jeudi 18 août 2016

Jouer aux echecs avec la Mort et en faire une chanson.

Alors que la vie amène jusque chez moi des tragédies qui n'ont rien d'intimes et qui me tirent des larmes d'horreur ou de rage; quand je vois le petit Omran sur le siège orangé de l'ambulance d'Alep où il a miraculeusement survécu à un bombardement, couvert de poussière, maculé de sang, heberlué, transi de peur, quand j'apprends qu'à mon grand soulagement Jaqueline Sauvage ne fera pas appel de la décision de justice qui la maintient, pour l'instant, en prison pour qu'elle comprenne la portée strictement humaine de son geste (tuer un homme), j'entends des musiques qui sont raccords avec ma tristesse et mes chocs et me plongent, grâce à la magie de l'Art, dans un malheur où l'on peut continuer à vivre sans dépérir et se méprendre de combats en luttes. De la grande musique, sans aucun doute, à l'égal de celle de John Dowland ou de Domenico Scarlati. La musique qui m'envoie entre le Paradis et l'Enfer dans un état intermèdiaire, comme sonné des cloches dans des limbes parfumées, rendu confortable pour quelques minutes d'éternité ressentie, aussi bizarre que cela puisse paraître. Tel est l'étrange pouvoir de L'Art.
Scott Walker : Une enluminure stricte de Bergman "The seventh seal" (le septième sceau.
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"Montague terrace in blue". De quoi parle t-il ? Je ne sais pas. Un quartier, surement, c'est beau; mieux, c'est royal.

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