sans battre la mesure, sans surligner l'effet mais en soutenant l'effort, c'est là la marque d'un bon cinéaste. Plus une mise en scène est visible, avec des tics et des trucs, moins elle est bonne (c'est pour cela que les frères Coen et Tarentino sont des merdes). Chez Roeg elle est voyante (médiumnique), elle affole mais ne fait pas de clin d'oeil, elle est électrique, dérangeante, pleine de baroquismes haletants et finit par emporter le morceau du goût esthétique par sa course échevelée. C'est un moyen de prendre le spectateur dans un tourbillon pour lui faire rendre gorge et l entraîner dans le malaise. Un moyen maîtrisé qui fait mouche plutôt que du plat. Mais attention, on est pas dans le classicisme et très loin de l ascèse ! Nicolas Ray faisait des films comme ceux de Roeg : fiévreux, emportés, chargés d affects et pourtant sans un pet de graisse.
Deux choses à noter : l'importance des couleurs dans le cinéma de Roeg, et de la lumière. Il avait éclairé "Laurence d'Arabie" pour Lean en son temps. On est pas près d oublier le petit anorak vermillon parcourant Venise comme une brise putride ;deuxièmement, la B.O. de "Perfomance" permit à Keith Richard d'apprendre de Ry Cooder l'accordage de guitare en open-tuning en Sol qui offrit à Keith ses plus grands tubes. C'est Ry qu'on entend sur le morceau "Memo from turner", excellent, turpide, visqueux, chanté par un Jagger habité que l'on voit aussi, dans le film, entonner un blues primal et effrayant, encore plus morbide.
Des deux, le bon c'est Roeg. Deux films de lui à voir : "Performance" d'abord avec James Fox et Mick Jagger, où un gangster poursuivi par des ex-collègues se planque chez une rock-star déchue. Là, dans cette maison/prison, le réalisateur appuie sur les similitudes entre le show-bizz et la pègre et montre les rapports homo-érotiques dominant/dominé qui s'instaurent entre les protagonistes dans une ambiance sordide et baroque arbitrée par la perverse Anita Pallenberg, copine de Keith richard, dont la scène de cul avec Jagger gagna en son temps un prix dans un festival de films pornos. Décadence, déchéance, mort. Nous y voilà.
Ensuite " Ne vous retournez pas." Film d'angoisse pure dans lequel un couple, Julie Christie et Donald Sutherland excellents tous les deux, essaye vainement de se remettre de la mort de leur petite fille, tentant un deuil impossible dans une Venise labyrinthique, hivernale hantée par les vents et les fantômes. Mort, impuissance, frayeur, mort encore. Le tout éclaté comme un kaléidoscope baroque, brillant, virtuose, déboussolant. Atteindre son objectif (faire peur) sans battre la mesure, sans surligner l'effet mais en soutenant l'effort, c'est là la marque d'un bon cinéaste. Plus une mise en scène est visible, avec des tics et des trucs, moins elle est bonne (c'est pour cela que les frères Coen et Tarentino sont des merdes). Chez Roeg elle est voyante (médiumnique), elle affole mais ne fait pas de clin d'oeil, elle est électrique, dérangeante, pleine de baroquismes haletants et finit par emporter le morceau du goût esthétique par sa course échevelée. C'est un moyen de prendre le spectateur dans un tourbillon pour lui faire rendre gorge et l entraîner dans le malaise. Un moyen maîtrisé qui fait mouche plutôt que du plat. Mais attention, on est pas dans le classicisme et très loin de l ascèse ! Nicolas Ray faisait des films comme ceux de Roeg : fiévreux, emportés, chargés d affects et pourtant sans un pet de graisse.
Deux choses à noter : l'importance des couleurs dans le cinéma de Roeg, et de la lumière. Il avait éclairé "Laurence d'Arabie" pour Lean en son temps. On est pas près d oublier le petit anorak vermillon parcourant Venise comme une brise putride ;deuxièmement, la B.O. de "Perfomance" permit à Keith Richard d'apprendre de Ry Cooder l'accordage de guitare en open-tuning en Sol qui offrit à Keith ses plus grands tubes. C'est Ry qu'on entend sur le morceau "Memo from turner", excellent, turpide, visqueux, chanté par un Jagger habité que l'on voit aussi, dans le film, entonner un blues primal et effrayant, encore plus morbide.